30.3.05

Nostalgie

Aujourd'hui en fouillant dans la bibliothèque, je suis retombé sur un souvenir presque oublié. Pensez donc, un souvenir qui remonte à dix ans. Un souvenir d'une autre époque; un souvenir qui n'a plus rien à voir avec ce que je suis aujourd'hui mais qui, en même temps, fait tellement partie du Alexandre que je suis devenu. Un souvenir que j'ai voulu enterré dans les méandres de ma mémoire, consciemment et consciencieusement, car preuve tangible et douloureuse d'un echec d'un jeune homme plein d'espoir et de rêves. Au milieu de mes livres, vestiges de ma vie d'étudiant; perdu entre deux volumes d'un futur historien qui ne le sera jamais devenu, se trouvait mon mémoire de maîtrise.
" Parenté, alliances personnelles et pouvoir royal chez les Achéménides, de Cyrius le Grand à Darius II ".
Ouah ! Ca en jetait comme sujet de mémoire ! Qu'il me semble ridicule ce petit pavé relié, de 110 pages avec sa couverture bleue pâle complètement délavée. Je me suis rendu compte que je ne l'avais sans doute pas réouvert une seule fois depuis ces dix années. J'ai failli ne pas le reprendre en main. Mais la curiosité a été plus forte. La curiosité de me redécouvrir dix années en arrière, alors que j'étais jeune étudiant, au Mans, plein de fougue et d'espoir; de rêves aussi mais surtout avec la ferme conviction que je serais un homme de recherche; qui allait apporté sa pierre dans le monde de l'Histoire. Je me revois, fier comme un paon, avec mon morceau de feuille où le professeur T. avait noté le sujet qui serait ma petite porte vers ce monde rêvé. Je me suis revu dans ma petite chambre universitaire de 11 m² envahie de livres, de photocopies, de feuilles volantes et de tablettes de chocolat qui m'aidaient à me concentrer. Je me suis souvenu du plaisir que je prenais à écrire et réécrire, à noter et annoter mes livres. Je me suis rappelé la découverte d'Hérodote dans une collection à deux francs six sous (soit 0,38 euros) qui existe toujours, aussi, dans ma bibliothèque. Je me suis revu avec le mémoire relié pour la première fois dans mes mains. Quelle étrange sensation de fierté, de joie, de paternité, de pouvoir et d'angoisse, tout cela mêlé. Quelle fut grande cette période pour moi.
J'ai relu aujourd'hui mon mémoire. La première fois depuis dix ans. De façon assez étonnante, j'ai retrouvé le même sentiment de fierté : c'est moi qui ait écrit cela ! C'est mon bébé que je tenais là. Il n'a pas pris une ride. Avec du recul (et dix ans, c'est assez de recul), je me suis même dit que j'avais fourni un super bon boulot même si il y a quelques petites erreurs de forme. C'était clair, bien documenté et bien illustré. Un travail de passionné et passionnant.
Mais ce mémoire a été aussi la tombe de ma passion. Cette maîtrise qui aurait dû être (dans mon schéma de jeune garçon idéaliste) la porte ouverte vers d'autres recherches a été en fait un cadenas. Ce n'est pas la faute à mon mémoire lui même ni à mon travail mais plus la faute de mon directeur de recherche.
Mais laissons là ces mauvais souvenirs qui ont bien failli me couter le goût de la vie. C'est du passé, n'en parlons plus comme le chantait Edith Piaf. Le principal est qu'il reste ce petit livre de 110 pages, somme d'une année de labeur exaltant, finalement. Je me suis surpris à me surprendre à relire ce travail sans le moindre regret. Je me suis fait une raison. C'est un autre Alexandre qui a écrit ce mémoire pas moi. Je ne vais pas cacher qu'il n'y a pas une petite nostalgie, tout de même. Mais ce n'est pas une nostalgie bileuse, non, plutôt une nostalgie "ah c'était le bon temps".
Il est évident que j'aimerais pouvoir un jour, ne serait-ce que retravailler ce mémoire, voir prolonger ces recherches... Ce n'est plus une priorité. Et puis ca serait surtout pour un plaisir personnel. Je suis trop vieux, aujourd'hui pour avoir les rêves de mes 25 ans!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

alallala la madeleine , on en mange tjrs avec un peu de nostalgie!!
Ajoute moi, je suis honoré! Personnellement, je me suis permis d'être plus cavalier et de te mettre d'office, j'espère que tu ne m'en veux pas!!