31.10.07

A la carte # 10 - L'Entrecôte

L'Entrecôte est un restaurant de Nantes bien sympathique. Il est de type brasserie mais avec la particularité d'avoir un menu unique. Quand on va là bas, on sait qu'on se régalera d'une tranche contre filet délicieux nappée d'une sauce à la recette secrète, à se pourlécher les babines et les doigts, et le tout accompagné de pommes de terre frites et d'une salade aux noix. La viande est tendre et fondante, un pur plaisir pour ceux qui aiment la viande. Autre vrai réussite de ce restaurant : les desserts. Ils sont frais et préparés à la demande dans les cuisines. La spécialité de la maison est la profiterole avec des choux frais et une délicieuse sauce chocolat. J'entends le Sage E. dire : "humpf ! chais vrai; elles chont crés bonnes". Pas bien de parler la bouche pleine, vilain garnement...
Comme tous plaisirs se méritent, il faut parfois attendre un bon moment (entre 20 et 40 minutes les soirs de grande influence) avant de pouvoir s'installer et commencer à manger. Et pas moyens de réserver; les premiers arrivés sont les premiers servis. Mais franchement cette attente vaut le coup.
Le service est souriant et efficace. Pas d'attente trop long pour se faire service; le sourire (naturel et pas forcé comme dans bon nombres de restaurants) des serveuses est un vrai plus. Victime de son succès, le restaurant est toujours bondé et donc très bruyants. Pas de soirée en tête à tête à prévoir là bas, l'intimité n'est pas de mise; mais passer une bonne soirée en famille ou entre amis est tout à fait envisageable avant ou après une séance de ciné au Gaumont de la place du Commerce toute proche ou bien en descendant du train qui nous a trimballé de Paris, comme cela nous arrive quelque fois.
Ce restaurant est une bonne adresse pour bien manger, rapidement et pour un prix très raisonnable (le menu est à 13 euros; le dessert à 5,50 euros).

L'Entrecôte - 2, Rue Couedic - Nantes

30.10.07

Constatation # 150

Dans la plus stricte intimité, tu as fêté tes trois années d'existence.

Constatation # 149

Quand je serais vieux, je veux finir mes jours à Nantes.
Je veux parcourir les recoins toujours mystérieux de la ville des Ducs. je veux voyager à dos d'éléphant dans les paysages sauvages des friches industrielles. Je veux regarder la nuit sur le fleuve à travers des anneaux de couleurs.
Quand je serais vieux, c'est à Nantes que je veux finir mes jours.

29.10.07

Couleurs dans la nuit


Ile Beaulieu - Nantes - 28/10/2007

25.10.07

A la carte

Musée - Berlin - 04/10/2006

Bulletin d'alerte

Quand la déception me touche d'un peu trop prêt.
Quand l'amertume déforme mes pensées.
Quand les souvenirs deviennent regrets.
Quand les bons moments deviennent souvenirs.
Quand le silence devient pesant.
Quand l'ami devient distant.
Quand le bon sens perd ses raisons.
Quand la raison perd sa patience.
Que devrais-je faire de plus?
Que devrais-je dire de plus?
Quelles conclusions devrais-je en tirer?
Quelles leçons devrais-je en tirer?
Quelles sont les responsabilités?
Quelles sont les causes et les effets?
Quel espoir devrais-je garder?
Qu'est-ce qui a bien pu se passer?

Ne vois-tu rien venir?

Cap Gris Nez - Pas-De-Calais - 09/03/2006

Le baiser de Judas

Bon ! Autant le dire tout de suite. Ce film est bien trop long, à l'image de la longueur du titre du film; et bien trop lent aussi. 2h39 tout de même. Vous pourriez me dire que la longueur d'un film ne veut pas forcément dire que le film soit lent. Et vous auriez parfaitement raison. Sauf que là, c'est le cas : c'est trop long et bien trop lent. De longues minutes où la caméra balaye des étendus de la profonde Amérique, par tous les temps, toutes les saisons; de jour comme de nuit. De longues transitions en plan fixe sur le ciel où des nuages chargés de menace défilent comme des fusées (bonjour la métaphore toute en légèreté !) pendant qu'une voix off nous conte les états d'âme des héros, nous plongeant, par la même occasion, dans une léthargie de plus en plus profonde.
On ne peut pas dire que ce film ne soit pas beau. Bien au contraire. La lumière, le travail sur le cadrage, les effets de caméra (plus ou moins bienvenus comme ces images déformées par une sorte de lunette déformante ou de vitre dépolie laissant le heros dans une sorte de flou désagréable) apportent une jolie touche esthétique. Et puis, il y a Brad Pitt tout de même; grand élément esthétique par excellence. Mais bon, la beauté des images ne rend pas un film efficace. La dernière demi heure du film, la partie qui raconte la fin de la vie de Robert Ford, après qu'il ait tué Jesse James, est particulièrement pénible et inutile. Entièrement raconté en voix off, le réalisateur patauge dans le mélo bon marché. C'est étrange comme le fait que Brad Pitt quitte l'écran affadit totalement le film.
Pourtant, on se laisse emporter par cette langueur désabusée, comme si j'avais été hypnotisé. Je sentais que le temps s'étirait bien trop longuement (j'ai tout de même regardé par deux fois, l'heure sur mon portable) mais cela ne me dérangeait pas. Je me suis laissé subjuguer par la performance du Jesse "Pitt". Inquiétant, torturé et venimeux. Bien loin de l'image lisse qu'on lui connaît ordinairement, Brad Pitt interprète avec conviction le hors la loi dans toute son ambiguïté : héros de la jeune Amérique mais aussi brute sanguinaire et impitoyable vivant dans la paranoïa.
Les critiques cinéma se sont épanchées sur la performance du jeune Casey Affleck qui pour ne rien cacher fout vraiment le jetons ! En effet, sous ses airs de jeune adulte à peine sortie de la puberté (il a gardé une voix étrangement haut perché), il donne au personnage de Robert Ford un côté flippant : veut il être à l'image de son héros Jesse James ou bien veut il lui voler sa personnalité? Il distille une ambiguïté entre amour et haine, admiration et répulsion, amitié et peur pour Jesse James. D'ailleurs dans le film, Jesse James s'interroge constamment sur les réelles motivations du jeune homme. Cet acteur a un visage étrange : quand il sourit on a l'impression que c'est pour mieux nous mordre et nous déchiqueter. Flippant.
On sent que le réalisateur s'est torturé la tête pour réaliser un grand film, misant sur d'énormes moyens pour faire une aventure épique, un western nouvelle génération. Il a peut être vu trop grand, trop ambitieux, apportant un soin trop léché à la forme (un peu trop tape à l'oeil) qui noie le fond. Un peu comme une panna cota trop cuite noyée dans un coulis de fruits rouges qui essaierait de faire passer la pilule...
Ce n'est que ma vision, bien entendu...
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford - Andrew Dominik

Michael Cachtonne

Michael Clayton est mi avocat mi enquêteur. Il travaille pour un gros cabinet d'avocats. On lui confie les plus gros dossiers, ceux qui sont indéfendables. Son rôle : faire gagner quelque soit les moyens les clients du cabinet même si les clients sont les pires ordures de la terre. A côté de cela, Michael Clayton est un homme comme tout le monde avec de gros problèmes d'argents, une femme divorcée et un enfant qu'il voit tous les quatre matin. Il a aussi des doutes, beaucoup et il aime les chevaux, ce qui lui sauve la vie.
Le film mélange les deux histoires sans jamais vraiment les fusionner. Deux histoires dans la même. Ce qui a pour principal défaut de ralentir l'action du film et de perdre le spectateur dans l'intrigue qui est déjà relativement compliquée. C'est dommage parce que la partie thriller est fichtrement bien ficelé mais malheureusement trop morcelée, noyée dans les déboires personnels du personnage. Le montage en flash back ne rend pas non plus l'histoire très facile à suivre. C'est dommage parce que l'intrigue (version concentrée) en elle même est intéressante et la dernière demie heure du film, le dénouement, lorsque tout devient limpide, est très bien foutue.
Côté interprétation, c'est du lourd. Georges Clooney est enfin bon. Beaucoup de charme (il est comme très sexy cet homme là), un mélange de force tranquille et de fragilité, Clooney apparaît comme un héros fatigué qui aspire à une vie plus reposante. Sa prestance est indéniable et il électrise le film de sa flegme et de son sourire enjôleur. What else? Il y a aussi Tilda Swinton, impeccable en jeune femme arriviste aux dents longues qui se retrouvent dépasser par les événements et les moyens qui s'offrent à elle pour régler les problèmes gênants. la jouissance de ce sentiment de puissance puis la prise de conscience de ce qu'elle peut faire puis la peur et enfin la panique mortifiée. Tout cela se lit comme dans un livre dans le visage blanc de l'actrice. Elle est impressionnante.

Michael Clayton - Tony Gilroy

23.10.07

A la carte # 9 - Il Buco

Ça faisait longtemps que nous n'avions pas testé un nouveau restaurant avec toute la petite bande. Les occupations des uns et des autres ont fait que nous n'avons pas eu beaucoup l'occasion de nous réunir tous ensemble. De plus, il semble que nous nous soyons endormis sur quelques valeurs sures et le désir de découvrir s'est fait moins présents.
Hier soir, le rendez-vous fut fixé dans le petit restaurant italien, Il Buco, situé à deux pas de la rue Montorgueil. Le choix de ce restaurant est revenu au Sage E. qui l'avait testé quelques semaines auparavant.
C'est un restaurant sans chichi ostentatoire. La décoration est discrète. L'accueil est d'emblée sympathique. Le patron, au bel accent italien, vint s'asseoir à notre table pour nous parler des plats du jour. Car ici, pas de carte ni de menu. Tous les jours, des plats nouveaux. Hier soir, des bruscetta à l'aubergine, une brique au mascarponne et à la poire légèrement poivrée ou bien la traditionnelle assiette d'antipasti de légumes. Les plats (essentiellement des pâtes), par contre n'ont rien d'exceptionnels : tagliatelle au beurre et sauge, rigatoni à la sauce aux artichauts. Les assiettes sont certes copieuses mais le contenu n'est ni bon ni mauvais, basique je serais tenté de dire. La panna cota est, quant à elle, vraiment une déception : très peu sucrée, trop épaisse et trop noyée dans un coulis de fruits rouge.
Au final, un italien qui ne tient pas les belles promesses d'un accueil correct. Le Caratello n'a pas de soucis à se faire : il reste mon restaurant parisien préféré.
Il Buco - 18, rue Léopold Bellan 75002 - 01-45-08-50-10

Pensée du jour

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.
Pensée (Camusienne) Alexandrine

22.10.07

An Ideal for living

En lisant toutes les critiques encensatrices (ça existe ce mot là?) sur ce film et en voyant le petit ramdam qu'il avait causé lors de son passage au dernier festival de Cannes, je me suis dit qu'il ne fallait pas rater ce film là. Et puis j'ai lu que c'etait une biopic d'un certain Ian Curtis, leader emblématique du groupe Joy Division. Et là, j'ai fait machine arrière toute. Les biographies au cinéma sont souvent d'ineptes navets à la gloire d'une personnalité qu'on affadit en ne montrant que ses bons côtés. Et puis c'est qui Ian Curtis? Et c'est quoi Joy Division? Jamais entendu parlé ! On m'a dit c'est parce que j'étais trop jeune à l'heure de gloire de ce groupe. Peut-être, sans doute. Ce film là se sera tout de même sans moi.
Et puis, au final, le bouche à oreille autour de ce film fut tellement efficace que je me suis laissé tenter par l'expérience. J'y allais vierge de toutes connaissances sur ce groupe là. J'en suis ressorti ébahi.
Ébahi par l'interprétation magistrale de Sam Riley; ébloui par celle de Samantha Norton. Tous deux m'ont émus comme rarement au cinéma.
Ébahi ensuite par le côté esthétique du film. Une photographie très belle; un noir et blanc soyeux; des cadrages léchés. Le réalisateur est à la base photographe et chaque plan du film le démontre. Mais faire un film très beau ne veut pas dire faire un film réussi dans la réalisation. Car en effet, c'est sur ce point que le film pêche le plus. La caméra beaucoup trop statique et figé donne parfois l'impression que les personnages disent leur texte sans oser bouger du décor, sans doute, de peur de réveiller le cameraman. Il m'a semblé, à certains moments, voir du théâtre.
Enfin, ébahi par bande originale du film. Outre les annoncés morceaux du groupe Joy Division (que je ne vais pas tarder à découvrir), on retrouve deux superbes chansons de David Bowie (je deviens de plus en plus fan de cet homme là moi) et puis quelques autres bons moments de rock. Sombre, glacial, mélancolique, désespérée parfois, la musique de Joy Division est tel un symptôme de la société britannique de la fin des années 70. Le groupe est le porte drapeau d'une génération perdue, marquée par la récession économique et la politique de Margaret Thatcher.
Comme beaucoup de biopic, le film n'échappe pas aux défauts du genre : l'idéalisation du héros, une fin larmoyante, le côté trop hagiographique. Cependant, il aura le mérite de faire découvrir à une nouvelle génération, un groupe dont la musique et les textes trouvent encore un écho vibrant dans notre société actuelle.
Control - Anton Corbjin

This was England

Ils sont forts ces réalisateurs anglais pour évoquer la classe ouvrière sans pour autant verser dans le misérabilisme. Il n'y a qu'à regarder le Ladybird de Ken Loach ou bien encore Brassed Off de Mark Herman.
Le point commun de ces films "sociologiques", est le travail apporté au réalisme des films. Les décors, les costumes, les acteurs, les situations donnent une très bonne illusion de la vie des ouvriers qu'ils aiment dépeindre. Le but de ces réalisateurs n'est pas de faire l'histoire ou de dresser un tableau apologique de cette classe sociale. Elle est plutôt un personnage, une toile de fond à des histoires individuelles. Il est souvent vrai aussi que ces histoires racontées ne sont pas forcément très poilantes. Bien au contraire, ce sont des histoires à l'atmosphère lourde, aux ressorts dramatiques et sordides mais le tout enveloppé avec beaucoup de dérision et d'humour. Le rire fait partie intégrante de ce genre de cinéma.
Pour This is England, le canevas est respecté. Une ville ouvrière grise du nord de l'Angleterre. Une famille frappée de plein fouet par guerre des Malouines. Un jeune garçon, Shaun, timide et réservé est en manque de repère paternel. Intégré dans un petit groupe de skinheads gentils, il découvre un autre univers, celui des fêtes, de la musique, du premier amour, celui de l'appartenance à un groupe avec ses coutumes, son costume. Shaun semble enfin heureux ce qui rassure un peu sa mère et le laisse aux mains de ces petits jeunes atypiques. Tout change avec l'arrivée d'un skinhead première génération, Combo, qui vient de sortir de prison. Celui ci a une tout autre vision de ce mouvement. Il entraîne le jeune garçon dans une voie où le racisme et la violence sont sacerdoce. Avec lui Shaun va sortir violemment de l'enfance.
Un film coup de poing qui s'inspire de la jeunesse du réalisateur. Ce dernier réussit parfaitement bien a restituer le climat social de l'Angleterre de cette époque là grâce à des documents d'archives et à l'aide d'une photographie magnifique. Les personnages sont tous réussis à commencer par celui de Shaun interpréter avec justesse par un jeune acteur dont c'est le premier rôle. Autre personnage cruellement réussi, celui de Combo interprété par Stephen Graham, aperçu dans le Gangs of New York de Martin Scorsese. Des images fortes qui restent longtemps gravées dans la tête qui sont autant de plaidoyers contre le racisme et le nationalisme jusque boutiste de certains partis politiques.
This is England - Shane Meadows

21.10.07

Quelle tarte !

Moi :
- Bonjour ! Deux parts de tartes aux pommes, s'il vous plait.
Elle :
- Normales ou normandes ?
Moi :
- Normandes !
Elle :
- Normales?
Moi :
- Non, normandes.
Elle :
- Ah ! Normandes !
Moi :
- Oui, normandes !
Elle :
- C'est normal !

Sous le ciel de Paris # 24

Paris - 18/10/2007

19.10.07

Mouvement social

Jusqu'à présent, j'avais assez bien réussi à échapper aux inconvénients des grèves de la RATP grâce à un jour de repos, des vacances, un RTT salvateur. J'ai même échappé au jeudi noir du 18 octobre, bien au chaud dans ma maison douillette. Avec une pointe de cynisme moqueur, je pouvais même lâcher un "les pauvres" en voyants les images aux informations télévisées, le soir.
Hier soir, je riais un peu moins fort lorsque j'ai entendu que le mouvement de grève semblait parti pour continuer aussi le vendredi. Et ça, ça ne me convenait pas du tout : je travaillais, moi le vendredi.
Le réveil fut calé sur 6h30 pour que Sage E. puisse rejoindre en heure et en temps et en Vélib, un collègue qui l'emmenait travailler dans sa lointaine banlieue. De mon côté, je blêmissais de plus en plus en regardant, tous les quart d'heure, les prévisions de la RATP. Ça ne s'annonçait pas forcément sous de très bon auspices. La foule, la presse; la foule pressée, la foule compressée; la chaleur; les grognements et la mauvaise humeur des usagers; pas de rame du tout... Vraiment, je ne la sentais pas bien cette journée qui commençait.
Prévoyant, je me suis fixé de partir deux heures avant mon début de vacation pour un trajet qui en temps ordinaire se fait en 45 à 50 minutes. A 7h55, me voici fin prêt dans l'antre du métro. Ligne 11 : ça va, le trafic est fluide, j'ai même pu m'asseoir pendant tout le trajet. Je commençais à espérer que j'avais stressé pour rien (encore une fois).
Ligne 4 : c'est dense; il y a du monde et il faut jouer des coudes pour pouvoir s'imposer dans un petit espace. Mais ça reste correct, à peine plus chargé que la veille de certain week-end prolongé.
Ligne 12 : c'est la misère. Il n'est pas possible d'approcher le quai tellement il y a de monde. J'ai juste le temps d'apercevoir que la prochaine rame est annoncée dans 30 minutes (et encore cette information clignote, signe qu'elle n'est pas très fiable). Quand je vois le nombre de personnes qui vont chercher à se tasser dans cette rame là, je me dis que j'ai au moins deux voir trois rames à attendre avant de pouvoir espérer monter dedans.
Ni une ni deux, je me précipite à l'extérieur dans l'espoir de pouvoir trouver un bus qui puisse me rapprocher du travail. Il me reste à peu près 4 kilomètres à faire tout de même. Mais je ne suis pas très fort en bus et je n'arrive pas à en trouver un seul. Ou plutôt si : la ligne 39 mais je n'arrive pas à trouver un arrêt qui va dans le sens que je voudrais ! Maudit idiot que je suis des fois moi... Au bout de 10 minutes, j'abandonne vaincu par ma stupidité. Il va falloir que je me tape ces quatre kilomètres à pieds. Je fulmine. Il est 9h05 et j'estime mon temps de trajet à une heure ! Je vais être en retard. C'est vraiment pas juste ça ! Et bien sûr, pour bien commencer, j'emprunte la rue Pasteur dans le sens inverse de celui que je devrais prendre. 10 minutes de perdues ! Ça tombait bien, je ne savais pas quoi faire...
Lorsque je suis lancé sur la bonne trajectoire, je ne lâche plus le cap ! C'est rue de Vaugirard jusqu'à la rue Desnouettes puis la rue de la Porte d'Issy, la rue Jeanne d'Arc et la rue du Général Eboué. Je galope, imperméable aux gens qui se mettent en travers de mon chemin. Je slalome entre les piétons, les vélos qui roulent sur le trottoir et les rollerman qui crient poussez vous ! Autour de moi, c'est le chaos : la rue de Vaugirard est un embouteillage monstre où les chauffeurs déversent leur bile à grands coups de klaxonnes; l'intersection de Vaugirard et de Convention est un paysage de désolation avec des voitures dans tous les sens provoquant un méli-mélo indescriptible. Mais moi, je continue à avancer vaille que vaille, coûte que coûte, l'oeil rivé à mon portable pour suivre l'heure qui s'écoule. Il fait froid dehors, je le vois bien, ma respiration essoufflée provoque une petite fumée en sortant de ma bouche, mais j'ai chaud dedans. Je vais arriver au bureau fatigué, assoiffé et trempé. Et Caliméro qui me répète son pitch dans ma tête... Finalement, il 9h50, je vois la petite tourelle de la mairie d'Issy. Dans cinq minutes je serais arrivé. Et je ne serais pas en retard ! Alléluia et tout le tintouin ! Il n'empêche qu'il me reste 8h00 de travail à donner et un retour à la maison que je n'ose même pas encore imaginer.
En fait, je commence à penser que ces fameux mouvements sociaux ne sont pas forcément ces nantis qui se plaignent égoïstement en prenant en otage quelques milliers de leurs concitoyens, afin de garder leurs privilèges mais bien ces milliers de concitoyens qui doivent faire face avec les moyens du bords pour honorer leurs obligations de travail. Ce sont ces milliers de personnes qui se retrouvent compressées contre moi dans une rame de métro bondée; ce sont ces milliers de personnes qui sont obligées de prendre leur voiture et de se retrouver bloquer dans des embouteillages sans fins; ce sont ces personnes qui sortent des stations de métros et qui s'agglutinent sur un plan de Paris pour trouver par quels moyens ils vont continuer leur trajet; ce sont ces personnes qui ont marché avec moi sur des trottoirs car leurs pieds étaient les seuls moyens sûrs pour aller travailler. Ce sont ces milliers de personnes qui ont dû composer bon an mal an avec la colère d'une minorité. Les mouvements sociaux sont finalement ceux que l'ont voit dans une ville, privée de ces habitudes, et qui tente de donner le change en s'adaptant malgré le désordre, malgré l'impression de folie qui s'empare d'elle.

Ricour Ricour, le petit Ben

Ben est de retour. Avec un album tout neuf qui sera dans les bacs dès le 29 octobre. C'est une bonne nouvelle ça. Le songwriter va de nouveau ensoleiller nos oreilles avec ses jolis textes, ses ritournelles toutes belles et sa voix chaude. Ton image - c'est le titre du nouvel album - devrait être une sorte d'album de vignettes musicales, des instantanés de sa vie. La photo de la couverture de l'album est plutôt jolie avec cette ombre végétale qui le souligne agréablement.
Il va bien sûr (et c'est une autre bonne nouvelle) repartir en tournée dans toute la France dès le mois de novembre dont un qui me plairait bien de voir le 24/11 à Bully Les Mines (ce n'est pas pour le lieu bien sûr) puisqu'il sera en double programme avec les Presque Oui. En plus, il assurera les premières parties des concerts de Vanessa Paradis (rien que ça !) dans différentes villes de Frances. Mais grande déception, pour le moment, pas de dates solo à Paris (ben alors quoi Ben !! Et nous on te voit quand !?) Il y aura aussi de la promo télévisuelle dès le 22 novembre sur la TNTienne TV Direct8 (faut bien commencer quelque part, en même temps).
A suivre de près donc.


On peut retrouver le premier extrait du nouvel album sur son myspace (accès en cliquant sur la photo myspace officiel) et même voir le clip vidéo de cette chanson. Et puis, en attendant l'écoute dans sa globalité entière, on peut toujours se replonger avec délectation dans le premier opus (Ben Ricour, l'Aventure - 2005). "Je me réveille; c'est pas trop tôt. Je me révéille, j'suis pris d'assaut..."

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18.10.07

Fin d'un mythe

On ne devrait pas revoir les films qui nous ont beaucoup marqué dans notre jeunesse.
Prenez par exemple, Robin des Bois Prince des voleurs, film sorti en 1991 et que j'avais vu en vidéo l'année suivante. Je tenais ce film comme étant un de mes films préférés toute catégorie confondue. Je me souvenais d'un film bourré d'aventure, de suspens, d'héroïsme; avec des effets spéciaux, des plans époustouflants, des explosions décoiffantes. Je me souvenais d'un Kevin Costner beau et terriblement séduisant. Il m'avait procuré, je m'en souviens encore quelques troubles moites.
15 ans ont passé. Je n'avais pas revu le film jusqu'à la semaine dernière. Je ne sais pas si nous idéalisons nos bons souvenirs au point de les sublimer ou bien nos notions du bon vieillissent avec la venue de nos rides. Quoi qu'il en soit, la déconvenue fut énorme. Mal joué, mal fichu, je me suis retenu pendant tout le film pour ne pas ricaner devant ce que je voyais, pour ne pas vexer le Sage E., pour qui ce film était aussi un bon souvenir. Le Kevin Costner, quinze ans après, ne fait vraiment plus rêver avec sa coupe de cheveux pas très réussie et bon sang qu'il joue faux. Le film a tout simplement pris un bon coup de vieux et n'est pas sorti grandi de toute la surenchère du numérique et de l'image de synthèse. Ce film, qui a pu être un des films novateurs de cette époque, n'est, avec tout ce recul qu'une guimauve niaise et mal écrite.
Le plus drôle, c'est qu'après la fin du film, nous nous sommes avoués, chacun de son côté, s'être retenus de ne pas s'esclafer de peur de vexer l'autre. Du coup, je crains de revoir bons nombres de films que j'ai adoré par le passé. S'ils avaient aussi mal vieilli que Robin des Bois?

Robin des Bois, Prince des Voleurs - Kevin Reynolds

17.10.07

Tout va bien avec Zoé


Voila une bien belle découverte. C'était il y a quelques semaines, elle essuyait les plâtres du concert de Jean Guidoni, à la Boule Noire, dans une première partie courte mais intense. Seulement accompagnée de son pianiste, vêtue d'une robe de soirée noire et d'un collier luminescent, elle a réussi à me donner l'envie d'en écouter plus. Elle a même réussi à me donner un gros coup de poing d'émotion en interprétant "Ces gens-là" de Brel.
Elle est blonde; elle a un physique marquant; elle a une très belle voix et une présence scénique indéniable. Elle est Belge et elle s'appelle Zoé. Elle a sorti son premier album qui s'appelle "Tout va bien" en 2006 qui est une belle réussite. Textes finement écrits, le sens de la mélodie qui reste dans la tête et un très original duo avec Arno. A écouter.

Pour en savoir plus sur Zoé :

Son site (avec tout plein de vidéo dont le clip musical de la chanson titre de l'album)

Un aperçu? D'accord ! Ça s'appelle "Mal à la Terre"

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Le zizi sexuel de Titeuf s'expose

Titeuf en maître de conférence ! Non, mais qui l'eut cru possible ! Pourtant, c'est bien ce qu'il sera à la Cité des Sciences et de l'Industrie dans le cadre de l'exposition "Le zizi sexuel, l'expo" qui a débuté le 17 octobre. Le but de l'exposition est "d'expliquer la chose sexuelle aux pré-ado".
Bon ! Quand on voit comment, dans cette vignette très drôle, le Titeuf appréhende les principes de la reproduction humaine, ça me semble absolument pas gagné. Il est vrai que les enfants, de nos jours, ont une maturité sur la chose, beaucoup plus développée que lorsque j'étais gamin; on en n'est plus au stade des "garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses" - merci là télévision. Espérons que le bambin dessiné, à la houppette blonde, saura porter un message ludique sur les mystères du sexe, histoire que les "pré-ado" (que c'est moche cette expression) puisse tout, tout, tout savoir sur le zizi...

Braquage du matin, chagrin.

Deux frères, acculés par des problèmes d'argent, décident de monter le braquage facile d'une bijouterie d'une banlieue tranquille, histoire de renflouer leur portefeuille. Mais un grain de sable enraye les rouages du plan et fait basculer la vie des deux frangins dans le chaos.
Le film prend le parti de faire le récit sous la forme de pièces d'un puzzle désordonné. Le pourquoi, le comment, les conséquences; un enchaînement inexorable vers le tragique. Des décisions prises à la va vite sans penser qu'elles chambouleront la vie des personnages.
Sydnet Lumet réalise avec une grande rigueur mais aussi une grande froideur ce thriller familial, s'appropriant avec talent, les règles dignes d'une tragédie grecque pour montrer les ressorts de cette histoire infernale qui dépasse complètement ses personnages. C'est net et tout à la précision d'un horloger.
Le film est porté par le charisme diabolique et malsain de Philip Seymour Hoffman, grandiose dans sa froideur et son cynisme désabusé; et par la nature fragile, presque enfantine d'Ethan Hawke. Ces deux là apportent énormément au film. Par contre, malgré sa joliesse, l'interprétation de Marisa Tomei, qui joue la femme de l'un et la maîtresse de l'autre, est complètement à côté de la plaque : son jeu sonne faux; elle éclaire de sa présence le film presqu'autant qu'une luciole dans une nuit sans lune et elle a autant de charisme qu'une brebis broutant sur un pâturage pyrénéen. A deux doigts d'être tête à claque.

7H58 ce samedi là - Sydnet Lumet

Brève de métro # 5

Il était avachi sur son siège bacqué vert du quai de la station Pigalle. Il était visiblement complètement ivre. Il avait une sorte de croûte blanche (du yaourt?) qui lui couvrait la bouche et qui lui donnait un air maladif effrayant. Le regard dans le vide, il semblait mener une conversation intérieure animée avec un interlocuteur invisible.
Dans ces cas là, moi je préfère ne pas regarder; faire une totale abstraction de la présence de ces personnes un peu barrées en regardant droit devant moi l'affiche EDF Bleu Ciel qui prend, d'un coup d'un seul, une importance et un intérêt capital. La politique de l'autruche en quelque sorte.
La rame est vite arrivée et, aussitôt parti, je l'aurai oublié ce bonhomme là. Sauf que là bah non ! Je ne l'ai pas oublié ce bonhomme là. Et pour cause, il m'a traumatisé. En effet, en poussant un rire de dément, je l'ai vu craqué une allumette et mettre la flamme juste sous sa barbe qui n'a pas tardé à s'enflammer en crépitant (mon dieu ce petit bruit glaçant). Il a bien sûr éteint le tout très vite avec ses doigts en riant de plus belle d'un gros rire gras. Cependant, cette vision de folie cauchemardesque m'a hanté tout le reste de la journée.

16.10.07

16h07

Il est né aujourd'hui à 16h07. Un petit gaillard de 50 centimètres et de presque 4 kilos. Il aura fait patienter ses parents mais le principal c'est qu'il soit là et en forme.
Bienvenu à toi petit Raphaël.

Ce ne sont que des montagnes...



Après tout, ce ne sont que des montagnes. Les Pyrénées. Pas de quoi revenir dessus sans arrêt. C'est sans doute vrai ! Mais, plus je regarde les photos de nos vacances là bas et plus elles me manquent ces montagnes là...

14.10.07

La haut, dans la montagne...

Vallée du Moudang - Hautes Pyrénées - 20/09/2007

Hystérie

Moi :
- A... Assistance, bons...
Elle :
- Je vous préviens si je n'ai pas mon taxi dans moins de 10 minutes, je fais une crise de nerf.
Moi :
- Très bien madame ! Et bien allez y, madame, vous pouvez commencer à la faire dès maintenant.

Bouger avec la Poste

Tout le monde se souvient, sans doute, de ce fameux slogan : "bougez avec la poste" où l'on voyait des petits bonshommes se trémousser avec des banderoles et de grosses lettres et colis. Et bien si nous devions bouger au rythme des employés de la poste, la France serait dans une belle panade.
Mercredi matin, devant récupérer une lettre recommandée, je me suis motivé pour descendre jusqu'à la poste de la Place des Fêtes. Ça faisait bien un an que je n'y avais pas mis les pieds. Je n'aime pas ce bureau de poste là. Il est mal fichu; il y a toujours trop de monde qui râle parce que ça ne va pas assez vite. Mais bon, là, pas le choix ! Il fallait bien que je me force à descendre jusque là bas.
Quand je suis arrivé - il était 11h00 -, il y avait une vingtaine de personnes avant mon tour. J'ai bien remarqué quelques changements apportés depuis ma dernière visite. Un distributeur de ticket de passage, comme toute bonne administration française, mais avec un petit plus qui, à première vue me semblait une bonne idée : les files d'attente différenciées. Une file d'attente pour le retrait des lettres et des colis, une autre pour toutes les autres opérations. Je retire donc mon petit ticket, spécial file pour les retraits de lettres et de colis qui arbore le numéro 57. Il y avait six personnes avant moi, j'avais donc tout le temps pour jouer avec l'automate distributeur de timbres pour les deux lettres que j'avais à poster. D'un point de vue purement psychologique, je me suis senti presque serein de savoir tout ça. Mais ça n'a duré que bien peu de temps. En effet, le guichet réservé au retrait s'est mis à s'emballer. Il affichait le numéro 48 puis tout à coup, le numéro 661 qui correspondait à une personne qui venait juste d'arriver. Sourcils circonflexes de circonstance des autres usagers, murmures réprobateurs puis franche colère scandalisée, puis prise d'assaut du guichet par ces mêmes personnes qui demandaient toutes à être servies avant les autres. Une vraie débandade. La pauvre guichetière, assaillie de toute part, avait beau expliquer qu'elle n'y était pour rien mais que c'est l'ordinateur qui gérait le compteur, rien n'y faisait. Il a fallu qu'un de ses collègues (beaucoup plus diplomate que la pauvre retranchée) remette de l'ordre à cette pagaille.
Résultat, il m'aura fallu 45 minutes pour récupérer cette foutue lettre et repartir stressé du bureau de poste en ayant (bien sûr) oublier de poster mes deux lettres. Franchement, si ce n'est pas une perte de temps, ça?!

Brève de métro # 4

Dans les couloirs de la station Montparnasse, un couple s'arrête devant l'affiche de l'exposition Courbet qui vient d'ouvrir ses portes aux Galeries Nationales du Grand Palais.
Elle :
- Courbet... Exposition... Grand Palais...
Lui :
- Courbet ! Courbet !? Je savais pas qu'il peignait lui là !
Elle :
- Ben tu sais, la télé, ça même à tout...

13.10.07

Brève de métro # 3

On nous rabat les oreilles, dans tous les médias, sur l'abattage des chiens agressifs et dangereux pour la sécurité publique. Par contre, on passe sous silence un fait de société tout aussi inquiétant : l'agressivité de la petite vieille dans les lieux publics.
On ne s'en rend pas forcément compte tout de suite, sous leurs airs de personnes faibles et fragiles, elles peuvent être vraiment hargneuses. Qui pourrait croire qu'une petite vieille, aux cheveux gris, toute voûtée et avec les chaussettes qui tombaient en masse de nylon informe sur ses chaussures noires, pouvaient être une telle harpie?
Elle est entrée dans la rame bondée de la ligne 2. A la station précédente, un petit groupe de dames endimanchées avaient déjà assailli les strapontins. Debout, un groupe de sardines compressées, dont je faisais parti tant bien que mal. Une sculpture humaine à la façon César. Parmi eux, un père de famille essayait de protéger son bambin gigotant, du piétinement de cette foule, en le maintenant dans ses bras. Il tournait le dos à la porte de la rame. la vieille femme est entrée (donc) dans la rame bondée en criant des "poussez-vous ! mais poussez-vous donc". Les dames endimanchées l'ont regardé outrées avec des coups d'oeil en coin et des remarques acerbes chuchotées du coin des lèvres. La vieille dame continuait à crier sur tout le monde et devenait franchement insultante. Tout à coup, le papa, qui me faisait face, sursaute. Il venait de se prendre un coup de parapluie dans le dos par la vieille peau parce que ce dernier ne se poussait pas. Elle lui a crié dessus avec une véhémence incroyable, et en l'insultant de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables. Lui a fait comme si de rien n'était (je ne sais pas comment il a pu garder son calme) et n'a pas bronché une seule fois. Après avoir déversée toute sa bile, la vieille s'est attaqué (je crois que le terme n'est pas trop fort) à un passager qui était assis dans le carré. Mais là, le bruit de la rame a couvert ses hurlements.
Mais quand légiférera t-on sur l'obligation de la muselière pour les mamies (et les papys) acariâtres et violents?

9.10.07

Comme une envie de...



Ca nous a pris très soudainement. Comme ça, au détour d'un site internet. C'était hier soir. Il était presque minuit. Il nous a fallu à peine 20 minutes pour se décider une bonne fois pour toute. En moins de temps qu'il n'en faut pour cliquer là et puis là, nous avions l'hôtel et deux places réservées.
Vivement les prochaines vacances...

L'automne est là.

Dans les rues, les dernières heures de l'été s'amassent dans les caniveaux et se ramassent à la pelle. L'automne est arrivé sans jamais l'avoir vraiment oublié.
Paris s'est enveloppée de l'odeur acide et moite des larmes des platanes, marronniers et tilleuls qui, en tournoyantes hécatombes brunes et ocres, grossissent des ruisseaux en décomposition.
Les hirondelles se sont fait la belle. Leurs stridulations ont fait place aux graillements des corbeaux. Les jeux de la Saint Jean se changent en recueillement de la Toussaint.
Le soleil bas envoie des ombres tantaculaires et inquiétantes, avant de sombrer de plus en plus vite derrière les brumes de la ville. L'ombre en berne sur un soleil mourant.
L'automne s'installe tranquillement sous des airs doucereux et sournois d'été indien. Mais il est là, préparant l'arrivée des morsures hivernales; transformant la ville, dans ses rues et dans ses parcs, en la parant de couleurs incandescentes, consumant les dernières forces vives de sa nature urbaine sous une débauche criarde de couleurs d'agonie flamboyante.
Le vent d'automne souffle sur Paris, plongeant silencieusement dans un sommeil profond, les mois fougueux de ses ennemis jurés.

Mine de rien

Dessin extrait de l'Espresso Télérama du 09/10/2007

8.10.07

Du haut d'une falaise...

Port en Bessin - Calvados - 06/10/2007

Ces gens-là

D'abord il y a l'aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu'il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l'œil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Et puis, il y a l'autre
Des carottes dans les cheveux
Qu'a jamais vu un peigne
Ouest méchant comme une teigne
Même qu'il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d'une autre ville
Et que c'est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu'aimerait bien avoir l'air
Mais qui n'a pas l'air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n'a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n'importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du père
Qui est mort d'une glissade
Et qui recarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands flchss
Et ça fait des grands flchss
Et puis il y a la toute vieille
Qu'en finit pas de vibrer
Et qu'on attend qu'elle crève
Vu que c'est elle qu'a l'oseille
Et qu'on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

Et puis et puis
Et puis il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m'aime pareil
Que moi j'aime Frida
Même qu'on se dit souvent
Qu'on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu'on vivra dedans
Et qu'il fera bon y être
Et que si c'est pas sûr
C'est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu'elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c'est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu'elle partira
Elle dit qu'elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s'en va pas
On ne s'en va pas Monsieur
On ne s'en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.

Jacques Brel - Ces gens-là (1966)



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4.10.07

A la chêne...

Ens - Hautes Pyrénées - 11/09/2007

Le monde merveilleux de...

Chez Mickey, tout là bas dans sa lointaine banlieue, tout est beau, tout est gentil, tout est tout. Trop? Too much? Non mais c'est vrai. Tu arrives là bas, tu quittes le monde réel, celui qui a les pieds sur terre. Tout est joliment propre, tout est joliment brillant, tout est joliment coloré. Tout le monde est gentil avec toi et on te fait des sourires encore plus gentils. Tout le monde est enjoué et tout le monde trouve tout tellement merveilleux. Non mais c'est presque flippant toute cette gentillesse assurée et tout ce bonheur étalé, je vous assure. C'est pour vous dire, les arbres de ce grand centre commerciale à ciel ouvert ne perdent même pas leurs feuilles. Même en automne... Ils jaunissent, ils rougissent; prennent de jolies couleurs, façon été indien et qui vont bien avec l'attraction qui est à côté ou avec la robe de Minnie, mais il n'y a pas une seule feuille par terre. Pourtant ce sont de vrais arbres, il me semble en tout cas.
Surprenant.
Tout sonne tellement faux. Ce n'est pas possible : on ne peut pas être aussi gentil, aussi attentionné, aussi serviable intentionnellement.
Inquiétant.
Dans l'île aux enfants où c'est tous les jours le printemps; le pays joyeux des enfants heureux, des monstres gentils, c'est un paradis. Pourtant quelqu'un peut me dire pourquoi si, c'est si merveilleux, il y a autant de gosses qui pleurent? Pourquoi il y a autant de parents énervés et stressés? Pourquoi, quand vous lui avez tourné le dos, Mickey semble vous faire un monumental doigt d'honneur?
Troublant.

2.10.07

Sévèrement Bourné

Jason est de retour. Ben Jason ! Jason Bourne ! Le gars qui a perdu la mémoire mais qui garde des réflexes pas très orthodoxes. Et comme il a les nerfs à fleur de peau, il n'y va pas avec le dos de la main morte pour la fin de ses aventures.
C'est une affaire qui roule cette trilogie. Tous les rouages sont bien huilés. Le cahier des charges est respecté. Pas de surprise : tout est à la place qu'il doit occuper. Il est écrit qu'il doit y avoir une course poursuite décoiffant et une poursuite en voiture époustouflante. Et bien, nous l'avons à l'écran. Et alors là, le Paul, il s'est fait plaisir. Il a multiplié les courses poursuites avec un pur moment hallucinant sur les toits de Tanger. Quant à la course poursuite en voiture dans les rues de New York, c'est une des plus réussies du cinéma, je pense. Une scène très forte avec caméras embarquées dans les voitures qui se percutent, rendant cette scène encore plus forte et plus réaliste. Au bout du compte, cinq très, très bonnes minutes de cinéma que j'ai passé accroché à mon fauteuil.
Paul Greengrass n'est pas un manchot de la caméra. Il filme au plus prêt de ses acteurs, caméra à l'épaule. Quand Jason saute d'un toit, le cameraman saute derrière lui donnant l'illusion que l'on saute en même temps que lui. Le tempo du film ne se calme jamais. Le montage épileptique fait qu'on reste du début à la fin sous tension. Un rythme effréné emmené par les nombreuses courses du héros.
Dire que j'ai beaucoup, beaucoup aimé le film serait inutile puisque j'ai adoré ce film. Un très bon film de divertissement. Une très bonne trilogie. Un acteur avec un charisme à tomber et puis j'aime beaucoup aussi la distinction froide de Joan Allen dans son rôle de Pamela Landy, très classe cette actrice.
Je ne dirais rien du dénouement de cette histoire seulement qu'à la fin on a toujours l'immense plaisir d'entendre Moby et son Extreme Ways. Vous savez c'est le type de fin qui donnerait presque envie de dire en sortant de la séance : "allez, on y retourne?"
Enjoy :

La vengeance dans la peau - Paul Greengrass

Toujours la même rengaine

Il y a des chansons ou des musiques qu'il ne faudrait jamais, mais alors jamais avoir le malheur d'écouter. Car, ça vous reste ancré dans le cerveau; ça vous fagocite votre bon goût musical pour une journée complète. Ce morceau en fait parti. Je suis passé dessus par un malencontreux coup de souris et depuis il me laboure les deux lobes.

1.10.07

Mortellement drole.

Des funérailles, moment de tristesse et de recueillement, déraillent complètement et virent dans un cauchemar surréaliste. Dans cette famille anglaise très digne, à première vue, des failles et des secrets bien cachés font surface pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.
Le film s'ouvre sur l'arrivée du corbillard, à la maison familiale. Les préposés déposent le cercueil avec un grand professionnalisme, le visage empreint de sollicitude, solennels. Il s'avère qu'ils se sont trompés de cercueil et donc de défunt. Ils repartent alors à toute vitesse en jurant comme des charretiers. Le film continuera tout le long à jouer avec l'absurdité des situations, des événements cocasses, des personnages déjantés.
Avec un humour très british mêlant l'humour noir et subtile et l'humour gras et pas très finaud, Franck Oz nous embarque pour 1h30 de franche rigolade. Ça fait bien longtemps que je n'avais pas ri autant au cinéma. Proche des comédies légères des années 50, le film reprend aussi les mêmes ficelles qui sont sures de faire rire illico.
Les acteurs (inconnus pour moi) se vautrent avec délice dans ce jeu parfois outrancier. Le principal pour eux n'étant pas de s'appesantir sur les rouages psychologiques mais de développer et d'amplifier le côté comique. Alan Tudyk est à ce niveau là le plus épatant et le plus poilant : jeune avocat timide et réservé va se transformer en bêtise humaine suite à l'absorption, par inadvertance, d'une drogue hallucinogène. A pleurer de rire.
Certes, Joyeuses Funérailles n'est pas la comédie de l'année mais une des meilleurs, sans aucun doute.
Joyeuses Funérailles - Franck Oz

Au sommet de ma forme

J'ai le vertige.
Dès que je monte sur un escabeau, une chaise peu stable, un muret étroit, j'ai les jambes qui flageolent; j'ai la vue qui se brouille et je sens le centre de gravité de mon corps irrémédiablement attiré par le vide. En soi, rien de bien handicapant : je ne monte pas sur un escabeau tous les jours non plus. Cependant, ça m'empêche tout de même de faire un certain nombre de choses qui me titillerait bien : le saut en élastique, saut en parachute, un parcours d'aventure à hauteur d'arbres, Indiana Jones... Et je vous laisse imaginer mon état quand il s'agit de monter sur une chaise pour laver les vitres de l'appartement, du haut de mon 18ème étage.

Prendre de la hauteur.

On me dit que, pour ce genre de symptômes, il faut soigner le mal par le mal. Mouais ! Je me vois bien arriver en haut d'un haut pont, harnaché de partout, et de faire une crise de nerf parce que le vertige sera plus fort que moi. N'empêche que l'idée me trottait dans la tête (au galop, au galop, 'tit trot, 'tit trot... hum !). Il me fallait juste trouver la bonne occasion. Monter sur la Tour Eiffel? Non, trop de monde (de témoins) si je devais faire pipi dans ma culotte de trouille. M'aventurer sur un pont de corde? Non, trop instable ! Rien que d'y penser je tremble. Et pourquoi pas crapahuter sur un sommet de montagne? Nous passons les vacances dans les Pyrénées ! On a décidé de randonner ! Pourquoi pas faire l'ascension d'un sommet !

Plus prêt des cieux.

C'était le dernier jour de nos vacances. Les M&M remballaient le camping car pour d'autres horizons. Une pointe de morosité de fin de vacances obscurcissait le ciel bleu de cette belle journée. Pour ne pas sombrer dans une langueur monotone, il a bien fallu se bouger le train et décider de partir en randonnée. Et pour finir en beauté, nous avons choisi d'atteindre le Soum de Matte. C'était notre apothéose; notre record. 2377 mètres. La montée vers le pic rocheux s'élançant dans le ciel bleu à peine voilé fut longue et périlleuse; peuplée d'animaux sauvages allant de la fourmi rouge féroce, en passant par le petit scarabée noir luisant et la sauterelle verte aux ailes rouges (pas très seyant tout ça), en passant par le mouton sauvage marron des Pyrénées aux cornes à faire pâlir d'envie le plus cocu des maris, et par l'aigle si élégant et le vautour si flippant. Mais que le panorama était beau avec ces pâturages jaune paille, couverts de bruyères, et constellés de petits crocus; seuls entourés par la majesté des monts des Pyrénées. Le sentier devint plus escarpé au fur et à mesure que le sommet approchait, et, bientôt, ce petit chemin devint qu'une sente de terre instable et tortueuse entre la paroi rocheuse et le vide de l'autre côté. Seuls les moutons posaient leurs sabots ici. L'appréhension devenait de plus en plus forte à l'approche du sommet. On n'avait pas tout de même fait tout ce chemin pour faire demi tour sans avoir affronter ce petit pic là. Non ! Pas question. Je me suis aventuré sur ce petit chemin qui serpentait entre les rochers. Chacun de mes pas déclenchait une petite avalanche; de la terre meuble et de petites pierres se dérobaient sous mes grosses chaussures. A ce niveau là, la végétation était réduite à peau de chagrin, quelques éraflures de mousses et de lichens fleuris sur un gazon ras et jaune, au milieu d'un paysage lunaire fait de cailloux dressés en pointes inquiétantes. Mes jambes devenaient de plus en plus chancelantes; je n'avançais plus qu'à petits pas de souris et quasiment à quatre pattes, mes mains s'agrippant à tout ce qu'elles pouvaient pour se donner l'illusion de stabilité. Et puis, soudain, je me suis retrouvé sur une sorte de petite surface plane. Quelques grappes de bruyères fleurissaient tranquillement, un crocus se trouvait ballotté par de petites rafales de vent; au dessus de moi, de gros nuages blancs défilaient sans se presser, tandis qu'un vautour se laissait porter par un courant d'air, attendant peut-être avec impatience un signe de faiblesse pour me dévorer tout cru. Je me suis redressé. J'étais au sommet. Autour de moi, le silence, à peine perturbé par le sifflement du vent. Un simple mur de roche arrivait à hauteur de la taille, le reste n'était que vide, excepté un autre chemin qui partait vers un sommet encore plus élevé. Je tremblais, mes jambes me portaient à peine. Ma respiration s'accélérait et je devais prendre de grandes inspirations pour essayer de me contrôler. J'avais réussi à grimper là. J'étais fier de moi. Pas rassuré pour deux sous, mais extrêmement fier de moi. Comme un gamin qui vient de réaliser un exploit, j'ai hurlé ma joie à la face des montagnes qui m'entouraient comme pour leur dire qu'un jour je les vaincrais aussi. L'Arbizon voisin me semblait d'un coup beaucoup moins effrayant que lorsque je le voyais de plus bas. Le syndrome DiCaprio-i-am-the-king-of-the-world m'a frappé de plein fouet en un long cri de décompression. Le vautour s'en est allé ailleurs voir si une autre carcasse serait disponible plus vite. J'ai mitraillé avec mon appareil photo, témoin de mon exploit, ma performance incroyable et je suis redescendu, fou de joie.
La chute.
Ce n'est qu'une fois arrivé au pied du piton rocheux que j'ai pris la pleine mesure de ce que je venais de faire. Et je me suis retrouvé comme paralysé. Les jambes refusaient de me porter plus loin. La peur après coup. Et puis je me suis retourné vers le Soum et je lui ai tiré la langue comme pour lui dire même plus tu me fais peur. Un nuage est passé à ce moment là et a couvert d'ombre le petit sommet. Ça m'a donné l'impression qu'il me faisait un clin d'oeil complice. J'ai respiré un bon coup, le plus dur restait à venir : les valises, le ménage de l'appartement, le voyage de retour, la reprise du travail. Le vertige qui s'est emparé de moi n'était plus dû à la hauteur mais à la rapidité de ces deux semaines de vacances qui s'achevaient déjà.



Soum de Matte (Domaine de St Lary) - Hautes Pyrénées - 21/09/2007