31.3.08

Les aléas de ma mémoire musicale # 30



Si la vie est cadeau
Nous, c'était du bleu
Un ciel d'été, un océan transparent
Nous, nous étions deux
Et l'on s'aimait à faire arrêter le temps

Mais le temps nous a trahis
Alors pourquoi m'avoir promis la terre entière?
Notre amour aurait suffi
Je ne voulais pas d'un bonheur imaginaire
Si la vie est cadeau

Si la vie est un cadeau
Cadeau donné, cadeau repris, cadeau volé
Prends l'amour comme un cadeau
Cadeau donné, cadeau repris, cadeau volé
Le bonheur est trop court

Nous, c'était l'enfant que je voulais
Pour te l'offrir au printemps

Mais le temps a tous les droits
Alors pourquoi m'avoir promis la terre entière?
Et l'enfant qui n'est pas là
C'est aujourd'hui mon seul bonheur imaginaire
Si la vie est cadeau

Si la vie est un cadeau
Cadeau donné, cadeau repris, cadeau volé
Prends l'amour comme un cadeau
Cadeau donné, cadeau repris, cadeau volé
Le bonheur est trop court

Corinne Hermès - Si La Vie Est cadeau

Mes films du mois de mars

C'est pour bientôt

Elle est pas jolie notre future maison de deux semaines avec ses belles pierres apparentes, ses volets rouges et ses petits rideaux aux fenêtre?
Moi je vous le dis, les vacances s'annoncent bonnes !

Soyez sympa, bâillonnez le !

Michel Gondry et son goût pour le fabriqué maison. Michel Gondry et son univers si particulier fait de rêverie et d'utopie. Michel Gondry et son goût pour le décalage. Michel Gondry et sa vision du monde.
On retrouve tout cela dans ce film. Un farfelu agaçant efface par inadvertance toutes les bandes vidéo d'un vidéo club. Pour ne pas se faire prendre et autant pour satisfaire la demande de la clientèle, l'employé et le farfelu vont réaliser avec les moyens du bord ces films effacés. De Gostbuster, à Rush Hour, en passant par le Roi Lion ou Robocop ou encore Rocky, ils vont filmer à leur sauce ces films. Ces remakes de la débrouille vont connaître un succès inespéré auprès des clients médusés mais qui en redemandent.
Be kind rewind (parce que quelle horreur ce titre français !) est un vibrant hommage au cinéma. Gondry, avec ses ingrédients habituels, parvient à nous donner envie d'aller au cinéma, voir même nous donner l'envie de faire du cinéma. Il montre la passion du cinéma qui s'empare de ces deux personnages avec gourmandise. Et on les suit dans ce plaisir là mais pas jusqu'au bout. Ce qui est une bonne surprise et une bonne idée au premier remake devient lassant à la longue. De plus, Gondry veut donner l'illusion de bidouillage artisanal, de carton pâte et de moyens réduits à zéro et quelques centimes mais tous les moyens qu'il montre pour montrer l'amateurisme démontre un certain déploiement de moyens qui ne correspond pas aux propos.
Et puis, parce qu'il y a un "et puis" de taille, il y a Jack Black. Insupportable, hystérique, énervant, fatiguant à force de surjouer, de gesticuler dans tous les sens, de hurler son texte comme un abruti. Il a réussi tout de même à me faire lâcher prise le film en cours de route, tellement il m'horripilait. Ce n'est pas un acteur cet homme là. Il n'arrive même pas à être crédible en commun des mortels. Il faut toujours qu'il en fasse des tonnes.
Reste que l'hommage d'un cinéphile à sa passion est réussi. Mais la poésie naïve et enfantine qui avait fait la marque de fabrique de Michel Gondry (souvenons-nous des magnifiques Eternal Sunshine of the Spotless et La Science des Rêves) a disparu ici. Une grande part de charme avec.
Be Kind Rewind - Michel Gondry

J'ai toujours voulu être un gangster

C'est l'histoire d'une cafétéria, champignon d'autoroute qui a poussé sur le terreau d'une ancienne planque en forêt. Ses rideaux de fer grinçants, son long parking asphalté, son comptoir de faux marbre, ses tables bien rangées face à la baie vitrée, vue imprenable sur le parking. Autour et dans cette cafétéria des gens passent et se croisent. De la serveuse de deux jours au braqueur en herbe et malchanceux. De vieux chanteurs en conflit larvé à la clique de malfrats nostalgiques. D'une bande de kidnappeurs au grand coeur à l'adolescente suicidaire. Des histoires qui se croisent autour d'un lieu commun.
Le film de Samuel Benchetrit se découpe en quatre histoires et un épilogue. Le niveau est inégal allant du très bon (l'enlèvement de l'adolescente) au moyen moins (les deux chanteurs). Pourtant l'ensemble reste savoureux, drolatique et absurde. Hommage aux films noirs, le réalisateur s'approprie le thème du bandit mais l'applique à des personnages en décalage; des personnages qui n'ont rien, ou qui n'ont plus rien, à voir avec les bandits. Une bande de bras cassés qui essaient tant bien que mal à passer de l'autre côté de la loi.
Il filme ses histoire en les enveloppant dans un magnifique noir et blanc soyeux et classe mais sobre qui tend vers une certaine mélancolie. La bande son et musicale est superbe. Les dialogues sont ciselés et percutants. Les acteurs sont touchants dans leur maladresse (Edouard Baer est excellent en loser), dans leur générosité (Boulil Laners et Serge Larivière plus paternels que kidnappeurs), dans leur détresse (Jean Rochefort, Roger Dumas marqués par la vieillesse et la nostalgie de leur jeunesse aux 400 coups). Et puis il y a Anna Mouglalis, sa belle voix grave, ses yeux intenses, son sourire qui pourtant laisse une impression de danger animal et imminent. Le film lorgne du côté de Jim Jarmuch, voir même de Tarantino (selon le Sage).
Le film est cependant imparfait. J'aurais aimé que l'ensemble du film ait la verve et l'absurdité que l'on a dans la partie des kidnappeurs. Il fait preuve parfois d'un maniérisme un peu trop poussé qui n'apporte pourtant rien si ce n'est pour faire hommage. Mais bon sang que ce film est poétique et d'un humour qui emporte. J'entends encore mon voisin de gauche ne pouvant plus s'arrêter de rire; un rire si communicatif qui m'a entraîné aussi la dedans.
Ha ! Que ça fait du bien de temps en temps.
J'ai toujours rêvé d'être un gangster - Samuel Benchetrit

28.3.08

C'est un temps...

C'est un temps à rester couché. Un temps sur lequel on tire la couette ensommeillée pour ne plus voir et entendre les rafales de pluies qui s'écrasent contre les fenêtres. Ne plus voir ces déferlantes qui dégoulinent sur les carreaux.
C'est un temps à préparer un gâteau aux pommes. Mélanger le sucre et la farine avec les oeufs et le lait. Couper les pommes en petits morceaux. Regarder le gâteau enfler et dorer, à travers la porte du four.
C'est un temps à cuisiner, le dos tourné à la fenêtre. Éplucher les légumes du soleil, le rouge poivron et les fermes tomates. Couper en rondelles l'aubergine pulpeuse et la courgette. Humer les effluves de thym, de persil et de basilic qui mijotent dans le faitout. Regarder la chaleur de la cuisine qui se dépose en buée sur la fenêtre.
C'est un temps à penser aux vacances. Qu'elles soient en Corse ou en Lozère. Nous imaginer avoir chaud. Sentir les pores de nos peaux se recharger aux rayons du soleil. Réserver le train et la voiture. Choisir un gîte tranquille et aéré, au milieu d'une forêt que dominerait le Mont Lozère.
C'est un temps à regarder un film à la télé. 37.2, le matin ou un Thé au Sahara. Soleil Rouge ou Soleil Vert. Plein Soleil ou Soleil Levant. Sous le soleil de Satan ou un Duel au soleil. L'été en pente douce ou soudain l'été dernier ou bien encore l'été prochain. Un jour d'été ou l'heure d'été. L'été meurtrier ou le Songe d'une nuit d'été.
C'est un temps à souhaiter demain...

Il y a longtemps que je t'aime

Juliette est recueillie, à sa sortie de prison, par sa jeune soeur Léa qu'elle n'a pas revu depuis quinze ans.
Le film raconte la difficile réinsertion d'une femme dans une société où elle n'a plus de place et qui la rejette. Une réinsertion encore plus douloureuse l'attend dans une famille, sa famille, qui la rejetée et qu'elle ne reconnaît plus. Sur fond de secret bien gardé mais qui continue à hanter, Juliette réapprend à vivre. Très marquée par ces années de prison, elle garde un regard cynique sur la vie et son petit quotidien. Elle aspire pourtant à reprendre ses marques grâce à l'aide de sa soeur bienveillante.
Kristin Scott Thomas est d'un bout à l'autre de ce film, magnifique. Le visage terne, aux yeux cernés, elle reste pourtant lumineuse. Elle est secrète et solitaire, à tout jamais marquée par son histoire. Mais elle a un tempérament fort. Elle s'accroche, elle se force à redécouvrir une vie normale, malgré tous les coups qu'elle se prend dans la gueule, ces regards extérieurs scrutateurs qui la jugent sans savoir. Il y a longtemps que Kristin ne m'avait autant ému. Elle écrase le reste du casting d'un simple regard. Elsa Zylberstein réussit parfois à se hisser à son niveau mais jamais complètement et jamais parfaitement. Je l'adore cette actrice, flegmatique, gracieuse mais aussi distante et pourtant si commune. Ah ! Vraiment, je l'aime.
La réalisation que l'écrivain Philippe Claudel a voulu ancrer dans le quotidien d'une famille bourgeoise. Les courses, le travail, la piscine, le baby-sitting, tous ces gestes qui sont devenus des moments à réapprendre pour Juliette. Il filme avec une lumière grisonnante, écho des sentiments de son héroïne. Il parvient par petites touches intimes et infimes à éclairer le grand secret de Juliette. On se plaît à imaginer ce que cette femme cherche à taire. Notre imagination de spectateur prend plaisir à reconstituer cette vie. Et puis soudain, il accouche d'une fin ultra consensuelle. Ce film secret et délicat sombre dans le plus navrant des mélos, arasant toute la complexité de son personnage pour vouloir faire pleurer coûte que coûte. Quel intérêt à vouloir faire une fin larmoyante alors que jusqu'à présent l'émotion se suffisait par un simple regard, une petite phrase ou un geste? Pourquoi vouloir une fin si démonstrative alors que jusqu'à présent les non-dits suffisaient à rendre l'histoire si belle et attachante? Pourquoi sabrer et dénature son film par cette fin si attendue et décevante? Il parvient en effet son coup. Le nombre de reniflements et de mouchoirs sortis le prouve bien. Moi, cela a eu l'effet inverse. Autant, j'ai été ému par cette Juliette secrète et touchante, autant je suis resté sur la touche par cette révélation accouchée au forceps.
Il y a longtemps que je t'aime - Philippe Claudel

27.3.08

Langueur cristalline

Nantes - Place Royale - 8/03/2008

A la carte # 13

Il y a des soirs où on n'a pas envie d'aller faire les courses et de préparer à manger. Hier soir était un des ces soirs là. J'avais passé la journée à glander à la maison; le Sage à travailler. On s'est décidé pour aller manger dans la petite pizzeria, juste en bas de la maison. Depuis le temps qu'on habite le quartier, on n'avait jamais mis les pieds là bas. En passant à côté, nous avons vu le restaurant complètement vide. Ça nous a semblé déprimant de manger ainsi surtout que le serveur n'est autre que notre voisin. Non vraiment on ne pouvait pas manger comme ça. Autant manger à l'appartement.
A la recherche d'un endroit sympa pour nous sustenter, nous avons remonté la rue des Solitaires. Je l'aime bien cette rue parce qu'elle prend à certains endroits des allures de rues de provinces avec des maisons basses avec un petit jardinet et des volets aux fenêtres. A la nuit tombée, la rue est silencieuse, à peine troublée par les bruits d'une circulation limitée. Au croisement de la rue de Palestine, il y a une vue superbe sur l'église St Jean Baptiste de Belleville. Mais je crois bien que je n'étais jamais aller plus loin que ce croisement là. En remontant la rue, tout en discutant de nos prochaines vacances, nous sommes tombés sur un petit bar restaurant qui fait l'angle de la rue des Solitaires et de la rue de la Villette. L'endroit semble cosy et sympathique. Sans même voir la carte qui était accrochée au fond de la salle du restaurant, nous sommes entrés. Le hasard fait bien les choses parfois.
Nous entrons dans l'établissement par le bar. La lumière est tamisée, l'ambiance feutrée, la musique légèrement jazzy peut-être un brin trop forte. La clientèle est du genre jeune bobo mais cela ne nous gène guère en fait. La salle de restaurant est au fond. Nous sommes accueillis par le seul serveur, gentil et charmant. On s'installe au fond de la salle, juste au dessous de l'ardoise des plats proposés. Cinq choix d'entrées, une petite dizaine de plats (entre 16 et 23 euros), tous alléchants et une poignée de desserts (à 6.5 euros); tout de suite je remarque la panna cotta. Deux autres ardoises proposent un large choix de vin (entre 18 et 40 euros la bouteille). La salle est chaleureuse avec ses couleurs rouge et ocres et son éclairage tamisé. Une dizaine de tables en bois brut pour certaine. On s'y sent bien dans cet endroit.
Je me décide pour un confit de canard avec une purée de pommes de terre à l'huile de truffes. Le Sage E. se laisse tenter par un filet de sanglier sur lit de tagliatelles fraîches. Nous accompagnons cela avec une bouteille de Côte de Bourgogne rouge. Le vin est fruité, sans doute encore trop jeune mais il se marie bien avec nos plats qui sont délicieux. Un vrai régal mélangeant plats somme toute très traditionnels avec des saveurs étonnante (une petite purée carottes et zestes d'orange pour moi, une petite confiture de figues chaude pour le Sage). Nos papilles sont à la fête. Pour le dessert, petite déception pour moi car il n'y a plus de panna cotta. Mais je me rabats sur un "Kittu choco" qui n'est autre qu'un petit fondant au chocolat noir et amer accompagné d'une crème fouettée délicieuse. Le Sage craque pour la trilogie de crèmes brûlées (framboises, lavande et vanille) qui lui sont apportées encore flambantes. Les saveurs sont subtiles et pour une fois peu sucrées.
Ce qui devait être un repas rapide à l'extérieur est devenu un repas gastronomique où on prend notre temps et avec un grand plaisir. Le serveur, au moment de régler l'addition, nous conseille un autre petit restaurant très sympa et bien caché, rue Arthur Rozier, à deux pas de l'escargot. En rentrant, nous faisons un détour par cette rue qui enjambe la rue de Crimée, histoire de faire une reconnaissance pour une prochaine sortie. La carte de L'Heure Bleue est tout aussi alléchante. Nous allons nous attarder à dénicher les petites merveilles qui se cachent dans les rues de l'ancienne Belleville.
L'escargot - 50, Rue de la Villette - 75019 Paris. Tel : 01 42 06 03 96

26.3.08

Le nouveau protocole

Le fils d'un bûcheron mal rasé meurt dans un accident de voiture qui serait, peut-être bien en fait, le résultat d'une conspiration d'un gros groupe pharmaceutique qui fait des essais, pas bien du tout, de médicaments non homologués par la sécurité sociale (ou un truc comme ça) sur des ptits enfants en Afrique mais pas que en Afrique. Une jeune femme, très frapadingue, en est tellement persuadée qu'elle réussit à entraîner le père du jeune défunt dans sa paranoïa. Les courses poursuites s'enchaînent pour réussir à élucider ce grand mystère.
Le nouveau protocole jongle avec la théorie du complot, le complot du lobby pharmaceutique : on nous ment, on nous spolie, et on nous tue, sans rien nous dire. Peut-être même pire, nous, pauvre bétail, on serait les complices moutonnesques de ces complots, en acceptant de vouloir vivre toujours plus vieux. La demande crée le besoin qui crée le complot. En teintant le tout d'une bonne louchée d'altermondialisme, le film décolle en vrille pour mieux se casser la gueule au bout de 20 minutes. Comment peut-on croire une seule minutes aux ficelles tellement grosses de ce thriller digne de TF1? Vas-y que je rentre dans un bureau d'un laboratoire comme dans un moulin et voler un calepin, un ordinateur portable et un dossier médical qui ne serviront qu'à faire joujou dans le plan suivant. Vas-y que je te transforme les voitures en auto-tamponeuse et que j'en sorte avec quelques égratignures seulement. Va-y que je défonce la gueule à deux policiers sans pour autant être devenu l'ennemi numéro 1 de toutes les polices de France. Vas-y que je m'incruste aux réunions de Davos et que je dézingue sans qu'on essaie seulement de m'empêcher.
La minceur du scénario est heureusement masquée par de l'action sans finesse; bien bourine l'action. Heureusement que ça coure partout, que ça se poursuit à tour de bras. Heureusement que le montage est épileptique, sinon il y avait de quoi s'endormir. La réalisation est correcte et il y a même un joli travail sur la lumière et la photographie. Simplement, on ne peut réaliser un grand film (ou un film seulement) sans avoir plus que la maîtrise d'une caméra.
Le casting se démène sans trop y croire. Pourtant Clovis Cornillac habite de façon convaincante son personnage de père meurtri qui cherche une explication, un coupable à la mort de son fils. Marie Josée Croze, actrice que j'aime beaucoup pourtant, est ici insupportable. Elle surjoue la paranoïa dans le moindre détail avec force roulement de yeux ronds, tremblements incontrôlés des mains. On ne croit pas à son personnage hystérique. Par contre, Dominique Reymond (aperçue dans l'Heure d'été d'Assayas) est parfaite en porte parole cynique et louvoyante d'un groupe pharmaceutique.
Ce film inaugurait ma nouvelle carte illimitée de chez UGC. Une bien mauvaise première fois. Tout à fait oubliable.
Le nouveau protocole - Thomas Vincent

Paques et de poubelles

Les réveils sont difficiles en ce moment. Depuis le début du mois, j'enchaîne les matinées. Le réveil est matinal, en général à six heures. Les nuits sont courtes puisque je n'arrive pas à m'astreindre à me coucher tôt le soir. Je ne suis plus habitué à me lever tôt; déjà que je n'aime pas trop cela en temps normal.
Vendredi, je débutais ma semaine, super heureux à l'idée de passer le week-end de Pâques au travail. Le fait de le faire en matinée était encore plus difficile à avaler. Comme d'habitude, le premier et le deuxième réveil se passent plutôt bien. Je ne dirais pas que je suis de la toute première fraîcheur mais ce n'est rien comparé au réveil des jours qui suivent. La fatigue a eu le temps de bien s'installer. Il faut dire qu'il n'a pas été facile ce week-end là.
Lundi matin, troisième réveil. Il est encore six heures. Je grogne quand j'entends le flash info à la radio. L'envie me prend de balancer le radio réveil par la fenêtre mais je n'ai même pas le courage de mettre le projet à exécution. Je n'ai vraiment pas envie de me lever. Je veux encore dormir. Je traîne au lit, essayant de grappiller tout ce que je peux à la douceur de la couette. Mais il faut que je me lève, je n'ai plus le choix. Je suis au radar. Je regarde hébété ma mine endormie dans le miroir de la salle de bain sans savoir par où commencer. C'est mauvais signe. La douche n'y change rien. J'ai toujours l'air terne; le dessous des yeux en berne. Je me sens maussade, un rien m'irrite. Une journée de merde s'annonce.
Il est presque sept heures, l'heure de partir travailler. L'idée de prendre le métro aussi tôt un jour férié me donne presque envie de pleurer. Il me faut un éléctro choc presque surhumain pour m'auto motiver. Avant de fermer la porte de l'appartement, j'attrape le sac de poubelle qui traîne à l'entrée de la cuisine. C'est plus un geste automatique qu'une volonté de les descendre. Il n'empêche que j'ai le sac dans la main quand je rentre dans l'ascenseur. Pendant toute la descente vers le zéro, je me scrute dans le miroir. J'ai les yeux encore gonflés de sommeil, j'ai l'impression que j'ai le teint jaune. Je ne ressemble à rien et ça m'énerve encore plus.
L'air froid de la rue me fouette le visage, faisant perler quelques larmes au coin de l'oeil. J'avance comme un zombie. Sur la place des fêtes, la grande brocante de Pâques se prépare. Je regarde en passant des caisses de vieux livres qui s'entassent sous les abris jaunes et blancs. Un siège en velours or attire mon regard, c'est un joli objet; tout comme cette armature de lit en fer forgé ou encore cette petite lampe art déco en forme de corolle de tulipe. Je passe entre les étalages qui se dressent. Dommage, cette année encore je n'en profiterais pas pour fouiner quelques jolis objets. Ça y est la bouche de métro se dresse devant moi. Cette grande gueule ouverte me happe et m'entraîne dans les entrailles de sa station. J'arrive en bas de L'escalator quand un bruit de plastique froissé attire mon attention.
Je regarde médusé le bout de ma main qui tient encore mon sac poubelle. Ma première réaction a été de regarder autour de moi, voir si personne n'était témoin de ma très grande honte. Heureusement, c'est un jour férié et de très bonne heure. Il n'y a personne. Incapable de réfléchir posément, j'ai commencé à vouloir rebrousser chemin pour aller déposer mon sac dans son grand bac vert habituel. Et puis, un flash m'a secoué. Il faudrait retraverser la place des Fêtes et toutes ces personnes qui installaient leurs bric-à-brac. Mon dieu ! J'ai traversé la place des Fêtes et toutes ces personnes qui installaient leurs bric-à-brac avec mon sac poubelle dans les mains. Je me sens rouge comme une pivoine et vraiment très, très con. Il est hors de question que j'y retourne ! Je fourre mon sac de déchets dans la première poubelle de la station venue et je file aussi vite que je le peux, en m'ayant bien assuré que personne ne m'avait vu faire.
Ce n'est qu'une fois installé dans la rame que j'ai pensé aux caméras de surveillance. Quelqu'un, je ne sais où dans une salle de contrôle, m'a sans doute vu faire. Une honte galopante m'envahit. J'ai envie de me cacher. Un oreiller vite que je me cache. Et puis, après avoir revécu la scène une énième fois dans ma tête, j'ai commencé à rire de la situation. Après tout, je n'avais que ça à faire. Je n'allais pas pleurer sur mon sort. Il était trop tard pour cela et cela était sans doute bien disproportionné.

25.3.08

Cache cache

J'attendais tranquillement le métro sur le quai de République. La journée au travail avait été éprouvante. J'étais fatigué et je n'arrêtais pas de bailler. Pas moyen de me retenir.
J'ai vu une femme courir du fond du quai. Elle riait. Je me suis dit que c'était encore une de ces personnes pressées de prendre le métro. Même un jour férié, comme ce jour là, il y a des gens qui sont toujours pressés de prendre le métro. C'est fou ça tout de même. Et puis non. Au final, elle ne courait pas pour attraper un métro qui n'était d'ailleurs pas encore arriver. Elle s'est engouffrée dans un passage de sortie comme si elle se cachait. Et elle riait toujours, en jetant de temps en temps des coups d'oeil vers le fond de la station. Sans doute une douce dingue rigolote. Aussi vite, qu'elle avait attiré mon regard, je l'ai oublié, de nouveau absorbé par la fréquence de mes bâillements.
Venant aussi du fond de la station, une vieille dame semblait perdue et désorientée. Elle interrogeait des voyageurs, sans doute pour demander sa route, me suis-je dit. Pourtant, les dits voyageurs répondaient par la négative, d'un mouvement de tête qui n'avait pas d'équivoque. Que pouvait-elle bien demander ainsi? Elle est arrivée près de moi, toujours l'air perdue, voir même paniquée. En fait, elle cherchait sa fille. Elle l'avait perdu dans les couloirs de la station et elle ne savait pas où elle était. Que pouvais-je répondre à cette pauvre dame? Je lui ai demandé où elle était sensé aller avec sa fille pour pouvoir mieux l'orienter. Elle allait à Belleville. Elle était donc sur la bonne ligne. Je ne pouvais pas mieux l'aider. Elle est repartie en continuant à interroger les gens. J'étais un peu peiné pour cette petite dame.
Entre temps, la première femme qui riait est arrivée sans que je la vois. Elle s'est mise derrière la vieille femme et lui a tapé sur l'épaule. Elle a sursauté et envoyant la femme, elle s'est mise à pleurer. La femme riait en lui disant je t'ai bien eu hein ! Et la vieille dame pleurait en lui demandant pourquoi elle avait fait cela.
Ce jeu de cache-cache pervers n'avait en effet rien de drôle. La plus jeune des deux avait beau chercher le regard complice d'un voyageur pour la cautionner, beaucoup ont tourné les yeux. Je l'ai moi même fusillé du regard. J'étais écoeuré par sa conduite. Ce jeu passe bien lorsque les enfants le pratiquent parce qu'il est innocent. Ici, cela devenait volontairement méchant.
Décidément, on verra tout dans le métro parisien.

24.3.08

A bord du Darjeeling Limited

C'est un film qui tombe à pique. Il ne pouvait mieux tomber. Il marquera le début symbolique de la préparation du voyage en Inde que nous ferons l'année prochaine.
Trois frères qui se sont perdus de vue depuis la mort de leur père, se retrouvent pour un grand voyage en Inde, pour tenter de se retrouver, comme autrefois. Pourtant, ce voyage est un calvaire pour chacun, contraints et forcés mais en même temps inespérés pour des raisons diverses. Voyage de retrouvailles, voyage de réconciliation, voyage initiatique, voyage spirituel, mais aussi une belle fuite face au quotidien.
Le film de Wes Anderson est à la fois léger comme une bulle de savon, à l'humour subtil et fugace et où la maladresse loufoque de ces trois là incapables de s'avouer qu'ils s'aiment joue sur la corde sensible de nos propres expérience. Mais il est aussi parfois lourd, de mélancolie, de mots non prononcés, de tristesse inavouée. Il réussit un savant mélange où le dosage est quasiment parfait entre tous ces sentiments. On s'attache aux personnages sans se forcer.
Il faut dire que la triplette d'acteurs est sacrément bien sentie. Owen Wilson est un acteur qu'on aurait tort de mésestimer. Il sait être très fin dans son jeu et faire passer des émotions fortes sans surjouer. Adrien Brody est excellent. Et j'ai adoré le jeu de Jason Schwartzman (qui est aussi le héros du court métrage qui ouvre le film). Sans rien faire, le regard qui pourrait passer pour vide, il fait passer une palette d'émotions très subtile.
Certes, on pourra reprocher au réalisateur de ne donner qu'une vision proprette et lisse de l'Inde, une vision hollywoodienne. Mais l'Inde me semble plus un prétexte ou plus précisément, un révélateur. Car dans ces vastes terres inconnues, ces trois personnages sont obligés de se tenir dans un huis clos, une bulle à part, qui leur permettra de faire le point sur leurs relations.
Comme l'écrit Philippe Azoury dans Libération : "C’est d’une légèreté étourdissante, qui n’a d’égale que son élégance racée." Un film qui fait du bien.
Il ne faudra certes pas que je prenne comme argent comptant la vision belle et lisse de l'Inde. Il n'empêche que faire une traversée d'une partie du pays en train comme celui, beau et bleu du film, me fait rêver. Voir défiler les paysages ensoleillés...
A bord du Darjeeling Limited - Wes Anderson

23.3.08

Sous le ciel de Paris # 30

Paris - 22/03/2008

Pensée du jour

Noël au balcon, Pâques aux tisons.
Saleté de proverbe à la noix !

Tout ce que je vais voir

Il m'en aura fallu du temps avant de me décider à avoir cette carte. Ce n'est pas faute d'avoir rempli un nombre incalculable de formulaire d'abonnement auquel je n'ai jamais donné suite faute de temps, faute de photos d'identité récente, faute de ma faute aussi.
Le Sage se voyant offrir une offre bien plus alléchante qu'un pot de Nutella (?), nous avons sauté le pas à deux. Il nous aura fallu presque trois mois tout de même avant d'envoyer les contrats dûment remplis et signés.
Mais cette fois, c'est bon. La carte est arrivée. Je n'aime pas trop ma trombine qui la personnalise mais elle fera bien l'affaire. Après tout, ce n'est qu'une carte de cinéma. N'empêche que je suis bien content de l'avoir entre les mains. Je vais pouvoir me faire plaisir au cinéma encore plus que je ne le fais actuellement, sans me priver. Plus aucunes raisons de culpabiliser parce que je dépense trop dans les séances de cinéma. Ça va être la fête du cinéma tous les jours pour moi.

20.3.08

En paix

Photographie de Rarindra Prakarsa



Ce matin, au milieu d'une flopée de mails envoyés par ma soeur, regroupant un large éventail de bêtises en tout genre (Ptain Zabou ! T'abuses ! 26, tu m'en as envoyé !), se cachait un petit diaporama qui portait le doux nom de "photos apaisantes". Plus habitué aux photographies trash, j'ai bien failli ne pas l'ouvrir. Et puis la curiosité étant plus forte que tout, j'ai ouvert le fichier attaché. Ouah ! Elles étaient magnifiques ces photo là. Une atmosphère apaisante se dégage de tout le travail de ce photographe indonésien. La douceur de la lumière et des couleurs, la tranquillité des personnages, la beauté des paysages, la profondeur presque palpable, tout cela m'a bercé le temps que le diaporama s'égrène lentement. Une recherche sur le net m'a permis d'apprécier encore plus son travail.
Un large éventail de son oeuvre est visible ici.

Tout ça ce week-end

Daniel Plainview est prospecteur, d'abord d'or puis de pétrole. En cette fin du 19ème siècle, la nation américaine découvre que les sols des états de l'est et du sud regorgent de ce précieux or noir. Des hommes sentant le profit se lancent dans la recherche des zones lucratives. Plainview est l'un d'eux et en apprenant la présence d'un gisement important dans une zone aride où quelques familles s'acharnent à survivre, il tente sa chance. Il achète à bas prix toutes les terres disponibles et commence les forages. Le succès est au delà de ses attentes.
Le film de Paul Thomas Anderson est envoûtant, d'un bout à l'autre. La mise en scène est d'une force incroyable. Il s'attache à faire revivre le mode de vie de cette époque dans les moindres détails. La dureté de vie, l'ambition démesurée, le cynisme et la folie du personnage principal est rendu magistralement. Daniel Day Lewis habite le personnage avec une rage inquiétante. Sa performance est parfaite. Il incarne cet homme rongé par l'ambition et sa volonté farouche de réussite qui le mènera à la richesse mais aussi à sa déchéance, faite de violence, de paranoïa et de solitude. Roublard et profiteur, il élève par un travail constant et acharné un empire. Il ne fait confiance qu'à lui même et surtout se méfie de tous les parasites qui gravitent autour de lui. Il n'aime pas les hommes, comme il le dit lui même.
Le réalisateur s'appuie sur la force des images. Le travail apporté à la photographie et à la lumière en souligne la brutalité. La musique dissonante et inquiétante, voir même insoutenable au début du film, est d'une puissance inouïe (le concerto pour violon de Brams, utilisé à la toute fin du film, prend une dimension dramatique hypnotisante avec les images qui l'accompagnent). Dire qu'il signe là un chef d'oeuvre revient à énoncer une lapalissade. La critique est unanime. Je le dis moi aussi : ce film est grandiose.
There will be blood - Paul Thomas Anderson
Ce film n'est pas vraiment une nouveauté (il date de 1997). Il est cependant un de mes films préférés. J'ai bien dû le voir trois ou quatre fois mais jamais au cinéma. Ce dimanche, il était programmé au MK2 Quai de Loire. L'occasion rêvée pour aller le voir sur grand écran. C'est un film dans la plus pure tradition sociale du cinéma britannique. L'histoire d'un groupe de mineurs, membre de la fanfare locale, confronté à la fermeture annoncée de leur mine. Chômage, pauvreté, précarité mais aussi solidarité, corporatisme, aucun des grands thèmes du genre ne manquent à l'appel. Sur cet arrière fond social, la volonté farouche du chef de fanfare de mener sa petite troupe en final du championnat annuel. La musique qui sert de trame ici est en quelque sorte la dernière bouée de sauvetage, la dernière porte de dignité et de sociabilité qu'il reste à ses hommes frappés par l'acharnement de l'ère Tatcher. La musique est belle, magnifique même. Elle est le vecteur d'émotion pure, de cette force qui vous fait lâcher des sanglots (le Concerto d'Aranjues est d'une force stupéfiante) sans que vous voyez venir le coup arriver. Pas de super héros, ce sont des hommes ordinaires avec leurs qualités et leurs défauts, interprétés avec saveur par des acteurs sublimes. Ewan Mcgregor (que je découvrais alors) est d'une beauté sauvage et juvénile. Pete Postlehwaite est lui aussi grandiose dans ce chef d'orchestre pour qui seul compte la victoire finale, son dernier coup d'éclats avant de partir, dignement. Ce film est un chef d'oeuvre magnifique, au message universel. Un film rare qui mérite une reconnaissance au moins égale au Billy Elliot. Vraiment un film qu'on ne peut oublier.

Les Virtuoses - Mark Herman



La préhistoire vue par Roland Emmerich. Voila qui promettait du spectacle. Par celui qui m'avait émerveillé avec Stargate, m'avait glacé avec Le Jour d'après, les prémices de l'humanité ne pouvaient être qu'attrayants. Une tribu de chasseurs nomades est un jour attaquée par des hommes en chevaux (le must à l'époque). La belle Evolet est enlevée. Un chasseur, pas mal du tout (et pas très poilu pour les canons de l'époque), amoureux de la donzelle, part à sa recherche, bien décidé à la ramener à la maison. Commence alors, une grande traversée du désert. Ça sera le premier héros, il sera la première légende. Un mythe fondateur. Bon ! Il faut le dire, c'est loin d'être réussi. Le scénario est d'une simplicité affligeante. Aucun cliché ne nous est épargné. Il y a des incohérences incohérentes. Des anachronismes que même un élève de 6ème est capable de relever (les Egyptiens avec des Pyramides, à cette époque; des menottes avec serrure, s'il vous plaît; des bateaux avec des voiles immenses...). Les acteurs sont bons mais, à peine dirigés, ils peinent à être crédibles sur la durée. Certains effets spéciaux sont complètement râtés : le tigre dents de sabre dans le village; des incrustations sur fond vert calamiteuse (la scène finale sur fond de rivière qui ne coule pas !). Bref, ce n'est pas pour ses qualités artistiques qu'on va aimer ce film. Mais malgré tout cela, j'ai passé un très bon moment. Du cinéma pop corn à l'état pur. Un film où il n'est pas besoin de réfléchir. L'aventure est présente. Le rythme est soutenu. Tout est savamment calculé pour que cela plaisent au plus grand nombre, malgré tous les défauts énoncés. Du cinéma business; du cinéma jackpot; du cinéma facile avant tout fait pour rapporter de l'argent. Mais bon, ça le fait tout de même, si on laisse son esprit critique (esprit tout court) à la porte de la salle de cinéma.

10.000 - Roland Emmerich



Julia est une fille un peu à l'ouest. Provocante et provocatrice, elle a surtout un sérieux problème avec l'alcool. C'est bien simple, elle a du whisky qui lui coule dans les veines. Elle n'est pas vraiment méchante, mais elle n'est pas non plus du genre à se laisser faire. Elle est persuadée que le sort et le monde s'acharnent contre elle alors qu'elle est la seule responsable de sa déchéance. Une rencontre l'entraîne dans un engrenage infernal qui l'amène à kidnapper Tom, un enfant de huit ans. Commence alors une fuite sans issue à travers le sud des Etats-Unis et qui les conduira jusqu'au Mexique. Revoici Mr Zonca. Dix années se sont écoulées depuis la vie rêvée des anges, monumentale bulle d'émotion brute. Une nouvelle fois, le cinéaste filme au plus près son héroïne; une sorte de corps à corps entre elle et la caméra. Julia, magnifiquement incarnée par Tilda Swinton, est une femme en constant équilibre sur le fil de la raison. Rongée par l'alcool, c'est une femme borderline qui a perdu ses repères entre le bien et le mal; une femme instinctive et animale. Il ne la lâche pas une seule seconde. Il pointe ses failles, ses détresses avec une approche infiniment sensible mais sans artifices. Pas de messages moralisateurs, pas de "c'est pas bien de boire"; plutôt une approche clinique et factuelle des événements dans lesquels le personnage s'embringue. Zonca réussit à nous embarquer dans ce road movie d'une noirceur épaisse; insufflant tantôt une atmosphère glauque, un climat paranoïaque (magnifique scène dans une gare), des situations de violence pure. Pourtant, il n'a pas réussi à se sortir d'un scénario à tiroir qui s'étire beaucoup trop. Le film perd en intensité sur son dernier rebondissement, franchement inutile. Vingt minutes de trop pour, au final, déboucher dans une impasse. Ce qui semble donner raison à Julia : décidément le sort s'acharne contre elle.
Julia - Erick Zonca
Ce film est une petite perle de sensibilité sur la vie d'une jeune indienne déracinée, venue épouser un homme, vivant à Londres. Nazneen laisse derrière elle sa jeunesse, son village et sa soeur bien aimée. Isolée dans ce pays, dans cette ville, dans ce quartier, qu'elle ne comprend pas, elle se consacre à sa famille. Elle rêve de retourner dans son pays, promesse que lui a fait son époux. Pourtant, au hasard d'une rencontre, elle tombe amoureuse d'un beau jeune homme (magnifique Christopher Simpson). Cette rencontre amoureuse sera pour elle, un révélateur. Elle pourra s'intégrer dans sa nouvelle vie. La réalisatrice, Sarah Gavron dont c'est le premier film, nous offre un film tendre et touchant, sans clichés excessifs, sans trop de guimauve non plus. Elle dresse un beau portrait de femme qui s'élève vers une liberté inattendue et inespérée. Le film parle sans lourdeurs d'immigration, de la difficile intégration et de la xénophobie ordinaire, de la tentation fondamentalisme de la communauté musulmane bousculée par l'après 11 septembre. Le film mélange avec bonheur réalisme social cher au cinéma anglais et poésie onirique (les flash back dans les verts paysages du Bengladesh). Un beau film.
Rendez-vous à Brick Lane - Sarah Gavron

Le corps d'une jeune fille est retrouvé dans un champs. Cette découverte va bouleverser la vie d'un certain nombre de femme. Il y a d'abord celle qui découvre le corps, pauvre fille vivant sous la tyrannie de sa mère handicapée. Il y a ensuite la jeune légiste qui souhaite plus que tout au monde que ce corps soit celui de sa soeur disparue quinze ans plus tôt, pour qu'elle puisse enfin faire le deuil. Il y a cette femme qui n'est plus dans la fleur de l'âge et qui vit avec un mari qui est le plus grand des inconnus et qui pourrait bien être l'assassin de la jeune fille. Il y a la mère de la morte qui essaie de comprendre qui était sa fille et ce qu'était sa vie. Et enfin, il y a la jeune fille assassinée, celle qui rêvait de vie meilleure mais que la mort fauchera sans qu'elle ait pu donner le cadeau d'anniversaire à sa petite fille. Cinq femmes, cinq portraits. Une sorte de puzzle dissonant autour d'un même événement. Cinq portrait, un film avec assez peu de cohésion. Le challenge est louable mais bien trop artificiel pour créer une homogénéité. Dommage. Quelques portraits sont particulièrement réussis comme celui de cette pauvre fille traumatisée, brillamment interprétée par Toni Collette; portrait qui prend des allures de Carrie de De Palma. Il y a aussi celui de la femme trompée (Mary Beth Hurt) par un mari meurtrier mais qui, par amour et malgré tout, couvrira ses crimes. Et puis il y en a des ratés. Celui de la fille assassinée, interprétée par Britanny Murphy, peu convaincante qui ne s'exprime qu'avec des "fuck" à tour de répliques. Et puis il y a celui de sa mère malgré la très bonne interprétation de Marcia Gay Harden qui sombre de la mièvrerie bon samaritaine gluante. Reste que la réalisatrice fait un très bon travail de mise en scène et soigne chaque plan. Le travail sur la lumière est magnifique. Une réalisatrice à suivre malgré tout.

The Dead Girl - Karen Moncrieff

17.3.08

Toute seule comme une grande

Presque deux ans, à un mois près, que je ne l'avais pas vu sur scène. Ce soir, c'était le grand retour de La Grande Sophie (ou LGS, pour les intimes ou les fainéants) sur une scène parisienne. Et là, grande surprise, elle est toute seule sur scène. Vous me direz que c'est marqué sur l'affiche. Certes, vous auriez raison ! Mais, pour être honnête, je n'avais pas regardé l'affiche. Son simple nom me suffit pour me faire accourir les yeux fermés. Je n'étais pas le seul d'ailleurs. La salle du théâtre de l'Atelier, (pas très grande, il faut bien l'admettre) était archi comblée de fans en tout genre.
Elle est entrée sur scène, vêtue de blanc. Elle était seule. Ses seuls musiciens étaient ses instruments : une guitare acoustique, une guitare électrique, un grosse caisse et une sorte de boîte à rythmes qui fait des choses extraordinaires. A elle seule, elle avait son propre orchestre. Et puis, elle a chanté. Ces chansons devenues des classiques mais avec une interprétation et une orchestration new look. Ce sont les mêmes chansons mais avec l'impression d'entendre des nouvelles. J'aime bien. Elle annonce quelques inédits. Le public est ravi et le fait savoir en chantant et en tapant dans les mains. LGS qui me semblait un peu "froide" au départ commence à s'animer puis à carrément retrouver la fougue qui la caractérise. Il y a aussi des reprises, elle aime bien ça faire des reprises qui sont pourtant loin de son répertoire. Il y a d'abord un Hot Stuff endiablé qui se termine par une LGS sautillante, avec une corde à sauter fluorescente. Et puis, une belle reprise personnalisée du Dis quand reviendras-tu de Barbara.
Deux heures (à peu de choses près) de concert avec ce grand plaisir de réentendre une chanteuse que j'aime bien. Le pari de chanter seule sur scène est assez osé, surtout après sa grande tournée triomphale de l'année dernière; celui de retrouver le contact du public dans une petite salle alors qu'elle a rempli le Zénith l'an passé, est une bénédiction pour ceux qui ont pu avoir des places. Serait-ce un retour aux sources pour la Grande Sophie? Un retour aux concerts à taille humaine? En tout cas, je ne peux que me réjouir d'avoir pu la voir dans ces conditions là.
La Grande Sophie, toute seule comme une grande.
Sa tournée en France, en Belgique et en Suisse est à suivre sur son BLOG.

Madame la conseillère

Le dernier tour des municipales vient de s'achever. Le traditionnel clivages gauches/droites ne fera certainement pas avancer les choses puisque chacun restera campé sur ses positions partisanes. Qu'ils avaient l'air ridicule ces grands pontes de partis, hier soir à la télévision, à clamer, qui pour les uns, leurs écrasantes victoires, la preuve par les urnes que leur politique vaut mieux que celle du pouvoir en place, eux qui sont incapables de trouver un programme et une ligne de conduite commune; qui pour les autres, avec la mauvaise foi coutumière, que ce n'est pas une défaite mais une preuve qu'il faut aller encore plus loin dans les réformes engagées pour satisfaire le plus grand nombre. Imbécillités vides de sens. Comment peut-on analyser cette élection qui se veut la plus proche des citoyens et de leurs préoccupations de tous les jours sous le prisme d'une politique nationale? Je reste complètement convaincu que le Français lambda ne vote pas, aux municipales, pour un parti politique mais pour l'équipe qu'il juge la plus capable de mettre en oeuvre une politique de proximité et de gérer le quotidien d'une commune.
Bref, laissons ces pantins brasser vainement leurs vents qui ne trompent plus personne...
Il n'empêche que depuis hier, nous comptons dans notre entourage, une élue du peuple. Une personne qui mérite sa place au conseil municipal de son village. Quelqu'un qui n'aura pas besoin d'étiquette pour faire de grandes choses et écouter ses concitoyens. La passion, la patience, le dévouement seront ses plus grandes armes. Toutes mes félicitations, Dame du Bout du Haut.

Le monde merveilleux de Jeanne Juliette

Vous connaissez, vous, Jeanne Juliette? Moi non plus jusqu'à, il n' y a pas très longtemps, une amie nous vante ses mérites et nous encourage à aller voir de nos propres oreilles, son spectacle qui se jouait, le 3 mars dernier, aux Folies Bergères.
Le geste un peu emprunté et maniéré mais d'une grâce exquise et délicieuse, Jeanne Juliette prend à bras le corps la vaste scène des Folies Bergères. Elle pourrait être perdue, seule, sur ce grand plateau. Mais ce n'est pas le cas, elle sait habiter le lieu d'un bout à l'autre. La jeune femme est à la fois actrice, danseuse, chanteuse et compositeuse. Toutes ces cordes lui servent incontestablement pour son spectacle. Ses pauses, tantôt enfantines, tantôt aguicheuses, souvent lolita, en font une femme enfant ou vice et versa. D'ailleurs, ses textes plongent dans la nostalgie d'une enfance qu'elle se refuserait de quitter. Souvenirs et anecdotes, petits moments heureux, tour à tour petite fille naïve ou femme en devenir, elle enchaîne avec beaucoup de poésie et de fraîcheur des tableaux habités aux allures théâtrales.
Seule sur scène, ce soir là, elle est habituellement accompagnée par une petite troupe de musicien qui selon, l'amie Coco, apporte une touche cabaret à son spectacle. A suivre donc.
Pour en savoir plus sur Jeanne Juliette, un joli site avec quelques extraits de ses chansons et puis la possibilité d'acheter son CD album. Un beau moyen de continuer le rêve éveillé dans lequel elle nous a embarqué ce soir là sur scène.

16.3.08

Sous le ciel de Paris # 29

Paris - 15/03/2008

15.3.08

Come in

11.3.08

Du bon et du moins bon

Une belle brochette d'actrices. Marie Gillain, Julie Depardieu (encore une fois la meilleure), Sophie Marceau et Déborah François. Elles sont belles, ont un caractère fort et elles sont plongées dans la seconde guerre mondiale. Ces quatre belles sont enrôlées par les services secrets anglais pour extraire un géologue anglais qui s'est fait prendre par les allemands sur une des plages du futur débarquement. De l'aventure donc, sans esbroufes et conventionnelle; à l'ancienne disent les critiques. Le film en soit se laisse voir sans ennui. On s'inquiète même pour le devenir de ces quatre drôles de dames embringuées par quelque chose qui les dépassent bien vite. Il y a bien sûr des invraisemblances (le langage très 9.3. de Vincent Rottiers); il y a aussi des clichers; il y a même surdramatisation de certaines scènes (la mort du personnage de Déborah François). Mais cela passe plutôt bien, d'autant plus que les héroïnes payent le prix fort pour leur travail à haut risque et on ne les épargne pas ces demoiselles. Ce qui passe moins, c'est la réalisation vaine de Salomé. Il est incapable de faire dans la simplicité cet homme là. il faut qu'il en rajoute dans les effets inutiles qui alourdissent dangereusement le récit. Il y a aussi que, malheureusement, on ne croit pas trop au personnage de Sophie Marceau. Malgré toute la bonne volonté qu'elle met dans son personnage, on a vraiment du mal à la voir en femme de tête armée jusqu'aux jarretelles. Autre petite déception de casting, Julien Boisselier qui, bien que l'on voit son fessier (dans une scène de torture), passe mal en résistant autoritaire. Il transpire trop la gentillesse et la douceur, cet homme là pour ce genre de rôle.
Les femmes de l'ombre - Jean Paul Salomé

Juliette Binoche, Charles Berling, Jérémie Renier, Edith Scob. La distribution est alléchante et conforme à nos espérances. Têtes d'affiches comme les seconds rôles sont parfaits. Dans la maison familiale, la famille est réunie pour fêter les 75 ans d'Hélène (magnifique Edith Scob). Cette dernière, cloîtrée dans sa maison musée, prépare son grand départ et demande à son neveu aîné d'organiser sa succession. Quelques mois plus tard, Hélène meurt. Les enfants devront décider sur l'avenir de ce patrimoine et l'avenir de la mémoire familiale pour laquelle Hélène s'est toujours battue pour qu'elle reste vivante. Le film d'Assayas parle de l'héritage, de la succession, de la mémoire. La mémoire des objets, traces tangibles, d'un passé glorieux mais pesant pour ceux qui restent. Doivent-ils garder intacte et dans son intégralité cette mémoire ou bien s'en débarrasser pour assurer leur besoin matériel de l'instant et enfin commencer à vivre pour eux même? Le sujet est douloureux mais Assayas ne plonge pas son film dans la lourdeur psychologique. Au contraire, la mise en scène est simple et agréable; un soin très particulier est apporté à la lumière (très belle scène où Hélène se fond dans le gris du décors de sa chambre, comme un écho à sa disparition proche). Pas de pathos inutile, les personnages pleurent certes la disparition de leur tante mais rient et boivent aussi sans honte, le jour de son enterrement. Un beau moment de cinéma intimiste avec une écriture qui sans être simpliste et cliché reste simple et belle.

L'heure d'été - Olivier Assayas



Le film est joli et poétique. Dans la région de Bûniyân, là où les Talibans ont détruits les grands Boudhas en 2001, des familles vivent pauvrement dans les grottes laissées béantes par ces destructions. Baktay, une petite fille de 6 ans, rêve d'aller à l'école pour qu'elle puisse lire, elle aussi, des histoires. Entêtée, elle s'acharne à vouloir acheter un cahier qui lui permettra d'intégrer une classe, malgré tous les pièges qui se dressent sur sa route. Sous des airs de contes enfantins, la réalisatrice iranienne dénonce les ravages de la guerre en Afganistan; principalement sur les enfants imprégnés par la violence et par les nouvelles idées rétrogrades prônées par les Talibans. Par leurs jeux guerriers, violents et sadiques, on nous montre que ces enfants ont perdu l'innocence de leur jeune âge. Les garçons sont des Talibans qui doivent détruire, au nom de Dieu, tout ce qui est impur : la femme doit être voilée (dans leurs jeux, avec un sac en papier sur la tête) et doit rester cachée. Un film coup de poing qui prend aux tripes avec des scènes dérangeantes par leur violence enfantine. La petite fille et son jeune voisin ne veulent pas accepter "ces jeux" là. Mais devant les persécutions qu'ils subissent, le garçonnet finira par supplier Baktay : "Fais la morte et tu seras libre". Une phrase qui en dit long sur la liberté dans ce pays.

Le Cahier - Hana Makhmalbaf

9.3.08

En catimini

Duchesse Anne - Place Marc Elder - Nantes - 08/03/2008

7.3.08

Répétition publique

Je me suis toujours demandé comment ça se passait la création d'une pièce chorégraphique. Tout le processus. Le choix de la musique, des lumières, des costumes. Tout le travail qu'il y a à fournir avant de présenter une pièce "parfaite" sur scène. C'est vrai que, moi, spectateur, je vois quelque chose d'abouti, qui me plaît ou pas. Mais derrière tout ça, les danseurs ont dû fournir un travail énorme; de longues heures de répétition. Je n'avais qu'une idée vague de tout cela.
La semaine dernière, de passage pour un long week-end à Nantes, le Sage E. voit dans Ouest France un petit article sur la nouvelle création de Claude Brumachon qu'il doit présenter au Théâtre Graslin ces prochains jours. Le chorégraphe propose une répétition publique le soir même pour les curieux. Le Sage E. est emballé. Voilà longtemps qu'il n'a pas vu quoi que ce soit sur le travail du directeur du Centre Chorégraphique National de Nantes. Il veut y aller.
Je dois bien dire que je n'étais pas forcément très partant pour cette expérience, plein d'a priori pas vraiment positifs. Je connais assez mal (voir pas du tout, en fait) son travail. Pour moi, ce type de soirée publique doit être d'un ennui profond et sans doute vide de tout public. A ce moment là, j'avais bien plus envie d'une soirée ciné que d'aller m'ennuyer dans une répétition qui, à n'en pas douter, serait barbante. Mais, la vie n'est faite que de concessions, n'est-ce pas? Alors, j'ai fait plaisir à mon Sage et je l'ai suivi là-bas.
Le centre chorégraphique est installé dans une ancienne chapelle des Capucins du 19ème siècle, rue Noire. Le bâtiment est strict, sans fioriture, mais très imposant. L'intérêt architectural du lieu commence à éveiller ma curiosité. Au moins, la répétition ne se passera pas dans un sous sol miteux d'une MJC du coin. Autre surprise, il y a du monde à attendre. Beaucoup de monde même. Le public est assez disparate mais tous semblent pressés de voir ce que le chorégraphe va proposer. Nous sommes rentrés dans la salle qui occupe toute la nef de l'ancienne église. Des gradins d'un côté, le plateau immense et parqueté en face. Nous sommes accueillis par Benjamin Lamarche, assistant et danseur de Brumachon. Il est tout sourire et assez charmant, je dois dire. Sur la scène, trois personnes s'échauffent. Le public est sympathique et parle du chorégraphe en l'appelant par son prénom.
La première chose qui m'a frappé quand la répétition a commencé, c'est la proximité immédiate entre les danseurs et le public. Il n'y a plus cette distance et cette frontière très nette qu'il y a dans une salle de spectacle. Peut-être le manque d'artifice crée t-il cette proximité : pas de jeu de lumière, pas de costumes. Les danseurs ne sont plus ces êtres inaccessibles et parfois un peu froids et distants. Ici, ils sont des personnes comme moi. Ils sont imparfaits. Ils tâtonnent; font la grimacent quand ils se trompent; leurs gestes ne sont pas forcément élégants ou même synchrones. Ils répètent tout simplement. Et du coup, je les ai trouvés touchants parce qu'humains.
Sur le plateau, il y a Brumachon et une danseuse. Un ténor chante du Britten sur une bande son orchestrée par Lamarche qui est le scrutateur de ce qui se passe sur scène. La répétition n'a duré que 45 minutes. Brumachon qui n'était pas satisfait de sa performance a vite arrêté la répétition. Il est vrai que ce que nous avons vu, était loin d'être abouti. Un peu lourd, manque de cohésion. Le chorégraphe l'a dit lui même, il n'était pas dedans. Il ne se sentait pas dans la pièce. Le chorégraphe expliqua alors son raisonnement par rapport aux répétitions. Pour lui, trop répéter tue la spontanéité et la fraîcheur du mouvement. Il s'interroge sur la voie à donner à son travail, souhaitant aller vers plus de spontanéité. Mais que serait une pièce chorégraphique sans répétitions? Dilemme.
Quoi qu'il en soit, cette expérience a été suffisamment intéressante pour que l'envie germe de voir ce spectacle sur scène. Il doit la jouer au Théâtre Graslin la semaine suivante. Alors que rien n'était prévu, nous nous sommes décidés à revenir le week-end suivant pour voir ce que cela pouvait donner avec les costumes et la lumière. J'ai hâte.

4.3.08

C'est qui lui ?

Quand il est entré dans la rame de métro, à deux stations de la maison, je me suis dit : " tiens je le connais ce gars là". Mais j'avais beau me creuser la tête, je ne voyais pas où, quand, comment.
Quand il est entré dans la rame de métro, à deux stations de la maison, le Sage E. s'est dit : " tiens je le connais ce gars là ". Mais il avait beau se creuser la tête, il ne voyait pas où, quand, comment.
Je me suis dit que ça devait être un garçon que je croisais régulièrement dans le métro, mais en même temps, je me suis dit que si c'était le cas, j'aurais dû m'en souvenir.
Le Sage E. s'est dit que ça devait être un danseur sans savoir de quelle compagnie, mais en même temps, il s'est dit qu'il n'avait pas forcément le physique d'un danseur.
On s'est regardé et interrogé des yeux. On s'est dit que ça devait être un acteur ou un animateur télévision ou un chanteur, sans pour autant être pleinement satisfait de nos propositions. Où avions-nous pu le voir, puisque là pas de doute, c'est ensemble que nous l'avions vu.
Et c'est le Sage E. qui a trouvé. Nous avions devant nous Jean Rochat, l'inoubliable Monsieur Trompette de la bande des Messieurs de Jérémie Kisling. Le Jean Rochat qui me fait frissonner de plaisir à chaque fois que j'entends son magnifique solo de Horizon grillé. Le Jean Rochat qui a fait pleurer d'émotion le Sage E. avec le même solo de la même chanson mais en live et en concert. C'était ce Jean Rochat là qui était assis devant nous et que nous regardions comme deux ronds de flan depuis vingt bonnes minutes. Nous ne l'avons, bien sûr, pas dérangé pour savoir par exemple ce qu'il devenait depuis qu'il n'était plus de la bande à mon Suisse préféré (même si cette question me brûlait la langue). Nous ne l'avons pas, bien sûr. Mais qu'est ce que ça nous a rendu souriant de l'avoir croisé ainsi en impromptu.

Pour information, la photographie de ce post est de Nicolas Ilinski, talentueux photographe qui travaille beaucoup sur des concerts (Kisling, Albin de la simone, Thomas Fersen...). Son site : http://www.mind2eye.com/.

Constatation # 156

Pourquoi faut-il que les pommes aient toujours l'air plus appétissantes dans les supermarchés, que savoureuses dans la réalité?

Constatation # 155

Il parait qu'un étranger qui vient dans le Nord pleure deux fois : quand il arrive, et quand il repart.
C'est marrant de lire ça parce que moi je connais un gars du Nord qui a pleuré quand il a dû y retourner.

Ch'timi wonder

Pour Philippe, directeur d'agence de la Poste, est un "sudiste" bourré de préjugés. Lorsqu'il apprend qu'il est muté à Bergues, dans le Nord Pas de Calais, c'est pour lui pire que le bagne. Le Nord Pas de Calais, ce pôle nord peuplé d'êtres étranges qui, pour oublier leur miséreuse condition, boivent comme des trous. Pourtant, il découvre une vision bien différente de cette région.
Il est vrai que pour avoir côtoyé dans une autre vie les rues de la capitale des Flandres, le cliché peut être très facile à formuler. Mais après tout sans doute pas pire qu'une ville bretonne ou corse ou pyrénéenne. Danny Boon veut remettre les points sur les "i" et faire tomber tous ces clichés qui collent aux basques des gens du Nord.
Et il y réussit avec brio, le bougre. Il signe une comédie humaine rondement menée, sauf peut-être la fin un brin conventionnelle et inutilement larmoyante (bah quoi ? Oui j'ai versé ma larme !), avec des dialogues truculents d'une drôlerie à faire mal au ventre et des situations inoubliables (la rencontre pluvieuse, la scène du restaurant, la tournée arrosée du facteur...). Il réussit à imposer les valeurs de sa région natale (accueil, sens du partage, simplicité, joie de vivre) et à faire tomber un à un les clichés qui pèsent sur elle mais en utilisant ces même clichés pour les pousser à l'extrême et à faire rire avec. Pas de moqueries régionalistes bien grasses et graveleuses mais avec une bonne humeur communicative.
Kad Merad est encore une fois tout simplement grandiose dans ce film. Le personnage joué par Danny Boon est moins surprenant; il était déjà bien présent dans ses one man show. N'empêche qu'il assure une belle prestation. Là où ça pêche un peu plus, c'est sur les rôles secondaires ou les "participations exceptionnelles". Zoé Félix est assez peu crédible en bourgeoise de la Côte d'Azur; elle manque de naturel et son jeu m'a semblé un peu trop outrancier. Elle se paye même le luxe d'affadir des scènes qui aurait d être bien plus drôles. La jolie Anne Marivin est juste et très convaincante. Par contre, on voit tout de suite qu'elle parle le ch’ti comme une vache Bleue du Nord et c'est gênant à la longue. La participation (?) de Michel Galabru en papé un brin raciste est inutile voire même complètement ratée. Quant à Stéphane Freiss... Par contre, belle surprise de la prestation de Line Renaud (même si un peu trop permanentée 16ème arrondissement de Paris) en mère fouettard.
On rit donc très fort (ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu une salle de cinéma rire à l'unisson) mais pas du rire qui tâche comme dans Camping (même si j'ai bien aimé). Non, là on sent la tendresse du regard du réalisateur. Une vraie et bonne comédie populaire (4.1 millions d'entrées en moins d'une semaine tout de même !!), généreuse et humaine; sans la moindre marque de méchanceté. Et ça, franchement, ça vous remets le moral à flot et ça fait du bien.
Bienvenue chez les Ch'tis - Danny Boon

3.3.08

Un somme nuit

Il est 4h25 du matin. Je devrais seulement me lever à 6h00. Oui mais voila, je tourne en rond dans le lit depuis plus d'une heure sans réussir à fermer l'oeil plus de 2 minutes. Le Sage dort tranquillement à côté de moi. Ça m'énerve mais je vais devoir me lever; je tourne trop dans le lit. Je n'ai pas envie de le réveiller.
Dehors, pourtant, tout dort. La station de métro a encore son rideau de fer baissé. Les immeubles autour de moi sont plongés dans la pénombre. Pas une fenêtre éclairée pour me rassurer et me dire que je ne suis pas le seul éveillé du quartier. Pas une voiture dans les rues, à part quelques rares taxis égarés ramenant un oiseau de nuit fatigué. Au loin la sirène d'une voiture de police se fait entendre en sourdine. Sur la Place des Fêtes, pas âme qui vive. Une silhouette engoncée dans son blouson traverse rapidement la place ombreuse qui s'égoutte des dernières averses du début de la nuit. Dans le ciel, des nuages blancs moutonnent le ciel bleu nuit. Quelques étoiles en profitent pour scintiller de ci de là. Paris est endormie. Étrange vision que de la voir plongée dans le noir. Pourtant mes oreilles, peu habituées au silence quasi total, entendent le babillage d'oiseaux. Pourquoi sont-ils réveillés ceux là? Veulent-ils me tenir compagnie?
Qu'est ce qui a bien pu me réveiller? Je ne me souviens pas d'un rêve particulièrement éprouvant. Pourtant je me suis réveillé sans que je puisse parvenir à me rendormir. Quand le sommeil me fuit et se refuse à moi, c'est quasi automatique, j'ai l'esprit qui travaille. Des points, des problèmes que j'avais rangé consciencieusement dans un coin de ma tête, sans avoir l'envie particulière de m'en préoccuper tout de suite. Mais toutes se donnent rendez vous en même temps, au mauvais moment. Elles se bousculent dans ma tête et deviennent obsédantes. Le cercle vicieux s'est amorcé, celui qui me dit que je ne fermerai plus l'oeil de la nuit. Je n'aime pas ces moments là.
Tout devient sujet de panique : je n'ai pas fait de sport depuis bien trop longtemps; mon corps s'encroûte; il s'asphyxie; je vais bientôt mourir. Ou bien encore une réunion dont l'enjeu est certes important mais dont les rouages, les tenants et les aboutissants deviennent soudainement des enjeux capitaux dont ma "carrière" dépend. Ou encore de petites vexations qui ne m'ont même pas blessés plus que cela à ce moment là mais qui étrangement prennent une tournure paranoïaque cette nuit. Quand je ne parviens pas à dormir, tout devient sujet à inquiétude et à peur, sans que je réussisse à contrôler quoi que ce soit; de l'angoisse qui n'a pas de raison d'être.
Il est 5h00 maintenant. Une fenêtre s'est allumée dans l'immeuble en face, une autre dans celui d'à côté. La grille de la station de métro vient de se lever en grinçant. Une averse vient de laver une nouvelle fois le bitume de la place. La vie se réveille tranquillement. Dans peu de temps, la place va reprendre vie. Des grappes de personnes vont s'enfoncer dans l'antre du métro pour aller travailler. Dans une heure, ma journée, la vraie, commence. Je la commence bien mal cette journée. Je la commence bien mal cette semaine. Je maudis cette insomnie qui va me rendre grognon tout le reste de la journée. Je le sais, je le sens. Il y a mes yeux qui me disent en picotant que la prochaine nuit c'est dans longtemps mais ma tête ne veut rien savoir. Pour elle, la nuit est finie et mal finie.

2.3.08

Paris du tout

Et zut ! J'attendais tellement de ce film... Je voulais tellement l'aimer... Et puis, au final, le sentiment désagréable de rester sur ma faim.
Certes, le casting est impressionnant. Binoche, Duris et Luchini sont tous les trois encore une fois parfaits. Quoique la moue de bouche hautaine et désabusée de Duris commence à lasser à la longue. Dupontel est, sous ce corps bourru et massif, un sensible adorable. La force tranquille mais peu assurée de François Cluzet fonctionne encore une fois bien. Mélanie Laurent est toujours aussi mignonne (je vous le répète, elle ira loin cette actrice). J'ai de nouveau adoré la prestation toute en nuance de Julie Ferrier. Donc, oui, dans sa globalité, le plaisir de voir tous ces acteurs est immense et le casting es finalement l'atout majeur du nouveau Klapisch.
On reconnaît bien son goût pour le film choral; ces personnages qui se dépatouillent dans leurs histoires personnelles tout en faisant partis d'une histoire globale. Dans Paris, la recette ne prend pas. Sans doute, trop de personnages, sans doute trop d'histoires. Les personnages principaux sont certes bien cernées et leurs histoires bien écrites mais j'ai eu beaucoup de mal à m'accrocher aux personnages secondaires. Toute la partie concernant le Cameroun m'a ennuyé parce que mal amené et superflu. Les personnages des jet setteuses sont d'une platitude effroyable. Et puis, il y a des personnages qui disparaissent sans qu'on s'explique bien pourquoi. C'est le cas de la boulangère mégère (excellente Karin Viard). Le personnage, certes très caricatural, est une sorte de personnages de liaison; sa boulangerie est le lieu de rencontre d'un bon nombre de personnages du film. Et puis, au trois quart du film, il disparaît, sans dire merci. Il y a trop d'histoire à suivre sans qu'aucune n'aboutisse de façon satisfaisante.
C'est là, je pense, que le bât blesse. C'est que cette fois, le scénario manque d'une sacrée dose de cohésion, ce liant émotionnel qu'il savait exploiter avec grâce dans ces précédents films. On ne fait pas un film choral en croisant juste les personnages à travers un regard par une vitre de taxi ou du haut d'un balcon. La façon de faire dans le film est complètement artificielle et du coup, je n'y ai pas cru. Le héros principal dit au début du film qu'il aime regarder ces gens dans la rue; ces gens dont il ne connaît rien mais à qui il invente des histoires. L'idée est très intéressante mais certainement pas exploitée dans le film. Malheureusement !
Je ne me suis pas ennuyé une seule minute, loin de là. C'est juste que l'émotion n'était pas là. Cette petite touche qui fait basculer dans l'euphorie n'y était pas. Pourtant, le montage de la bande annonce fleuve laissait espérer beaucoup plus... Juste cette sensation désagréable de frustration pour un spectacle dont j'attendais tant.
Paris - Cédric Klapisch