31.3.08

J'ai toujours voulu être un gangster

C'est l'histoire d'une cafétéria, champignon d'autoroute qui a poussé sur le terreau d'une ancienne planque en forêt. Ses rideaux de fer grinçants, son long parking asphalté, son comptoir de faux marbre, ses tables bien rangées face à la baie vitrée, vue imprenable sur le parking. Autour et dans cette cafétéria des gens passent et se croisent. De la serveuse de deux jours au braqueur en herbe et malchanceux. De vieux chanteurs en conflit larvé à la clique de malfrats nostalgiques. D'une bande de kidnappeurs au grand coeur à l'adolescente suicidaire. Des histoires qui se croisent autour d'un lieu commun.
Le film de Samuel Benchetrit se découpe en quatre histoires et un épilogue. Le niveau est inégal allant du très bon (l'enlèvement de l'adolescente) au moyen moins (les deux chanteurs). Pourtant l'ensemble reste savoureux, drolatique et absurde. Hommage aux films noirs, le réalisateur s'approprie le thème du bandit mais l'applique à des personnages en décalage; des personnages qui n'ont rien, ou qui n'ont plus rien, à voir avec les bandits. Une bande de bras cassés qui essaient tant bien que mal à passer de l'autre côté de la loi.
Il filme ses histoire en les enveloppant dans un magnifique noir et blanc soyeux et classe mais sobre qui tend vers une certaine mélancolie. La bande son et musicale est superbe. Les dialogues sont ciselés et percutants. Les acteurs sont touchants dans leur maladresse (Edouard Baer est excellent en loser), dans leur générosité (Boulil Laners et Serge Larivière plus paternels que kidnappeurs), dans leur détresse (Jean Rochefort, Roger Dumas marqués par la vieillesse et la nostalgie de leur jeunesse aux 400 coups). Et puis il y a Anna Mouglalis, sa belle voix grave, ses yeux intenses, son sourire qui pourtant laisse une impression de danger animal et imminent. Le film lorgne du côté de Jim Jarmuch, voir même de Tarantino (selon le Sage).
Le film est cependant imparfait. J'aurais aimé que l'ensemble du film ait la verve et l'absurdité que l'on a dans la partie des kidnappeurs. Il fait preuve parfois d'un maniérisme un peu trop poussé qui n'apporte pourtant rien si ce n'est pour faire hommage. Mais bon sang que ce film est poétique et d'un humour qui emporte. J'entends encore mon voisin de gauche ne pouvant plus s'arrêter de rire; un rire si communicatif qui m'a entraîné aussi la dedans.
Ha ! Que ça fait du bien de temps en temps.
J'ai toujours rêvé d'être un gangster - Samuel Benchetrit

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