21.12.07

Constatation # 152

EN VACANCES...

18.12.07

Au cinéma...

Un film fleuve avec de très grandes séquences où le réalisateur laisse la caméra tournée pendant que ces acteurs (souvent non professionnels) improvisent leurs scènes. Cela a le mérite de donner des moments criants de vérité et parfois extrêmement poignants mais parfois aussi très pénibles. Abdellatif Kechiche filme en rejetant tous les codes du cinéma classique; sa démarche étant plutôt celle du documentaire : des images "sales" et granuleuses et mouvantes d'une caméra numérique; une large part laissée à l'improvisation; une volonté de raconter une histoire sans fioritures, de la façon la plus vraie. Cela donne au final un film envoûtant et émouvant avec une petite perle d'actrice, Hafsia Herzi, d'une vitalité et d'une fraîcheur déconcertante. Elle est criante de vérité même dans cette interminable scène (la moins réussie du film) de la danse du ventre.

La graine et le mulet - Abdellatif Kechiche

Il y a l'enfant, une fillette espiègle, aux taches de rousseur et au sourire lumineux, qui découvre l'appel de la nature lorsqu'elle voit pour la première fois un renard. Il y a le renard, Tito, mais lui il est multiple. On ne me la fait pas : j'ai bien vu qu'il ne s'agissait pas du même renard tout le long du film. Le film est une fable gentillette sur l'amitié d'une enfant avec un animal sauvage. C'est beau d'un bout à l'autre. C'est presque aussi beau qu'un dessin animé de Walt Disney avec la même petite moral moralisante. C'est un film pour enfant avant toute chose. Un film que j'aurais sans doute plus apprécié si je l'avais vu quand j'avais 10 ou 12 ans.

Le Renard et l'enfant - Luc Jacquet

La grande déception de cette série de film. La bande annonce m'avait bluffé. Aventure, histoire, beaux costumes, musique ronflante comme un petit chat qu'on caresse. J'en salivais d'avance. Et je me suis retrouvé devant un film d'une lourdeur extrême, engoncé dans une réalisation ultra classique avec d'emphatiques envolées de steadicam, des gros plans improbables à travers un prisme, un trou de paravent; des effets spéciaux ratés et des transparences pires que dans le plus fauché des films... Les costumes et les décors sont certes magnifiques mais on a la sensation qu'ils emprisonnent les acteurs. L'action est lente et statique. Elle se perd dans des détails qui ne servent en rien l'histoire. Les actrices sont plutôt convaincantes. Samantha Morton est bouleversante en Marie Stuart décapitée. Cate Blanchett est encore une fois parfaite et pas un des acteurs n'arrive à sa cheville. Clive Owen est d'une pitoyable fadeur et Geoffrey Rush cabotine à fond. La pauvre se démène comme elle le peut sans y parvenir totalement.

Elisabeth : L'âge d'or - Shekhar Kapur

Images souvenirs

Depuis le retour de nos vacances, passées à St Lary, je me connecte très régulièrement sur le site internet de la commune. Je le fais presque tous les matins à vrai dire. Ce n'est pas que le site soit mis à jour tous les jours; c'est plutôt à cause des deux webcam qui sont proposées. En effet, cette station de ski est connectée en temps réel sur le net via ces petites caméras numériques. Il y en a une qui retient plus mon attention. Je reviens toujours sur elle car elle balaye tout le Pla d'Adet qui fut notre aire de jeu et de randonnée pour notre dernier jour de vacances avec au fond, là bas, le pic du Soum de Matte, le fameux sommet que j'ai atteint tout seul, comme un grand.
Je regarde l'image pixélisée et je me revois sur la côte qui semble facile comme ça, mais qui a tellement fait souffrir nos pauvres mollets. Je revis virtuellement notre ascension. Je revois tous les sommets qui nous entouraient; l'ombre des nuages sur les pentes jaunies; les couleurs qui nous avaient tant émerveillées. J'entends encore les bêlements des troupeaux de moutons en liberté, les cris rauques des vautours qui tournoyaient dans le ciel limpide, le bruit du vent qui passait à travers les fils d'acier du téléphérique, le silence étourdissant tout en haut du Pic du Soum de Matte. Je fixe cette petite image et je me retrouve dans ce décor grandiose, assis sur ma chaise de bureau. Je ferme les yeux et je revois le Sage E. avec sa polaire rouge, assis sur un rocher se découpant sur le bleu intense du ciel et qui regardait le vol majesteux et tournoyant d'un groupe de vautours au dessus de la vallée. Une évasion en rêve éveillé. Un pincement au coeur, l'envie irrépressible d'être encore là bas, à cavaler. Mais les vacances sont terminées. Ces images virtuelles servent de décors à mes souvenirs.
Dimanche matin, un épais duvet de neige avait recouvert les pentes herbeuses du Pla d'Adet. Les petites fleurs mauves des bruyères se sont effacées et ont laissé place aux petits cristaux gelés des flocons de neige. Les pâturages des moutons commencent déjà à se transformer en pistes de ski. Déjà des skieurs chanceux dévalent les pentes. Le blanc et le bleu sont devenus les couleurs de toute cette beauté froide. C'est déjà tellement magnifique sur cette petite lucarne numérisée. Je ferme les yeux et je sens le froid qui me mord le bout des oreilles. Des nuages naissent de ma bouche à chacune de mes respirations. Mes yeux se plissent sous les assauts de tant de blancheur aveuglante. La neige fraîche craque avec volupté à chacun de mes pas.
J'ouvre les yeux et je suis assis à mon bureau, devant mon écran à qui je souris connement. Pourquoi faut-il que la réalité soit toujours moins belle que mes rêves?

A la carte # 11 - Aux trois Canettes

Une nouvelle infidélité à notre Caratello préféré. Qu'il se rassure, elle ne sera que passagère.
Ce restaurant de spécialités italiennes est à deux pas du boulevard Saint Germain, dans une rue très calme (le soir, en tout cas). L'ambiance et la décoration sont relativement chaleureuses mais la salle du premier étage semble plus sympathique (poutres apparentes au plafond. Mais à partir de là, il y a dilemme. La salle du 1er vaut le coup d'oeil mais la salle du rez-de-chaussée est le domaine du facétieux patron des lieux. Car c'est un drôle de luron que ce monsieur là. Toujours à faire des blagues et des tours pendables. On rit bien avec lui même si à la longue on reste un peu trop sur le qui vive.
Un restaurant de spécialités italiennes donc. Pourtant la saltimboca est loin d'être une réussite. Réussira t-on à trouver mieux que celles du feu Delfino? J'ai des doutes, même si celle du Caratello est très honorable. Il semble que les vraies spécialités du restaurant soient les pâtes que bien évidemment je n'ai pas prises. Il faudra donc y revenir pour tester. Reste que les anti pasti sont très bien (l'assiette de légumes était parfaite). Pour la carte des desserts, on y retrouve le traditionnel tiramisu mais pas de pana cota (le patron n'aimant pas cela, il n'en met pas à la carte !); des tartes du jour (une très bonne tarte aux citrons le soir ou nous y étions).
Les prix, par contre, sont un peu prohibitifs, mais ils sont sans doute à l'image du quartier. L'assiette de pâtes est entre 14 et 18 euros et la saltimboca est à 24 euros.
Aux Trois Canettes - Chez Alexandre - 18, Rue des Canettes - 75006 Paris - Tel : 01 43 26 29 62

Once again

Ce film m'a tellement marqué. La bande originale me colle tellement dans les oreilles en ce moment, que je me devais de faire découvrir le film au Sage E. Il était content le Sage E. Il doit peut-être se méfier (peut-être aussi à juste titre) de mes films coup de coeur. Mais bon, en même temps, j'aime bien faire découvrir ce qui m'a touché à ce point.
Le film a déjà quasiment disparu des salles parisiennes; il n'a pas trouvé son public. On finit par dégoter une séance un dimanche matin à l'Escurial, un cinéma du 13ème arrondissement, près de la place Monge.
Je ne reparlerais pas du film en lui même si ce n'est en rappelant la fraîcheur de l'histoire, la simplicité de traitement, les pépites d'émotions des acteurs. J'ai de nouveau frissonné de plaisir. Le Sage E. a un peu moins vibré, même s'il a bien aimé.
Nous sommes ressortis du cinéma le coeur léger. Nous avons traversé le marché de la rue Mouffetard qui avait pris des allures de kermesse de Noël. Un petit bal populaire s'était improvisé devant l'église Saint Médard. Pourtant, le ciel était gris. Des rafales annonçaient une petite tempête. Je me préparais à rejoindre Chatillon et le bureau. Mais ce n'était pas grave. Les images se bousculaient encore dans ma tête. Les refrains se répétaient inlassablement et avec délice. C'était bien. Je n'en demandais pas plus.

Once - John Carney

16.12.07

Jetée

Asnelles - Normandie - 02/12/2007

13.12.07

Proposition décente

Il est arrivé en catimini à côté de moi en me demandant comment j'allais. Bien? Bien ! Tant mieux ! Oui !
Il s'est penché vers moi et m'a dit en me murmurant presque dans l'oreille, comme s'il s'agissait d'une révélation de la plus haute importance : Ca y est tout est dans les tuyaux. J'ai fait officiellement ta proposition. Tout n'est pas encore gagné mais il faut y croire. Jusque là, pas de faux pas, pas d'esclandres. Tiens toi à carreaux.
Et il est reparti, me laissant mi figue mi raisin, mais avec un large sourire accroché à ma trombine.

Mon Daemon et moi


Elle, c'est Artémis. Et elle est mon Daemon, mon double spirituel et animal (et quelque peu virtuel, certes). Ca serait la grande classe si, comme dans les Royaumes du Nord, je me baladais avec ce bel animal à mes côtés dans la rue. Peut-être un peu trop encombrant dans le métro tout de même.
Pour savoir quel serait votre daemon, rien qu'à vous, c'est ICI qu'il faut aller.

12.12.07

Changement de bobine

Un journaliste idéaliste cherche à faire un reportage sur une prise d'otage d'un bus d'enfant dans les années 80. Il veut faire du preneur d'otage un héros moderne en lutte contre le capitalisme de la société. Il se heurte à une réalité bien différente. Benoit Poelvoorde tient le film d'un bout à l'autre qui se veut une réflexion sur le métier de journalisme et du documentariste avec ses défauts et ses contradictions. Un film à l'humour un peu noir et vachard mais qui ne va pas au bout de son analyse. Le réalisateur filme ses personnages avec rudesse, à l'image des paysages belges que traversent le personnage principal. Une succession de trogne qui se veut un étalage comique en soi mais qui ne prend pas vraiment et qui fatigue à la longue.

Cowboy - Benoît Mariage


De l'autre côté est un très joli film par le réalisateur très remarqué avec Head On il y a 2 ou 3 ans. Le film se construit en chassé croisé des personnages entre l'Allemagne et la Turquie. Un film sur la recherche de ses racines, de sa famille mais aussi sur la solitude et l'adversité. Des acteurs très convaincants dont Hanna Schygulla sublime. Une très belle réussite qui me donne envie de voir ce fameux Head On.

De l'autre côté - Fatih Akin


Sous une couche épaisse d'humour gras et potache, une (petite) réflexion sur l'homme moderne et ses paradoxes : l'envie de trouver la femme idéale mais aussi de garder sa sacro sainte liberté. Loin d'être aussi délirant que Mary à tous prix (le must des Frères Farelli), on rit franchement à quelques occasions, le reste (les deux tiers, du film tout de même) est assez ennuyeux. Ben Stiller est assez mou. Par contre, les deux actrices (Michelle Monaghan et Malin Akerman) sont toutes les deux poilantes. Un conseil : restez jusqu'à la fin du générique pour une scène contre nature très drôle.

Les femmes de ses rêves - Peter et Bobby Farelli

Le retour de Robert Redford, devant et derrière la caméra, pour un pamphlet contre la politique belliqueuse du gouvernement américain au Moyen Orient. Un fait, trois groupe de personnes qui se trouvent impactés par le choix d'un député aux dents longues. Une belle brochette d'acteurs à commencer par la confrontation Meryl Streep et Tom Cruise dans une jouxte absolument fabuleuse sur le rôle de la presse et des politiques dans le traitement de l'information. A noter la performance significative du jeune Andrew Garfield face au vieillissant Robert Redford. Une réflexion qui épingle les politiques qui prennent des décisions (justifiées ou pour servir leur carrière) qui ont des conséquences sur des milliers de soldats américains envoyés sur le front; le rôle passif de la presse qui se contente de se faire le miroir positif des actions gouvernementales sans porter de regards critiques; le devoir des citoyens américains qui tels des troupeaux de moutons suivent ce que le chef décident sans opposer de résistance. Ce film n'est pas toujours très bien tenu (surtout dans la partie guerrière) mais qui a le mérite de faire réfléchir. Est-ce suffisant pour réveiller les consciences?

Lions et agneaux - Robert Redford


Deux frères diamétralement différents. Un, Bobby, est patron de boite de nuit. L'autre, Joseph, est membre de la police new yorkaise. Le trafic de drogue est en pleine extension. Joseph lutte contre cette expansion. Bobby ne veut surtout rien voir de cette endémie qui pourtant le touche de prêt. Une confrontation puis une collaboration des deux fera tomber les méchants mafieux. Un film noir d'une belle facture esthétique et efficace (très belle scène de poursuite en voiture) mais un peu trop manichéen, sarkoziste, dirait le Sage E. Tous les moyens sont bons pour que la police fasse tomber les méchants (à la limite de la légalité). L'ensemble tient malgré tout la route et offre à Joaquin Phoenix et Mark Wahlberg de très beaux rôles.

La nuit nous appartient - James Gray


Enfin l'adaptation cinématographique de la magnifique trilogie de Philip Pullman, Les Royaume du Nord. Comme toute adaptation, le réalisateur a du faire des coupes franches dans le récit pour concentrer au mieux l'intrigue. Le risque auquel il n'échappe pas, c'est de trop simplifier. Ici, toutes les notions "fantasy" du romans sont balayées en deux minutes explicatives en voix off. Cela suffit pour celui qui a lu les romans (encore que la simplification à l'extrême est difficile à suivre) mais peut perdre le spectateur non initié (n'est-ce pas Sage E.). Passé cet écueil, le film est un véritable petit bijou. Les décors sont magnifiques. Les effets spéciaux sont plutôt réussis et l'aventure est garantie. Il manque certes le souffle épique d'un Seigneur des Anneaux (mais Peter Jackson a placé la barre bien haute) mais le plaisir est là et c'est bien le principal.

A la croisée des Mondes, la boussole d'or - Chris Weitz

11.12.07

On remet le couvert?

Vous reprendriez bien une journée de joyeuses empoignades dans les transports en commun? Cela vous manquez, n'est-ce pas?
Pas d'inquiétudes ! La RATP pense à vous et vous offre une journée de grève supplémentaire le 12 décembre; comme un cadeau de Noël avant l'heure.
On dit merci qui?

Brève de métro # 6

La sollicitation dans le métro. Le métro ne serait pas le métro sans la manche. Imaginons notre vie de voyageur sans Michel, 54 ans, 3 enfants, malade et S.D.F. nous quémandant, avec une paire de Nike flambant neuve aux pieds, une petite pièce, une cigarette ou un ticket restaurant.
A force des les voir, à force de les entendre, on oublie de les regarder et de les écouter. Leur voix geignarde et suppliante, répétant mot pour mot, chaque jour leur éternelle rengaine, se masque d'un coup de pouce sur la touche volume de mon ipod. Ces mendiants professionnels sont devenus élément comme un autre de notre paysage urbain quotidien.
Pourtant, mercredi passé, alors que je rentrais dans ma maison après une journée bien fatiguante, une voix nouvelle a réussi à me tirer de ma léthargie post travail. Alors que Vénus me susurrait dans les oreilles beautiful days (ce qu'il ne faut pas faire pour se cacher la réalité), une petite femme est entrée dans la rame. Elle devait avoir une cinquantaine d'année, habillée de bric et de broc : une veste rose fushia, un pantalon de survêtement gris souris, des bottes en caoutchouc noires, des gants en laine multicolore et un bonnet avec une fleur en laine sur le côté vissé sur ces cheveux blonds. En entrant, elle a lancé un tonitruant "Joyeux Noël à tous" avec une voix stridente, une voix de petite fille de 10 ou 12 ans, une voix qui ne collait pas à la petite femme rabougrie qui venait de le dire. Le contraste a fait sourire bon nombre de passagers, moi le premier.
Elle a commencé à faire la manche en se collant sous le nez de chaque passager en demandant, toujours avec sa voix de gamine : vous zauriez pas une ptite pièce pour Noël? Une ptite pièce pour moi, pour mon Noël? Arrivée à un vieux monsieur, alors qu'elle venait de lancer sa phrase, le vieil homme lui a répondu en se moquant assez ouvertement d'elle, comme s'il parlait à une petite fille : Mais ma petite dame, vous croyez encore au Père Noël? Il n'existe pas vous savez !
J'ai bien vu dans le regard de la dame que la réflexion du monsieur l'interloquait. On pouvait suivre le cheminement de l'idée dans sa tête avec ses yeux qui bougeaient dans tous les sens. Elle a ouvert la bouche comme pour répondre au monsieur puis a soupiré comme par dépit et elle a changé de personne, comme si de rien n'était en lui demandant : vous zauriez pas une ptite pièce pour Noël? Une ptite pièce pour moi, pour mon Noël?

10.12.07

Sur un banc

British Museum - Londres - 22/01/2007

Que je vous dise

Il faut que je vous dise qu'en ce moment, ma vie ressemble à ce vieil adage déprimant : métro, boulot, dodo. Hormis ces trois composantes et quelques films au cinéma pour se détendre un peu, je ne vois pas le temps passé. Les moments de temps libre fondent comme peau de chagrin et le premier à en subir les conséquences est le blog. Plus d'une semaine sans avoir pu écrire une seule ligne dedans.
En ce moment, tout tourne autour du travail. Ce n'est pas qu'il soit devenu plus intéressant, ça non, vraiment pas, mais c'est surtout qu'il y a toujours plus de travail. Depuis octobre, l'activité augmente sans discontinuer. Le nombre d'heure supplémentaire s'allonge (merci Monsieur Sarkozy) et la fatigue commence à se faire plus présente. Une bonne vieille fatigue morale s'insinue lentement mais sûrement. L'épuisement guette au tournant. Je deviens de moins en moins résistant au stress (ma consommation tabagique en est la preuve flagrante) et je m'endors dans le métro au retour du travail.
Je passe mes moments de temps libre à végéter lamentablement à la maison, à me demander ce que je pourrais bien faire pour me bouger le derrière. Il n'y a qu'aller au cinéma qui semble me motiver en ce moment, le reste me fatigue d'avance, rien qu'en y pensant. Il faut dire que le temps déprimant de ces derniers jours n'arrange rien à l'affaire. Il va bien falloir que je réagisse pourtant. Je ne tiens pas à n'encroûter avant l'âge. Les vacances ne vont plus tarder à arriver maintenant. Elles devraient être suffisantes pour me remettre en selle.
En attendant, j'essaie de ne pas trop penser à cette vieille routine qui colle à la peau; pour ne pas sombrer davantage dans un état proche de la déprime.

29.11.07

Danse des canards

Nouveau film de Noémie Lvosky. Comme j'avais beaucoup aimé "les sentiments", son précédent film, je m'étais dis que je pouvais aller voir celui ci sans trop me tromper. Hélas. Car il faut le dire, "Faut que ça danse" est une déception.
Pourtant la distribution et le jeu des acteurs est d'un bon niveau. Jean Pierre Marielle est excellent. Il en est de même pour Valéria Bruni Tedeschi toujours aussi pétillante. Seule Sabine Azéma, même si elle le fait bien, semble se cantonner aux mêmes rôles de film en film depuis quelque temps; personnage un peu fofolle et lunaire; drôle mais un peu agaçante à la longue. Bulle Ogier est quand à elle parfaite dans un rôle pas très facile où il aurait été facile d'aligner les clichés. Les acteurs, donc, ne sont pas fautifs.
La faute vient plutôt du scénario qui lui aligne les clichés. La vieillesse en est le thème principale. La peur de vieillir, la peur de la solitude, la peur de la dégénérescence du corps. Le regard des autres sur une personne vieillissante, son propre regard sur sa propre vieillesse. Il y a de bonnes idées comme ce désir urgent et ses difficultés de se construire une vie sentimentale après 70 ans ou bien encore le goût des claquettes du personnage de Jean Pierre Marielle. Hélas, les idées ne sont qu'effleurées sans vraiment s'y attacher. On regarde donc ce film sans vraiment s'attacher aux personnages, sans compatir réellement à leurs problèmes. Ni très attachant, ni très drôle, le film stagne à un niveau de bas étage, genre série familiale de TF1.
Il faut que ça danse dit le titre du film. J'aurais aimé que ça soit autre chose qu'un slow insipide et sans relief. Un peu comme si deux jeunes adolescents qui ne se connaissent pas mais qui se seraient forcés à danser pour ne pas faire banquette et ne pas se payer la honte devant les copains; deux personnes qui dansent sans conviction, s'échangeant des banalités cruches sur la pluie et le beau temps, tout en regardant leur montre du coin de l'oeil, guettant la fin de leur calvaire. Un pas de deux pour rien si ce n'est le plaisir de revoir des acteurs que j'aime bien.
Faut que ça danse - Noémie Lvosky

En équilibre

Jardin du Palais Royal - Paris - 25/11/2007

Once upon a time

Il était une fois, un homme un peu hirsute, un peu barbu, un peu roux, un peu bourru, un peu anglais, très irlandais. Cet homme, ours mal commode, s'avère avoir un coeur gros comme ça qu'il aimerait bien partagé. Car c'est un homme seul, célibataire depuis peu à cause que sa copine butinait ailleurs, et il souffre de sa solitude. Alors il chante. Dans la rue, dans sa chambre d'adolescent, partout, avec sa vieille guitare usée.
Il était une fois, une femme un peu espiègle, un peu mutine, un peu curieuse, un peu jolie, très peu anglaise, très peu irlandaise mais très étrangère. Cette femme est seule avec sa fille et sa mère; pourtant mariée à un homme qu'elle n'aime plus et qui vit à des milliers de kilomètres d'elle.
Il était une fois ces deux personnes qui se rencontrent dans la rue. Il joue et chante elle écoute sa solitude. Ils se découvrent la passion de la musique. Ensemble, ils vont accomplir leur rêve de musique et enregistrer un disque.
Ce film est magnifique. Une grande rasade bienfaitrice de sentiments simples et beaux. Une vague d'émotions qui nous inonde constamment. Une histoire romantique et musicale, à moins que ce soit le contraire. Ce n'est pas une love story comme les autres, bien qu'on espère à chaque instant qu'elle le deviennent tellement ces deux là sont fait l'un pour l'autre. La gaucherie du taciturne irlandais est touchante. La fraîcheur de la jeune femme fait des étincelles à chaque fois qu'elle est à l'écran. La musique, élément moteur de ce film, accompagne leur histoire comme un chaperon veillerait sur ses protégés, par de petites attentions de douceurs. Ces deux là vivent pour leur musique mais aussi à travers leur musique. Une ballade musicale et sentimentale délicieuse et délicate d'une désarmante sincérité.
Pour cette fraîcheur vivifiante, pour cette histoire simple; pour ces deux moments qui m'ont fait pleurer; pour la musique; pour le sourire que le film m'a donné pour le reste de la journée et encore lorsque je réécoute la bande originale; pour tout cela, ONCE vaut la peine d'être vu. Je ne suis pas loin d'avoir trouvé là le plus beau film de l'année 2007.
ONCE - John Carney
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27.11.07

Le grand chambardement.

Ils nous avaient dit qu'il y aurait quelques perturbations à prévoir pour ceux qui arriveraient en début de matinée. Peut-être des problèmes de places, peut-être des problèmes informatiques, peut-être même quelques soucis téléphoniques. Un déménagement ne se passent pas sans quelques petits désagréments. Mais tout devrait être normal pour 10h00 maximum. Ils nous avaient prévenu, on ne pouvait rien leur reprocher.
Vendredi, je commençais tard. Histoire de passer le temps, je suis allé au cinéma voir l'excellent ONCE. Dès la fin du film, je me suis précipité vers la FNAC la plus proche, pour acheter la bande originale de ce film qui m'avait tant accroché. Le sourire béat au lèvres (il s'agit là d'un effet secondaire du film), j'ai pris le chemin de Châtillon. Je serais en avance, c'est certain, mais au moins, je pourrais prendre mes marques dans ce nouvel environnement. Lorsque je suis arrivé sur la ligne 13 (ma nouvelle ligne de mon tiercé gagnant), j'ai été pris de drôles de pressentiments. Je ne la sentais pas bien cette journée là.
Je suis donc arrivé très tôt là bas. Le quartier est tout récent. L'immeuble qui va nous accueillir dorénavant est flambant neuf. Il est pas mal. A l'entrée, je croise un ou deux collègues qui ont l'air déconfit. Les traits tirés, la fatigue accrochée au coins des yeux. La matinée a été éprouvante. Les perturbations escomptées ont été bien pires que les prévisions estimées. Pas d'informatique, pas de téléphonie pendant deux heures, des changements de poste toutes les quatre minutes. Ça crève son chargé tout cela. Ils me disent qu'ils ne sont pas très confiants pour les heures qui viennent. Je veux être optimiste. Je veux croire que le pire est passé et que tout se passera bien pour moi. Je me doute qu'il y aura beaucoup de travail avec tous les problèmes de la matinée mais je veux que ce soit la seule raison de fatigue à la fin de ma journée.
J'entre sur mon nouveau plateau. Le moindre recoin est rempli de cartons entassés, de bureaux à l'état d'Ikéa, de poste informatiques posés à même le sol. Le grand open space bourdonne. Les gens travaillent, ça me rassure. Je récupère mon nouveau casque téléphonique, super beau. Je dis bonjour à mes collègues, tous sont exténués et me souhaite le meilleur courage possible. Ils me font paniquer. Je m'installe à un bureau. L'ordinateur met trente minutes à se lancer. Mouais ça promet. Mon cadre me fait le point sur la matinée : 3 heures au total sans téléphone, les postes informatiques sont d'une lenteur extrême et il n'y a aucun moyen d'avoir une vision sur la réalité du trafic. Glups.
15h30. Je suis enfin installé après trois tentatives sur des postes différents. Celui-ci fonctionne bien. C'est parti mon kiki. Le premier appel est houleux. Le client est en panne depuis 11h15 et comme il n'a pas réussi à nous joindre, il est toujours bloqué quelque part sur une route d'une région qu'il ne connaît pas. Je tente de lui expliquer notre situation, il s'en fout (je le comprends); pour lui, seul compte sa situation. Pendant une heure, j'ai affaire à des clients excédés par les délais d'attente. Je gère au mieux, ils comprennent tant mieux; ils ne comprennent pas, ben ce n'est pas ma priorité.
Il est 16h20. Le poste de la collègue immédiate sonne et sonne beaucoup. Je la sens interloquée. Elle me dit qu'elle a un problème avec son téléphone, elle n'arrive pas à décrocher l'appel qui sonne. Je fais le malin en lui demandant si elle veut une formation. Nous rigolons bien. Je finis mon appel et je m'occupe de son cas. Effectivement, le téléphone ne semble plus répondre. Bizarre. Au fond du plateau, j'entends une voix qui dit qu'il a perdu son appel. Puis une autre et une autre... Mon sang ne fait qu'un tour. Je regarde mon téléphone, black out. Plus rien. Nous n'avons plus de connexions téléphoniques. La nouvelle se répand comme traînée de poudre. Tous les cadres sont sur le pied de guerre; tous les directeurs sont sortis de leur bureau. Ça s'active comme dans une fourmilière qu'un gamin malicieux aurait dérangé à grands coups de pieds. Mine de rien, ce qui pourrait passer pour une bénédiction pour nous autres (après tout, être payé à ne rien faire ce n'est pas si fréquent), est en fait un grand moment de stress. Pour moi en tout cas. Il faut toujours que je me mette à la place des autres. A la place du client qui est en panne et qui n'arrive pas à nous avoir, de celui qu'on a eu mais à qui on ne peut pas envoyer d'aide... Ça me stresse
Une heure. Deux heures. Trois heures. Quatre heures. Quatre heures sans un seul appel, sans un bruit de sonnerie. Quatre heures où nous sommes complètement injoignables. Ce n'est que vers 20h30 que les lignes sont rétablies. Nous retrouvons enfin nos clients mais aucun moyen de les identifier : c'est au tour de l'informatique de jouer des siennes. La consigne est alors simple : nous assistons tout le monde.
A ce moment là nous vivons tous un moment d'angoisse. Nous allons vivre une fin de soirée de pure folie. Pour éviter la surcharge, nous créons un standard téléphonique de fortune. Pendant plus d'une heure, nous décrochons sans discontinuer. Les clients sont remontés comme jamais et comme je les comprends. Ils sont en colère et dans leur colère, ils ne comprennent pas que nous ne sommes pas responsables. Ils se défoulent sur nous. On essaie de gérer au mieux et je crois que nous avons réussi ce challenge. Les gens seront forcément insatisfait de nos services mais de notre côté, avec les moyens que nous avions à notre disposition, nous avons réussi à répondre à tous ceux qui sont parvenus à nous joindre.
A 23h30. Cette longue journée touche à sa fin. Nous sommes lessivés. Nous quittons les bureaux sans un bruit. Je n'ai jamais vu une fin de journée aussi silencieuse. Chacun n'a qu'une seule envie; celle de rentrer chez soi et de dormir. J'ai de la chance, j'ai trois jours de week-end pour me remettre de cette épreuve. Il y a des collègues qui seront de nouveau présent demain et dimanche et je n'ose même pas imaginer ceux qui travailleront lundi. Mais, j'oublie bien vite. Je veux rentrer à la maison et me réfugier dans les bras du Sage et dans les plumes de la couette.

A la porte

Le Louvre - Paris - 25/11/2007

26.11.07

Constatation # 151

Tiens ! C'est réouvert par ici !

Vivants?

Tout est gris ou terne dans ce film. Le ciel, les décors, la lumière, la peau des personnages. Tout est d'un pessimisme dépressif sur la nature humaine.
Des personnages en quête d'amour et de reconnaissance. Des personnes en état de solitude avancée; tellement avancé qu'elles ne savent pas reconnaître ou apprécier l'amour qu'on leur porte. C'est le cas de cette grosse femme qui boit pour oublier qu'elle est seule et qui pleure parce que personne ne la comprend mais qui se refuse à voir cet homme qui lui crie son amour ou cet autre qui lui offre des fleurs.
Un film sur la condition humaine où chaque personnage représente une facette de celle ci. L'amour, la haine, la colère, la joie, le regret, l'espoir, le rire, les larmes. Pourtant, l'ensemble est teinté de noir et d'amertume. A croire que le réalisateur ne croit pas vraiment en la bonté de l'humanité. Le final inquiétant laisse imaginer qu'une épée de Damokles menace ce monde incompréhensible.
Traité sous forme de scenettes, le film est assez inégal. Le côté absurde de certaine scène souligne le pathétique des situations. On sourit certes mais on grince aussi des dents. Équilibre instable entre le rire et les larmes. Espace flou entre une comédie tragique ou une tragédie comique. Le film est déconcertant et déroutant, plongeant le spectateur dans un mal être qu'on aimerait cacher en riant un peu trop fort.

Nous, les vivants - Roy Andersson

25.11.07

J de G + 8

Jeudi 22 novembre
Officiellement, aujourd'hui la grève se poursuit. Mais qu'on regarde le site de la RATP, je me rends compte que la fin est proche. Le trafic devient quasi normal partout. Seules les irréductibles persistent. Le dernier baroude d'honneur sans doute. En tout cas, la reprise est suffisamment significative pour moi pour aller au cinéma ce matin. Le retour à la normale. Enfin !
Les stations de métro reprennent leurs allures habituelles. Les rames circulent normalement. Pas d'attente, pas de foule. L'angoisse des premiers jours n'est plus qu'un souvenir.
J'arrive au cinéma à l'heure, sans avoir besoin de partir une heure avant. Comme d'habitude, 30 minutes suffisent pour y arriver. J'ai même le temps de boire un café serré au bar de l'UGC. Il n'y a personne. Ça a du être le désert par ici, pendant une semaine. Sur le tabouret à côté de moi, un visage qui ne m'est pas inconnu sirote aussi un café. Je me demande deux minutes où j'ai bien pu le voir et puis comme ça ne me revient pas, je me laisse distraire par la bande annonce du prochain Astérix. Je ris tout seul. Le visage pas inconnu est parti. Je le retrouve dans la salle de cinéma quasi vide. Là j'ai tout loisir pour me creuser la tête. Il faut dire que les publicités sont d'une pauvreté, entre la pub Orangina que je n'aime pas du tout et celle de la nombriliste et exhibitionniste Arielle Dombasle et son dvd immortalisant son passage au Crazy Horse. Je mets enfin un nom sur le visage. Il s'agit d'Yvan Attal. Ça me fait bizarre de voir un acteur si tôt dans une salle de cinéma. Mais bon, moi j'y suis bien. Pourquoi pas lui...
Quel plaisir de pouvoir reprendre ses bonnes vieilles habitudes. Aller voir un film avant d'aller travailler est un luxe inestimable pour moi. Pouvoir se caler dans un fauteuil rouge, se laisser porter dans une salle sombre vers d'autres vies. Jouer le dilettante quelques instants avant d'être rappeler par les contraintes professionnelles. Pouvoir se dire, je travaille, d'accord, mais d'abord, le réconfort. Ce matin, je me délecte encore plus que d'habitude de ce plaisir là. Une semaine que je n'avais pas mis les pieds au cinéma, à cause de ces grèves... C'est peut-être con à dire, mais ça me manquait.
A 13h00, je suis déjà dehors. Il me reste 2h30 avant de commencer ma journée de travail. Je erre quelques instants dans le labyrinthe des Halles. Comme d'habitude, ça me fatigue rapidement cet endroit. Je ressors pour aller prendre le métro. Je préfère aller passer le temps sur une terrasse de café, à Issy Les Moulineaux. Après tout, ça sera la dernière fois que je pourrais le faire aujourd'hui.
En moins d'une heure, je suis arrivé au travail (toujours en passant par le tramway). Je pose mon sac et je ressors pour mon café d'adieu. J'en profite pour acheter le nouveau CinéLive et le hors série de Télérama consacré à Barbara. Une surprise pour le Sage. Ça me fait bizarre de me dire que c'est la dernière fois que j'achète mes magasines ici; que je bois mon café là; que je fais la queue dans cette boulangerie. La dernière fois que je traînerais sur la place de la mairie. Une page se tourne...
La journée a été une horreur. Entre le boulot monstrueux (mais qu'ont-ils donc à tous tomber en panne en ce moment !) et les allers et venues des déménageurs, les tas de cartons, les changements de postes, c'est la galère. Le site de la RATP annonce que le trafic est reparti sur la ligne 12. Je pourrais rentrer en métro ce soir. Mais quand on me propose de rentrer en taxi, je l'accepte avec soulagement. Je rentrerais bien plus vite ainsi.
La grève s'achève. Je ne sais même pas ce qu'ont donné les négociations de mercredi. Ça ne m'intéresse pas plus que cela finalement. Le principal est que le retour à la normal soit effectif pour de bon. Je plie les écouteurs de mon Ipod, mon meilleur ami pendant ces longues heures de transport. De nouveau, bientôt, je pourrais recommencer à lire tranquillement pendant qu'une rame de métro m'emmènera au travail ou à la maison.
La fin de l'histoire.

24.11.07

J de G + 7

Mercredi 21 novembre
Ça fait une semaine. Une semaine de galère dans les transports. Une semaine de bras de fer entre les bases syndicales et le gouvernement. Une semaine de statu quo.
Cependant, aujourd'hui, c'est peut-être une porte de sortie aux problèmes. Les négociations commencent enfin. Bon, à 10h00, ce n'est pas très clair et très visible mais on sent poindre une petite amélioration. Toujours une rame sur 2 ou 3 en moyenne sur les lignes de métro mais toujours un trafic quasiment nul sur les lignes 12 et 8, celles qui m'intéressent le plus. Il faudra donc que j'emprunte les mêmes lignes que depuis le début de la grève.
Le soucis avec ces fins de grève mi figue mi raisin, c'est qu'on ne sait pas sur quel pied danser. Dois-je partir en avance au cas où? Dois-je reprendre mes habitudes? La situation n'est pas suffisamment stable pour que je prenne des risques. Je pars donc de la maison deux heures avant le début du travail.
C'est dans le métro que l'on voit que les choses se tassent. Beaucoup moins de monde sur les quais; beaucoup moins de monde dans les rames; beaucoup moins de stress et d'énervement visible sur les visages des voyageurs. Bon, c'est vrai que les temps d'attente sont encore un peu long mais ça reste tout de même supportable. J'arrive avec beaucoup d'avance au travail. Je sais que, demain matin, je pourrais tenter à nouveau une séance de cinéma. Enfin !
Je ne me pose plus la question pour rentrer. Un taxi m'attendra à 22h00 parce que la ligne 12 ne fonctionne toujours pas. C'est sans doute la dernière fois que je rentrerai par ce moyen là. Autant en profiter. Mais ce soir, je n'ai pas de chance. La collègue qui partage avec moi le taxi est extrêmement bavarde mais elle a un accent japonais très prononcé. Je ne comprends pas ce qu'elle me dit et je réponds souvent à côté de la plaque. Au bout d'un moment de ce dialogue de sourd, elle finit par ce taire, moi aussi. "Comment? Bonne nuit? Oui merci toi aussi !"
Mais quelle histoire !

J de G + 6

Mardi 20 novembre
Ce matin, je paresse sous la couette. Le Sage E. est parti depuis longtemps affronter la foule quand je me lève, réveillé par le coup de klaxon d'un bus. Le comble pour un jour de grève.
Je traîne et je comate. Pas de motivations, pas d'envies. Rien. Ces cinq jours de grève m'ont laissé lessivé et sans énergie. Je trouve tout de même le courage de me remettre un peu sur mon blog. Presqu'une semaine que je n'ai rien écrit. Une semaine que je ne suis pas allé au cinéma. Une semaine que je n'ai rien fait d'autre que d'aller et revenir du travail. C'est navrant. Entre deux sommes sommaires sur le canapé, je tente de m'auto-motiver pour aller au cinéma à pieds. Deux tentatives, deux faux départs. Finalement, je m'endors pour de bon, une petite heure devant le néant de la télévision allumée.
Une journée à rien faire. Ce n'est pas que je me plaigne, après tout, il faut que je me repose aussi, mais c'est tout de même triste de tourner en rond comme un rond de flan.
Dehors, les fonctionnaires défilent dans la rue pour défendre leurs emplois et leur pouvoir d'achat. Ils ne vont pas avoir chaud. J'imagine que les deux grèves cumulées vont bloquer le pays mais le Sage me dit que c'est la première fois depuis le début des grèves de transports qu'il a mis aussi peu de temps pour aller travailler (1h30 tout de même).
Le mouvement de grogne serait-il sur le point de mourir de lui même? Avant le début des grandes négociations de demain? Je n'ose pas l'espérer...
Pendant, ce temps il y a un couple qui fête royalement leur noce de diamant. Mais, ceci est une autre histoire...

23.11.07

J de G + 5

Lundi 19 novembre
Pour une fois, pas de soucis à me faire sur le comment je vais faire pour aller travailler. Un taxi passe me chercher, avec deux autres de mes collègues, à 10h40. Ça fait chic tout de même d'aller travailler en taxi. Une belle voiture gris métallisée, avec vitres fumées, portes automatiques, tablette arrière. Il ne manque plus que les deux motards à l'avant pour ouvrir la route et je me croirais presque ministre des transports. Mais, rouvrons les yeux, ce n'est qu'un taxi avec un chauffeur bavard et radoteur mais sympa. Il n'empêche que c'est bien agréable de se laisser porter comme ça.
A 11h15, je suis déjà au travail. Il me reste 45 minutes avant de commencer véritablement. Quand je vois les 50 appels en attente, je n'ai vraiment pas envie de me presser. Je vais dire bonjour aux copains et aux copines. On se raconte nos malheurs respectifs à causes des grèves. Ces salauds de grévistes qui ne font qu'embêter les vrais travailleurs. On se dit que la fatigue commence à être bien pesante. Un café, deux cafés, trois cafés. Merde, je vais être super stress au téléphone ce qui ne loupe pas d'ailleurs.
Cette semaine est la dernière semaine à Issy Les Moulineaux avant le déménagement (le grand chambardement comme on l'appelle ici). Les cartons sont arrivés. Les consignes pleuvent comme à la Toussaint. Tout doit être rangé, ficelé, étiqueté pour mercredi. Les meubles et ordinateurs seront démontés le jeudi et le vendredi, adieu Issy, bonjour Chatillon. Ça occasionne pas mal de stress finalement. Des questions pertinentes qui restent sans réponses; à croire que toute logique primaire a été perdue. Ça promet de grandes heures épiques vendredi.
En attendant, les grèves de transport continuent à faire parler. On nous annonce en début d'après midi, que finalement, il n'y aura pas de taxi retour. Tollé général. J'ai la vague impression de m'être fait avoir sur ce coup là. Du genre, je te fais un taxi pour que tu sois à l'heure et que tu bosses; tu te démerdes pour rentrer, on n'a plus besoin de toi. Ça grogne et ça grince des dents sur les plateaux. Finalement, à 17h00, on nous confirme des taxis pour le retour. Bon, ça va, mais que ça ne se reproduise pas...
20h00 est déjà là. Je suis éreinté. La journée a été dure. Le taxi m'appelle pour me confirmer sa présence. J'appelle mes collègues qui ont pris le taxi avec moi ce matin, pour leur dire de descendre avec moi. J'ai la mauvaise surprise de constater qu'ils ne sont pas au courant du taxi du soir. Je cours voir le mail de confirmation et effectivement, ils ne sont pas sur la liste des personnes bénéficiant du taxi. Trois autres personnes prennent le taxi avec moi, mais pas eux. Ça me fait gloups dans la gorge. Qu'est ce que s'est que cette histoire encore? Il y a deux poids deux mesures dans cette boite? Mes collègues reviennent vers moi avec le refus catégorique de leur cadre pour un taxi sous le bras. Ils vont devoir rentrer par leurs propres moyens. Et les moyens sont très limités à 20h00. J'en parle à mon cadre qui me dit que le principal est que j'en ai un pour rentrer. Ma vision de la solidarité en prend un bon coup dans l'aile...
Le chauffeur de taxi est du genre énervé. Il a passé sa journée dans les embouteillages et il n'en peut plus. Il râle tout le temps et après tout le monde. Le silence règne dans la voiture, ponctué de ci de là par les coups de klaxons rageurs du chauffeur. Ça roule mal. Ça n'avance pas. Je ne suis pas rentré à la maison à cette vitesse là. Il a beau prendre les voies de bus dès qu'il le peut, il reste malgré tout bloqué. Il est 21h00 et nous ne sommes qu'à Châtelet. Personne n'est encore rentré chez lui. Les essais de conversations tombent vite dans le vide. On préfère se taire. Le chauffeur bout. Sa conduite est de plus en plus nerveuse. Pourvu qu'on arrive entier...
A 21h55, enfin, le chauffeur m'arrête en bas de la maison. Deux heures pour rentrer. Je suis KO, vidée. Demain, je ne travaille pas et je vais pouvoir me reposer. Enfin ! Une seule journée. Ce n'est pas beaucoup mais il faudra bien que ça fasse l'affaire. En descendant du taxi, je croise tout ce que je peux croiser pour espérer que les grèves se soient arrêtées mercredi. Mais j'ai peu d'espoir, les négociations ne commençant que mercredi matin.
Mais pour le moment, ceci est une autre histoire...

22.11.07

Par la fenêtre

Rue Campan - Paris - 20/11/2007

21.11.07

J de G + 4

Dimanche 18 novembre
Je commence à midi aujourd'hui. Je me suis levé à 9h00. Presque 12 heures de sommeil, ça fait beaucoup de bien.
Pour garder un semblant de normalité, et pour me préparer aux trajets à venir, je prends un bon petit déjeuner avec croissants et chausson aux pommes, la total, le tout en écoutant le dernier et excellent album de Ben Ricour. Ça aide à garder le moral tout ça. Du coup, je me fais moins de bile.
Je prévois tout de même deux heures pour aller travailler. A 10h00, je suis en route pour rejoindre Belleville et prendre la ligne 2. J'avoue que sur ce coup là, j'ai de la chance. Il y a quasiment personne sur le quai et la rame entre en station à peine cinq minutes après que je sois là. J'ai même pu voyager assis tout du long. le conducteur de la rame semble de très bonne humeur lui aussi et n'arrête pas de faire des blagues potaches : "suite à mon mouvement social, je revendique le droit de vous faire sourire" ou encore "la dame rousse de la voiture du milieu est priée de s'accrocher; je vais freiner". Ca surprend mais c'est agréable.
Le schéma se répète sur la ligne 1. Dix minutes d'attente seulement et tout le voyage assis, mais sans le comique de service. Au final, j'arrive à Issy-Les-Moulineaux à 11h25. Je suis presque de bonne humeur. La journée de travail est plutôt tranquille. Ça fait du bien.
Vers 15h00, on m'annonce qu'on nous met à disposition un taxi pour rentrer ce soir. En plus, on nous organise aussi un taxi pour venir travailler le lundi matin et un autre pour rentrer le lundi soir. C'est l'euphorie, là. Merci patron...
Un taxi m'attend à 20h00. Il dépose deux de mes collègues dans le centre de Paris et à 21h15, je suis à la maison.
Dans ces conditions là, les grèves ne me font plus peur. Pour fêter cela, c'est double dose de Martini rosé et Pizza Hut. C'est la fête. Pas de stress du lendemain. Tout est bien. A 22h30, je suis au lit. Pas de mauvais rêves cette fois ci.
Est-ce la même histoire?

Place des Fêtes

Place des Fêtes - Paris - 20/11/2007

20.11.07

J de G + 3

Samedi 17 novembre
Dès que le réveil sonne, je saute du lit. J'ai déjà une boule dans le ventre. Je suis obnubilé par l'idée d'arriver en retard au travail. Je déteste cette idée là surtout quand je ne maîtrise pas tous les éléments. Je consulte le site RATP qui annonce une rame sur cinq, sur l'ensemble du réseau, sauf la ligne 6, la ligne 8 et la ligne 12. Il ne me reste plus qu'à tenter le même itinéraire que le jeudi matin. On est samedi matin, il devrait y avoir beaucoup moins de monde sur les quais.
A 6h25, je suis dehors. Je viens à peine de passer les tourniquets de la station, qu'une voix morne annonce que "suite à un mouvement social, le trafic est totalement interrompu sur la ligne 7bis et la ligne 11. Veuillez nous excuser pour la gène occasionnée". A ce moment là, j'ai vraiment envie de lui occasionner plus que de la gène à la voix morne. Je me précipite dans la rue et je marche. J'avoue qu'à ce moment là, je ne savais pas trop pourquoi et où je marchais. La panique totale.
En respirant un bon coup, il a fallu réfléchir. Bon, je suis à Jourdain, je n'aurais pas d'autre solution avant Belleville où je pourrais récupérer la ligne 2. Je sais enfin pourquoi je marche. Mine de rien, ça rassure. Il fait encore bien froid ce matin. J'ai les doigts gelés. C'est la faute à Sage E. ça aussi; il a oublié mes gants de laine marron dans la voiture de sa collègue jeudi soir. Mais bien vite, le froid se fait oublier. Marcher vite donne chaud même par le froid le plus canard. Je ne vois rien défiler. J'ai mon objectif au coin de l'esprit et je ne vois rien d'autre; pas même les éboueurs. Je vois passer des taxis tous occupés, ma solution de replis, mon atout de dernière minutes me semble bien compromis aussi.
Belleville enfin. Je regarde le portable, j'ai descendu tout cela en 10 minutes. Je ne m'étonne plus que mon coeur cogne comme un malade. Je descends dans la station et je vois que l'accès à la ligne 2 est barrée. Pas de métro non plus ici. J'ai bien cru que j'allais chialer de dépit. A cet instant là, je maudis les grévistes jusqu'à la cinquième génération. Mais les maudire ainsi ne me fait pas avancer plus vite. Il faut que je trouve une autre solution rapidement. Je cherche un taxi, il n'y en a pas. Je continue donc à marcher vers République que j'atteins assez rapidement sans voir de taxi libre. A une entrée de métro, je vois un gars énervé qui me lance que je perds mon temps, il n'y a pas de métro qui fonctionnent à cette station. Je vais marcher jusqu'où comme ça? Je ne vais tout de même pas devoir marcher jusqu'à Issy-Les-Moulineaux tout de même.
Je tente à nouveau l'option taxi. Il n'y en a pas. Enfin si, j'en vois un, là bas, qui s'avance vers le feu rouge. J'accélère le pas pour essayer de l'avoir mais il y a quelqu'un qui a le bras plus rapide que moi. Et fiente de pigeon parisien ! J'en ai marre, marre et marre. Je décide de rester un peu à faire le planton à ce feu rouge. Je suis tout de même place de la République, à Paris. Il va bien y avoir un taxi qui va finir par passer. Le problème, c'est que je suis en sueur d'avoir marcher si vite et j'ai oublié qu'il faisait très froid. Je commence à grelotter très vite.
J'avoue que j'ai pensé à ce moment là, à faire demi tour et rentrer à la maison. Et puis je me suis dit que j'avais pas marché autant; je ne m'étais pas levé si tôt; je n'avais pas fait tout ça pour renoncer maintenant. Non ! Certainement pas. Je reprends donc mes pieds à mon cou pour aller vers Châtelet.
J'ai dû marcher jusqu'à Arts et Métiers avant de voir mon premier taxi disponible. Malgré mes signes, celui-ci ne s'est pas arrêté. Ce n'est qu'en m'engageant dans la rue de Beaubourg que la chance (?) me sourit. Un taxi s'arrête pour déposer son client. Je me précipite vers lui pour prendre la place. Ce dernier accepte la course. Il est alors 7h20. J'ai donc une chance de ne pas arriver en retard.
Et effectivement, vingt minutes après, je suis déposé à Issy-Les-Moulineaux. Je règle les onze euros de la course (qui ne me seront pas remboursé !). Je suis à l'heure, c'est le principal.
Le retour a été plus tranquille. je sais simplement qu'il faut que j'évite la ligne 11 qui où le trafic est quasiment nul. Le tramway, la ligne 1, la ligne 2 et enfin la ligne 7bis et me voila à la maison. Les rames sont vides, à part quelques touristes égarés. C'est agréable quand il n'y a personne. Il m'aura fallu tout de même 1h30 pour rentrer. J'arrive à la maison, je suis exténué. Le Sage me propose de regarder un dvd, histoire de me destresser un peu. Il n'empêche qu'à 21h30, je m'endors sur le canapé. Pour la première fois de ma vie parisienne, je suis couché à 22h00. Je rêve de métro. Je rêve que je me retrouve dans une station au milieu d'une ville où il y a la mer. Il n'y a rien à part des gens étranges. Je vois des arcades en briques à n'en plus finir; des ascenseurs qui ne mènent nul part et j'entends des voix qui annoncent que c'est la merde.
Mais cela, est-ce une autre histoire?

J de G + 2

Vendredi 16 novembre
6h00. Le réveil sonne. Je n'ai pas assez dormi. Je n'ai pas envie de me lever.
Le journal de France Inter annonce une nouvelle journée perturbée pour les Franciliens. Ils commencent à nous gaver ces grévistes.
Le rendez-vous est à 7h00. On doit être cinq personnes à partir travailler ensemble. Il fait super froid ce matin mais tout le monde est là et à l'heure. Il fait bon dans la voiture. Je me laisserais bien partir, à nouveau, dans les bras de Morphée, mais ça ne se fait pas. Alors je lutte. J'écoute le babillage sans grand intérêt de mes collègues et puis j'écoute les bêtises de Cauet à la radio. Il me fait toujours rire ce pitre là. Ca me replonge loin dans le temps quand il animait déjà les matinales de Fun Radio. J'étais à la Fac.
Le voyage se passe étrangement bien. La merde habituelle dans la rue de Belleville avec ses célèbres camions en double fil de chaque côté de la rue. Mais une fois ce noeud passé, la route est fluide jusqu'au quais de Seine où le trafic s'intensifie un peu plus. Dans moins d'une demie-heure, ça sera beaucoup moins plaisant de rouler ici. Sur le bord de la chaussée, des gens font du stop et des voitures s'arrêtent. La solidarité existe belle et bien encore? La vision apocalyptique des stations de métro, la veille, avec tout ce monde énervé et agressif qui n'aurait pas à hésiter à sortir une personne de la rame histoire de prendre sa place, m'avait laissé une sorte d'amertume et une vision bien pessimiste sur l'avenir du genre humain.
7h40. Les mêmes néons bleus, la même nuit qu'hier. J'ai l'impression de ne pas avoir quitter le bureau; j'ai l'impression que je passe ma vie ici. C'est assez déprimant cette sensation. Mais bon, un café avec un croissant, juste avant de commencer la journée, ça remonte pas mal le moral. Finalement, ça a aussi des bons côtés les grèves.
A 16h00 tapante, on me rappelle qu'il est l'heure de partir. Pourtant, la fluidité du voyage aller ne se représente pas. Tout est bouché. Le périphérique, les voies sur berge, les boulevards maréchaux. Il y a de la voiture partout. Des klaxons tonitruants. Première, deuxième vitesse. Des rubans rouges de feux stop à l'infini. Il nous faut 2h30 pour rentrer. Il nous a fallu 45 minutes, rien que pour passer le Louvre. Pour passer le temps, je textote avec le Sage qui me dit de descendre à Châtelet et de l'attendre là. J'en ai bien envie, tellement j'ai les pieds engourdis mais ça ne se fait pas. Alors je me force et je reste.
Pourquoi avoir pris par les quais aussi, on aurait plus vite fait, en passant par Opéra et Lafayette. Mais le copilote me dit non ! C'est mieux par les quais. Je me tais et je patiente. Je fredonne dans ma tête pour faire passer le temps.
Le soir, pendant le dîner, je m'inquiète de la reconduction du mouvement pour le lendemain. Je commence déjà à me lamenter de devoir me lever super tôt pour aller travailler. Car demain matin, il n'y aura pas de co-voiturage. Le Sage E. ne voit pas pourquoi je devrais subir les conséquences de cette grève et me dit qu'à ma place il se lèverait à l'heure habituelle. Je ne suis pas de son avis en arguant que je ne veux pas les laisser m'empêcher d'aller travailler. Ebouriffage de tête, comme cela arrive parfois ! Mais cela est une autre histoire...

J de G + 1

Jeudi 15 novembre.
Le site de la RATP l'avait dit : à la demande des syndicats, le mouvement social a été reconduit pour le jeudi 16.
Bon, ben là, il n' y a pas à dire, pas à faire, cette fois ci, je suis concerné. LA poisse commence. La bonne nouvelle, c'est que je commence le travail à 14h00. La mauvaise nouvelle, je finis à 22h00. Pas ou peu de trafic sur la ligne 4 et la ligne 12 est fermée. Forcément...
Après une consultation au sommet avec le Sage pour choisir la meilleure option possible pour aller à Issy les Moulineaux, je me suis engouffré dans l'antre d'un autre monde. Il était à ce moment là, 11h45. Le trajet retenu est de prendre la ligne 11 jusqu'à Hôtel de Ville où je récupère la ligne 1 jusqu'à La Défense,son terminus et de là prendre le tramway d'un bout à l'autre.
Arrivé sur le quai de Place des Fêtes, un Sage conseil me revient en tête : "si dans la rame tu veux survivre, ni au début ni à la fin tu te mettras". Je me place donc au centre du quai et j'attends... J'attends... J'attends 20 minutes qu'une rame daigne enfin pointer le bout de ses phares. Pendant tout ce temps une voix blanche et nasillarde dans un micro nous intime l'ordre de ne pas aller sur la ligne 7bis qui est complètement fermée. Toutes les 30 secondes, le message nous saoule les oreilles. Une grave envie d'étrangler quelqu'un commence à poindre dans mon esprit.
Effectivement les premières voitures sont archi-bondées alors que celles du centre sont encore accessible. J'entre dedans sans problème et me cale dans un coin où je ne serais pas trop écrasé si cela arrivait. Mais jusqu'au changement j'ai pu respirer à mon aise. Par contre, vu le temps passé à chaque station, je n'ose même pas imaginer ce qui se passe dans les voitures avant. Des gens qui n'arrivent pas à sortir ou des gens qui n'arrivent pas à entrer et qui forcent pour arriver à leur fin au milieu des cris des autres... Non je n'ose pas l'imaginer. C'est bien pire, je vais le vivre.
La ligne 1. Direction la Défense. Il y a beaucoup plus de monde. La prochaine rame est annoncée dans 15 minutes. Pendant tout ce temps, le quai se remplit de plus en plus. Le conseil du Sage toujours en tête, je me mets en milieu de quai. Mais ce qui vaut pour la 11 n'est pas vrai pour la 1. La rame est bondée. Des joues sont plaquées sur les vitres des portes et me font penser à des méduses gélatineuse échouées sur une plage normande et écrasées par des gamins. Trois ou quatre personnes sortent comme elles le peuvent de la voiture, vingt autres veulent y entrer. J'y rentre sans trop de difficultés mais je suis poussé voir déséquilibré par les autres. J'ai la drôle d'impression d'être une cacahouète dans un son sachet sous vide. Une petite mamie chétive se tient à mon bras, pendant quelques secondes, pensant sans doute y trouver une accroche solide. La pauvre, elle disparaît assez rapidement de ma vue. Mais un solide gaillard lui servira de rempart bien plus efficace que moi. La rame quitte la station. Enfin. Je suis dedans, je vais pouvoir arriver là où je veux. Chaque station est un éternel recommencement. Bousculades, cris, le chacun pour soi, les pieds écrasés, le manque d'espace vital avec mon compagnon de fortune. Des personnes se sont mises debout sur les sièges de la rame. Le voyage me parait durer une éternité. Lorsque les portes s'ouvrent enfin sur les quais de La Grande Arche de la Défense, un souffle de soulagement envahi tout le monde. Pourtant, pour moi, le périple ne s'arrête pas là.
Heureusement, le tramway fonctionne normalement. je n'attends qu'une minute et me voici en route pour Issy. Trente minutes reposantes de transport dans la banlieue chic. De beaux immeubles, de belles villas, le parc de St Cloud et ce qui reste du château, le musée de Sèvres... Je me laisse bercer par les légères secousses du train. Je suis vidé; plus aucunes forces (heureusement que je suis en cure Juvamine en ce moment). Mon état de stress se calme d'un coup et me plonge dans un état de somnolence. Si je me laissais aller, je crois bien que je pourrais m'endormir. Mais le but final arrive vite. Je n'ai jamais été aussi heureux d'arriver au travail. Il est 14h00. Il m'aura fallu 2h15 alors qu'en temps normal il m'en faut 45 minutes. Une pensée m'abat le moral pourtant : et ce soir, comment je fais moi?
Toutes les heures, je regarde défiler les bulletins d'information de la RATP et ça ne va pas en s'améliorant. En milieu d'après midi, on me poropose un co-voiturage pour le lendemain pour un depart à 7h00. J'hésite. Je finis à 22h00. Quand vais-je pouvoir dormir? J'ai l'accord de la dircetion. Bingo ! Demain au moins, je ne prendrais pas le métro. A 20h00, le trafic est quasi bloqué sur toutes les lignes. Ma boite à imagination commence à me dessiner son scénario le plus noir et je me voyais devoir traverser Paris à pieds pour rentrer. J'en touche un mot à mon cadre qui finit par me lâcher un taxi pour le retour. Soulagement. Je respire. Un tracas de moins. Merci patron.
Il est 22h00. Le taxi est bien là comme prévu. Il roule comme un sagouin, m'obligeant souvent à serrer les fesses et à fermer les yeux. Mais cela est une autre histoire...

19.11.07

Jour de grève

Mercredi 14 novembre.
C'est la grève. Encore une fois. Suite à un mouvement social, le trafic est très perturbé sur le métro, les bus et les RER. Ne parlons même pas des trains de la SNCF. Lorsqu'on entend "très perturbé", il faut comprendre qu'il n'y a quasiment pas de transport. Il faut alors imaginer les scènes de folie pure sur les quais des stations de métro. Il faut aussi imaginer les kilomètres de bouchons en région parisienne.
Le Sage E. a trouvé une solution pour ce matin. Un collègue l'attend pour l'emmener au travail en voiture. Le co-voiturage va sauver pas mal de situations délicates. L'inconvénient c'est qu'il faut qu'il se lève à 6h00 pour pouvoir véliber jusqu'à pas loin de Bastille. Et il n'aime pas ça, se lever tôt.
Moi, j'ai une chance relative, je ne travaille pas aujourd'hui. Je ne serais pas directement impacté par tout cela. Bon, évidement, ça m'empêchera d'aller au cinéma (je ne pourrais donc pas aller voir ONCE) mais s'il le faut, je peux toujours aller à pied jusqu'au MK2, à côté de Jaurès.
En jetant régulièrement des coups d'oeil sur la place des fêtes, je vois que l'arrêt de bus se remplit de plus en plus. Tout ce monde qui attend dans le froid (tant qu'à faire, le froid fait des siennes aussi) ! Je me demande bien comment toutes ces personnes vont pouvoir rentrer dans un bus qui ne passe qu'une fois par heure. Les fous. Les pauvres.
Ce soir, nous avons un spectacle, dans le cadre d'un abonnement pour 10 personnes, au théâtre des Abbesses. C'est un spectacle de Shantala Shivalingappa, une danseuse indienne que nous aimons bien. Il va y avoir du désistement. Déjà, le 14ème ne viendra pas dans le 18ème. Je refuse de me laisser pourrir ma vie sociale par des égoïstes. Je ferais les presque 5 kilomètres à pied. Il fait vraiment froid à 18h00. Je regarde tout de même si les bus fonctionnent, histoire de me rapprocher un peu, mais je vois toujours une trentaine des personnes qui attendent l'arrivée d'un hypothétique bus. J'espère seulement que ce ne sont pas les même personnes qui attendent depuis le matin.
Il fait nuit. Il fait froid. Les passants marchent vite, la tête baissée, pressé de rejoindre la chaleur de leur maison. Les voitures n'avancent pas, pare choc contre pare choc, et le klaxon consciencieusement enfoncé. C'est la cacophonie. Je marche moi même vite, pour oublier le froid. J'ai pourtant le temps mais il faut bien que je me réchauffe. L'itinéraire bien en tête, j'avance sans regarder autour de moi, complètement abasourdi et désorienté par le bruit. Le boulevard de la Chapelle n'est que bruits et fureurs. Klaxons, sirènes et bruit de foules réussissent à me faire perdre mes repères et me plonger dans un étrange malaise.
Heureusement, j'arrive très vite rue d'Orsel. La rue des Abbesses n'est plus très loin. Les bruits de circulation du boulevard ne sont plus qu'une vague rumeur. Je m'installe à une table de la terrasse du Café St-Jean, sous une lampe chauffante. J'ai bien mérité mon demi de bière après cette heure quinze de marche. Le Sage E. et Dame A. sont bloqués dans les bouchons. Une autre Dame fait le chemin à pied; tandis qu'un autre est enlisé dans le magma humain d'une station de métro. Une autre encore pédale, pédale sur son nouveau vélo bleu. Le 14ème ne se risque même pas à venir. Christophe Alévêque se fait courser dans la rue par un serveur. Mais cela est une autre histoire...