18.12.07

Images souvenirs

Depuis le retour de nos vacances, passées à St Lary, je me connecte très régulièrement sur le site internet de la commune. Je le fais presque tous les matins à vrai dire. Ce n'est pas que le site soit mis à jour tous les jours; c'est plutôt à cause des deux webcam qui sont proposées. En effet, cette station de ski est connectée en temps réel sur le net via ces petites caméras numériques. Il y en a une qui retient plus mon attention. Je reviens toujours sur elle car elle balaye tout le Pla d'Adet qui fut notre aire de jeu et de randonnée pour notre dernier jour de vacances avec au fond, là bas, le pic du Soum de Matte, le fameux sommet que j'ai atteint tout seul, comme un grand.
Je regarde l'image pixélisée et je me revois sur la côte qui semble facile comme ça, mais qui a tellement fait souffrir nos pauvres mollets. Je revis virtuellement notre ascension. Je revois tous les sommets qui nous entouraient; l'ombre des nuages sur les pentes jaunies; les couleurs qui nous avaient tant émerveillées. J'entends encore les bêlements des troupeaux de moutons en liberté, les cris rauques des vautours qui tournoyaient dans le ciel limpide, le bruit du vent qui passait à travers les fils d'acier du téléphérique, le silence étourdissant tout en haut du Pic du Soum de Matte. Je fixe cette petite image et je me retrouve dans ce décor grandiose, assis sur ma chaise de bureau. Je ferme les yeux et je revois le Sage E. avec sa polaire rouge, assis sur un rocher se découpant sur le bleu intense du ciel et qui regardait le vol majesteux et tournoyant d'un groupe de vautours au dessus de la vallée. Une évasion en rêve éveillé. Un pincement au coeur, l'envie irrépressible d'être encore là bas, à cavaler. Mais les vacances sont terminées. Ces images virtuelles servent de décors à mes souvenirs.
Dimanche matin, un épais duvet de neige avait recouvert les pentes herbeuses du Pla d'Adet. Les petites fleurs mauves des bruyères se sont effacées et ont laissé place aux petits cristaux gelés des flocons de neige. Les pâturages des moutons commencent déjà à se transformer en pistes de ski. Déjà des skieurs chanceux dévalent les pentes. Le blanc et le bleu sont devenus les couleurs de toute cette beauté froide. C'est déjà tellement magnifique sur cette petite lucarne numérisée. Je ferme les yeux et je sens le froid qui me mord le bout des oreilles. Des nuages naissent de ma bouche à chacune de mes respirations. Mes yeux se plissent sous les assauts de tant de blancheur aveuglante. La neige fraîche craque avec volupté à chacun de mes pas.
J'ouvre les yeux et je suis assis à mon bureau, devant mon écran à qui je souris connement. Pourquoi faut-il que la réalité soit toujours moins belle que mes rêves?

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