30.9.08

Mes films du mois de septembre

Voir pour croire

Quand on ne travaille pas le lundi et que, pour une raison ou pour une autre, on se décide à allumer la télévision, on découvre toute une vie parallèle qui semble s'être développée sans qu'on s'en rende compte. Jean Luc Delarue nous parle des bienfaits des relations extra-conjugales. Les retraités sont devenus une cible vivante des publicitaires lobotomisés. Et Gilbert Montagné est devenu VRP pour des portes et des fenêtres. Bien vu !

29.9.08

Parlez moi de la pluie

Ce qu'il y a de bien avec les film du couple Jaoui/Bacri, c'est qu'on sait ce qu'on va voir : une comédie subtile où le dialogue tient une place prépondérante, un constat social légèrement cruel (sans être gore non plus, faut pas exagérer). La recette est maîtrisée, à force d'être répétée. N'allez pas lire là, une critique négative. Parce que là où la redondance pourrait finir par lasser chez beaucoup, chez Jaoui et Bacri les ingrédients continuent à charmer.
Agathe Villanova (Agnès Jaoui) vient de s'engager en politique. Elle se retrouve parachutée dans sa région natale qu'elle ne supporte plus pour une échéance électorale. Obligée de passer quelques jours dans la maison familiale pour aider sa soeur à débarrasser les affaire de la mère décédée, elle est abordée par deux petits journalistes amateurs locaux (Jean Pierre Bacri et Jamel Debbouze) souhaitant faire son portrait filmé.
Sans pour autant avoir la force et la finesse du Goût des Autres, Parlez moi de la pluie reste brillant dans ses dialogues, toujours aussi délicatement ciselés, jouant des mots comme seuls deux amoureux de la langue savent le faire. Le sujet est certes moins maîtrisé que dans les précédents, l'ossature du scénario moins solide. Pourtant, la comédie aigre douce pose des questions essentielles sur les raisons de ses engagements de toutes natures (amoureuse, professionnelle, intellectuelle...), sur les moments d'instabilité ou de force qui rythment nos vies, sur les doutes qui nous habitent et nous font hésiter.
Sur le jeu des acteurs, pas de surprises. Bacri continue sur ses personnages de bougon au grand coeur. Jaoui joue la femme de tête qui cache sous son armure solide des failles et des incertitudes. Petit nouveau de la bande, Jamel Debbouze qui est ici tout en sobriété, adoptant le style "Jaoui/Bacri" de façon très convaincante.
Parlez-moi de la pluie - Agnès Jaoui

Des entrailles de la Terre

Station Place des Fêtes - Place des Fêtes - Paris - 28/09/2008
Des entrailles de la Terre, surgiront des fantômes assoiffés. Des fantômes oubliés. Des fantômes abimés.

26.9.08

De l'utilité de Facebook...

Quelle finalité finalement à Facebook?
Je me suis inscrit il y a trois ou quatre mois. Par curiosité. Et puis aussi, plus terre à terre, pour avoir certaines nouvelles d'un certain chanteur qui traîne beaucoup à sortir son troisième album. Ce jeune chanteur a été mon premier ami de Facebook, très vite suivi par mon petit frère exilé.
Mais qu'ai-je appris de plus sur eux? Rien, à part le plaisir de voir quelques photographies récentes de celui que je n'ai pas vu depuis un an. Le chanteur donne finalement assez peu de nouvelles et surtout rien sur la sortie prochaine de son album.
Je suis devenu membre des "anciens du lycée Perseigne", persuadé que je retrouverai d'anciens camarades de classe et ainsi renouer quelques contacts. Mais, là encore grande déconvenue. La très grande majorité des membres sont de parfaits inconnus, beaucoup trop jeunes pour les avoir croisés dans la cour bitumée du lycée. Les deux ou trois personnes que je connaissais n'ont pas daigné répondre à mes invitations, voir même, les ont rejetées. C'est agréable. Bravo le rôle de sociabilité qu'affiche le site.
En août, tout s'est accéléré. Une collègue m'a retrouvé et m'a demandé de devenir son ami. Moi, tout heureux, j'ai accepté. Je me suis dit que ça peut être sympa de connaître des personnes en dehors du milieu professionnel. De fil en aiguille, mon réseau d'amis s'est étoffé de collègues, à tel point que quand je me connecte sur Facebook, j'ai l'impression d'être encore au travail. C'est sympathique. A part l'invitation, peu d'autres contacts avec eux. Pas de réponses aux commentaires. Peut-être est-ce mieux d'ailleurs quand je lis ce qu'ils écrivent : "ma chérie, t'es trop belle sur ta photo. On dirait une fleur"... Des personnes qui ne se supportent pas au bureau mais qui s'envoient des "ma puce", "ma chérie", "ma chewiiiii", "c toi la best", "c toi la + belle. Mé non c toi. Non non non, c toi. Arrêtes, tu me fé rougir". Tout cela à l'odeur nauséabonde du faux-cul et en dit long sur la vanité et la superficialité de ce type de site. Je me dis que, finalement, j'ai assez peu à partager avec eux en dehors des relations strictement professionnelles.
Je me demande si je ne vais pas supprimer mon profil. Si ce n'était l'espoir, toujours présent, d'avoir des nouvelles du chanteur au troisième album qui tarde, je crois que ça serait déjà fait.

La belle personne

Junie est une jeune adolescente évanescente et à l'air boudeur. Le visage diaphane, elle sourit peu et laisse transparaître une mélancolie et une tristesse pesante. Elle change de lycée suite au décès de sa mère. Prise en charge par son cousin, le troublant Matthias, elle est intégrée dans sa bande de copains. Très courtisée, elle accepte du bout des lèvres à se laisser aimer par le timide du groupe, Otto. Elle rencontre pourtant bientôt le grand amour en la personne de Nemours, son professeur d'italien. Passion qu'elle se refuse obstinément car vouée d'avance à l'échec.
Christophe Honoré adapte très librement la Princesse de Clèves de madame de La Fayette, vous savez le roman tête de turc, celui qui a donné des boutons d'acné à un certain président. La Cour du roi Henri II devient ici cour d'un lycée parisien peuplée d'adolescents occupés à la découverte de l'amour. Sous toutes ses formes. Junie est Mademoiselle de Chartres, belle, vertueuse, un brin dangereuse et vénéneuse. Le visage de l'innocence troublé par les affres des douleurs de l'amour.
Le réalisateur évite les écueils habituels du film parlant de l'adolescence. Pas de sociologie rabâchée, aucune espèce de nostalgie du passé. Il nous présente au contraire des adolescents normaux, ni trop beaux ni laiderons, ayant des préoccupations normales (la découverte des sentiments amoureux, les amis, les cours).
Ils sont normaux mais pas tant que cela. En effet, Honoré choisit de les plonger dans un univers intemporel. On a en effet du mal à dater l'époque où se déroule l'histoire. On voit bien par ci, par là, un téléphone portable, mais les costumes pourraient très bien être des années 80, l'esthétisme du film des années 70, le décors du lycée tout en moulures délavées, sorte de théâtre. Les adolescents qu'il présente sont eux aussi hors du temps. Ils sont comme des personnages rêvés ou fantasmés, qui n'existeraient plus à notre époque.
Et puis, il y a le ton Honoré. Paris, personnage à part entière de ses derniers films. Un Paris mélancolique, un peu triste, un peu gris. Un Paris qui fout un peu le bourdon. Un Paris qui ressemble à ces personnages, ici Junie mais hier aux personnages endeuillés des Chansons d'Amour. Il exprime les sentiments de ses personnages (la jalousie, la mesquinerie, la tristesse, la faiblesse...) par petites touches, avec pudeur, sans jamais verser dans le malsain ou la gratuité.
Au final, il nous donne un film beau et touchant. Un film émouvant et passionnant. Un film vivant et touché par la grâce de ses acteurs. Louis Garel et Gregoire Le Prince-Ringuet sont encore une fois magnifiques et parfaits. Léa Seydoux apporte un côté mystérieux et troublant à son personnage; une fragilité qui n'est pas sans rappeler la jeune Isabelle Adjani.
La Belle Personne est une nouvelle perle dans la filmographie de Christophe Honoré qui en compte déjà beaucoup.

La Belle Personne - Christophe Honoré

Découvrez Nick Drake!

25.9.08

The Divine Comedy - V.O. / V.F.

Neil Hannon est The Divine Comedy. Dandy british à l'allure désabusé et fragile, il est l'auteur de huit albums à la pop envoûtante, aux envolées mélodiques et orchestrales savantes qui vous transportent dans un univers baroque en moins de deux.
Adulé par le public français bien avant qu'il ne soit reconnu en Grande Bretagne, il a vite été courtisé par quelques uns de nos chanteurs. Il a écrit pour Charlotte Gainsbourg, pour Jane Birkin. Il a participé au dernier album de Vincent Delerm et a travaillé avec Yann Tiersen et AIR.
Parce qu'il aime la France et pour remercier son public, The Divine Comedy a consacré deux soirées à la Cité de la Musique, lundi et mardi soir, pour rendre un hommage à la chanson française.
Bien sûr, le public n'était pas forcément venu pour entendre la reprise de standards du répertoire musical français. Il attendait aussi du Divine Comedy. Neil Hannon a donc jonglé entre ces reprises (Jo le Taxi, Les copains d'abord, Amsterdam, le play boy et quelques autres) et ses propres grands succès. Il ne s'agissait pas d'un concert promotionnel, mais plus d'un concert best of agrémenté. Une soirée carte blanche.
Le plaisir de réentendre en live ses chansons maitresses (Tonight we fly, Génération sex, National Express...) était grand. Il allume et électrise une salle dès les premières envolées d'un Génération sex ou encore plus Tonight we fly. De sa voix chaleureuse, il nous embarque dans sa grandiloquence et dans sa douce folie des grandeurs. Il a su apporter ce qui le caractérise dans ses reprises et puis l'accent british charmant et charmeur sur des paroles en français donne un piquant inestimable.
Vincent Delerm et Daphné, en invités surprises, ont accompagné Neil, le temps d'une chanson. Daphné que l'on connait plutôt réservé lorsqu'elle est seule sur scène s'est ici "lâchée", visiblement ravie d'accompagner de sa belle voix le précieux dandy.
Le choix des reprises était parfois surprenant, mélant les classiques des classiques (Amsterdam et les Copains d'abord), des chansons aux textes difficiles pour un anglais (Le Play Boy de Dutronc), mais aussi des chansons qu'on est tenté d'appeler mineures mais qui font mouche tout de même. C'était bizarre ce choix de Jo le Taxi de Vanessa Paradis et encore plus l'Amour est bleu, chanson oubliée d'une certaine Vicky Leandros qu'il a sublimé. Et en ressortant des tresors cachés de certains de nos meilleurs chanteurs, comme le très beau " je changerais d'avis " de Françoise Hardy.
The Divine Comedy - V.O. / V.F. - Cité de la Musique

Découvrez The Divine Comedy!

23.9.08

Paysage urbain

Ecole - Rue Jean Quarré - Paris - 16/09/2008

Le Festin - Jean Claude Brumachon

Alors que l'été tire sa révérence plutôt fraîchement, la saison culturelle 2008-2009 s'ouvre à nous. Nos agendas sont déjà bien remplis de dates, de soirées, de concerts et autres spectacles. Avant qu'ils ne se complètent au fur et à mesure de nos envies et des opportunités qui se présenteront toujours au dernier moment.
Dimanche, profitant de l'après midi plutôt agréable, nous sommes allés nous balader du côté d'Elancourt. Étrange me direz-vous. Il y a des lieux plus sympathiques en région parisienne que ce bout de banlieue noyée dans le bitume. Oui mais il y a aussi une ancienne commanderie de templiers, certes, entourée d'autoroutes. Bon, je vous le dit entre nous, nous ne nous serions jamais perdu dans ce coin là s'il n'y avait pas eu un spectacle de Jean Claude Brumachon. Vous savez, c'est le chorégraphe directeur du CCN de Nantes. Profitant des Journées du Patrimoine, l'association du Prisme avait invité le chorégraphe et sa troupe à venir présenter une de ses pièces, créée en 2005. L'idée d'allier l'événement à un programme culturel est originale et même alléchante mais, grande surprise, la représentation a lieu en plein air. En septembre, les soirées sont fraîches. On en frissonnait d'avance.
Brumachon nous convie à un festin. C'est d'ailleurs le titre de la pièce pour 18 danseurs. La scène est entourée de grandes tables avec des chaises. Ça sera là que la petite centaine de spectateurs s'installeront. A 21h00, les projecteurs se sont éteints. Un petit vent frais (à très frais) nous engourdissait un peu. Une bonne moitié des danseurs était presque nus. J'avais froid (encore plus) pour eux. Pendant 1h30, ils ont évolué au plus près de nous. Très souvent sur les tables. Nous avions presque le nez collé sur eux tellement nous étions proches. Cette proximité met au début très mal à l'aise. On entent leurs essoufflements. On a leurs corps de si près qu'on voit les bleus, vestiges de leurs répétitions, qui zèbrent leurs bras ou leurs jambes; qu'on voit la chair de poule qui hérisse leur peau. On sent leur chaleur, leur haleine, les odeurs de leurs efforts. Ils évoluent parmi nous, presque sur nous. Leur danse nous est exposée sans artifices, brutalement. Le voyeurisme, présent naturellement chez tout spectateur allant au spectacle, devient ici par moment insupportable parce que presque imposé. On nous rend complice, presque acteur de ce qui se passe sur la scène, sur les tables. L'envie de tourner la tête, détourner notre regard quand le danseur nous regarde droit dans les yeux en exécutant ses mouvements. De si près, la danse devient palpable, réellement vivante. Pourtant, le malaise du début disparaît assez vite. Sans s'en rendre vraiment compte, on s'habitue à la présence physique des danseurs. Le spectacle prend le dessus. La beauté sans fioriture des corps vous emmène dans leurs transes organiques d'une sensualité brutale. On les suit sans plus aucun à priori.
Drôle d'expérience. Elle est de celle qui transforme la qualité, sa vision de spectateur, habitué à consommer le spectacles sans se poser de question. On regarde de loin. On se dit c'est bien, c'est beau ou le contraire et bien souvent ça ne nous laisse que peu de souvenirs. Ici, cette grande proximité avec le spectacle nous oblige à voir. A voir le travail fourni sur la scène; la fatigue qui ternit les visages des danseurs, leurs efforts, leur souffrance aussi. En me regardant droit dans les yeux, ce danseur ne regardait-il pas aussi comme un spectateur mon malaise?
Le chorégraphe dit en parlant de sa pièce : "Des histoires de peaux, de vibrations sous l'épiderme, de palpitations cardiaques, de viscères exposés et de gestes abstraits. La table est servie. L'énergie des dix-huit danseurs est à consommer. La qualité du mouvement qui fuse, la respiration, le souffle... sont à savourer. Le muscle est étalé au plus près, tout prêt, comme un dîner. On est proche du dévorant et du dévoré. On touche la nourriture de l'ogre, la pitance de notre société qui engloutit tout."
Le Festin - Jean Claude Brumachon

Découvrez Jeff Buckley!

18.9.08

Bouteilles à la mer

J'avais bien des bouteilles, pourtant. Un pack de six bouteilles, dans les mains. Je n'ai tout de même pas rêvé leur poids qui m'étirait le bras?
Où sont-elles passées ces bouteilles? Pourquoi ne les avais-je plus au passage en caisse et encore moins à la maison (où je m'en suis rendu compte)? Où les ai-je posées? Je n'en garde aucun souvenir. Le trou noir. Le voile blanc.
Voilà que je m'inquiète pour ma santé mentale. Si mes neurones débloquent à 35 ans, qu'est-ce que ça va être à 60. Au secours ! J'ai le capuchon qui disjoncte !

Le silence de Lorna

Lorna, débarquée d'Albanie, veut croire en une nouvelle vie, une vie belle et heureuse dans cette Belgique qui l'accueille en cachette. Elle rêve coûte que coûte à un nouveau départ, même si pour cela elle doit d'abord de compromissions. Lorna est une femme forte, qui ne tient que pour ce bout du tunnel, ce coin de ciel gris qui serait le plus beau des coins de paradis. Mariés à un junkie belge qui lui permet d'obtenir la nationalité belge, elle doit aussi divorcer et épouser un russe en attente de cette même nationalité. Ce sont les termes du contrat qui lui sont imposés par un mafieux sans scrupules, mais qu'elle accepte sereinement. Pourtant, la disparition macabre de son "mari" la touche plus qu'elle ne le pense, plus qu'elle ne le voudrait. Elle est alors confrontée à son désir de réussir et donc de garder le silence et celui de se rebeller contre ce système qui la prive de sa liberté d'agir et de réagir.
Les frères Dardennes composent un portrait de femme où la noirceur de sa condition se heurte à sa lumineuse envie de vivre. Ils plongent cette histoire dans une noirceur crasse, avec force ciels gris et mouillés, des ambiances de nuits lourdes et inquiétantes. L'atmosphère est oppressante, glauque, avec je ne sais quoi de malsain.
L'interprétation de la jeune Arta Dobroshi est spectaculaire. Étonnante de vérité, de dignité et de naturel. Dommage que cette fin mélodramatique ne soit pas pour elle un bouquet final espéré. Ce n'est pas de sa faute mais à celle d'un scénario qui bascule sans savoir pourquoi dans une surdose pathétique inutile (à mon avis).
On me disait que le film était d'un ennui irrépressible. Ce n'est pas le cas. Pas de longueurs inutiles (sauf cette fin en forêt). La caméra dynamique des cinéastes belges suit de près l'action et son héroïne et réussit à maintenir l'éveil constant.
Le silence de Lorna - Jean Pierre et Luc Dardenne

17.9.08

Beau gosse # 20

Quelque soit le film où apparaît Colin Firth, je craque. Ce n'est pas ce qu'on peut appeler un très bon acteur. Il est même facilement cabot dès qu'il n'est pas dirigé convenablement. C'est d'ailleurs ce qui lui arrive dans Mamma Mia. Mais, pour ce film, ce n'est pas entièrement de sa faute, vu que les acteurs jouent un peu comme ils le sentent.
Il a, cependant, eu de beaux rôles marquants (Valmont, le journal de Bridget Jones, Love Actually, La vérité nue...).
Mais ce qui le caractérise surtout c'est son charme. Il dégage je ne sais quoi de sex appeal qui ne cesse de me surprendre. Il n'est pas ce qu'on appellerait un canon de beauté. Le poids des années commence à se faire sentir (il va bientôt avoir 50 ans, tout de même). Mais il suffit d'un regard, d'un sourire pour qu'il me fasse fondre. Il est nimbé d'une aura romantique qui l'illumine dès qu'il est à l'écran. il est du genre bon copain; du style amoureux transis mais silencieux; celui, un peu empoté et maladroit qui se laisse ravir sa belle. Il est celui qu'on a envie de consoler en le prenant dans ses bras.

16.9.08

Sophie Elbaz à la MEP

La MEP exposait aussi (jusqu'au 14/09) le travail de Sophie Elbaz. Belle exposition qui retrace le parcours de cette ancienne photoreporter. Une belle série en noir et blanc évoque les coulisses de l'Opéra de La Havanne. Des photographies presque cinématographiques. Lumière splendide, intensité du noir et blanc, portraits et situations photographiés avec retenue.
Son travail en couleur est également admirable. Notamment sa série intitulée Aleyo qui se présente comme une trilogie sur sur le Sacré, le Corps et le Politique à Cuba. Hymne à la vie.
Sophie Elbaz, l'envers de soi - Maison Européenne de la Photographie
Son site, pour en voir plus.

Annie Leibovitz à la MEP

Vendredi soir, à deux jours de la fermeture de l'exposition, nous sommes allé voir la rétrospective consacrée à la photographe américaine Annie Leibovitz, à la Maison Européenne de la Photographie. A force de remettre à plus tard ce qu'on veut voir, on a bien failli la rater cette expo là.
C'était la première fois que je mettais les pieds à la MEP. L'endroit est sympathique et accueillant. A la fois d'un autre temps et très moderne. Le lieu a de quoi séduire. Il n'y a pas foule. De toute façon, le Parisien, un vendredi soir, pense d'avantage à son week-end qu'à une exposition qui se termine.
Annie Leibovitz, je la connaissais assez peu, finalement. Pour moi, elle restait surtout la photographe de la reine Elisabeth en mai 2007. Dans ma petite tête à rangements bien ordonnés, je l'avais classé dans le tiroir, photographe in de stars très chics et glamour; une photographe star à la mode, sans autres ambitions que d'afficher des beautés glacées et glaçantes. Allez savoir pourquoi je pensais ça ! En me renseignant sur elle, il y a quelques mois, je fus surpris par son parcours. Par son âge aussi (je l'imaginais trentenaire). Et puis par son travail, raffiné parfois clinquant mais avec à chaque fois une belle lumière.
L'exposition à la MEP retrace son parcours de 1990 à 2005. Parcours professionnel et intime. Séries de portraits (Brad Pitt, Scarlett Johanson...), de paysages (le Grand Canyon, la Jordanie...), de reportages (à Sarajevo) mais aussi clichés de famille et photographies intimes (la photographe enceinte). On y voit étroitement mêlé des sujets lisses faits pour des magazines (Rolling Stone, Vanity Fair...) au graphisme parfait, formel et scénarisé; des sujets plus forts photographiés sans fioriture, bruts et percutants. On se rend ainsi vite compte que la vie et la mort occupent une place centrale dans son travail. Le vieillissement, la maladie, la disparition, le temps qui passe cruellement sont des thèmes qui sont abordés par la photographe, par touche, presque par hasard. Les photos de familles qui au fur et à mesure des années voit la vieillesse gagner chacun de ses membres. La vie aussi, avec cette fixation qu'elle a sur la femme enceinte, magnifiquement symbolisée par Demi Moore au ventre arrondie ou par son propre auto-portrait alors qu'elle attendait son premier enfant.
Une salle est consacrée au travail d'élaboration d'un livre sur le travail de Leibovitz; livre qui reprend finalement la trame de cette exposition et qui sert de catalogue aussi. Sa démarche, ses rapprochement qu'elle a pu faire dans son travail sur cette longue période. Sur de grands murs, un amas de photographies mises bout à bout sans ordre, sans logique. Un kaléidoscope où se retrouvent les deux aspects de la photographe : l'aspect public et l'aspect intime. "Je n'ai pas deux vies distinctes, dit l'artiste. J'ai une vie, et les photos personnelles en font partie au même titre que les œuvres de commande." Cette exposition reflète très bien son point de vue.

Daniel Day Lewis par Annie Leibovitz

Je mets cette photographie, présentée dans cette exposition et que je trouve sans doute la plus belle.


Annie Leibovitz, La vie d'une photographe 1990-2005 - Maison Européenne de la Photographie.

15.9.08

Mamma Mia !

Comme le disait Muriel, il y a quelques années : "Ah si seulement la vie pouvait être aussi belle qu'une chanson d'ABBA". Et bien son voeu est exaucé. Voila le film qui fait voir la vie avec des paillettes plein les yeux. Et je peux vous dire qu'il en faut des tonnes de paillettes pour oublier les défauts (nombreux) du film.
Donna est propriétaire d'un hôtel plus que délabré sur une île grecque qu'on dirait construit pour une carte postale. La mer y est bleue turquoise; les habitants habillés comme au début du siècle; les corps des jeunes gens sont dorés à point sur une musculature de rêve. Bref, une île idéale. Mais la vie de Donna n'est pas si simple. Et non ! Sa fille Sophie se marie avec un mec, genre gendre idéal. Mais Sophie n'est jamais satisfaite. Voila qu'elle veut avoir son père à ses côtés pour la mener à l'autel. Le soucis, c'est qu'elle ne le connaît pas son père; Donna étant très évasive sur "l'éjaculation qui l'a conçue" (dixit). Le problème se complique quand Sophie découvre dans le vieux journal intime de sa mère qu'il y a trois géniteurs possibles. Décidée à tirer tout cela au clair, ni une ni deux, elle les invite tous les trois pour le mariage.
Le scénario, concocté à partir de leur célèbre comédie musicale par les deux B de ABBA, ne joue par sur la finesse. La réalisatrice, pour être au diapason, filme toute cette aventure abbacadabrante avec des moufles, exceptée deux scènes chorégraphiées magnifiques. Les acteurs ne s'embarrassent pas de jouer avec finesse. Ca cabotine. Ca part dans tous les excès. Seul Pierce Brosnan s'en sort honorablement. La grande Meryl Streep se lache complètement et déborde de vitalité trop surjouée. Beaucoup de cris, de rires et de grands gestes inutiles. Le but du film n'est pas de faire pleurer dans les chaumières mais bien de faire passer un moment agréable et léger, à l'unisson avec les chansons d'ABBA qui habitent le film.
Car, malgré toutes ces grosses ficelles qui ferait passer n'importe quel autre film pour un navet, Mamma Mia regorge de bonne humeur, de soleil et de joie de vivre. Et j'ai passé un de mes meilleurs moments cinéma de cette année. Bien sûr, tout repose sur les rengaines ultra connues des chansons du groupe nordique. Ces chansons là, c'est de la dynamite. Un concentré d'énergie. Les premières notes de n'importe quelle chanson et on part au quart de tour vers la bonne humeur.
Je suis ressorti de la salle léger comme une bulle de savon. La tête remplie à ras bord de Mamma Mia, de Dancing queen, super trouper et de gimme gimme gimme. C'était bon de se sentir tout simplement bien, souriant et détendu. C'était bon qu'un film me donne cette bonne humeur. C'était bon d'avoir l'envie de se trémousser dans la rue, en imaginant tout ces costumes trois pièces moroses qui marchaient tête baissée sur le trottoir, m'accompagnaient dans une chorégraphie endiablée sous une pluie de confetti. Comme dans une chanson d'ABBA.
Mamma Mia - Phyllida Lloyd

14.9.08

Constatation # 168

Quand la cheville vrille, est-ce le temps des béquilles ?

Pensée du jour

Si tu mets tes pieds dans le même sabot, tu te retrouves le nez dans le caniveau
Pensée (renversante) Alexandrine

Virée nocturne

On en avait parlé de le faire mais comme on est pas mal fainéant en ce moment, j'avais oublié.
Et puis, hier soir, quand le Sage est venu me chercher au travail, à 23h30, j'ai trouvé étrange qu'il quitte le périphérique à la Porte de St Cloud. Mais comme il aime bien conduire dans Paris by night, je n'ai pas posé de question. J'ai juste regardé.
Et puis, on est passé au pied de la Tout Eiffel, habillée de lumière bleue. Comme d'habitude, une foule compacte se pressaient sous ses pattes solides. Le Sage E. m'a dit qu'on allait se garer. Dommage que je n'ai pas mon appareil photo ai-je pensé. Sauf que le Sage pense pour moi. L'appareil était dans le coffre.
Pendant près d'une heure (scintillement compris), j'ai posé les trois pieds de mon trépied un peu partout autour de la dame de fer. Pour un résultat pas forcément à la hauteur de se j'espérais mais un résultat qui reste malgré tout honorable. (Ce n'est pas moi qui le dit).

Géante

Tour Eiffel - Paris - 13/09/2008

12.9.08

Sous le ciel de Paris # 35

Paris - Rue Henri Ribière - 12/09/2008

Rumba

Fiona et Dom mènent une vie parfaitement normale et heureuse, entre l'école où ils travaillent et les concours de danse latine qu'ils fréquentent assidûment. Un soir, en voulant éviter un suicidaire, placé au milieu de leur route, cette petite vie tranquille bascule dans le cauchemar.
Attention, ce film est loin d'être un drame larmoyant. Bien au contraire. Il s'agit plutôt d'une comédie burlesque où l'on rit franchement du malheur des autres. Après le magnifique Iceberg, chef d'oeuvre de burlesque et de poésie, le trio belge remet le couvert avec moins de réussite, cependant.
Encore une fois, l'humour décalé et burlesque est de la partie. L'influence des clowns du cinéma muet est une nouvelle fois indéniable. Mais il manque ces envolées lyriques et poétiques qui nimbaient les gags de Iceberg. Car ici, sous la croûte de légèreté, plane une lourde chape dramatique. On rit bien sûr des malheurs qui envahissent la vie de ce couple, mais il n'empêche que ce qui leur arrive est horrible (l'accident, l'incendie, la perte de la mémoire, la perte de la jambe, la disparition, le tabassage...).
A l'exception de quelques gags hilarants et dignes de Chaplin, on sourit jaune. Sans doute la faute à l'étirement des gags jusqu'à la corde qui alourdit la dimension burlesque. Les tentatives d'élans poétiques (belle scène de danse en ombre) sont trop en adéquation avec le reste du film. Ça ne prend jamais dans Rumba.
Même si la déception est grande, on conserve une belle admiration pour cette troupe d'artisans clowns. Je suis certain que leur cinéma restera original et qu'il a de belles heures encore devant lui.
Rumba - Fiona Gordon, Dominique Abel et Bruno Romy

11.9.08

Brève de métro # 11

Est-ce devenu honteux de lire Harry Potter?
C'est une question que je me pose alors que je viens de commencer le septième et dernier opus des aventures du jeune sorcier binoclard.
L'autre jour dans le métro, un jeune homme lisait un livre. Il avait camouflé la couverture sous une couche de papier craft. Comme souvent, j'aime bien regardé ce que lisent mes congénères de voyage métropolitain. Par curiosité. Pour me donner des idées pour mes prochaines lectures (bien que j'oublie souvent le titre et l'auteur que j'ai remarqué). Par dessus son épaule, j'ai pu voir qu'il lisait le dernier Harry Potter. Je me suis demandé pourquoi diable il cachait la couverture. Peut-être tout simplement dans un soucis de protéger le livre. C'est possible après tout. Et si ce jeune homme cachait honteusement l'objet de sa lecture?
Depuis cet épisode, je me suis mis aussi à la lecture des Reliques de la mort. Je me suis laissé une nouvelle fois happer par l'histoire. Au point d'oublier un changement... Mais ça, c'est une autre histoire. Hier soir, en rentrant du travail, j'étais confortablement installé sur une banquette de la ligne 8, plongé dans ma lecture. Tout autour de moi n'était que brouhaha que j'entendais à peine. Pourtant, derrière moi, j'ai cru entendre le nom de Potter. J'ai tendu l'oreille, surpris par cette coïncidence. Ce que j'ai entendu ne m'a pas particulièrement fait plaisir. Puisque d'après les deux personnes qui parlaient, qu'un gosse lise Harry Potter pouvait passer pour de l'initiation gentille mais utile, mais pour un adulte quadragénaire c'était régressif et malsain.
Régressif et malsain?! Non mais n'importe quoi ! J'étais persuadé que ces deux là parlaient de moi. Je devais bien être le seul à lire ce roman là dans la rame, hier soir. J'étais outré (intérieurement) par leur jugement à l'emporte pièce. D'abord, je ne suis pas quadragénaire. Pas encore, du moins. Ensuite, en quoi est-ce régressif de lire un roman pour adolescent, surtout quand c'est bien écrit. En quoi est-ce malsain? J'ai lu avec plaisir la trilogie des royaumes du Nord de Philip Pullman qui s'adresse autant à un public d'enfants que d'adultes. Je continue à lire avec assiduité la fantasy héroïque de Robin Hobbes, sans me sentir pour autant adulte attardé. Je suis adulte et responsable, qui garde une certaine curiosité enfantine et qui aime lire des choses légères ou moins. Un point c'est tout...
Alors pourquoi, j'ai rangé le livre subrepticement dans mon sac et de ne pas le rouvrir du reste du trajet?

TV Dinner

Animation Simon Tofield

Les aléas de ma mémoire musicale # 33

Ce matin, pendant que je regardais La marche de l'Empereur de Luc Jacquet; pendant que les manchots vivaient leur vie sur les banquises de la Terre Adélie; pendant qu'Emilie Simon me berçait jusqu'à l'endormissement avec ses mélodies douces et électroniques, moi, j'avais en tête "I wanna know what love is" du groupe Foreigner. Allez savoir pourquoi...
Je ne pouvais pas vous laisser sans vous souvenir aussi de ce vieux tube des années 80, avec son clip emprunté d'un autre temps. Et ses paroles d'une profondeur incommensurable :
I wanna know what love is
I want you to show me
I wanna feel what love is
I know you can show me

10.9.08

Vue urbaine

Paris - Rue de Belleville - 08/09/2008

C'est trop facile

Comment j'ai claqué 250 euros en moins de 15 minutes, samedi matin...
Il m'a suffi de rentrer dans un magasin de vêtements. Du style Devred. Parce que j'ai une carte fidélité là bas. Et puis aussi que j'aime assez leur ligne de fringues.
J'avais pas d'envies particulières pourtant. Juste voir ce qui se faisait en vestes et manteaux. Parce que le Sage E. avait juste oublié d'emmener ma parka-doudoune-contre-le-vent-et-la-pluie-normande.
J'ai essayé trois ou quatre vestes. Je suis ressorti avec deux vestes et un cheich qui faisait si bien sur le modèle exposé en magasin. Et 250 euros en moins sur mon compte en banque.
La vendeuse était ravie de cette vente. Le Sage E. était ravi que je me fasse plaisir. J'étais ravi de mes achats compulsifs, que j'ai étrenné l'après midi même sur les plages balayées par le vent de Graye Sur Mer.

5.9.08

Je vais revoir ma Normandie

Plages de Meuvaines - Meuvaines - 02/02/2008
Ce week-end, c'est le grand retour en Normandie. Le Manoir, ses petits déjeuners, ses feux de bois. Les amis.
Ce soir, c'est le grand retour en Normandie. Ses plages grises, la Manche grise, le ciel gris. Le vent qui pousse les gros nuages, comme un berger son troupeaux de moutons. Le bon air, le bonheur.

Planning dîner

Moi : Tu veux manger à quelle heure?
Quelqu'un : 20h30
Moi : Ok
Moi : Tu veux manger à quelle heure?
Un autre : 20h30, ça serait bien...
Moi : Je vois ce que je peux faire...
Moi : Tu veux manger à quelle heure?
Encore un autre : 20h30
Moi : Ca va être difficile, je vois et je te dis.
Moi : Tu veux manger à quelle heure?
Un autre autre : A 20h30.
Moi : Mais vous faites chier à vouloir tous manger à la même heure.
Cet autre autre : Ben, c'est Ramadan. On ne peut pas manger avant.
Moi : (Merde ! Quel con ! Quel con ! Quel con !)

Be happy

Poppy aime la vie. Toujours de bonne humeur, joyeuse et bout en train. Poppy est positivement optimiste. Elle est persuadée que tout peut aller pour le mieux, même dans les pires situations, en gardant le sourire et la joie de vivre. Elle est à l'écoute des autres, de leurs bonheurs comme de leurs malheurs. Elle est institutrice, dévouée à ses têtes blondes. Bref, Poppy est une fille bien. Un peu le genre de fille que l'on pourrait détester parce qu'on serait jaloux de sa bonne humeur permanente. C'est vrai aussi qu'elle est un peu énervante, Poppy, à rire de tout et de rien. Elle ne peut pas faire une phrase sans ricaner, glousser ou pouffer, comme si elle ne prenait rien au sérieux. D'ailleurs, ce n'est pas "on dirait", elle ne prends vraiment rien au sérieux. Elle ne passe vraiment pas inaperçue, surtout qu'elle s'habille de façon très colorée et fait de grands gestes désordonnes avec ces mains ou ses bras.
On regarde le début de ce nouveau film de Mike Leigh, mi amusé, mi agacé. Partagé entre la joie de vivre de cette brave trentenaire et le côté superficielle de sa vie. Elle fait un peut pétasse, genre pouf, se dit-on au début. De quoi est-elle heureuse? Elle a 30 ans; elle est célibataire; vit en colocation depuis dix ans. Pas très glorieux tout cela. Elle serait blonde qu'on ne serait pas étonné. Pourtant, on oublie l'agacement de ses ricanements, trop artificiels. On oublie ses vêtements trop voyants. On ne voit plus que le portrait d'une jeune femme qui refuse de couler dans la morosité. On lui vole son vélo? Zut, se dit-elle, je n'ai pas eu le temps de lui dire au revoir. Elle est fatiguée par ses longues journées à l'école? Ce n'est pas grave, elle dormira le week-end. Tout ce qui pourrait foutre le bourdon au quotidien glisse sur la carapace de Poppy.
Mike Leigh serait-il donc devenu heureux? Aurait-il était enrôlé dans une secte d'épicuriens? Serait-il soudainement atteint d'optimisme aigu? Non ! Ne nous laissons berner par les apparences. On a beau voir cette jeune fille est solide comme le roc, des failles se dessinent quand les événements se corsent. Parce qu'au fur et à mesure que le film avance, une certaine noirceur se distille en taches légères, à peine perceptibles. Le solide optimisme de Poppy vacille parfois. Son rire devient parfois plus forcé, son visage trahit une certaine inquiétude, une certaine peur. Comme si soudainement, elle se rendait compte que le monde ne vit pas à son rythme,; qu'il ne vit pas sur ses codes. Au gré d'événements anodins (deux élèves qui se battent, sa rencontre avec un sans abris, la folie furieuse de son moniteur auto-école...), Poppy se rend compte que la vie n'est pas aussi rose qu'elle se force à le croire. A un moment, on sent la jeune fille prête à se laisser tomber dans la grisaille de la dépression. Et puis, non, on ne tue pas le naturel comme cela. Elle se bat comme une lionne. Elle ne se laissera pas déborder. C'est une battante. C'est une butée. C'est une déterminée.
L'interprétation de Sally Hawkins est époustouflante. Elle apporte à son personnage tout le naturel, toute la sincérité, la naïveté aussi, la force surtout d'une jeune femme de 30 ans.
On pourra reprocher au film de ne parler que de l'anecdotique, du quotidien. Mais c'est un film qui parle de la vie dans sa simplicité, dans sa complexité aussi. Le film est une bulle d'optimisme sans pour autant cacher la difficulté de nos années noires. Il est difficile d'afficher un sourire toujours présent face à un quotidien dépressif. Mais quel bonheur cela doit être de traverser tout cela avec une telle force. Adoptons la Poppy attitude et gardons le sourire quoi qu'il advienne.
Be Happy - Mike Leigh

4.9.08

Comme les autres

Emmanuel, pédiatre, rêve d'avoir un enfant. Ce que lui refuse Philippe, avocat. Bah oui, ces deux là sont gays. Ça ne facilite pas la tâche. Il faut à Manu trouver des solutions parallèle pour assouvir son désir de paternité.
Parler d'homoparentalité, en soit c'est bien. On se dit (on espère) que les mentalités françaises sont peut-être enfin prêtes à entendre certains arguments. On se dit aussi que c'est bien que le débat social s'insinue au cinéma où le message passera un peu plus facilement ou un peu mieux (souvenons nous du poids de certaines productions télévisuelles sur l'acceptation des gays : Juste une question d'amour, par exemple sur France 2, il y a quelques années). Et puis au final, non. Rien de tout cela. Une comédie qui a le bon ton de parler d'un sujet à la mode. Le discours est caricatural et bien simpliste, tout comme les personnages. La comédie fonctionne plutôt bien. C'est bien écrit, drôle sans être vulgaire; humain sans dégouliner dans le pathos; cruel même à certain moment. C'est bien joué aussi. Lambert Wilson est encore une fois parfait, dans ce rôle de beau bobo gay, gentil comme tout. La jeune Pilar Lopez de Ayala est mignonne comme tout; son jeu est d'une fraîcheur et d'une sincérité désarmante. Il y a que pour Pascal Elbé, on n'y croit pas une seule minute. Il est toujours beaucoup trop en retrait, toujours dans le registre de la douleur introverti (c'est ce que semble dire son visage, à chaque fois qu'il est à l'écran). Il ne croit pas à son personnage et ça se ressent grandement à l'écran. Il y a aussi Anne Brochet, parfois drôle dans la bonne copine nunuche, parfois touchante de naïveté et d'amour refoulé, parfois un peu trop dans le registre du 'j'en fais un peu trop".
Bon, la réalisation est, comme dirait le Sage E. (qu'on a dû traîner de force dans la salle), très "dossiers de l'écran". Ce n'est pas du cinéma, quoi. C'est à la limite du téléfilm. Bon ok, c'est vrai. Mais plutôt un très bon téléfilm tout de même. Pas d'envolée lyrique de caméra; pas de travelling échevelé dans le parc de Belleville pour se terminer sur le visage baigné de larmes de l'héroïne... C'est sûr, n'est pas Spielberg qui veut. Ça ne reste que du cinéma français, sans envergure. (Bon j'ouvre une parenthèse : il faut que je vous dise toute de même, tout ce que je viens de dire là, a pour but unique de faire plaisir à mon Sage E. La réalisation du film n'est absolument pas gênante, plutôt fluide et agréable à suivre. Fin de la parenthèse).
Je ne suis pas bien certain (malheureusement) que le film fasse avancer les choses en France. On représente des gays rassurants, bien intégrés socialement, proche de la norme hétéro finalement (belle maison, belle voiture, des goûts et des envies simples...). Ils font moins peurs ceux là. On se dit qu'il y a du progrès, certes, mais il en reste aussi encore à faire. Et puis, le sort de cette pauvre argentine, mère porteuse qui mise tout sur le mauvais cheval, c'est mettre bien bas la condition féminine (fais moi un gosse et tire toi avec tes papiers tout neufs). Le personnage d'Anne Brochet dit à un moment qu'il s'agit là d'esclavagisme moderne. Oui, c'est un peu ça ! Et alors? Du moment que c'est pour la bonne cause d'un gay en futur papa gâteau, ce n'est pas bien grave... N'est-ce pas?! Vraiment...?
Comme les autres - Vincent Garenq

Dans la lumière

Parc du château de Sceaux - Sceaux - 30/08/2008

3.9.08

Beau gosse # 19

Hrithik Roshan est indien (de l'Inde, pas Comanche ou Navajo). Il est aussi beau que son prénom est imprononçable. Il est acteur. Il est d'ailleurs dans la distribution de la Famille Indienne que j'évoquais plus bas. En Inde, il est une super star, adulé par des millions de femmes. On dit qu'il reçoit plus de 30000 demandes en mariage par an. On dit de lui qu'il est l'acteur le mieux payé de Bollywood. Qu'il est excellent danseur et que son nom, dans n'importe quel générique de film, est synonyme de succès public.
Il est beau, c'est incontestable. De très beaux yeux verts avec lesquels il joue beaucoup. C'est un peu son fond de commerce. Il a un beau visage au nez parfait, une bouche superbe et une petite fossette au menton adorable (soupirs). Il a aussi un corps qui fait envie et rêvé, musclé mais pas bodybuildé (soupirs, soupirs).
C'est un personnage, médiatique et médiatisé. Il fait gravure de mode. Il n'est pas forcément quelqu'un de simple mais pas non plus sophistiqué. Il serait plutôt comme un 2be3, vous vous souvenez, quelqu'un en constante représentation. Ça sonne souvent faux mais, ça fait rêver. Un acteur Bollywood est, par définition, toujours dans la démesure. Il suffit de le voir rouler des mécaniques, jouer le beau gosse, dans ses films pour se faire une image de lui. Mais c'est ce qu'on lui demande. Parce que là bas, un acteur se doit être en conformité dans la vie quotidienne, à l'image qu'il donne dans les films. Puisqu'il se donne tellement de mal pour qu'on l'admire, ne nous gênons pas en retour pour l'admirer avec plaisir.

Braquage à l'anglaise

Peu de choses à dire sur ce film pourtant bien critiqué dans la presse. Il est vrai que l'histoire de ce braquage (histoire vraie) est rocambolesque, faite de maladresse, d'approximation et d'amateurisme. La réalisation réussit à rendre parfaitement ce travail de pieds nickelés. Il y a aussi un beau travail sur la reconstitution des années 70, à Londres. Mais le film manque cruellement d'envergure. Peu de suspens même dans les moments cruciaux, l'action rame et s'essouffle très rapidement. Le scénario s'enchevêtre dans les raccourcis abusifs et des incohérences grossières.
Ce n'est pas encore avec ce film que Jason Statham réussira une reconversion pour des rôles moins physiques et plus en introspection. L'image du Transporteur lui colle encore et toujours au baskets, même en petit malfrat de pacotille. Il boxe comme un vrai pro, en décallage avec son personnage un peu looser. Reste que le costume lui va toujours aussi bien. C'est déjà pas si mal.
Braquage à l'Anglaise - Roger Donaldson

Un air d'automne

Parc du château de Sceaux - Sceaux - 30/08/2008

Les promesses du rêve

J'étais allongé par terre, sur de l'herbe humide, comme mouillée de rosée (je me souviens de petites gouttes sur le bout des tiges). J'avais le soleil face à moi, plein les yeux, éblouissant.
J'avais avec moi une baguette de pain, dorée, chaude et croustillante. Je l'ai coupé dans toute sa longueur, comme pour faire un sandwich. J'ai placé dans ce pain trois pommes rouges et charnues que j'ai recouvert d'une terre noire et grasse.
J'ai levé le tout vers le soleil. Les pommes ont alors commencé à germer et à devenir des pommiers chargés de fruits rouges.
Ce matin, au réveil, intrigué par mon rêve, je me suis précipité sur un dictionnaire d'interprétation des rêves. Et chaque élément qui le composait (la verdure, le soleil, le pain, la pomme, la terre, les bourgeons, l'arbre) me laisse à penser que de très bonnes choses sont sur le points de m'arriver.
J'aime bien ces rêves là.

Bole Chudiyan

Pour la fête de son école, ma nièce dansait sur une musique typiquement bollywood. Le refrain me disait quelque chose sans pour autant que je puisse le re-situer. Ce matin, j'ai recherché dans ma longue liste de bandes originales de film indien et je l'ai retrouvé. Il s'agissait d'un morceau du film "La famille indienne" de Karan Johar. Du coup, je me suis précipité sur le dvd qui dormait dans la dvdéthèque, à la maison, et j'ai regardé cette scène. Un pur régal coloré et virevoltant. J'adore.

2.9.08

L'incroyable Hulk

La première tentative cinématographique avait été incroyablement nulle. La faute aux effets spéciaux, la faute à une erreur de casting, la faute à un scénario ultra calibré et ficelé par des producteurs plus soucieux de faire de l'argent que de qualité. Bref, loin d'être une réussite.
Cette fois, la tentative d'adaptation est plus convaincante. Elle n'est pas parfaite, loin de là, mais au moins elle se tient.
Le choix d'Edward Norton pour interpréter Bruce Banner est une bonne chose. Beaucoup moins lisse qu'Eric Bana, il donne au personnage une épaisseur dramatique et tourmentée proche du personnage de la série télévisée de la fin des années 70. D'ailleurs, Norton n'est pas sans rappeler Bill Bixby. Sombre et taciturne, il cherche surtout à se débarrasser de cette malédiction verte et rêve de retourner à une vie normale.
Par contre, le choix de Liv Tyler est catastrophique. Aussi expressive qu'une gravure de mode, elle passe son temps à dire "Bruce", sur tous les tons avec des mouvements de bouche hyper agaçants. La production aurait dû faire appel, de nouveau, à Jennifer Connelly. A une vraie actrice quoi !
L'histoire tient plutôt bien la route et Louis Leterrier dirige l'action avec nervosité. Un film d'action survitaminé. Leterrier filme avec un certain style. Les images sont belles, quelques scènes sont même très jolies (la scène dans l'usine, par exemple). Par contre, s'il maîtrise parfaitement les scènes d'action, Leterrier pêche un peu plus dans les moments calmes. Ca vire rapidement au mièvre et au cliché. Mais n'est-ce pas la faute de Liv Tyler? Les effets spéciaux sont beaucoup plus réussi que dans la première adaptation, beaucoup plus réaliste, beaucoup cartoonesque. Le géant vert n'a pas l'air d'un gnome grossi à la loupe comme dans le premier. Sans être très ressemblant au Norton humain, il fait grande impression quand il se met en colère.
Sans être un film palpitant (on n'est pas prêt de détrôner le Dark Knight), on le suit sans déplaisir. Un film qui se laisse regarder comme on lirait un comics book. Ca tombe bien, c'est presque ça.
L'incroyable Hulk - Louis Leterrier

1.9.08

X Files, régénération

Les X Files peuvent-elles renaitre de ses cendres, six années après la fin de la série culte, dix ans après le premier opus ciné, très axé sur la conspiration de l'état sur les petits hommes verts? Les agents Mulder et Scully sont ils encore à la page?
Force est de constater que les deux agents ont pris de la bouteille. Forcément, tout le monde vieilli. Autant Dana Scully n'a pas trop changé (quoique plus longiligne que la petite engoncée dans ces tailleurs strictes de la série), Fox Mulder fait un presque papy, proche de la retraite. Est ce les abus de Californication qui lui donnent ce visage bouffi? Mais à part ces détails là, on est heureux de voir que ces deux là n'ont pas changé d'un iota dans leur façon de voir les choses. Mulder est toujours dans sa volonté de croire tout ce qui n'est pas croyable. Scully garde toujours sa réserve scientifique. Les relations entre les deux personnages ont évolué. Ce qu'on espérait dans la série est enfin arrivé : Mulder et Scully vivent enfin une grande aventure, la plus difficile, celle de la vie à deux.
Finis les petits martiens. Ici, on parle de trafic d'organes, de greffes étranges, d'enlèvements, de meurtres barbares. On retrouve l'univers glauque de la série avec des éclairages ultra sombres et oppressants, des atmosphères grises et pluvieuses (neigeuses), des personnages aux faciès visages inquiétants, des personnalités aux pathologies psychologiques lourdes. L'écriture du scénario est chiadée mais relativement léger. Car encore une fois, ce qui marche bien pour un format télévisé s'avère être un peu trop longuet pour le cinéma.
La fin du film laisse entendre que les aventures du plus célèbre couple du FBI ne sont pas prêtes de s'arrêter. Est-ce vraiment une bonne chose?

X Files, regénération - Chris Carter