18.9.08

Le silence de Lorna

Lorna, débarquée d'Albanie, veut croire en une nouvelle vie, une vie belle et heureuse dans cette Belgique qui l'accueille en cachette. Elle rêve coûte que coûte à un nouveau départ, même si pour cela elle doit d'abord de compromissions. Lorna est une femme forte, qui ne tient que pour ce bout du tunnel, ce coin de ciel gris qui serait le plus beau des coins de paradis. Mariés à un junkie belge qui lui permet d'obtenir la nationalité belge, elle doit aussi divorcer et épouser un russe en attente de cette même nationalité. Ce sont les termes du contrat qui lui sont imposés par un mafieux sans scrupules, mais qu'elle accepte sereinement. Pourtant, la disparition macabre de son "mari" la touche plus qu'elle ne le pense, plus qu'elle ne le voudrait. Elle est alors confrontée à son désir de réussir et donc de garder le silence et celui de se rebeller contre ce système qui la prive de sa liberté d'agir et de réagir.
Les frères Dardennes composent un portrait de femme où la noirceur de sa condition se heurte à sa lumineuse envie de vivre. Ils plongent cette histoire dans une noirceur crasse, avec force ciels gris et mouillés, des ambiances de nuits lourdes et inquiétantes. L'atmosphère est oppressante, glauque, avec je ne sais quoi de malsain.
L'interprétation de la jeune Arta Dobroshi est spectaculaire. Étonnante de vérité, de dignité et de naturel. Dommage que cette fin mélodramatique ne soit pas pour elle un bouquet final espéré. Ce n'est pas de sa faute mais à celle d'un scénario qui bascule sans savoir pourquoi dans une surdose pathétique inutile (à mon avis).
On me disait que le film était d'un ennui irrépressible. Ce n'est pas le cas. Pas de longueurs inutiles (sauf cette fin en forêt). La caméra dynamique des cinéastes belges suit de près l'action et son héroïne et réussit à maintenir l'éveil constant.
Le silence de Lorna - Jean Pierre et Luc Dardenne

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