29.4.06

Cercle vicieux



Y mettre un pied, c'est parfois perdre la tête.
(Fontaine - Place des Fêtes - Paris - 29/04/2006)

Oh la vache



La vache qui dit Moya Moya Moya - Patrick Moya - Saint Eustache - Paris 1er arrondissement

Du 27 avril au 26 juin, Paris se transforme en vaste pâturage où près de 150 vaches vont égayer notre espace urbain. C'est de l'art contemporain et une action caritative.

28.4.06

Pensée d'hier soir

C'était beau et froid comme un fjord suédois (si il y a des fjords en Suède).
Ballet Cullberg - Théâtre de Chaillot

Il y a des matins comme ça

Quand le matin, je me lève dans les brumes du sommeil avorté et que je commence à faire couler mon café sans mettre de tasse dessous, ça me fait rire.
Quand dans le metro, un jeune loup qui ne se sent plus tellement il est imbu de sa personne, conseille son collègue pour l'aider à mieux travailler mais avec la braguette grande ouverte, ça me fait rire.
Quand dans cette même rame de métro, une dame en conversation intérieure houleuse met en pièce son journal, ça me fait rire.
Quand dans une autre rame, une bimbo anglosaxonne (américaine?), sorte de clone entre Britney Spears et Barbie Girl, veut s'assoir sur un strapontin en pensant qu'une fois que l'assise est dépliée c'est suffisant et qui s'ecrase le postérieur par terre, parce que bien sur l'assise s'est relevée, ça me fait rire.
Quand au travail, un client s'obstine à m'appeler "madame" pendant toute la conversation et à qui je dis "au revoir madame" sachant pertinemment que c'est un homme que j'ai au téléphone et qui se permet de me dire "non moi c'est monsieur" et que je lui réponds "ça tombe bien moi aussi", ça me fait rire.
Il y a des matins comme ça...

Ca me manque







27.4.06

Et après...


Le décors évoque une place d'une ville méditéranéenne. Athènes ou bien Naples (c'est ainsi que je m'imagine cette dernière). Pavée et poussiéreuse. En continuelle (dé)construction, échaffaudée. populeuse et bruyante. Une place où l'on pourrait entendre les gens chanter tout le temps.
Quatre danseurs, d'horizon chorégraphique différent, se sont unis pour faire vivre et vibrer un bout de scène, un moment de théâtre.
Le chant est important. Longues complaintes polyphoniques, à deux ou quatre voix pour animer les moments forts de la pièce.
Une pièce à l'image de ces villes en mouvements perpetuel. Tantot anonymes où le passant lambda pourrait être aussi bien cet autre passant lambda, jusqu'à se confondre dans une masse polymorphe. Tantôt inquiétante et individuelle où l'on prend un malin plaisir à imposer son propre confort quitte à limiter celui de son voisin. Tantôt dangereuse où le moindre petit mouvement de foule peut s'enfler et devenir émeute destructrice et meurtrière. Mais une ville toujours populaire avec sa culture de masse, celle qui fait le ciment, celle ôù chacun peut s'y retrouver. Turn around. Une culture de l'instant.
Tout cela et sans doute plus. Une lecture. Ma lecture de cette pièce époustouflante et inventive. Une pièce dominée par la présence hypnotique de Sidi Larbi Cherkaoui, le danseur chorégraphe au physique fluet mais à la présence écrasante.
Une pièce où les images restent ancrées et s'accrochent obstinément. Simplement magique, finalement.
D'avant - Sidi Larbi Cherkaoui / Damien Jalet / Luc Dunberry / Juan Kruz Diaz De Garaio Esnaola

Private


Raffy, Elle remet ça... Je suis sûr qu'elle a gardé sa boite à rythme diabolique.

26.4.06

Pensée du jour

De l'espoir à la déception. De la déception à la frustration, en passant par l'inquiétude.
Pensée (rendez-vous manqué) Alexandrine

SOS 117

Il n'a vraiment pas grand chose pour lui ce héro là. Raciste. Colonialiste, sûr de sa supériorité d'homme blanc. Homophobe (fier de sa nature de macho hétéro serait plus exact). Incompétent. Gaffeur. Pas un gramme de jugeotte, pans une once de déduction mais un sourire blancheur ultra bright sur une machoire carrée et virile, des muscles bien dessinés et une paire de manchettes qui dégainent plus vite que son ombre. C'est OSS 117, notre valeur sure en agent secret français. C'est un français beauf des années 50. Tout simplement. Mais tellement fier de l'être.
Sa nouvelle mission, qu'il a malheureusement accépté : enqueter sur la mort d'un agent secret français, tué dans le centre nevralgique de l'espionnage mondiale de cette époque. Le caire, repère de fourbes de toutes nations, de princesse bimbo nympho, de secrétaire pas si sage que ça, d'immam extrémiste, de nains suiveurs et de poulets.
Hubert Bonisseur de la Bath, dit OSS 117, qui ne connait que sa suffisance toute française et sa foi dans le président Coty, débarque dans cette ville et va créer sa zizanie sur le Nil.
Ce descriptif ne fait pas forcément très envie mais pourtant OSS 117 est drôle dans tous ses travers. Dans son ignorance crasse, il est capable des pires choses comme museler le muezzin, appelant à la première prière du jour, pour pouvoir dormir tranquillement. Mais tout cela en gardant la classe et le sourire ravageur.
Jean Dujardin excelle dans ce rôle de gentil beauf un peu tarte. Beaucoup de classe et de virilité. "Un peu de Sean beaucoup de conneries", comme il aime le répéter à longueur d'interviews. C'est le cas. OSS 117 est un cousin pauvre de OO7 mais tellement plus drôle dans la caricature. Aure Atika en nympho casse la baraque et Bérénice Béjo est toute mimi.
Un soin particulier a été apporté au traitement de l'image, la lumière, les décors et les costumes qui nous font plonger dans un film des années cinquante avec un grand plaisir, jusqu'au vocabulaire un brin desuet.
Beaucoup de rire et de larmes... de rire.

OSS 117, le Caire nid d'espions - Michel Hazavanicus

Les griffes du tigre

Clémenceau en a eu marre de cette délinquence urbaine. Il a crée la première unité de police motorisée. L'élite de la police française. Des baroudeurs de la modernité du début de ce nouveau siècle avec une pointe de gentlemen du siècle passé.
Je me souviens de la série télévisée du début des années 80. La bonne époque des séries à la française. Le réalisateur a eu le bon goût de garder le générique originel. Et c'est génial de fredonner la musique quinze ans après.
Bon, la série a pris un sérieux coup de jeune en passant sur le grand écran et l'intrigue est beaucoup plus rythmée que ses grandes soeurs télévisées. Les acteurs reprenant les rôles n'ont plus la classe des acteurs de l'original (sauf peut-être Edouard Baer) mais ils ont plus d'épaisseur.
Pour passer d'un épisode de 45 minutes à un long métrage de 2h05, il a fallu étoffer pas mal le scénario. Trop sans doute. La reconstitution du Paris "à cette époque" est plutôt réussie. La réalité historique n'est pas trop malmenée (pour une fois) mais le réalisateur a peut être trop voulu être dans l'explicatif. Le film traîne parfois de façon trop exagérée dans des scènes de remplissage inutiles et parfois qui vont même jusqu'à faire ralentir l'intrigue. La première partie du film est vraiment excellente avec un Jacques Gambelin plutôt pas mal mais une fois la bande à Bonneau dans les pruneaux, l'histoire s'embourbe un peu dans des considérations pas toujours très bien amenées mais qui retracent (cependant) assez bien l'état d'esprit en mutation de cette époque.
Les acteurs sont plutôt assez convaincants. J'aime bien la gouaille ronchonne de Cornillac; la mauvaise foi de Baer. Et puis il y a Diane Kruger, très belle princesse révolutionnaire. Toute en finesse. Et ses yeux... Je meurs.
Les brigades du Tigre - Jérome Cornuau

25.4.06

Sous sol

On a beau dire qu'on transforme Paris en gruyère (ce qui est vrai), les archéologues continuent de reconstituer le tissu urbain de la capitale.
Ce matin, un entrefilet dans un journal d'entrefilets, attire mon attention sur des découvertes récentes, rue Saint Jacques. L'article est sommaire mais suffisant pour faire rêver. Plus d'info ici.
Le 13 mai, le site sera visitable.

Sous bois

Foret de Perseigne - Sarthe - 22/04/2006

Soirée musicale

Ce qu'il faut savoir en allant écouter un opéra de Rossini, c'est qu'on en a plein les oreilles. Plein de notes pétulantes qui percuttent joliment les tympans. Une profusion de croches, d'accords et de clés de sol.
Lorsque les lustres de la salle déclinent, lorsque l'obscurité (presque) silencieuse s'épaissit, c'est le moment de fermer les yeux et se laisser guider par l'archer du chef d'orchestre qui, avec ces grands mouvements de moulin à vent réussira à harmoniser tous les instruments de la formation. Se laisser emporter par les vents cuivrés; être transporté par les ondes soyeuses des cordes; divaguer avec les harmonies orchestrées.
Hier soir, j'ai eu de la chance. L'ouverture de Sémiramis est l'une des plus longues de Rossini. 12 minutes de bonheur absolu. Je les connais presque par coeur maintenant.
Il aurait peut être mieux fallu que je garde les yeux fermés après la fin de l'ouverture parce que la mise en scène était tout de même bien minable. Juste écouter la musique. Mais il aurait fallu aussi que je ferme mes oreilles quand le ténor (?), chanteur de douche (?), casserole (?). C'était pitoyable.
Sémiramis - Rossini - Théâtre Des Champs Elysées

En suivant ma route


Saint Quentin de Blavou - Orne - 23 Avril 2006

Nimbées des vapeurs de rosée réchauffée par un chaud soleil printanier, les vertes collines du Perche, au tapis jaunis par des corolles fraîchement épanouies, resplendissaient des souvenirs nostalgiques d'un gamin revenu de Paris. Des histoires de balades en vélos déglingués sur des routes à peine goudronnées, qui se finissaient, à chaque fois, en soleils improvisés. Des plongeons involontaires dans une mare aux grenouilles et aux canards, qui sentait bon la vase et le soufre. Des collines avec des vaches qui paissaient nonchalamment des feuilles de trèfles qu'on espérait toujours à quatre feuilles. Des parties de pêche qui ne mordaient jamais à force de rire trop fort ou de nourrir jusqu'à l'indigestion, les poissons avec l'appât sensé les attirer à nos hameçons tout rouillés. Une chambre dans ce corps de ferme, quasi abandonné, avec sa literie trop froide et son imaginaire peuplé d'ombres extraordinaires ou d'araignées bien réelles, qui nous faisaient nous cacher sous l'édredon qui sentait l'humidité. Des souvenirs d'enfance d'un gamin percheron, élevé au grand air.

21.4.06

Insomnie

Je piétine devant ce gouffre bienheureux du sommeil. Je le vois bien qu'il me fait de l'oeil et m'ouvre ses bras. Tout en bas, le seigneur des heures sombres me regarde, bienveillant, et m'encourage à me laisser aller vers lui. Mais je piétine. Pas moyen de me jeter dans le vide douillet et reposant. La barrière invisible d'une chaîne de mots me retient sur les bords de ma fatigue accumulée. Des mots perturbants et perturbateurs; énervants, urticants. Des mots qui s'evertuent à vous coller à la peau et aux neurones; qui vous piquent à vous rendre fous. Des mots vampires.
De mots multiformes qui vous bloquent le route vers le repos salvateur. Une porte. Une porte de mots. Je frappe. Je veux rentrer. Je veux dormir. Je supplie. Je menace mais rien n'y fait. On me refuse le sommeil. La nuit blanche. Blanche de ces lignes angoissantes. Qui vous agrippent les tripes. Me les secouent en tous sens. Ca fait mal. Et les mots qui continuent à tournoyer autour de moi comme des taons, obligeant à les regarder bien en face. A se regarder en face.
De guerre lasse, ils m'accordent l'accès vers les douceurs ouatées de la torpeur ensommeillée. Je sombre.
Trop tard. Le réveil sonne. Il faut déjà se lever et partir travailler.

Constatation # 68

Je me suis trompé sur toute la ligne. Je prends donc ma règle des bonnes manières et mon stylo des mauvais jours et je tire un trait.
Point final.
Paragraphe suivant.

20.4.06

A chaudes larmes









OUESSANT ENCORE...

19.4.06

Histoire belge

Le Sage E. me l'a dit : "ca sera mon premier film belge". Je ne peux pas dire la même chose puisque j'ai eu le malheur de voir les 20 premières minutes de C'est arrivé près de chez vous. C'est que le cinéma belge est assez peu diffusé en France, à part les stars Dardennes (que je n'ai jamais vu).
Ce film, sans avoir vu aucunes images, aucunes bandes annonces, nous a tenté tout de suite. Les critiques dithyrambiques nous ont convaincu qu'il ne fallait pas passer à côté de ce film là. Et puis, pour une fois que nous étions d'accord sur un film, il ne fallait pas laisser traîner les choses.
Que dire du film? Je ne serais pas trop comment le résumer. Je pense que c'est le genre de film qu'il faut voir pour comprendre toute la fraîcheur qu'il apporte; toute la drôlerie qu'il véhicule. Loufoque, absurde, tendre seraient les adjectifs qui lui iraient le mieux. Beaucoup de situations incongrües et drôles. De cet humour que rafollait Tati ou tous les comiques de la grande époque du cinéma muet. J'ai ri. Beaucoup. Bruyamment. Facilement. De bon coeur. Les acteurs/réalisateurs (qui sont des comiques très connus dans le pays de Khoyot) sont des éléments de comédie sur pattes. Inventifs dans l'absurdité de notre quotidien (la scène de l'habillement du mari qui vient de réveiller; le beurrage des tartines au petit déjeuné...) qui forcément nous fait rire parce que c'est aussi nos petits travers qui sont étalés sur l'écran.
Une grande découverte.
L'iceberg - Dominique Abel / Fiona Gordon / Bruno Romy

Finalement...

... Pas.
Pas de Louvre. Pas de photos. Pas de balades. Pas de cinéma. Pas de volonté. Pas de courage. Pas folichon.
A la place, vingt et une chemises repassées, trois pantalons. Passer l'aspirateur. Petit astiquage de printemps.
Finalement...
... Pas mal...

J'y vais? J'y vais pas?

Auto-motivation

Il y a comme un os dans le pâté. Une arête dans le beefsteake. Empêcheur de tourner en rond. Quelque chose qui tourne pas rond dans ma tête au carré.
Toujours un obstacle au milieu de la route. Un arbre qui cache une foret
. La vie et ses petites contrariétés à surmonter. Cactus mal placés. Peaux de bananes insolentes. Sens interdits qu'on s'impose.
Le plus dur dans ces aléas perturbants c'est de les éviter. Eviter de rester à regarder le pied du mur. S'ingénier à trouver les moyens de les contourner et s'il le faut, combattre les obstacles. S'acharner dessus. Prendre le taureau par les cornes et le faire valdinguer cul par dessus tête. Ces victoires, aussi petites soit elles, font aller de l'avant.
Alors, qu'on me donne une hache pour que j'abatte cet arbre pour continuer mon train-train quotidien.

Envie d'ailleurs









18.4.06

De l'autre côté.

Qu'est-ce que je ferais?

Il y a une semaine...


Port de Saint Martin en Ré.

17.4.06

Restez-y

L'habit ne fait pas le moine. L'uniforme non plus... Mais presque...
Un clochard au grand coeur trouve, par hasard, un uniforme d'un agent de police qui s'est suicidé devant lui. Endossant l'accoutrement à des fins alimentaires, il se sent investi d'une mission : protéger les opprimés de son squatte et tenter de sauver l'orpheline de la belle veuve, séquestrée par ses grands parents. A travers une série de quiproquos déjantés, il va tout mettre en oeuvre pour la récupérer quitte à enlever un banquier véreux qui n'a rien à voir avec cette histoire, si ce n'est le patronyme.
Acidifié, azimuté, amateur de sniffage de colle, le pauvre garçon est un vrai Tex Avery en chair et en os. Comme un personnage cartoonesque, il s'en prend plein la trombine. Des armoires, des motos, des murs, des bus. Tout y passe dans un rythme effréné et délirant mais le gars est solide et se relève de tout.
Des seconds rôles parfaits en commençant par la prestation de la grande Yolande Moreau toujours parfaite. Claude Perron, actrice fascinante par son physique atypique, est a deux doigts d'être aussi frapadingue que Dupontel, mais en plus raisonnable, malgré tout. Nicolas Marie (que je découvre avec ce film) en banquier véreux et cynique avec son sourire de requin. Hélène Vincent en femme volante... Et puis, il y a Albert Dupontel. Fou furieux mais qui réspire la bonté et la gentillesse.
Lorgnant vers le cinéma de Jeunet (dans la mise en scène) et Terry Gilliam (dans les thèmes et les délires psychotiques), Dupontel réalise là un film bande dessinée débridé et jubilatoire, avec une caméra nerveuse, parfois incontrôlable comme le personnage principal. Une vraie réussite.
Enfermés dehors - Albert Dupontel

Constatation # 67

A Paques, on mange des oeufs. Des gros et des plus petits. A midi ou à minuit. Miam

16.4.06

Qu'est ce qu'elle a sa gueule?

Malgrè les conditions rocambolesques dans lesquelles j'ai vu ce film, je peux tout de même dire que ce film est un très bon film.
Fabrice, un fan absolu et monomaniaque de Johnny Hallyday (qui a la plus importante collection à l'effigie du chanteur du département) découvre, après une soirée bien arrosée et un coup de boule carabinée, que son idole n'a jamais existé. Basculement dans un monde parallèle. Il en est tout retourné voir dépressif et suicidaire. Pensez donc, sa seule raison de vivre n'existe pas. Parce qu'il ne pas admettre que Johnny ne soit pas la grande star qu'il mérite d'être, il va se lancer dans la recherche active de son idole et le mettre à la place qui devrait être la sienne. Il retrouve un vieux bonhomme, patron de bowling désabusé qui a raté sa carrière à cause d'un accident de scooter. Commence l'apprentissage pour devenir JOHNNY HALLYDAY.
Luchini/Hallyday. Duo improbable mais qui pourtant fonctionne bien à l'écran. Luchini, tout en verve et postillons, éructe les textes des chansons avec une force qui les font passer pour des textes universels. Hallyday est quant à lui tout en retenue, effacé, désabusé, usé par la vie, et porte une vision sur les travers du showbiz pas inintéressante; une sorte d'auto-dérision.
Un final époustouflant, tout feu, tout flamme avec un Jean Philippe devenu Johnny et qui casse la baraque au Stade De France. Je ne suis pas fan de Hallyday (loin de là, même) mais en voyant la scène d'ouverture et la scène finale, j'ai presque eu envi de le voir sur scène parce qu'il a vraiment l'air d'allumer le feu dès qu'il y est.
Cependant, une question me taraude. Sans être un fan absolu (juste midinette, et encore). Mais si un jour, je me réveillais et que je me rendes compte que Jérémie Kisling n'avait jamais existé sur la nouvelle scène française, vous croyez qu'on en ferait un film aussi? Quoi? Elle est conne ma question?
Jean Philippe - Laurent Tuel

Gens bizarres et compagnie # 4

C'est incroyable. J'attire les paumés, les cinglés, les bourrés aussi surement que des abeilles sur un pot de mièle. Si il y en a un dans un rayon de cent mètres autour de moi, je peux être sûr qu'il est pour ma pomme.
Ce matin, bien calé dans mon fauteuil de cinéma, en plein milieu de la salle, j'attendais tranquilement le début de la projection de mon film. La salle est pleine. A ma droite, un couple bon chic bon genre (qui trouve consternante la bande annonce de Camping, qui moi me fait mourir de rire). A ma gauche, un siège vide sur lequel j'ai posé mon manteau et, à côté, un garçon pas comme les autres ©. Les lumières s'éteignent et le film commence. Le générique est magistral. Mes mirettes sont grandes ouvertes : c'est parti pour une heure trente de divertissement cinématographié.
Un coin de ma rétine choppe la lumière blanche de la porte d'entrée à la salle. Pff ! Encore un retardataire. Je le devine dans la pénombre cherchant un siège libre; il y en a plein devant ça devrait aller pour lui. Mais, je ne sais pas pourquoi, je sens que son regard m'a accroché. Oh non...
Le gars effectivement dérange toute la moitié de la rangée pour s'installer sur le fauteuil à côté de moi. Il demande confirmation à son voisin de gauche si c'est bien Jean Philippe qui est projeté. Et sans doute pour en être sûr, me pose la même question... A haute et intélligible voix. Je ne le sens pas le gars. Il a une voix de castrat mal castré et des relents d'oignons entre les dents (il me parle bien au niveau du nez et je vois très fétidement d'où viennent ces odeurs). Il s'installe et entreprend de regarder un à un ses voisins... De près. Je me confine sur l'accoudoir opposé, en m'evertuant à ne pas le regarder, à ne pas l'écouter et donc à ne pas lui répondre. Rester concentré sur le film. Mais avec toute ma meilleure volonté, je sens que je vais avoir du mal à me concentrer. Puisque le gars sort son portable pour appeler sa môman et lui dire qu'il était bien arrivé au cinéma et qu'il était dans la salle et que ses copains ont choisi un autre film etc, etc... Tout cela, bien sûr, à très haute voix. La salle commence à réagir avec des "on s'en fout de ta vie", "la ferme" et autres "silences". Il raccroche et se tourne vers moi en me disant sur le ton de la confidence : "ils sont pas contents dis donc". Je ne peux que lui répondre un "chut" énervé.
Le film étant consacré à une des plus grandes stars de la chanson française, il y avait donc beaucoup de standars de ce même chanteur. Et mon voisin chantait à tue-tête... Faussement. Et toujours avec sa voix très peu harmonieuse. J'avoue qu'au bout d'un moment, je l'ai regardé interloqué. Il était pas bien ce type. Il avait un problème... Ce n'est pas possible autrement. Le film étant une comédie, j'ai beaucoup ri. Et j'ai eu le droit, à chaque fois à "c'est drôle, hein? Hein, c'est drôle?" Mais moi, stoïque, je faisais abstraction. En plus, je suis blouqué. Pas moyen de changer de place sans déranger toute une moitié de rang. Tant pis, je vais faire comme si de rien n'était.
Mais je crois que le plus déroutant fut son obsession pour les toilettes. Dix minutes après avoir raccroché avec sa môman, le gars me dit "toilettes". Pensant qu'il me demandait où se trouvaient les toilettes, je lui indique la sortie de la salle. Il me répond "non après". Il a bien dû me faire le coup, quatre ou cinq fois pendant le film. Un peu gonflant. Le générique de fin du film défilait sur l'écran avec les deux acteurs chantant en duo. Le gars me dit que le film était bien. J'acquiesce mollement de la tête. Puis soudainement, il me dit à nouveau "toilettes" suivi de "pipi" et "caca". Avant qu'il ne fasse sur son fauteuil et devant moi, je lui indique les toilettes, à l'extérieur de la salle. Mais il me dit "non. Toi. Après, pipi, caca", d'un ton affirmatif. J'ai poussé des yeux ronds de surprise, en me disant mais qu'est ce qu'il me fait lui... Je lui réponds que non, tout va bien pour moi. Mais il insiste "après alors? Chez toi? Pipi, caca?" Alors là, j'ai pris peur et j'ai pris mes cliques et mes claques et mon manteau aussi et je suis sorti bien vite de la salle, talonné de loin par l'énergumène.
Non mais franchement. Comme une abeille sur un pot de mièle, je les attire.

Les bons mots de l'amour

Moi :
Pas trop difficile la route?
Maxime :
Non, car au bout de la route, je vois mon Coeur.

15.4.06

Page blanche

Je n'avais pas vu La marche de l'Empereur. Je voulais voir les petits ours tout mignons de la bande annonce de la Planète Blanche. Alors j'y suis allé.
Les images sont certes magnifiques. La blancheur des étendues enneigées, le bleu frigorifique des glaciers; la limpidité du ciel, la transparence solide de la banquise. Un beau film d'images qui fait rêver l'ancien lecteur de l'Appel de la Forêt ou Croc Blanc. Souvenirs d'enfant, le dimanche après midi, bien calé dans le canapé, à regarder La vie des Animaux de Frédéric Rossif.
Les animaux sont animalement beaux. J'ai déjà choisi d'avoir un petit ours polaire, un lemming (c'est joli un lemming) et une baleine à bosses (nan je plaisante là, la baignoire est trop petite). La nature est aride et sauvage. Mais toute la sauvagerie de cette nature est magnifiée.
Alors pourquoi les producteurs se sont ils évertués à gâcher le plaisir par cette voix off inutile? Franchement? Parce qu'entendre : "pendant ce temps, l'ours polaire se prélasse sur la banquise" alors que l'image suffit à elle même, ça me gonfle. Le commentaire inutile et stupide. Par contre lorsqu'on voit une nuée d'oiseaux non nommés avec pour seul commentaire : "ils ont traversé des milliers de kilomètres pour arriver" sans plus d'informations sur la provenance ou l'espèce de l'oiseau. Ben, moi, ça m'a vite saoulé. En plus la voix était morne et sans intonations.
la musique de Bruno Coulais est TRES présente et lorgne avec moins de réussite vers la bande originale d'Emilie Simon pour la Marche de l'Empereur.
Au final, un film qui a voulu trop marcher dans les pas des manchots mais qui n'a jamais trouvé le ton juste. Le plus grave, c'est les baillements que m'ont arraché les trente dernières minutes du film.
La planète blanche - Thierry Piantanida & Thierry Ragobert

Conversation au sommet...

... De ma couette.
Dans le silence solitaire de mon réveil, les yeux encore chargés de l'endormissement de la nuit, une question titille mon esprit : qu'est ce que je vais bien faire ce matin? Pas envie de rester seul dans l'appartement vide mais pas envie de bouger non plus. Argh ! Quand ça commence comme ça, je sais pertinemment que je vais perdre mon temps dans des palabres intérieures, des oui, d'accord mais bon... Je me connais. Il faut que je me fasse violence.
Petite voix intérieure dynamique :
Bon allez mon grand. Tu vas te bouger ce matin...
Petite voix intérieure mollassonne :
Humm ! Laisse moi encore un peu de temps pour me réveiller.
Petite voix dynamique :
Non non ! Tu es déjà réveillé. Bouge ton cul...
Petite voix mollassonne :
Pour quoi faire? Il n'y a rien à faire...
Petite voix dynamique :
On va au cinéma.
Petite voix mollassonne :
humm ! Je ne sais pas... Faut sortir...
Petite voix dynamique :
Ben oui ! On va sortir. Ca va te faire du bien. File à la douche.
Petite voix mollassonne :
Mais faut faire des courses. Y a rien pour le petit déj'
Petite voix dynamique :
Tu t'acheteras un croissant en sortant et tu feras tes courses au Monop' d'Issy.
Petite voix mollassonne :
Oui mais il y a aussi le ménage à faire. C'est crade ici. Et puis le repassage...
Petite voix dynamique :
Tut tut tut ! Je sais comment ça va se terminer. Tu vas allumer l'ordinateur et perdre ton temps sur les tchats... Tu te bouges maintenant... Allez ! Hop !
Petite voix mollassonne :
Tu fais chier !
Petite voix dynamique :
Je sais...
Finalement, la petite voix dynamique aura eu raison de moi et je suis sorti a 9h30 pour aller au cinéma. Pas forcement heureux parce que le cinéma seul ce n'est pas très joyeux mais au moins je n'aurais pas glandé à l'appartement à me morfondre et à me plaindre sur le net.

14.4.06

A l'unisson


"Les arbres sont couverts de fleurs, les étangs plein de lotus, la brise est parfumée et les nuits aussi délicieuses que les jours. ô être aimé, toute beauté est sublimée en cette saison ! Les jeunes filles au coeur en émoi transpersé par le chant plaintif du koel et le bourdonnement des abeilles errent sans but. Telle une incarnation de Cupidon, le printemps arrive dans toute sa splendeur, gagnant tous les coeurs."
Ritusambar, poème sankrit écrit par Kalidas au VIème siècle.
Première fois envoutante de danses traditionnelles indiennes : l'odissi et le bhârata natyam. Chacune des deux danseuses, virtuose dans leur styles, ont décidé d'associer ces deux danses en explorant les différences et les similitudes de la structure commune à toute expression dansée. La danse indienne extrèmement codifiée dans la gestuelle, la posture des corps et les expressions du visage me semblait, vu de loin, difficile d'accès. Mais dès les premières notes de musique de l'orchestre traditionnel, présent sur scène et les premiers pas des deux danseuses, la magie opère. Envoutante, exaltante, entêtante, ensorcelante, inquiétante parfois. D'une pureté méticuleuse dans les gestes délicats des mains et des pieds, des mouvements saccadés des têtes. Des visages tantot figés tantot débridés mais toujours extrèmement expressifs. Il y a beaucoup du théâtre grec antique dans cette danse. J'ai souvent pensé aux masques que portaient les acteurs sur scène tant les expressions était parfois outrées et figées. A les voir évoluées en duo ou en solo, on se trouve transporté avec les danseuses dans l'évocation de la naissance printanière ou dans un réglement de compte divin. Les corps, les mains, les visages se lancent dans des dialogues muets mais gestuels. Les costumes magnifiques, les bijoux dorés et nombreux, la musique qui vous oblige à taper le rythme avec votre pied, tout concourait à une évasion abstraite vers les senteurs et les images des bords du Gange sacré. Magnifique et magique.
Je craignais tellement que le Sage E., qui avait remplacé au pied levé un départ mal organisé, ne soit fermé à ce type d'ambiance (n'étant pas moi même sûr d'y être sensible). J'ai même failli annuler le spectacle, carrément. Et puis non. J'ai bien fait. Il était subjugué et complètement charmé par ce qu'il venait de voir. Plaisir doublé pour moi. Et maintenant, il insiste pour découvrir le pays de Shiva et Ganesha. Il viendra, dans pas longtemps, à la vision d'un Bollywood en entier, je le pressens.
Samanvaya - Alarmel Valli & Madhavi Mudgal - Théâtre des Abesses

Pas de double ration

François Pignon aura tout été, tout au long de la filmographie de Francis Veber. Tour à tour, gaffeur, tête à claques, bonne tête de vainqueur, looser. Cette fois-ci, dans la nouvelle comédie, François Pignon est ... Normal. Qulequ'un de normal avec des problèmes normaux sur l'amour, le travail. Presque identifiable au quotidien de chacun.

Sauf que François Pignon s'est trouvé encore une fois (ça ne serait pas François Pignon, sinon) au mauvais endroit, au mauvais moment. Soubressaut dans sa vie morne que va le plonger dans une histoire abracadabrante. Pour sauver le mariage d'un milliardaire adultaire, il accepte de jouer la comédie et de se faire passer pour le fiancé d'un top modèle (vraiment top le modèle) pour la modique somme de 32550 euros (eh oui, le François Pignon n'est pas un gourmand et un profiteur) et ainsi écarter les soupçons de la femme trompée qui a vu à la une d'un magasine people son cher mari au bras de la donzelle aux longues jambes.

Tout le monde y croit mais personne n'est dupe. Trop de grosses ficelles. Trop de ressorts comiques usés jusqu'à la corde. La femme cocufiée (la toujours très jolie Kristin Scott Thomas), aussi froide soit elle, n'y croit pas une seule seconde et va jouer à voir tous ces bons bougres dans leurs brassages de vent. Tout ça pour ça, pourrait-on dire. Oui. Sauf que ce seul granguignolesque est matière à comédie. Car on rit à voir ces faux amoureux dans leur découverte imposée. On rit de voir cet avocat cynique conseiller les plus horribles solutions imaginables pour sortir son client volage de la mouise où il s'est mis. On rit de voir le mari cocufieur se penser cocufié à son tour par ce Pignon de malheur.

Les acteurs sont plutôt bons et sauvent malgré tout le film car au niveau scénario, ça pédale fort dans la semoule. Heureusement, les dialogues reservent quelques perles de réparties :

La top modèle (couchée dans le petit lit de Pignon) : " Les mecs sont tous des connards avec moi. Ils ne pensent qu'à coucher avec moi. Toi, c'est pas pareil. Tu es gentil avec moi.

Pignon (dans le même petit lit et avec la top modèle) : Tu voudrais pas bouger un peu là, parce que je sens que je me transforme en connard... Tu vois"

Certe, ce n'est pas une comédie du niveau du "Diner de Cons" ou du "Placard", mais une comédie réservant de très bons éclats de rire. Il manque cependant le côté loufoque d'un Pierre Richard ou la connerie poétique d'un Jacques Villeret à cette nouvelle mouture du François Pignon. Le pauvre Elmaleh est bien fadoche dans cet emploi. La critique sociale est bien trop caricaturale pour être risible mais encore une fois, les rapports humains sont très bien sentis dans tous leurs travers.

La doublure - Francis Veber

Face a une heure

Mercredi 12 avril - 18h20
Une heure déjà que le train pas si rapide que cela a quitté l'ossature sans toit de la gare de sa ville d'adoption.
Une heure que le train a arraché de ma vue éblouie, les mats chamarés des voiliers amarés; les tours crénellées du vieux port ensoleillé où les mouettes se chamaillaient en riant; les plages dorées en coucher de soleil.
Il m'a éloigné des petits petons blancs d'un beau petit chat gris et doux. Il m'a enlevé la gentille et jolie frimousse d'un gentil et adorable petit frère au tshirt bleu électrisant.
Une heure que je ferme mes yeux, tentant de transférer ces images rétiniennes et les transformer en souvenirs d'un excellent moment. Avant que ma mémoire ne me joue ses vilains tours habituels. Je ne veux rien oublier.
Bon sang, qu'en une heure de train, je me suis rendu compte que ces quelques jours ont filé trop vite. Trop vite.

Constatation # 66

Regarder un film sur un petit écran, allongé sur un lit, c'est l'endormissement garanti avant la fin et quelque soit le pirate des Caraïbes.

La promesse tenue

Phare du Bout du Monde de la plage des Minimes - La Rochelle - 11/04/2006

Crépuscule

Dimanche 9 avril - 20h30
Une ligne de feu irradie l'horizon. En larges bandes, camaïeu rougeoyant, le seigneur soleil tire sa révérence.
Une petite vibration me tire de mon émerveillement. Il s'agit juste d'un encouragement à profiter du spectacle qu'offrait, ce soir, le soleil dans ce ciel nuageux. Je ne peux qu'acquiescer.
" Demain, nous irons voir le coucher du soleil sur l'océan ", me promet-il. J'en rêve depuis tellement longtemps.
La Rochelle est en vue. Je vais bientôt revoir mon petit frère. Le soleil a décidé de saluer cet événement à sa façon, par ses plus beaux et ultimes lueurs couchantes. Je ne peux que le remercier.

13.4.06

Hall de gare

Dimanche 9 avril - 16h25
Des jambes. Des centaines de jambes. Des milliers de jambes qui défilent inlassablement dans le hall de gare. Avec ou sans valises, elles passent et repassent en tout sens, sans temps mort. En haut. En bas. En allers et venues. Dans les escaliers. Sur les escalators. Elles montent ou descendent. Des paires de jambes en transit, seules, à deux, ou en groupes, en grappes, mais toujours anonymes. Elles marchent; elle galopent; elles courent. En avance, à la bourre, en retard.
Déambulations hypnotiques pour celui qui attend patiemment de devenir, lui aussi, une paire de jambes rejoignant son numéro de quai qui tarde à se définir. Il a le temps de voir ce qui l'attend. L'aller et venue de ces milliers de personnes alimente une certaine anxiété qui l'oblige à regarder défiler les minutes digitales de son portable. La peur de passer l'heure sans doute.
L'esprit qui part. avec celui-ci ou celui-là. Ou va t-il donc, lui, avec son petit sac? Il semble si serein et sûr de lui. Pas comme elle, qui traîne une énorme valises à roulettes couinantes et un petit marmot aux grand yeux curieux. Ressent-il la perplexité du regard de sa mère? Comment voit-il cette foule décomposée? Un grand théâtre des nouveauté? Une simple curiosité qu'il aura aussitôt oublié, assis sur son siège inconfortable; curiosité qui sera remplacée par une autre?
L'esprit divague et s'absente. Regarder sans voir autre chose que des vies imaginées d'inconnus passant fugacement dans la trajectoire de son regard.
Des annonces débitées par une voix faussement chaleureuse et rassurante. Tellement mécanique en fait, qu'elle crée plus de stress. Des oreilles qui se dressent, tentant de capter dans le brouhaha ambiant, l'information convoitée. Des têtes qui se contorsionnent pour faire coïncider l'information auditive à l'information visuelle d'un écran toujours trop haut et ridiculement petit. Un branle-bas de combat permanent. Et épuisant finalement. L'attente est trop longue. La relative sereinité du début a fait place à une certaine febrilité, accentuée par le deuxième café qu'il vient d'avaler. Il se rend compte que lui aussi a le regard qui commence à s'agiter, guettant les petites colonnes de chiffres. Mais toujours rien. Il regarde pour la vingtième fois son billet qui lui donne à nouveau les mêmes informations. Il attends avec impatience, maintenant, la voix nasillarde du haut parleur qui lui donnera le quai de la délivrance.
Son voisin de table vient de changer pour la quatrième fois. Encore vingt bonnes minutes d'attente. Une éternité. Observation du coin de l'oreille de ce nouveau quidam qui parle fort dans son portable. Mais le goût n'y est plus. Il n'a qu'une seule envie, qu'il se taise et qu'il parte. Deuxième cigarette puis troisième qu'il écrasera aussitôt allumée parce qu'enfin la voix s'est décidée à lâcher sa voie.
Départ quai numéro 5. Confirmation visuelle. Je souris. Le processus de transformation en paire de jambes errante dans le hall de gare est enclenché. Il me reste pourtant quinze minutes mais je me précipite. Je m'auto catalogue dans la catégorie "jambes pressées". Cela me fait rire de devenir un de ceux que j'observais tout à l'heure.
Peut-être même que je passe aussi dans le champs de vision d'un observateur invisible à mes yeux. Obseravteur pour qui je ne serais qu'une silhouette, une ombre, une paire de jambe anonyme. J'aime assez cette idée, étrangement. En imprimant mon image rapide sur les rétines de quelqu'un, je ne serais pas un fantôme mais une personne qu'on aura vu, même furtivement. C'est rassurant. Je me sens moins seul.

Une valse à trois temps

Trois générations d'artistes. Trois époques. Trois expositions universelles parisiennes. Trois supports d'expression artistiques en phase avec son époque. Trois histoires qui ne sont finalement qu'un éternel recommencement d'une même romance à travers les âges.
1867. Une danseuse étoile à qui le succès sourit, est sur le point de tout abandonner pour l'amour d'un beau marquis, capitaine de l'armée napoléonienne. Ils s'aiment envers et contre tout dans la fougue rageuse de leur jeunesse.Mais les histoires d'amour finissent mal en général. Celle ci n'echappe pas à cette vérité. La mésalliance du marquis déplait au conseil de famille qui menace ce doux bonheur promis. La pauvre danseuse ne pouvant accepter un tel sacrifice de la part de son amoureux, par amour, abandonne là son Roméo et fuit vers Londres où la gloire l'attend.
1900. Une jeune actrice est devenue la nouvelle égérie de la scène parisienne. Elle a l'insouciance de sa jeunesse facile, un amant mécène qu'elle traite en vulgaire toutou. Le soir de la première d'une pièce sans autre intérêt que la présence de la nouvelle coqueluche du Tout Paris, elle est présentée à un jeune nobliot pédant, coureur de jupons et noceur invétéré qui dilapide sa fortune en alcool, maîtresses et automobile (une nouveauté du dernier chic mondain capable de faire le trajet entre Paris et Fontainebleau en quatre heures à peine). Une période de jeux séducteurs ebtre rejets gentils d'un petit rire dédaigneux et acceptations de la profondeur d'un regard envieux. Temps d'apprivoisement vite dépassé par la naissance d'un attachement amoureux. La jeune actrice n'est autre que le fille de la danseuse rencontrée en 1867 et le jeune dandy , le fils du marquis. En répétition de l'histoire avortée des parents, ils tombent amoureux et se promettent les plus beaux moments de la vie. L'actrice éperdue d'amour décide derechef d'abandonner sa jeune carrière et de suivre son amoureux. Mais la belle est professionnelle et accèpte malgré tout de jouer une dernière fois tandis que son chéri doit venir l'enlever. Ce dernier trouve la loge vide et sans explication, s'en retoure déçu et déconfit, abandonnant tout espoir et jurant tous ses grands dieux qu'on ne le reprendra plus jamais.
1937. Une starlette capricieuse et emmerdeuse commence le tournage d'un film , comédie musicale, retraçant la vie de sa grand mere, la plus grande danseuse du siècle dernier. Le producteur, répondant aux exigences des investisseurs, transforme cette biographie en bouffonnerie multicolore à des années lumière de la réalité. Le jour du premier tour de manivelle, un jeune homme timide se présente à la production pour exiger la non-utilisation du patronyme de son grand père qui est tourné en ridicule. Le producteur, flairant le bon coup publicitaire, retourne la situation en lui confiant le rôle de son aïeul. L'actrice, condescendante, rabaisse le pauvre débutant. Mais de réglements de compte en vacheries bien senties, les deux jeunes gens se rapprochent et s'attirent. L'éternelle histoire liant ces deux familles peut de nouveau recommencer.
Danse. Théâtre. Cinéma. Trois expressions artistiques évoquées dans une opérette, qui serait un quatrième support lui même, à mi chemin entre le théâtre et l'opéra. En soit, le livret n'a que peu d'intérêt dramatique. L'intrigue pouvant tenir en deux lignes pour chacun des actes, le reste n'est que remplissage. Ce qui est plus intéressant, c'est l'évocation d'une sorte de destin qui lierait deux personnes à travers les âges. Idée totalement romantique mais à laquelle j'ai envie de croire. Ce serait si beau. (Oui je sais, je suis un romantique rêveur, mais bon...)
La mise en scène est enlevée et joyeuse. Très peu mais très bien chantée. Le plaisir aurait été total s'il n'y avait eu les débordements d'une classe de petits cons, lâchés dans la nature du théâtre par une professeur alcoolisée au champagne, incapable de tenir sur ses jambes à l'issue de la représentation.
Trois Valses - Oscar Straus - Opéra Comique

9.4.06

Me voila

Le Toit de Paris

1/2 heure d'attente.
250 touristes en action.
7,5 euros de droit d'accès.
69 mètres.
422 marches pour monter.
Autant pour descendre.
Passer ces chiffres et la raideur de la montée marbrée et glissante, une forêt de pierres sculptées nous y attend sur les deux niveaux du point de vue. La galerie des chimères, niveau intermédiaire qui fait la jonction entre les deux tours. Des statues grimaçantes, des animaux fabuleux, des visions cauchemardesques figées dans le calcaire. Impressionnant. Une qui tire la langue; Une autre qui vous fixe du regard, cherchant sans doute à vous figer sur place telle une antique Gorgone; une autre encore qui dévore la tête d'un oiseau comme on mangerait un crocodile Haribo. Tout un bistiaire lapidaire fabuleux et fantastique qui scrute de part en part les toits de Paris. Amulettes de pierres protégeant le saint édifice contre les griffes sataniques.
Encore un effort en colimaçon et nous marchons sur le toit le plus majestueux de la capitale. Le point de vue est époustouflant. Paris n'est plus Paris vue d'aussi haut. Juxtaposition de toits anonymes au milieux de ceux des plus beaux monuments de Paris. La Grande Dame de Fer trône dans l'horizon parisien tandis que la meringue blanche du Sacré Coeur tente de rivaliser avec elle. Le dôme des Invalides, celui du Panthéon, la coupole de l'Opera Garnier. Et puis la vie à perte de Seine avec ses bâteaux et ses ponts qui brillent sous le soleil. Et puis là bas, tout au fond, au loin, je vois même ma maison. Et puis, enfin, la vue est imprenable sur les toits, les entrelacs, les arcs boutants, la flèche élancée de la cathédrale.
Gothique et flamboyante cette vieille dame de pierres réserve autant de surprises en bas qu'en haut.
Je lui avais dit. Je lui ai promis. Nous l'avons fait. Reste que je te fais cette même promesse : nous irons, un jour, nous émerveiller sur le Toit de Paris. Promis.

32 ans d'âge de glace


Il y a comme un problème dans la glace. Elle est moins fraîche. Depuis des milliers d'années, toutes les espèces de la création se sont adaptées (ou ont trépassé : la dure loi de Darwin) aux frimats de l'âge de glace. Oui mais voila. Des oiseaux de mauvaise augure annocent la fin de leur monde; d'autres tout aussi plumés s'en pourlèchent le bec devant les ripailles à venir et suivent de près toute cette agitation. Mais que se passe t-il donc? Encore une fois, la faute du réchauffement de la planète... Déjà à cette époque. Les glaciers fondent comme de vulgaires sorbets citron mandarine et menacent d'inonder ce petit paradis. Une seule solution : partir. Migrer vers d'autres cieux plus secs. Il parait qu'une arche de bois sera la plache de salut pour sauver les poils de chacun. Autre problème. La fonte des glaces a réveillé de vilaines bébettes très très méchantes.
Pour Manny le mammouth, Sid le paresseux et Diego le tigre à dents de sabre, de nouvelles aventures commencent. Toujours aussi fous. Toujours aussi déjantés. Et ce n'est pas les deux opposums et celle qui se prend pour un opposum géant qui va arranger leur folie. Le tout rythmé par la folle persévérance ce Scrat. Je l'aime bien ce Scrat.
Le scénario ne vaut pas celui du premier opus. Reste que c'est toujours bourré de gags drôles. Enfin qui me font rire... Et une bonne partie de la salle.
Et pis ce que j'aime bien quand je vais voir un film pour enfant. C'est que j'ai le droit de manger un Magnum au chocolat blanc et des mnm's. C'est cool. Je rattrape mon retard d'enfant.
L'âge de Glace 2 - Carlos Saldanha

8.4.06

Pensée du jour

Pensée (effrontée) Alexandrine.

The End

Il y a des fins qui ne sont ni happy ni tristes. Juste comme ça. Naturelles. La fin d'une histoire. D'un cycle. Ce qui n'est pas forcément la fin du monde.
Bout de la ficelle. Du rouleau. A bout de souffle. La fin d'une aventure qui meurt de sa propre mort, étouffée dans sa coquille, en décallé. A bout de force.
Trop de différence. Trop peu d'atomes crochus pour fixer un minimum dans le concret. On tourne le dos sans regrets, sans colère, sans déception mais sans remords non plus.
Les croisements de la vie. Chacun prend sa route. La rose des vents qui menera chacun vers son destin propre. Girouette.
Fin

5.4.06

Pensée du soir

RIDEAUX. JE ME FAIS HONTE
Pensée (black out) Alexandrine.

4.4.06

Dans le métro

La jeune fille aux cheveux de perles en bois d'ébène maniait des mots avec adresse, ne leur laissant pas de répis sauf celui de se caser sur les lignes de son petit cahier bleu.
La jeune fille aux cheveux de perles en bois de chêne respirait la poésie par tous les pores de ses doigts qui agitaient frénétiquement le crayon rouge sur son petit cahier bleu.
La jeune fille aux cheveux de perles en bois exotique voyageait, assise sur son strapontin, les yeux dans le décor que ses mots avait déssiné sur son petit cahier bleu.
La jeune fille aux cheveux de perles de bois de rose oubliait sa pelle et son balai; sa serpillière et son seau d'eau, pour partir en rêve dans son petit cahier bleu.

Persévérance

Dans la vie, il faut se battre. Ne pas baisser les bras quelque soit les coups qu'on se prend dans la gueule. Faire comme cet écureuil préhistorique, Crash aux dents acérées, qui malgré toutes les difficultés qu'il a pour garder son gland, n'abandonne jamais. Ne jamais abandonner. Persévérer pour garder son gland magique. Ca pourrait être mon post it du jour.

3.4.06

Pensée du soir

La morosité, c'est pire que la grippe. Ca s'attrape même par le net.
Pensée (en berne) Alexandrine

Beau gosse # 6

Tout le monde se souvient forcément de ses tablettes abdominales à faire palir d'envie; à faire saliver avec plus de débit que toute l'eau des chutes du Niagara.
(Sage E., ne lèche pas ton écran, s'il te plait... Tes collègues vont mal le prendre).
Tout le monde se souvient de sa perche qui lui a valu de l'or. Cette belle médaille qu'il a brandie en 1996 à Atlanta. Le voir s'étirer dans les airs pendant ce saut est encore sujet à des rêves érotiques récurents.
Ce jeune gars de 35 ans (bientôt) est maintenant jeune retraité. Jean Galfione. 35 ans, jeune, beau, riche et célèbre. Y en a qui ont vraiment tout pour gagner dans la vie. Ce n'est pas que je sois jaloux... Mais, ça peut avoir tout de même tendance à m'énerver cette perfection.
(Et Grand E., arrête d'inonder ton clavier. Et range ta langue qui est devenue ton tapis de souris...)