30.9.06

29.9.06

Sous le ciel de Paris # 6

Paris - 29/09/2006

Constatation # 92

A Paris, on trouve même un ptit Hérisson. Si si ! A côté de l'Arc du Carrousel.

27.9.06

Constatation # 91

Un bébé qui s'acharne dans le ventre de sa maman est l'une des plus belles et des plus touchantes choses que j'ai été amenée à voir de toute ma vie. Et c'était aujourd'hui entre deux sonneries de téléphone.

L'age injuste

Le hasard fait bien les choses. Hier matin, en jetant mon coup d'oeil quotidien sur AlloCiné, je clique sur la bande annonce du film Twelve and holding. Je ne connais rien du film. La bande annonce est alléchante et donne envie d'en savoir plus. Peu de critiques d'internautes mais toutes excellentes. Cela suffit à titiller ma curiosité. Je voulais voir un film, ça sera celui là alors que d'autres titres venaient dans mes priorités.
Une bande de gosses de douze ans subissent de plein fouet la disparition accidentelle de l'un des leurs : Rudy meurt dans l'incendie de la cabane en bois qu'il protegeait des assauts d'une bande rivale, plongeant Jacob (frère jumeau et complexé de Rudy), Leonard et Malee dans le monde des grands sans préavis.
Ce film explore des thèmes lourds surtout pour un enfant : le deuil, la vengeance, le chagrin, les premiers émois sexuels et amoureux. Ces trois enfants vont franchir le passage souvent difficile de l'enfance à l'adolescence. Livrés à eux même pour explorer ces nouveaux territoires face à des parents incapables d'assurer et d'assumer leur rôle. Prise de conscience pour eux de leur corps, de leur sens, de leur émotion, de leur conscience. Prise de conscience que le monde dans lequel ils évoluent est dangereux, injuste, loin du monde gentil de Casimir qui ont bercé leur enfance.
Le film est cruel comme le monde qui entoure ces 3 enfants, sans pour autant verser dans le tragique larmoyant. Non, parce qu'on rit parfois dans le film sans doute parce qu'on reconnait dans les agissements des gamins nos propres comportements adolescents. Le réalisateur porte un regard tendre et poignant sur ces familles larguées dans une vie qui ne les satisfait pas. Un regard dérangeant sur les travers et l'abandon parental aux Etats Unis. Ces gosses sont livrés à eux même pour le meilleur comme pour le pire. Soudés entre eux, ils n'en restent pas moins seuls et abandonnés dans ce cocon où ils ont fait leurs premiers pas.
Les trois acteurs sont fabuleux à commencer par la jeune Malee, interprétée par Zoé Weizenbaum, magistrale dans sa découverte de l'amour et en séductrice à la fois redoutable et innocente. Conor Donovan qui tient les rôles de Rudy autoritaire et meneur, sûr de lui et du timorée Jacob, engoncé dans le mal-être et les complèxes. Dans le rôle de Jacob, le jeune acteur réussi à merveille à faire passer le déchirement du choix qui s'impose à lui, à la mort de son frère. Le désir de vengeance voulu par sa mère et le pardon prôné par le père. Se sentant inférieur face à son frère, il rêve de le remplacer dans le coeur de sa mère qui ne jure que par la force de son fils disparu. Un déchirement de conscience qui le ménera sur des routes psychologiques bien trop dangereuses pour lui.
Très grand moment de cinéma. Allez. Courrez voir ce film dérangeant, émouvant, désarmant et brillant.
12 and holding - Michael Cuesta

Ceux qui sont nés...

... Le lendemain de la chance.
On dit sans arrêt, je n'ai pas de chance. Pour un oui, pour un non. Tellement souvent et pour tout et n'inporte quoi, que la notion (si notion il y a) de chance en devient galvaudée. Entre ce qui n'ont pas la chance de gagner au loto pour arrêter de travailler et se la couler douce sur un hamac à Tahiti; ceux qui n'ont pas la chance de connaitre le grand amour et de se la couler douce dans un hamac à tahiti avec celui qui a eu la chance de gagner au loto; ceux qui n'ont pas la chance d'avoir des parents communistes et ceux qui n'ont pas la chance de me connaître; cela voudrait dire que 99,99 % des habitants de cette épingle bleue n'ont pas la chance. Vraiment?
Moi je vais vous dire. Ces petites vexations égocentriques de ne pas avoir une vie toujours plus belle, toujours meilleure et toujours plus facile, c'est du pipi de chat (noir) à côté de ceux qui ont la poisse. LA POISSE. La vraie. Les malchanceux existent. Je les ai rencontré. J'en connais deux. Des malchanceux. De ceux qu'on regarde avec pitié et inquiétude tellement on se dit que ce n'est pas possible tout ce qui leur tombe dessus. Ceux, de qui la malchance, ne font même plus rire parce qu'à ce niveau là, on ne peut plus rire pour se moquer.
R. a la chance de me connaître mais c'est peut être bien la seule qu'il ait. Je plaisante. Ce n'est vraiment pas une chance pour lui. R. n'est pas chanceux. Il lui arrive des choses, mais des choses invraissemblables mais (pour son plus grand malheur) bien réelles... Il casse ses clés dans les serrures, ou bien les oublie dans la l'appartement en claquant la porte. Il s'entaille la main avec un photophore qui a décidé d'exploser justement dans sa main, ou bien en faisant la vaisselle. R. est capable de se luxer l'épaule en dormant (si si), ou en faisant du ski ou en nageant. Et j'en passe et des pas très sympathiques pour lui. Il continue pourtant à croire fermement qu'une bonne étoile veille sur lui et qu'un jour ou l'autre la vie sera meilleure. Et que même, c'est pour bientôt, dans le dernier tiers de cette année. C'est l'horoscope qui le dit, alors il y croit dur comme chair en main.
M. a aussi la chance de me connaître. Mais comme pour R. est-ce vraiment une chance pour elle? Je ne crois pas que cela change quoi que ce soit à ses histoires. M. aime les vélos mais les vélos, eux, n'aiment pas M. On ne sait pas pourquoi. C'est comme ça. C'est cyclique. La roue qui tourne, mais souvent à plat. M. partait souvent de bon matin en vélo à travers les rues de Paris mais revenait régulièrement chez elle à pieds parce que son vélo avait crevé ou avait été volé. Un jour, M., énervée de toutes ces aventures rocambolesques, décida d'acheter le must du vélo. Un bien beau étincelant avec toutes les options et, surtout, avec la chaîne antivol béton qui va avec. Ah non ! Celui là on ne lui volera pas, se disait-elle. Il est vrai qu'on ne lui vola pas. Cependant, elle n'eut pas le loisir de s'en servir bien longtemps quand un jour elle cassa la clé dans l'antivol qui tellement béton refusa tout net de céder devant toutes les tortures qu'on lui imposa pour le faire sauter. Et tous les matins, M. passait à côté de son vélo qui attendait sagement, fermement attaché à son poteau. Elle en était dégoutait. M. persista à croire qu'un jour un vélo lui resterait plus de trois mois entre les mains. Elle est obstinée M.
M. a les boules. Elle a encore son vélo, mais on lui a volé son sac à main, dans son bureau, presque sous son nez. On lui a volé aussi sa voiture. Forcément, ses clés étaient dans le sac volé. Elle est donc rentrée à pieds et a dû appeler un serrurier puisque les clés de l'appartement s'étaient aussi volatilisés. Journée de merde quand tu nous tiens, c'est jusqu'au bout que tu t'acharnes. M. est dégoutée parce qu'elle est seule à affronter tout cela et que nous ne pouvons que lui adresser un soutien moral de loin mais bien réel.
La malchance et la poisse existent bien pour certain. Et, on est bien malin avec nos on n'a pas de chance, il pleut ce matin. Ce qui est le pire dans tout cela, c'est de se dire que la chance existe pourtant pour d'autres. Les nantis, ceux qui n'ont qu'à se baisser pour ramasser amour gloir et beauté, sous le premier sabot de cheval qui passe. Mais on s'en fout. On ne va pas pleurer sur leur sort non plus.

26.9.06

Sous le ciel de Paris # 5

Paris - 25/09/2006

25.9.06

Du mur à l'écran

Quelque part, là bas, à l'ouest, il y a une chambre. Un endroit qui est resté comme il l'avait quitté. Une caverne aux trésors d'un adolescent encore préservée. Les murs sont entièrement tapissés des posters de ses films préférés. Pas un centimetre non couvert par une de ses stars hollywoodiennes préférées.

Quand je suis entré dans la chambre pour la première fois (quelque part vers le mois de juin de notre première année), ces affiches de film au charme desuet, dessinées et aux couleurs vives, de la grande époque du cinéma américain m'ont tout de suite intimidé par leur supériorité froide. Je ne connaissais pas la moitié des films qui s'affichaient là. Ignorance detout une partie de l'histoire du cinéma que le Sage essaiera de me faire rattraper depuis lors, sans jamais pour autant voir un seul de ces films.
J'ai passé un temps fou à les regarder, une à une, attiré par leur beauté d'un autre temps. Fenêtre sur cour; La prisonnière du désert; New York New York; Roseline et les lions; Good morning Babylonia...
Depuis dimanche soir, The African Queen n'est plus qu'une affiche de cinéma. Depuis dimanche soir, il s'agit aussi d'un film. Un grand film d'aventure. Avec la magnifique Katharine Hepburn et son regard si bleu et lumineux. Ce film, tourné en décors rééls en Afrique du Sud, a la couleur pastel du technicolore; une douceur sur péllicule, aux paysages africains grandioses. L'action est palpitante; le scénario est truffé d'humour (pas toujours très correct comme cette vision très colonialiste des peuples d'Afrique Centrale). On rit. On pleures (enfin presque). On a peur (la scène des moustiques même si complètement désuete est tout à fait éfficace). On tremble pour les deux héros. On applaudit lorsque Rose s'affirme en femme "qui en a" face au machisme fainéant de Charly. On souffre avec eux dans les remous des rapides; sous les orages diluviens; à cause des sangsues assoiffées de vie; asphyxiés dans les labyrinthes de roseaux sauvages.
Un très grand moment de cinéma en tout cas. A quand la prisonnière du désert?
The African Queen - John Houston

What's Up



Je ne regarde jamais la Star Académie. Mais voila que la seule fois que je regarde cette émission, une chanson me reste scotchée dans la tête. Il y a pire me direz-vous comme pot de colle? Certes ! Mais à force de "yeah yeah hé hé", ca fatigue un peu (surtout les autres).

(Merci à toi DéeSse du PAD pour m'avoir donné un titre et un interprête à ce qui me trottait dans la tête)

4 Non Blonde - What's up

24.9.06

Un manque certain

Quai Anatole France - Paris - 15/11/2005

Triste dimanche

Il n'y avait plus de confiture de prune ce matin. Plus de beaume qui aurait pu me donner le courage nécesaire en me faisant voyager dans le vert Bessin. Non plus rien. Ce matin, la cuisine était grise, à peine éclairée par le ciel pisseux et gris.
6 heures. Le réveil qui sonne. Les informations, la météo me donnent envie de m'enfoncer plus profondément dans la ouateur de la couette. Pas envie de me lever. Pas le courage, surtout. Quelle horreur que de se lever si tôt un dimanche matin. Pas humain. Plus pour moi. Plus de mon âge.
Le silence de l'appartement ne m'aide pas à me sortir de ma torpeur et je continue à avancer vers l'heure où je devrais sortir vers le metro en trainant les pieds. Au ralenti. A reculons. A reculer vers la chambre, vers le lit, vers mes rêves. Mais c'est debout que je rêve, là.
Ma réalité aussi triste que ce dimanche est de prendre le métro pour aller travailler. Et prendre le métro, un dimanche matin tôt, est un moment vraiment étrange et déprimant. Le dimanche matin marque la fin de la nuit de fête du samedi pour une partie des Parisiens. Fin de fête. Fin de soirée. Fin de ligne. Une rame de métro, à 7h00 du matin, un dimanche, est souvent remplie de dormeurs avachis la bouche grande ouverte, à deux doigts de ronfler ou de laisser couler un filer de bave, la tête en arrière dans une position vraiment peu flatteuse pour le dormeur, pénible pour le voyageur. Et il y a aussi les avinés, les saouls, les buveurs attardés. Ceux à l'alcool joyeux qui continuent à faire la fête en chantant alors que vous aspirez à un minimum de tranquilité. Ceux à l'alcool triste et morose qui pleurent parfois en se lamentant qu'ils sont les plus caliméros du monde. Et ceux à l'alcool mauvais qui cherchent querelle à tout le monde. Je ne les aimes pas ces alcoolisés, le dimanche matin. Ils me gènent et infestent mon air respirable de miasmes d'alcool mal digéré. Ce matin n'a pas fait exception : deux dormeurs et un alcool triste qui reprochait à sa copine de ne pas le comprendre; qu'il était malheureux et qu'il voulait rester seul; faire un break pour faire le point, sur lui, sur elle, sur eux et blablabla et blablabla... Pénible trajet qui me rend ce début de journée réellement insupportable.
En sortant du métro, alors que les grandes lettres bleues narquoises me faisaient des clins d'oeil écoeurants. A ce moment précis, j'avais en tête "sombre dimanche" chantée par la voix plaintive de Damia. Déprimé. A ramasser à la pelle avec les premières feuilles tombées de l'automne ou à la petite cuillère dans un ruisseau de caniveau. Pas le moral au meilleur de sa forme. Plus envie de travailler les week-end; je préfère les passer aux côtés du Sage. J'y gagne plus que ces huit heures, enfermé dans un bureau.
Mais l'heure n'est déjà plus à la plainte. Le sas du hall vient de s'ouvrir respectueusement devant moi. Le masque gris va disparaître derrière celui du bon camarade souriant. A quoi sert de tirer la tête au risque d'accentuer la morosité de la journée? Autant afficher un sourire avenant, le reste viendra en se forçant.

Fête des parcs et jardins

Jardin Albert Khan - Boulogne Billancourt - Juin 2005

Ce week-end, c'est la fête des parcs et jardins à Paris. Le dixième anniversaire. Et comme il se doit pour ce type de manifestation, c'est un week-end arrosé... Merci Dame Grenouille.

23.9.06

Le pot de confiture

Le pain, coupé en tranche, est chaud et doré. Légèrement croustillant. Négligemment disposé dans un panier d'osier.
La table est dressée sur le gazon encore baigné de la rosée de la nuit. L'ombre des arbres fruitiers s'étirent paresseusement sous les premiers rayons du soleil.
Les bols de faïence bleue et blanche n'attendent plus que le café qui finit de passer ou le sachet de thé qui tranquillement se laissera infuser.
Et au milieu de ce désordre organisé, un pot de confiture à la couleur ambré. Une confiture aux prunes, légèrement liquide par manque de confisuc et acidulée.
C'est l'heure du petit déjeuné.
Voila ce que j'ai imaginé, ce matin, debout dans la cuisine éclairée par le gris délavé du ciel parisien, lorsque j'ai étalé la confiture de prune sur la tranche de brioche. Le pot de confiture de prune que Dame A. nous avait donné.
C'était bien. Ca me semble loin, ce matin, alors que je me prépare à partir travailler. Malgré tout, cette envolée de pensées dans le Jardin du Manoir a suffi à donner du beaume au coeur.

Le paradis retrouvé

Dans ma veste de soie rose,
je déambule morose,
le crépuscule est grandiose ;

mais, peut-être, un beau jour voudras-tu,
retrouver avec moi, les paradis perdus.

Dandy, un peu maudit, un peu vieilli
dans ce luxe qui s'effondre,
te souviens-tu, quand je chantais,
dans les caveaux de Londres,
tu te noyais,
dans la fumée, ce rock sophistiqué,
toutes les nuits, tu restais là ;

mais, peut-être, un beau jour voudras-tu,
retrouver avec moi, les paradis perdus.

Dandy, un peu maudit, un peu vieilli,
les musiciens sont ridés,
sur ce clavier,
qui s'est jauni,
j'essaie de me rappeler, encore une fois,
les accords de ce rock sophistiqué
qui étonnait même les anglais ;

mais, peut-être, un beau jour voudras-tu,
retrouver avec moi, les paradis perdus.

Les paradis perdus - Christophe

Cette chanson de Christophe, utilisée dans le film de Giannoli, résume parfaitement l'ambiance générale de ce film. Un vieux beau, chanteur de bal, veut croire à la jeunesse éternelle grace au coup de foudre pour une jeune femme perdue.
Jolie romance française excellement interprêtée par Gérard Depardieu et par Cécile de France, les deux acteurs principaux. Tous les deux impeccables de justesse, de tendresse et d'humanité. Très bonne performance de Christine Ricci, en ex toujours amoureuse.
Le film ne verse pas dans une romance trop mièvre où le constat serait que le temps passe et que la jeunesse ne se rattrape pas. Au contraire, un sentiment de positivisme égaie le film même si la difficulté persiste.
Quand j'étais chanteur - Xavier Giannoli

22.9.06

Sous le ciel de Paris # 4

Paris - 22/09/2006

Des pierres et des pieds

Cour Carrée - Le Louvre - Paris - 21/09/2006

Derniers rayons de vie d'un été maladif. Derniers éclats de soleil avant le tombé de rideau. Derniers instants de nonchalance et de flânerie dans les rues d'un Paris qui refuse de croire que l'été c'est fini. Un jour qui rappelle le comme avant. Déambulations sans but précis mais aux étapes tellement ritualisées.

Finir cet après midi là, à la lumière d'un soleil roi dans la plus belle place de Paris, au rythme des volutes vocales de la soprane en rouge sur les douces paroles de l'Ave Maria de Gounod, au pied des colonnes. Faire le tour de la Cour sous les yeux tantôt graves, tantôt goguenards de la statuaire qui peuple ses murs ouvragés.

Finalement, une journée comme je les aime. Une journée qui me manquait tant, depuis tout ce temps. Une journée comme tant d'autres. Peut-être. Mais avec toujours autant de surprises. Le cloître des Billettes. Carnavalet. Saint-Paul. Les Halles. Passage du Grand Cerf. L'imprévu. Les Quais de Seine. Le Louvre.

L'iode et le savon.

Dimanche. Fondation Cartier. Exposition Agnès Varda. Dans l'escalier menant à la remarquable mise en image du passage du Gois de Noirmoutier.
Une femme, très digne, très 5ème arrondissement, et sa fille en petite fille modèle (robe bleue marine et chemisier blanc avec des chaussures noires et vernies sur petites soquettes blanches avec petit noeud rose) descendent l'escalier en parlant relativement fort. Je suis assis sur ce même escalier à regarder descendre et montée la marée, en attendant le Sage E. parti ce rafraîchir. Sur une chaise, une agent de salle baille aux corneilles.
La femme qui babillait dans un long monologue que sa fille, visiblement, n'entendait pas, arrête sa démonstration philosophico-artistiquo-bobo en plein milieu d'une phrase, comme frapée par un uppercut invisible.
Elle :
- Alors, ça ! C'est très fort. Tu sens? C'est génial. Elle a été jusqu'à parfumer son exposition. Ca sent bon. Ca sent la mer. Tu sens? On est loin là. Nous ne sommes plus à Paris. Franchement...
(Elle prend à partie l'agent de salle).
Elle :
- Mais comment a t-elle fait pour que cela sente la mer? C'est une odeur de synthèse, n'est ce pas?
La jeune agent de salle :
- Je ne crois pas que cela sente la mer...
Elle :
- Mais si ! C'est l'iode. C'est le sel. C'est la marée. C'est TOUT Noirmoutier.
La jeune agent de salle :
- Non, non ! Je vous assure. Ces odeurs ne font pas partie de l'exposition. Et il n'y a jamais eu d'odeurs de mer ici...
Elle :
- Mais qu'est-ce alors? Cette odeur...
La jeune agent de salle :
- La seule odeur que je sens ici, c'est le savon des toilettes qui se trouvent juste ici...
La femme, se redressant et se drappant dans un un long voile de dignité, se detourna de la jeune agent de salle, ignorant sa présence superbement, et reprit son long monologue avec sa fille qui aurait préféré être ailleurs que dans cette salle. Visiblement.

Sornette

Un téléphone portable sonne dans la rue. Fort. Tres fort. Trop fort... Cette sonnerie énervante qui imite la sonnerie énervante d'un vieux téléphone ou celle encore plus énervante d'un vieux réveil matin à ressorts, celui de grand mère qui réveillait une rue complète quand il se déclenchait. Toujours avec ce son nasillard et électronique, énervant.
Je viens de sortir d'une journée de travail fatiguante où le téléphone n'a que trop sonné. Pas envie d'entendre ce son, là et maintenant. Un peu de tranquilité, que diable. Je le mérite, tout de même.
Je me retourne mais je suis seul dans la rue. Je suis assez surpris, ayant cru entendre cette sonnerie juste à côté de moi... Je finis par supposer que cette nuisance sonore vient d'une fenêtre ouverte d'un immeuble. Pourtant, j'ai l'impression étrange que la sonnerie est toujours aussi forte malgré que je continue à avancer d'un pas alerte dans la rue. Ca a sonné cinq ou six fois et puis ça s'est arrêté. J'ai pris mon métro et j'ai oublié.
Gare Montparnasse. Premier changement de mon long retour à la maison. Il fait chaud. Les gens sont énervés. Embouteillages de touristes paumés avec leurs valises trainantes et d'usagers speedés qui feraient tout pour arriver deux secondes plus vite dans leur foyer; quitte à bousculer les touristes paumés et apeurés... Du coup.
Passablement énervé par ce manque de civisme et de civilité, je rentre la tête dans les épaules essayant de me réfugier dans un petit monde douillet et à moi seul. Pourtant, un son attire mon attention. Un son nasillard et électronique. Un son qui rappelle un vieux téléphone ou un vieux réveil matin. Il est là, je l'entends très distinctement. Pas loin de moi, mais je n'arrive pas à localiser dans le brouhaha de cette foule. Pourtant, personne ne semble vouloir répondre. Ce qui a l'effet de m'énerver encore plus : ils peuvent pas répondre à leur foutu téléphone au lieu de faire tout ce boucan, m'exclame-je, dans le dedans de ma tête? Mais non, le téléphone continue à sonner et puis s'arrête.
La longue montée exutoire de l'escalator de la station Place des Fêtes. Tout un symbole cet escalator, ingurgitant le matin sa masse laborieuse fraîche et résignée, et vomissant le soir cette même masse ayant subie les affres de huit heures de digestion, sous le coup d'enzimes de bureau. Enfin. Cette journée se termine. Enfin. J'ai déjà en tête, un chausson aux pommes doré; mes chaussures enlevées et la chemise débraillée. La liberté qui me fait réapparaitre un petit fond de bonne humeur en même temps que le jour de la Place des Fêtes se fait plus visible.
Pas pour longtemps. Un vieux téléphone ou un vieux réveil, au son nasillard et éléctronique, me persécute à nouveau. Je n'en reviens pas. Ce n'est pas dieu possible. Ca ne peut pas être une coïncidence. Quelqu'un veut me rendre fou. La sonnerie est toujours aussi proche de moi, mais personne à proximité de moi. Serais-je devenu fou? Un acouphène me jouerait-il des tours? Cette vrille sonore sonnerait-elle le glas de ma folie? Suis-je le seul à entendre ce téléphone qui sonne? J'aurais presque eu envie de hurler tellement je ne comprenais pas ce qui se passait.
Je me décide à sortir mon portable de ma poche de jeans pour faire part de ma folie au Sage E. (qui fait des tours et des détours autour de Mickey). Et je m'apperçois avec horreur (et un certain soulagement, je l'avoue) que c'est mon portable qui faisait tout ce ramdam. Je regarde bêtement mon téléphone maudit. Comment se fait-il que mon téléphone portable sonne maintenant alors qu'il a toujours était placé en mode vibreur? N'ayant pas l'habitude de cette sonorité sur mon portable et n'ayant plus les petits frissons provoqués par mes appels vibratoires, je n'ai, à aucun moment, pensé et assimilé que c'était moi le fouteur de troubles. Par quel hasard, s'est-il déréglé, je ne le saurais jamais. Sauf que j'ai bien failli tourné en bourrique ce soir même, à cause d'un bruit de vieux téléphone ou de vieux réveil, au son nasillard et électronique... Et tellement énervant.

21.9.06

A l'amitié...

Deh, prendi un dolce amplesso,
Amico mio fedel;
E ognor per me lo stesso
Ti serbi amico il ciel.

Duettino Sextus et Anniux - Acte 1 * Scène III - La Clemenza Di Tito - Mozart

20.9.06

Voyage de noces

Tahiti, ça le fait, moi j'dis...

Il en elle

Lili. J'adore ce prénom-surnom. Lili. Il est doux ce prénom. Il respire la joie de vivre, la gentillesse et l'innocence.
Cette Lili là, est une jeune fille comme les autres. Elle finit un BEP et habite avec son père et sa mère et Loïc, son frère jumeau, dans un pavillon de banlieue parisienne. Au retour d'un séjour à Barcelone, elle apprend que Loïc a fui la maison familiale suite à une dispute avec son père. Tout le monde semble bouleverser par ce départ, sauf Lili qui le connait bien, son frère. Il est une tête dure et est capable de faire ces coups d'éclats mais il reviendra; elle en est sure.
Cependant, elle est gagnée, au bout d'un moment, par cette absence trop longue et ce silence inquiétant. Elle préssent que quelque chose de plus grave est arrivé et elle va se décider à vouloir retrouver son frère et éclaircir, pour elle, pour qu'elle comprenne et qu'elle puisse passer à autre chose.
La bande annonce a bercé mon été cinématographique, accompagnée par la voix grave et les notes pianotées de U-Turn du groupe AaRon. Les yeux désespérés et douloureux de Mélanie Laurent. Les yeux doux et amoureux de Julien Boisselier. Les yeux coupables et tristes de Kad Merad. Les yeux silencieux et secrets d'Isabelle Renauld. Je crois que jamais une bande annonce n'a réussi à me faire autant frissonner d'émotion. Le film était donc très attendu. Les premiers echos ont été bons et même les Dames du Manoir ont plutôt bien aimé le film, en le trouvant, cependant, un peu fourre tout.
Tout est à fleur de peau dans ce film. A commencer par les sentiments bien sûr. La petite Lili, excellement interprétée par Mélanie Laurent, ressent viscéralement le manque de son jumeau. Le silence, les non-dits, les possibilités de choses graves, tout cela suinte dans les rapports entre les personnages. Kad, qui joue le père, est magnifique d'un bout à l'autre de ce film, à deux cent mille lieues de son duo habituel. Et puis, il y a Julien ! Julien Boisselier... Son sourire... Ses yeux... Julien Boisselier, quoi ! Rebelotte, sous le charme complet de cet acteur.
Le film, adapté d'un roman éponyme par Olivier Adam, l'auteur lui même, réserve son lot de surprises et rebondissements tout en gardant une trame dramatique aussi forte du début à la fin. Pas de complaisances faciles et larmoyantes (je n'ai pas pleuré une seule fois, c'est tout dire); c'est plus un drame reconté avec un certain détachement au contraire, en témoin plus qu'en acteur.
Un beau moment de cinéma encore une fois, grace à Philippe Lioret. Un des meilleurs film français que j'ai pu voir cette année.
Ah et puis tiens, je me réécoute une énième fois la chanson du film, histoire de ressentir une nouvelle fois mes poils, au dessus de mes avant-bras se dresser sous le coup de l'émotion...
Je vais bien, ne t'en fais pas - Philippe Lioret

19.9.06

Film super naze

Une bande annonce bien faite est une bande annonce qui donne envie d'aller voir le film, même s'il s'agit de la plus grosse daube qui soit.
Ce que je viens d'écrire là comporte trois grandes vérités à propos de ce... film (?). Premièrement, la bande annonce tient parfaitement son rôle, à savoir attirer le challand. Deuxièmement, ce film est une aberration cinématographique. Et enfin, je me suis laissé avoir.
Uma Turman est affligeante à force de pousser des yeux ronds pour faire voir qu'elle est en colère et à minauder en faisant de sa bouche un cul de poule pour faire voir qu'elle est contente. L'acteur (?) dont j'ai oublié le nom (et que je n'ai vraiment pas envie de retrouver) est lamentable (Razzie Howard du pire acteur de l'année?). Il n'y a pas de scénario. Il n'y a pas d'acteur. Un film des Charlots pourrait passer pour un chef d'oeuvre à côté de cette mouise. Tout ce que le ciména ricain peut faire de pire se retrouve là : des situations aussi vieilles que les Frères Lumière; des dialogues gerbant de pauvreté et de vulgarité; des effets spéciaux qui donnent envie de se cacher derrière un coussin tellement ils font hontes.
Il a réussi à faire rire un spectateur dans la salle... C'est peu pour cent personnes.
Ma super Ex - Ivan Reitman

17.9.06

L'île et Elle

Fondation Cartier - Paris - 14ème arrondissement - 17/09/2006

Dans cette exposition, Agnès Varda met en scène sa vision de l'île de Noirmoutier, à travers 10 installations, mêlant la vidéo, la photographie et petit bricolage. 10 oeuvres en forme de souvenirs et de témoignages. Témoignages personnels de la cinéaste (la cabane fabriquée avec la péllicule d'un de ses films, la tombe du chat, Zgougou); témoignages colléctifs (les portraits d'habitants de l'île, le recit de veuves noirmoutraines...).
Le passage du Gois, cette bande de route qui reliait deux fois par jour, (à chaque marée basse) l'île au continent, avant la construction d'un pont. Passage que nous passons symboliquement en le traversant; passage d'un état superficiel et estival, peuplé de touristes, à un état plus intime révélant le silence, l'isolement et la rudesse d'un milieu et ses conséquences sur ses habitants.
Une déambulation comme on ferait une partie de cette île à pieds, en prenant son temps. Le temps de voir et d'écouter; de respirer et de contempler cette immensité marine qui nous entoure, tout en étant en plein Paris, un dimanche après midi du mois de septembre. Une exposition qui se veut l'essence de l'île sans tomber dans le travers de l'image d'Epinal. Une vision subjective pourtant, celle d'une femme qui a suivi l'homme de sa vie et qui est tombée amoureuse de la vie ilienne et rend ainsi un hommage poignant à l'île, à ses habitants et à l'océan.
L'île et Elle - Agnès Varda - Fondation Cartier pour l'art contemporain

15.9.06

Les aléas de ma mémoire musicale # 21

Mais qui m'a mis cette chanson dans la tête???

Je suis amoureuse d'une terre sauvage
Un sorcier vaudou m'a peint le visage
Son gris-gris me suit au son des tam-tams
Parfum de magie sur ma peau blanche de femme

Africa
J'ai envie de danser comme toi
De m'offrir à ta loi
Africa
De bouger à me faire mal de toi
Et d'obéir à ta voix
Africa

Je danse pied nus sous un soleil rouge
Les dieux à genoux ont le cœur qui bouge
Le feu de mon corps devient un rebelle
Le cri des gourous a déchiré le ciel

Africa
J'ai envie de danser comme toi
De m'offrir à ta loi
Africa
De bouger à me faire mal de toi
Et d'obéir à ta voix
Africa

Dangereuse et sensuelle, sous ta pluie sucrée
Panthère ou gazelle je me suis couchée
Au creux de tes griffes je suis revenue
A l'ombre des cases je ferai ma tribu

Africa
J'ai envie de danser comme toi
Et d'obéir à ta loi
Africa, Africa

Je suis amoureuse d'une terre sauvage
Un sorcier vaudou m'a peint le visage
Son gris-gris me suit au son des tambours
Parfum de folie, magie de l'amour

Rose Laurens - Africa - Paroles: JM Bériat. Musique: JP Goussaud - 1982

Constatation # 90

Finalement, on se relève étourdi et courbaturé...

Constatation # 89

Il y a des affirmations qui sont plus dévastatrices que le plus terrible coup de poignard. Elles fouaillent l'esprit en insinuant une mauvaise gangrène. Elles vous laissent sur le carreau, étourdi et abasourdi, avec une faible chance de se relever tant la blessure est béante.

14.9.06

Rien ne sert de courir...

On me dit : "rien ne sert de courir après les gens. Laisse passer et tu verras qu'ils reviendront vers toi. Et si ce n'est pas le cas, c'est qu'ils ne sont pas digne que tu t'interesses à eux".
Créer le manque pour susciter le désir?
Peut-être. Sans doute. Mouais. Mouais...
Il est tout de même frustrant de constater que, parfois, la recherche de l'autre ne se fasse que dans un seul sens. Et toujours le même. Je ne sais pas moi mais, il me semble normal de demander des nouvelles des personnes que j'aime, amour, amis, famille. Si je devais compter le nombre de messages que j'ai laissé sans avoir eu de retour. Si je devais compter le nombre de texto où je demande comment ça va et j'attends toujours d'avoir une réponse. Si je devais faire la liste de toutes ces attentes là, je pense que je pourrais me transformer en Belle au Bois Dormant et attendre que ce foutu Prince Charmant se présente pour me réveiller de ma torpeur... Autant dire, que j'attendrais la saint Glinglin. Oui c'est frustrant d'être constamment dans l'attente d'un minimun d'attention. Est-ce que je ne mérite pas un minimum d'attention et de preuves d'attachement? Est-ce trop demander que d'avoir l'impression qu'on compte - si ce n'est autant - au moins un peu pour l'Autre?
On me dit : "tu es trop exigent avec les autres. Tu dois être prêt à écouter ceux qui ont besoin de parler et être présent pour eux. Il faut partir à point et être toujours prêt pour les autres".
Ok. humhum ! je vois. Mais encore mouais...
Moi je veux bien faire tout ça et je crois même que je le fais plutôt bien. Mais qui m'écoute, moi? Je n'inclue pas dedans mon cher et tendre E., ton écoute est la plus importante qui soit et ce, pas uniquement à cause de ta position envers moi.
On me dit : "laisse courir. Tu te rends malade pour rien. Tu es parano. Va te coucher et n'y reviens plus".
Je voudrais bien. Franchement, je voudrais bien.
J'aimerais bien me transposer dans la carapace d'une tortue, histoire de voir qui me rattraperait et passerait un peu de temps sur le bord du chemin.
Mais rien ne sert de courir, il faut partir à point.

13.9.06

Little Miss Sunshine

Un de mes voisins, dans la salle de cinéma, disait à son petit copain : " ce film est le meilleur film que j'ai vu depuis Crazy ".
J'irai bien plus loin que lui je pense en disant qu'il s'agit là, sans doute, du meilleur film que j'ai vu depuis deux ans.
Une famille, comme il en existe tant d'autres : une père, une mère, deux enfants, le gand-père et un oncle qui se raccroche a cette famille par un coup du sort. Jusque là, rien de plus banal. Mais ce sont les personnages qui composent cette famille qui fait qu'ils ne sont vraiment pas comme les autres.
je n'en dirais pas plus sur l'histoire en elle même. Il vaut mieux aller voir le film sans connaitre quoi que ce soit. Il faut juste savoir que ce film est une bulle de savon, légère et parfumée. Un film drôle et émouvant tenu à bras le corps par une belle brochette d'acteurs, à commencer par Greg Kinnear, comme toujours excellent. La très particulière Toni Collette dans un rôle un peu effacé par rapport au reste de la famille (une sorte de faire valoir comme dit le Sage E.) mais toujours tellement juste et avec un visage si expressif. Et puis Steve Carell en tonton tata imparable. La petite Abigail Breslin en anti miss qui rêve tellement de le devenir et puis Paul Dano en frère décérébré et muet génial.
Une musique qui pour une fois, souligne parfaitement les moments clés du film, à commencer par le sublime Chicago de Sufjan Stevens (merci à toi Eltan de m'avoir fait découvrir ce morceau, il y a quelque mois).
Bref, courrez voir ce film si ce n'est pas déjà fait. Vous découvrirez un pur moment de bonheur cinématographique...
Little Miss Sunshine - Jonathan Dayton & Valerie Faris

Constatation # 88

Il parait que les bulles de l'eau de B. a des vertus exhilarantes. La mienne devait manquer de bulles...

11.9.06

C'était mieux là bas

Cap Manvieux - Normandie - 07/09/2006

O Muse...

... make me invincible !

Muse - Black Holes & revelations - Atlantic - 2006

Pensée du jour

" Si le travail c'est la santé, donnez donc le mien à quelqu'un de malade ".
Pensée (ca y est c'est reparti) Alexandrine.

10.9.06

Retour au bercail

Non ! Normandie et soleil ne sont pas antinomiques.
J'ai les coups d'Helios qui le prouvent !

3.9.06

En route...

... Mauvaise troupe !
Vers le soleil de la Normandie.
A bientôt.

2.9.06

Joli miroir

Paris - Rue d'Arcole - 01/09/2006
Elle m'a dit : " Excellent ! Très bonne idée "

Selon moi

Selon moi, c'est un film raté; non abouti. Un film où chacun joue dans son coin à la facon qui lui est propre sans apporter quoi que ce soit de nouveau dans sa façon de jouer. Un film choral, me semble t-il, n'est pas un film où chacun des acteurs fait son numéro dans son coin et même s'ils le font bien. Bacri fait du Bacri; Lindon fait du Dindon (que je ne l'aime pas celui là). Seuls Magimel s'en sort haut la main en sensible à fleur de peau, timide et romantique; Poelvoorde est sobre dans son jeu et est même touchant. Enfin, Patrick Pineau est excellent. Il est le moins connu de la brochette et pour cette raison assez peu mis en avant lors de la promotion du film mais c'est celui qui est le plus naturel et poignant.
Des histoires d'hommes en crise d'identité qui se retrouve en situation de remise en cause sur leur vie, leur métier, leur devenir, leurs amours. Chacun son histoire et selon Nicole Garcia, c'est Charlie, un jeune mome, qui sert de lien. Lien cousu de grosse ficelle même pas blanche; artificiel et sans cohérence. Dommage, l'affiche et le sujet étaient alléchants, le résultat n'est pas à la hauteur. On ne s'invente cinéaste " à la façon Woody Allen " comme ça. Reste le plaisir de revoir ces acteurs (sauf celui que vous savez).
Selon Charlie - Nicole Garcia

Isabelle a mal à la tête

Isabelle est boulangère.
Isabelle est particulière.
Isabelle avait mal à la tête, ce matin.
Isabelle a pris un Efferalgan et elle le dit sans fausse pudeur à tous les clients.
Isabelle me demande confirmation : " deux croissants beurre, une pain au chocolat et un chausson aux pommes, c'est bien ça? Ca fait bien quatre choses ", demande t-elle en me montrant trois doigts.
Isabelle est confuse quand elle se rend compte de son erreur.
Isabelle s'excuse parce qu'elle a mal à la tête ce matin et que c'est pour ça.
Isabelle me fait rire.

1.9.06

Il y a 10 ans

Il y a dix ans, je faisais les cent pas dans un couloir de fort du Mont Valérien, à coté de la cabine téléphonique que je trustais depuis une bonne demie heure. Toutes les deux minutes, je décrochais le combiné, composais le numéro de sa chambre et raccrochais après deux minutes de sonneries dans le vide. Enfin, à 22h00, juste avant l'extinction des lumières, j'ai entendu sa voix fatiguée me dire que ça y était, j'étais tonton pour la première fois et parrain par la même occasion; qu'elle s'appelait Morganne; qu'elle faisait 3,1 kilos et qu'elle était en pleine forme. Je me souviens parfaitement avoir raccroché le téléphone et je pleurais comme une madeleine (de joie et de tristesse d'être aussi loin d'eux à ce moment précis). Je me souviens avoir dit comme ça, à brule pourpoint que j'étais tonton à la chambrée qui, en rigolant, me lançait que ce n'était pas grave et qu'on n'en mourrait pas; ce qui m'a fait rire, avec des sanglots dans la voix...
Il y a dix ans, je quittais pour la première fois le cocon familial pour aller apprendre à jouer gentiment au soldat sur les hauteurs du Mont Valérien. Le début de la fin. La fin d'une époque. Le grand changement allait s'opérer.
Il y a dix ans, j'étais un garçon idéaliste, aux rêves comme des réalités, un peu niais, crédule et gentil avec tout le monde. Maladivement timide et sous la botte de tous ceux qui avaient un minimum d'autorité. Je finissais mon année de maîtrise que j'avais présenté avec un certain succès. Pour moi, la voie était toute tracée : un cursus universitaire béton et une carrière de recherches irréprochable; tout ce que j'attendais depuis que j'avais 15 ans. Une vision de la vie édulcorée par le manque d'accrocs, surprotégé par les yeux maternels. Un certain confort de vie douillet qui me convenait parfaitement bien à cette époque là. Pourtant, quelque chose s'opérait, vagues sentiments que je n'arrivais pas encore à saisir et à appréhender.
Il y a dix ans, si on m'avait demandé comment je voyais mon futur, j'aurais répondu sans hésitations : avec femme et enfants, dans une maison, dans la région du Mans. C'est normal non? J'aurais répondu cela sans mensonge. Il y avait pourtant ces troubles nouveaux qui s'éveillaient en moi. Je les refoulais et me les cachais inconsciemment. Des corps fantasmés, la nuit. Des nuits agitées face à des démons intérieurs. Des censures que je m'imposais pour éviter d'avoir à faire face à ces nouveaux tentateurs : la fin de mes années de tennis, le renfermement sur moi même. Des saloperies que j'ai pu faire subir à toi mon amie. Le mal être d'un état incertain.
Le départ pour mon service national aura tout précipité. La promiscuité masculine à chaque instant. La nouveauté de se retrouver dans un endroit où personne ne se connait. Tout ces moments là auront été les révélateurs. Il y a dix ans, je me découvrais garçon pas comme les autres ©, sans pour autant me lâcher totalement et librement. Trop d'attaches et trop de poids du passé sur les épaules. Mais le procéssus était en route.
Dix ans après, il me semble loin ce garçon là. Il a complètement disparu. Un nouvel homme est né de cette gestation. Il est devenu libre, heureux, plus fort. Encore timide mais beaucoup moins renfermé. Il est devenu parisien, assumément Bo-Bo, assurément citadin, légèrement hautain sur certains points (ma province et tout ceux qui ont traversé ma vie maléfiquement...). Mais certainement heureux et plus fort, libre et détaché. Carrément amoureux de ma nouvelle vie et parfaitement garçon pas comme les autres ©.
Il y a dix ans, une petite fille naissait. Il y a dix ans, un nouvel adulte commencait aussi sa renaissance. Dix ans en plus. Dix kilos de plus. Des rides en plus au coin des yeux mais incontestablement mieux dans sa peau.

Sous le ciel de Paris # 3

Paris - Pont d'Arcole - 01/09/2006