30.10.06

C'est la faute à pas de chance

Le Sage E. le dit. Le Sage E. le pense. Il a plutôt de la chance avec les transports en commun...
... Sauf quand il a un train à prendre.
C'est toujours lorsqu'il a un train à prendre que les dieux infernaux de la RATP décident de se déchaîner et d'entraîner des incidents techniques, des accidents voyageurs, des colis suspects, tout cela dans le seul but de le faire courir dans les couloirs du métro; cavaler comme un forcené sur le quai de la gare; sauter dans un train qui a commencé à rouler.
Dernier exemple en date, vendredi soir dernier. Un train en partance pour Nantes à 18h00. Le Sage E. prévoit, échaudé qu'il est par ses mésaventures, de partir du travail à 16h30, suffisement tôt pour être à l'heure. Moi j'attends sagement au bar à siroter ma pression et à regarder les autres évoluer autour de moi. A 17h15, je reçois un essemesse : "je suis bloqué à Fontainebleau. Problème technique". Et ça recommence. Je m'astreinds à rester calme avec un petit café bien serré sans sucre merci. Respire. Il reste 45 minutes; c'est encore jouable; pas la peine de stresser. A 17h25, second essemesse : "je ne suis pas encore à Nation :-(" La situation est plus problématique. Ca va être juste mais encore jouable. N'empêche que j'aligne trois cigarettes d'affilé. A 17h40, je quitte le bar. La Sage E. est sur messagerie. Je commence à me demander s'il ne serait pas judicieux de changer les billets et prendre le train suivant mais bon, tant qu'il y a du temps, il y a de l'espoir, n'est-ce pas? C'est en tout cas ce que dirait le Sage. Je fais les cent pas, le portable à la main, sous le panneau des départs qui annonce le quai n°1 dans 15 minutes. Dans 10 minutes. Dans 5 minutes. Dans 3 minutes. Et toujours pas de Sage à l'horizon. L'instant est critique. 17h58. Le Sage déboule sur le quai et passe à côté de moi sans me voir. Il va réitérer son exploit du saut dans le train en marche... Mais sans moi dedans, cette fois. Je le hèle et j'ai le droit à un "fonce". Ce que je fais mais le train a du retard... (Tiens, les dieux de la SNCF s'y mettent aussi?).
18h05, le train part. Le Sage E. est à côté de moi, ruisselant comme une Marie Madeleine, haletant et soufflant comme un boeuf. Il me regarde avec un pauvre sourire exténué et me dit : "finalement, on l'a eu. C'était moins une mais on l'a eu".

La vie des riches

La vie n'est pas toute rose finalement sur les hauteurs couronnées de Cannes, là où les villas tape-à-l'oeil rivalisent dans les hauteurs du mauvais gout clinquant.
Au milieu de cette microcosme, une faune particulière faite de nouveaux riches, anciens pauvres, vulgaires et excentriques; d'anciens riches nouveaux pauvres, pathétiques dans leurs volontés de garder la tête haute et digne pour des valeurs d'un autre temps. Ces êtres aiment la foule courtisane, mocro-cour achetée à coup de cadeaux, à coup de fric. Ils flattent l'égo. Pourtant, chacun vit solitaire dans l'illusion d'être aimé.
Maguy est de ceux là. Acienne pauvre devenue riche mais en passe de devenir ancienne riche et redevenir pauvre. Elle vit dans son monde où elle s'ennuie matérialisé par une belle grande villa, entourée de sa cour de parasites (un coiffeur et son petit copain, une amie insomniaque, deux Serbes, frères de sang et hommes à tout faire). Chacune de ces personnes est chargée de divertir, d'aider la Reine, celle qui récompense; de supporter ses caprices aussi. Malgré cet entourage, Maguy est bien seule. Personne ne l'aime, même pas sa fille qui débarque un jour pour lui demander de l'argent. Autant elle peut acheter une certaine présence, elle ne peut acheter les sentiments et l'amour des autres quelque soit le prix.
La Californie, film adapté du roman de Georges Simenon Voie sans issue, est avant tout un film d'ambiance. Le scénario est léger mais ce n'est pas grave parce que le réalisateur a voulu davantage montrer, disséquer une micro société. Ce qui lui importe ce sont les situations, les personnanges et leurs fonctionnements.
La distribution est correcte avec un grand bravo à Nathalie Baye, très convaiquante dans ce rôle de nouvelle riche décadente. Par contre, un grand zéeo à Roschdy Zem, assez peu crédible en Serbe.
Pas un très grand film, loin de là. Il y a trop de longueurs mais c'est le risque pour un film qui mise sur les situations plus que sur l'action.
La Californie - Jacques Fieschi

Le dernier jour

Elle disait "le bateau coule". Cette formule toute faite n'aura jamais été aussi vraie.
La lassitude gagne même les plus acharnés, ceux qui ne rechignent pourtant pas à la tâche. Le chassé-croisé de mes collègues continue encore et encore. Toujours la même histoire. Toujours le même schéma. Ils arrivent, pleins de bonnes attentions et de courage. Ils se forment aux ficelles du métier avec la meilleur volonté. Ils bossent. Ils bossent. Et ils bossent; la tête dans le guidon, parce qu'ils n'ont pas le choix : il y a du travail donc ils bossent. Et puis, ils ouvrent les yeux. Ce qu'ils font n'est pas gratifiant ni financièrement ni humainement. Et puis, les aspects positifs deviennent peau de chagrin et les désagréments, une chappe de plomb. La bonne volonté se transforment vite en découragement. Vite. Un an suffit, parfois beaucoup moins.
Elle est partie vendredi.
Je me souviens de son arrivée. J'étais chargé de son accueil et des prémices de sa formation. Ca crée des liens, ces premiers instants. Le courant était bien passé. Une certaine complicité tendant vers une certaine amitié s'est vite instaurée entre nous. j'ai vu tous les stades menant vers son départ se mettre en place, avec l'incapacité d'y changer quoi que ce soit si ce n'est lui faire passer ses journées de dur labeur avec une relative bonne humeur. Mais ce n'est pas tout la bonne humeur. Ce n'est pas suffisant.
Il y a eu le jour où elle m'a annoncé qu'elle partait; qu'elle jetait l'éponge. Un coup de massue pourtant annoncé mais qui laisse malgré étourdi quand les mots sont prononcés sur de vagues suppositions. J'ai bien cru que j'allais chialer ce jour là. Vraiment. C'était trop injuste, Caliméro que je suis. La faute à eux qui n'ont pas su voir tout ce qu'elle pouvait apporter. Mais personne n'est irremplaçable. Autre formule toute faite, très prisée là où je travaille.
Il a donc fallu se faire à l'idée du départ. La digérer. Après tout, elle s'épanouira mieux ailleurs. C'est certain.
Mais c'est bien facile de se dire cela quand la personne est encore présente sur le plateau tous les jours. C'est une autre histoire quand arrive le dernier jour...
Vendredi, c'était son dernier jour.

28.10.06

A. Charlotte

(...) Elle est partie si loin d'ici,
Dans la nuit, nuit de folie
Elle s'est enfuie.
Elle est partie seule dans la nuit

Elle était si belle que dans ses bras
Mon triste sort était plus beau je crois
Et je n'avais pas envie, envie de m'échapper d'ici
J'était prisonnier de ses désirs
Quand d'un seul coup, son sourire s'effaça
Elle s'en alla trop loin, trop loin pour la retrouver

Elle est partie, si loin d'ici,
Dans la nuit, nuit de folie,
Elle s'est enfuie.
Elle est partie seule dans la nuit (...)

Partenaire Particulier - Elle est partie

27.10.06

Constatation # 100

Aujourd'hui, ça fait 2 ans.

Ca se bouscule

Plus le temps de rien. Ca se bouscule. Ca dégringole. Une avalanche. Trop de choses à faire, à voir, à entendre. Trop de boulot. Trop de fatigue. Trop peu de temps. Les spectacles. La préparation de la chambre royale. Le metro. Le boulot. Le dodo. Et rebelotte, le lendemain.
Le premier à en faire les frais, c'est le blog. Ce n'est pas une mauvaise chose, penserons certain. Ma prose d'écrivain raté fera moins rire dans les prisons de Nantes. Peut-être. Sans doute. M'en fous. Reste que cela me manque d'écrire ici mais que je n'ai pas assez de temps pour le faire.
Je n'ai donc pas pu dire tout le bien que j'avais pensé des "
Fils de l'homme", petit film d'anticipation d'Alfonso Cuaron, nerveux et efficace. Effrayant.Je n'ai donc pas pu écrire le plaisir immense que j'ai eu à voir la bouille clownèsque et touchante de Charlie Chaplin dans "les temps modernes" tandis que l'Orchestre de la Radio Flamande jouait en direct la partition musicale du film. Magique.

24.10.06

Pensée du jour

BAIRIIIIIII PIYAAAAAAA
Pensée (bollywood) Alexandrine

23.10.06

Indécis

Je ne sais pas trop quoi en penser de ce film. Si je l'ai aimé ou pas. Trois jours après l'avoir vu, je continue à me demander.
Je ne me suis pas ennuyé mais je ne suis jamais rentré dans le film. Trop hermétique dans sa construction, trop bavard dans ses démonstrations et ses dialogues sur les rapports du couple, trop peu d'émotions malgré la tristesse et la dépression palpables tout au long du film.
Pourtant, Duris et Garel sont excellents et même touchants. Le grand plaisir de revoir Guy Marchand, la trop rare Marie France Pisier et Héléna Noguera dans un petit rôle. Des moments (rares, malheureusement) d'intensité émotionnelle.
Alors pourquoi? Pourquoi, je n'arrive pas à me faire une idée de ce que j'ai vu? Pourquoi suis-je toujours aussi perplexe en repensant à ce film? Est-ce un film prétentieux où le bavardage pseudo littéraire et le montage en flash back cachent le creux et la vacuité d'un scénario pondu à la va vite? Ou bien est-ce un film maladroit qui n'arrive pas à dire ce qu'il avait à dire, par manque de réflexions, par accumulation de poncifs, par péché d'orgueil? Les acteurs cherchent pourtant à tirer vers le haut ce qu'on leur à demander de jouer mais c'est difficile pour eux de mieux jouer tellement ils ne croient pas en leur personnages improbables.
Mouais ! Finalement, à bien y réfléchir, à part pour les acteurs, le film ne vaut pas grand-chose...
Dans Paris - Christophe Honoré

ZEN

Exposition Futuro Textiles - Tri Postal - Lille - 20/10/2006

Lillywood

Lille se donne l'air d'une ville indienne en parant ses rues aux couleurs de Bombay. Bombayser de Lille, assure t-on là bas.
L'avenue Faidherbes transformée en allée triomphale ornée d'éléphants géants. Le tout menant à la gare de Lille Flandre placardée d'un habit de lumière imitant les courbes élancées d'un temple hindou; tandis qu'une facade de la Grand Place s'orne des mêmes atours lumineux pour évoquer un palais de maharaja. Sur la place de l'opéra, une fluette et ridicule guirlande qui voulait célébrer la fête des Lumières, courait par intermittence sur quelques hauts pignons. Evocation tristounette d'une des plus grandes fêtes indiennes, le Divâlî, la fête du renouveau.
L'habit de fête de la ville se limite à ces deux ou trois évocations dont on a vite fait le tour.
C'est qu'en fait, on célèbre l'Inde sous d'autres formes à Lille. Car Lille 3000, c'est avant tout des lieux d'expositions consacrés à la culture et aux artistes indiens. Quelle soit populaire ou résolument novatrice, cette culture éblouit par ces couleurs vives et chatoyantes. Et puis, il y a l'évocation de la ville indienne; belle et bruyante exposition au Tri Postal.

21.10.06

Reine de pique

Aout 1997, Diana meurt à Paris. La "Princesse du Peuple" devient aussitôt une sainte du peuple anglais, pleurée par des millions d'Anglais. Et pendant ce temps, que fait la famille royale? Elle ne réagit pas... Elle n'a pas à le faire : Diana ne faisant plus partie de la famille royale, il s'agit là d'une histoire privée. C'est convenu. Le protocole est ainsi. Pendant, quatre jours, la Reine Elisabeth est restée muette, perdu dans son domaine écossais, regardant ahurie les réactions "over-reacted" de ces sujets.
Stephen Frears décide de planter sa caméra dans les coulisses de ce drame qui a failli coûter la tête de la royauté, cherchant à apporter des explications à ce qui s'est passé pendant cette longue semaine.
Il s'insinue dans la vie privée des protagonistes en montrant à quel point ils sont ancrés dans un monde de plus en plus éloigné de la réalité de leurs sujets. La Reine est convaincue de bien agir ainsi, selon les règles du protocole immuable et de la bienséance sans sentiments qui régit le quotidien de chacun des membres de la famille royale. Elle est stricte, droite, limite psycho-rigide : elle est reine et se doit d'être digne et forte, froide et distante, elle se doit être un exemple et un modèle pour chacun de ses sujets. En même temps, Frears nous montre cette même reine avec des bigoudis, en charentaises, se baladant avec ses chiens, une femme parmi tant d'autres dans son quotidien. C'est ce tiraillement que le réalisateur a voulu mettre en avant : Elisabeth est tiraillée entre ses devoirs de reine et ses sentiments de femme, ce qui fait qu'à aucun moment du film on ne deteste cette reine vieillissante qui ne se situe plus dans ce monde moderne qui la dépasse.
Helen Mirren est prodigieuse dans son interprétation d'Elisabeth, seconde du nom. Toute en cheveux blancs et en malice, elle incarne sans caricature la reine.
Stephen Frears évite avec réussite l'écueil du jugement facile entre "bons et machants", voir de la caricature. Ce n'est pas un film qui fait l'apologie de la gentille Diana face aux "méchants" Windsor. Humour anglais en veux-tu en voila et des dialogues délicieusement décalés, surtout ceux de la femme de Blair ou ceux de la Reine Mère.
Un très très bon film.
The Queen - Stephen Frears

Lille dernière

La fin d'une parenthèse. Une boucle se ferme. La fin d'un exil qui aura duré plus d'un an. Il avait débuté par un tas de cartons et il se terminera de même.
Lille, terre d'exil forcé. Mais aussi, terrain de jeux et de découvertes. Pendant tous ces jours où nous avons silloné les rues, à photographier ses murs et ses couleurs partriculières. Je fus l'un des premiers à m'y rendre pour venir le voir. Je serais sans doute l'un des derniers à m'y être rendu avant son grand retour.
Dernière visite dans son exil. Pas la moindre traces de nostalgie. Les rues sont toujours les mêmes quelques soit les saisons. Plus le plaisir qu'il y avait les premières fois. Sans doute la perspective du retour.
Dans quelques jours, Lille ne sera plus qu'un souvenir. Paris sera de nouveau ta nouvelle réalité.

18.10.06

Constatation # 99

Moi, j'vous l'dis ! La Madonna, elle ne devrait faire plus que des albums studio et arrêter les live. Sa voix ferait peur à une casserole de la Star Académie. Une catastrophe, j'vous dis...

Ciné-cotine

J'ai bien cru que je n'arriverais pas à le voir ce film là. Et cela aurait été bien dommage de le rater.
Profondément cynique; absolument caustique, ce film souffle un humour noir qui ne fait pas mal aux poumons, sauf si on s'étouffe de rire.
Nick Taylor a une belle gueule et un sourire de tueur. Il est beau parleur et a un charme charismatique. Il joue de tous ces atouts pour se présenter comme l'avocat du diable, en défendant les intêrets du lobby du tabac face à un sénateur et de sa politique anti-tabac. Nick Taylor est lobbyiste et est très bon dans son boulot.
Un film politiquement incorrect, intelligent et drôle mais en même temps qui fiche les pétoches en montrant les rouages des pro et des anti cigarettes qui finalement utilisent les mêmes ingrédients. L'important étant de se montrer sous le meilleur jours dans les médias quelques soit les methodes utilisées. Un film qui aurait pu sonner faux, une carricature de la société américaine (occidentale plus largement) mais qui sonne pourtant, hélas, bien souvent vrai. Tellement réaliste que ça fait peur.
Aaron Ekhart est extraordinaire en cynique aux dents longues que rien arrête du moment qu'il réussit. Le reste de la distribution est du même tonneaux. Ils sont servi par des dialogues aussi corrosifs que de l'acide versé sur nos frêles poumons.
La seule chose à regretter : la mise en scène. Encore une fois trop clipesque. A croire que maintenant, pour faire film indépendant, il faut faire des arrêts sur image, des ralentis inutiles, des accélérés ratés, des disgressions d'images... Bref, pas très réussi. C'est un parti pris de réalisation auquel je n'adhère pas (sur ce film en tout cas).
Une chose est sûr aussi. Ce n'est pas après ce film que j'arrêterais de fumer... Est-ce une victoire du lobby des industries du tabac américain?
Thank you for smoking - Jason Reitman

Constatation # 98

Le méchant microbe l'a rendu Coco Bel Oeil.

Sous le ciel de Paris # 8

Paris - 17/10/2006

17.10.06

Constatation # 97

Entreprises Sage E. Déménagement S.A.
Laissez vous impressionner par son savoir faire.

Compagnie créole

Assises sur leur chaise, le dos fermement calé contre le mur, elles sirotent leur café paresseusement, dans la salle de pause qu'elles vont laver dans quelques instants. Elles bavardent. De leurs voix tapageuses, elles ensoleillent la pièce grise et enfumée où quelques êtres à peine réveillés s'isolent autistement, le visage fermé, le nez plongé dans le verre de plastique blanc d'un café infame ou dans les nouvelles mal digérées d'un quotidien gratuit. Elles, elles rayonnent. Leur langue, à laquelle je ne peux comprendre que quelques mots, respire les îles, le soleil, les palmiers et les noix de coco. La nonchalance, la joie et le temps de vivre rafraichissante du créole face à nos têtes moroses et sinistrées de petits français individualistes. Elles rient, nous ignorant superbement. Elles rient aux éclats d'une histoire où je ne parviens qu'à saisir les mots "téléphone", "zizi" et "doudou". Elles rient aux larmes. Ce qui parvient à décrocher des sourires d'abord contenus, puis, de plus en plus flagrants parmis les personnes présentes dans la salle. Ils sont comme moi, ils ne comprennent rien à ce qui se raconte là mais la bonne humeur des deux femmes est communiquante. Cela suffit à ce que les rayons de soleil de leur langue éclairent et inondent nos faces grises de ce petit matin ordinaire.

Flagada. Ramolo. Et autres maux

J'traine un blues aussi long qu'une traine de ciel d'automne sur l'asphalte terni d'un trottoir sans lendemain . Je broie du gris qui tire dangereusement vers le noir, qui me donne l'air d'une gueule de bois. J'me traine comme un boulet sans âme, sans peine. J'me traine. Simple chose; vulgaire truc handicapé qui se demande encore à quoi il peut bien servir; anodin grain de poussière ballotté dans la masse crasse de la foule inhumaine. J'déprime à tous les étages : du sommet de mes cheveux qui tombent en une neige discontinue sur ma jeunesse passée, jusqu'au ras des paquerettes que je foule sans même y faire attention mais qui finiront par fleurir mon repos éternel.
J'me paume dans les eaux troubles d'un boulot où je ne suis pas plus qu'un vulgaire gardon qu'on appâte à coups de carottes, en cachant bien le fer solide de l'hameçon exterminateur. Il faut que je frétille ailleurs. Il en va de ma survie mentale. Il me faut prendre tout l'élan nécessaire pour le grand saut. Vers le ciel, ce vaste inconnu qui promet ses monts et merveilles. Des voix ailées m'appelent vers un jour certainement meilleur.
J'ai la rate qui s'dilatte, j'ai le foie qu'est pas droit. J'ai le ventre qui se rentre. J'ai l'pylore qui s'colore. J'ai l'gosier anémié. L'estomac bien trop bas. Et les côtes bien trop hautes. J'ai les hanches qui s'démanchent. Etc, etc. Il est grand temps pour moi, d'aller faire la visite de contrôle d'après trente ans avant de voir se terminer mon pauvre corps dans le même état que ma voiture qui a manqué de contrôles, techniques pour le coup.
J'me sens vieux. Tout fripé. Tout flétri. Les rides d'expressions de mes 20 ans sont devenues des rides de maturité à mes 30 ans et sont en passe de devenir des gouffres sans fond, renvoyant mes expressions charmantes du temps où sourire ne noyait pas mes yeux sous les plis de mes pattes d'oie vers une époque de légende, ma jeunesse primaire, mon siècle d'or. J'me sens vieux et fatigué. Le corps s'avachit. Vachement. Sans l'ombre d'une compassion pour sa jeunesse passée et ne se gène pas pour me jeter en pleine gueule les années où j'ai tout fait avec sauf de l'entretenir.
Flagada. Ramolo. Mou du flanc. Mou du genou. Mou de partout. Plus de peps. Plus de hargne. Plus d'entrain. Faut qu'je me r'prene. Faut qu'je dorme. Faut qu'je me r'pose. Faut qu'je me pose. Faut qu'je me bouge. Faut qu'je prenne des décisions.

16.10.06

Radio Alpes Mancelles

C'est une institution cette radio là. Elle a pourtant une petite zone de couverture et d'écoute, puisque limitée à ce qu'on appelle les Alpes Mancelles. Mais elle est suivie par des aficionados chevronnés.
Une des émissions phare de cette radio est celle du dimanche matin consacrée au musette. Mes parents sont des fans absolus de cette émission. Je suis certain que lorsque nous passons un week-end chez eux, nous aurons droit à l'écoute de deux heures de valses, boléros, polka et autres danses de bals populaires joués à l'accordéon et aux instruments synthétiques d'un synthétiseurs. C'est kitch. Ce n'est vraiment pas ma tasse de thé mais bon, c'est la tradition dominicale de la maison. Pendant cette emission, les auditeurs sont invités à appeler en direct la radio, pour dédicacer le morceau musical qui à sa voisine, qui a son frère ou à sa soeur, qui a ses amis.
Ces appels téléphoniques en direct font souvent l'objet à des débordements particulièrement savoureux. Daniel, l'animateur, doit faire preuve d'un sang froid à toute épreuve. Dimanche, j'ai eu le droit à un hystérique hurlant "mort aux chasseurs". Une brave femme qui revendiquait son droit à choisir le morceau de musique qu'elle voulait dédicacer à Thérèse et Roger. Une autre qui expliquait (avec l'accent du cru) qu'elle ne pouvait pas appeler le mercredi la radio parce que son fils Raymond, travaillait chez Lorimont.
Cette radio, c'est les Deschiens mais dans la vraie vie. J'adore...

Je t'attendrais au coin de la rue

Mamers - 15/10/2006

15.10.06

Le retour

" SLURWS "
A 9h58

C'est dit...

Dans le métro...

Elle 1 :
- Tu as vu, Lille 3000, c'est parti.
Elle 2 :
- Où?
Elle 1 :
- Bah à Lille...
Elle 2 :
- Ah... !
Elle 1 :
- Tu avais compris quoi?
Elle 2 :
- Bah rien. J'comprends rien en ce moment...

Tête de mule...

Manoir de Courboyer (Maison du Parc du Perche) - Nocé - Orne
... Photo prise de tête surprise

14.10.06

Automne

Place des Fêtes - Paris - 12/10/2006

Constatation # 96

Ce qu'il y a de bien dans les disputes, c'est la réconciliation sur l'oreiller.

13.10.06

Constatation # 95

Ah ! Les mains expertes de Monsieur Michel !

Sous le ciel de Paris # 7

Paris - 12/10/2006
Et ils passaient. Et ils passaient inlassablement, chargés de gouttes grises, n'attendant que le moment propice pour tomber sur nos têtes, en crachin morose. Et ils passaient, passaient comme un troupeau en migration, comme une horde barbare à la conquète du ciel de Paris. Boules cotonneuses de mauvaise augure.

12.10.06

Constatation # 94

Je suis un amour. C'est elle qui l'a dit...

L'hécatombe

Et ça continue encore et encore...
Cela doit être la saison. Aussi sûrement que les feuilles quittent une à une, l'arbre protecteur, sans sève, sans passion, mollement. Aussi sûrement, un à un, les départs s'accumulent. Chacun part vers d'autres horizons, vaincus par la démotivation, la fatigue et le manque de reconnaissance. Ils jettent l'éponge après avoir donné le maximum de ce qu'ils pouvaient donner sans sombrer dans la dépression. La démission reste alors la seule solution.
Tout cela sous l'oeil faussement courroussé et scandalisé devant l'ingratitude dont font part les démissionnaires, d'un encadrement complètement dépassé par la situation, incapable de constater et de se remettre en question. Je ne suis pas un maître en management, mais je ne sais pas, trois démissions en trois mois, cela me semble significatif. Significatif d'un malaise, d'un mal être, d'une désorganisation grandissante. A force de pratiquer la politique de l'autruche et de se carrer la tête dans des oeillères, tous les pilliers de ceux qui faisaient l'unité et la force de cette équipe, vont se carapater vers des jours meilleurs. Il sera alors trop tard pour pleurer; trop tard pour se lamenter; trop tard pour être nostalgique. A moins bien sûr, que cette inaction ne soit une volonté délibérée.
Qui sera le prochain?

11.10.06

Un homme et un homme.

Voila un film qui fait du bien.
Un homme, marié et père de famille, passe des vacances, en famille, dans une résidence de la Drôme. Une vie heureuse. Jusqu'à sa rencontre avec son voisin, homosexuel blasé de la vie. Une rencontre chamboule tout et qui remet en cause l'équilibre douillet de sa vie, dans laquelle il périclitait gentiment. Une discussion sur leurs visions de l'Amour jusqu'au petit matin jette le trouble chez les deux hommes.
Encore un film qui traite de l'homosexualité? Non pas vraiment. Je trouve plutôt qu'il s'agit là d'un film sur la place et la force de l'Amour dans notre société. Un film d'amour classique sauf qu'il s'agit de deux hommes. Loin des poncifs habituels pour ce type de film (même s'il en existe quelques uns : l'homo est forcement un mangeur d'hommes et coureur de boîte de nuit...), le film traite avec beaucoup de pudeur et de fragilité, des prémices d'un amour qui semble impossible et les remises en question qu'ils engendrent.
Un film sensible. Extrêmement sensible magistralement interprété par Bernard Campan, méconnaissable en père de famille paumé par les événements, ne sachant pas clairement exprimé les troubles qui le travaillent intérieurement et ses sentiments. Charles Berling endosse à la perfection le costume de l'homo quadragénaire blasé de la vie, revenu de l'amour mais qui se cache des blessures non cicatrisés. Et puis, il y a Léa Drucker. Ah la la, ses yeux; sa présence féline; son sourire mutin et espiègle; sa douleur de femme bafouée. Elle illumine ce film magnifiquement, seule au milieu d'un homme qu'elle aime mais qu'elle ne reconnaît plus et un homme dangereux pour son équilibre millimétré.
Zabou Breitman, grande actrice, signe ici un film poignant et émouvant et se montre aussi une très grande réalisatrice. Elle fournit un travail sur l'image magnifique, peut-être un chouillat trop appuyé pour démontrer l'intensité de certaine scène. Mais visuellement, le film est une petite merveille. Préférant souvent l'ellipse aux bavardages inutiles, elle suggère plus qu'elle ne fait dire à ses acteurs. Maniant la caméra avec sensibilité, elle glisse sur ses personnages avec habileté et une grande douceur; la caméra devenant comme une seconde peau des acteurs, intensifiant ainsi leurs états d'âme.
Je le répète, un film qui fait du bien.
L'homme de sa vie - Zabou Breitman

Constatation # 93

On voulait voir les tribulations de deux frères "dans Paris". Finalement, nous avons vu les jolis payasges d'un village de la Drome. C'est pas mal non plus.

10.10.06

Les aléas de ma mémoire musicale # 22

{Refrain :}
Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'intéresse
Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'donne d'l'émoi
De mes amours mes humeurs mes tendresses
De mes retours mes fureurs mes faiblesses
Parlez-moi d'moi
Parfois avec rudesse
Mais parlez-moi, parlez-moi d'moi

Vous me dites-ci
Vous me dites-ça
Comment vous avez vaincu vos orages
Vos petits soucis
Et vos gros tracas
Mais si vous voulez m'toucher davantage

{Refrain}
Comme c'est touchant ce que vous vivez
Mon Dieu vous racontez bien vos angoisses
Ce que les méchants vous ont fait baver
Entre nous tous vos problèmes m'agacent

{Refrain}

Je voudrais un peu parler un instant
Jamais vous ne me laissez en placer une
Lorsqu'enfin je peux déserrer les dents
J'ai l'impression de l'ouvrir pour des prunes
V'la qu'j'en ai assez de tous ces laius
Il est grand temps maintenant de nous taire
De nous embrasser
De secouer nos puces
C'est comme ça qu'vous comprendrez mon mystère

Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'intéresse
Parlez-moi d'moi
Y a qu'ça qui m'donne d'l'émoi
Et plus vous pleurerez sur mes détresses
Plus voyez vous ça nous mettra en joie.

Parlez-moi d'moi - Guy Béart & Jeanne Moreau (1980)

9.10.06

Il fallait gagner au Loto

Le soir, on se couche en vacances. Le matin, on se réveille au boulot.

8.10.06

En traversant, à Berlin Est

Signalisation pour les piétons - Rue de Berlin - 01/10/2006

Le parfum de l'amor

Adapter au cinéma ce roman réputé inadaptable était un pari casse gueule. Beaucoup de grands réalisateurs ont essayé mais aucun n'a su relever ce défi. Comment rendre en images le fétichisme olfactif de Jean-Baptiste Grenouille? Tom Tykwer a tenté sa chance et s'en sort plutôt très bien.
Il réussit à peindre grâce à une photographie léchée et à une lumière éblouissante, une ambiance de la France d'avant la Révolution Française tout en odeurs. Sa vision du Paris de cette époque entre la puanteur des rues et les odeurs capiteuses de la Bourgeoisie est une véritable réussite tout comme l'est sa vision qui fleure bon le propre de la Provence, berceau de la parfumerie.
Au milieu de tout cela, un être doué d'un odorat hors du commun mais qui n'a pas d'odeur propre. Sa seule obsession est de capturer l'essence olfactive de toutes les choses qui l'entourent. L'odeur du bois, du fer, de l'eau, des hommes et des femmes qu'il croise. Sa perception de la vie n'est que senteurs, bonnes ou mauvaises. Passant pour un fou ou même pire, un monstre, aux yeux de ses compatriotes, il rêve de pouvoir créer le parfum génial, le parfum de l'Amour. Sa grande oeuvre, celle qui devra le faire reconnaître et aimer aux yeux de tous. Et cette obsession va virer au malsain et au morbide lorsqu'il cherche à créer ce parfum en récupérant les odeurs propres de jolies femmes quitte à les tuer.
Grenouille, présenté dans le roman comme un être difforme, est excellement interprété par Ben Whishaw, sorte de petite crevette inquiétante et mal fichue, au regard illuminé par sa folie. La jolie Laura est douce comme un bouton de rose à peine éclos. Deux mastodontes du cinéma : Dustin Hoffman perruqué et cabotin comme jamais et Alan Rickman qui pour une fois, joue tout en retenue le père inquiet de la jeune Laura. Le Sage E. est beaucoup plus dur que moi pour Rickman, mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce qu'il en dit.
Deux heures trente d'images pour rendre toute l'essence du roman. Le film suit le déroulé du livre sans trop en rajouter dans le misérabilisme. Une durée qui pourrait faire peur mais qui passe très bien. Pas une minute d'ennui. Des scènes parfois un peu longuettes par rapport à d'autres qui aurait pu être développées mais bon, ça passe bien.
Un seul bémol, cependant, la voix off qui traverse le film. Est ce qu'on est trop bête pour comprendre l'action du film pour que le réalisateur (les producteurs?) ait jugé bon de souligner les scènes clés du film?
Le Parfum, histoire d'un meurtrier - Tom Tykwer

Les premières fois

La vie d'un homme (dans le sens humain du terme) est jalonnée de premières fois. Ce sont d'ailleurs, ces premières fois qui aident à construire la vie d'un homme (toujours dans le sens humain).
Pour tout être normalement constitué, plus il vieillit, moins il a d'occasion d'avoir une première fois puisque (normalement) les premières fois se concentrent surtout quand il est en phase d'apprentissage. C'est bien dommage d'ailleurs, qu'on ne puisse pas avoir plus de premières fois passés trente ans. C'est si bon ces moments là. Exaltants devant l'inconnu qui fait parfois un peu peur, pour celui qui aime garder son âme d'enfant. Va t-on aimer? Qu'est ce que cela va changer? Les questions habituelles devant cette première fois...
Tout cela pour dire que j'ai eu une première fois, pas plus tard qu'il y a une semaine jour pour jour. Une première fois à 33 ans alors que pour beaucoup cette première fois là remonte à des années lumières, en culottes courtes et nez qui coule. J'en rêvais depuis des lustres de cette première fois; depuis que j'étais gamin, en fait. Mais bon, comme à la maison, on n'avait pas beaucoup de fric, cette première fois là ne s'est jamais produite jusqu'à ce 1er octobre 2006.
Le 1er octobre 2006. Je suis allé pour la première fois de ma vie au cirque. C'était le Dralion par la compagnie du Cirque du Soleil. Et j'ai adoré ça.

Sur l'autel d'un rêve

Détail de la Frise de la Gigantomachie - Autel de Pergame - Pergamonmuseum - Berlin - 04/10/2006

Depuis l'âge de 15 ans, je rêvais de voir "en vrai" ce chef-d'oeuvre de la sculpture grecque. La visite du musée qui expose la reconstitution de l'autel était pour moi un passage obligé lors de notre visite berlinoise. Le moment tant attendu a su se faire attendre mais lorsqu'enfin, j'ai pu entrer dans la vaste salle consacré à l'autel, une vive émotion m'a fait tourner la tête. Un banc a su soutenir ce trop plein émotionnel. Puis mes yeux curieux et avides ont scruté chacun des fragents exposés. Un véritable bonheur. Un rêve réalisé. Un nouveau trait sur ma longue liste de choses à voir, à faire ou à vivre. Prochaine étape : le Trésor de Schliemann.

Prends ça dans les dents !

Maria Stuarda :

Ah ! No !
Figlia impura di Bolena,
parli tu di disonore?
Meretrice indegna e oscena,
in te cada il mio rossore.
Profanato è il soglio inglese,
vil bastarda, dal tu piè !

Dialogue des deux Reines - Acte 2, scène III - Maria Stuarda - Gaetano Donizetti

Qui a dit que dans les opéras italiens, on ne chantait que l'amour pur et la beauté universelle? Dans celui-là, les deux reines (Marie Stuart et Elisabeth Iere) s'envoient les pires insultes. C'est étonnant, je dois dire...

7.10.06

Le pauvre destin...

... D'une carte postale anonyme.
Ceci est une histoire vraie ce qui rend ce récit encore plus terrible.
Il était une fois, une carte postale soigneusement sélectionnée pour représenter au mieux notre voyage à Berlin. Elle n'avait pas encore de destinataire désigné, mais elle était assurée de partir vers un autre ailleurs, punaisée sur un pèle-mèle en liège ou bien rangée au fond d'un tiroir débordant de mille et une autres de ces consoeurs. Elle aurait sa place dans une Tour de Babel visuelle. On la sent heureuse, cette carte. Elle va accomplir l'oeuvre de sa vie; ce pour lequel elle a été conçue.
Assis à la terrasse d'un glacier bruissant de cris d'enfants, et muni de ma plus belle bille bleue, je couche sur la carte offerte des mots souvenirs de notre passage dans la ville. Le soleil joue dans le reflet de mon verre d'eau. Des conversations dans la jolie et guturale langue de Goeth autour de moi. Des enfants qui hurlent dans le parc derrière moi. C'est presque la fin de notre séjour. Un peu de tristesse déjà avant le départ mais aussi beaucoup de joie d'avoir découvert la ville. Un peu de fatigue aussi, cinq jours de marche rapide laissent des traces. Cette carte sera tout cela à la fois. C'est la dernière de la série : elle sera parfaite. Il ne reste plus qu'à ajouter l'adresse du destinataire que je n'ai pas à portée de main.
Dans la précipitation d'un départ manu militari (ou presque), cette carte incomplète est placée avec celles de ses consoeurs qui sont, elles, prêtes pour le grand voyage. Et dans la même précipitation, elle est glissée dans la boite magique avec ses comparses. Mais à la différence de ces dernières, elle errera comme une âme en peine de destinataire. Elle devine déjà où se terminera son voyage sans retour à l'envoyeur : dans une poubelle, sans égard, dans l'indifférence totale et dans l'anonymat. Une moins que rien, un vulgaire morceau de carton glacé sans nom ni adresse. Personne ne se souciera qu'elle a été sans être devenue; que sa mission, la seule, est un fiasco complet.
La vie d'une carte postale n'est pas sans péripéties parfois fatales, comme on pourrait se l'imaginer. Une pensée pour cette dernière qui ne fut finalement rien. Une autre (plus grande) pour le destinataire qui ne recevra jamais cette carte.

Chevauchant les couleurs nationales

Porte de Brandebourg - Berlin - 02/10/2006

Effets secondaires

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Laisser vous guider...

Triple concerto

Le vendredi, tout est permis... Même d'aller à Fresnes pour assister à un triple concert dans le cadre du Festi' Val de Marne. Il a tout de même fallu cette brochette alléchante pour nous motiver à sortir aussi loin de Paris par un temps de merde, dans la grange d'une ferme qui faisait office de salle de concert. Bon je sais, je fais mon Parisien de base; celui qu'il vaut mieux avoir en journal qu'en vrai... Mais, il faut le dire, ce déplacement en pays étranger vallait le coup.
Babx tout d'abord. Le seul chanteur masculin de la soirée. Découvert un peu par hasard, il y a quelque mois, parce que la couverture de l'album me plaisait bien (ben oui, je fonctionne comme ça), il est aussi le seul que je ne connaissais pas sur scène. Fière allure, la voix assurée mais tout de même assez réservé avec le public (surtout composé de gens du cru qui n'avaient sans doute jamais entendu parlé du bonhomme). Un tour de chant net et précis mais avec assez peu d'âme. Mais comment mettre un minimum de vie dans un concert quand vous n'avez que 45 minutes de prestation à fournir? Reste qu'il est un chanteur à suivre et seul sur scène, il doit déjà très bien assuré.
Puis vint Claire Diterzi. La star de la soirée (selon nous). Celle qu'on attendait de revoir avec impatience sur scène. Elle confirme tout le bien qu'on avait pensé d'elle lors de notre première approche scénique de la miss. Toujours aussi dépouillé son concert et avec des problèmes techniques (indépendants de sa volonté) mais toujours avec un punchy exaltant (ah cette version très rock de "A genoux"). Mais là encore une fois, elle n'était pas seule et son temps de présence scénique était aussi compté. On sent qu'elle a la volonté de tisser une relation avec son public mais elle n'en a pas le temps. Vivement le mois de février pour qu'enfin, on puisse la voire seule sur une scène, en tête d'affiche. Elle est vraiment la découverte musicale de cette année.
Enfin, celle qui était la tête d'affiche de la soirée : Barbara Carlotti. Il s'agissait de sa dernière chance. Elle a su bien la saisir. Une prestation désastreuse il y a quelque mois (ce fut aussi la première vision pour le Sage E. qui ne s'en est jamais vraiment remis), elle était sous l'emprise d'une bouteille d'alcool ou d'une aiguille hallucinogique. Bref, hier soir, elle est revenue à une prestation classique sans une grande conviction (mais l'ambiance de la salle y était pour beaucoup) mais tout à fait correcte. J'ai enfin pu retrouver l'interprète à la voix suave et aux textes fignolés. Le Sage E. est d'accord avec moi, nous continuerons à la suivre. Elle l'a echappé belle.
Finalement une soirée en demie teinte, mitigée. Heureux de voir ou revoir ces chanteurs que j'aime bien, sur une scène plus qu'intime, presqu'en amis. Et pourtant, frustré. Frustré par le type de la soirée même. Dans une soirée à trois têtes, personne finalement n'y met tout son coeur par manque de temps, leur prestation étant chronometrée. Cela donne des concerts agréables mais sans âme, sans un véritable partage. Le public est pour beaucoup responsable de cette ambiance. Un public qui fait "chut" lorsque quelqu'un ose chanter à haute voix, gèle le minimum d'ambiance qui pourrait naître.
Bref, une soirée sympa mais qui ne vaut pas un bon concert avec une première partie et une tête d'affiche.

6.10.06

Auf Wiedersehen Berlin

5 jours, ça passe vite. Trop vite.
A peine eu le temps de se plonger dans l'athmosphère de Berlin même si nous avons déjà vu beaucoup de la ville.
Etrange cette ville. Etonnante même. L'ambiance y est très particulière. A mi chemin entre un futurisme architéctural et les acquis d'une gloire passée. C'est le propre d'une ville qui a subi les foudres destructrices des bombes de la fin de la seconde guerre mondiale. Une ville où tout est à refaire et à reconstruire. D'ailleurs, la ville est encore un vaste chantier; un vaste champs de possible. Partout, des grues, des bâches sur des bâtiments, des destructions, des reconstructions. Une ville qui ressemble assez peu aux autres capitales européennes. Là bas, tout est demesuré. A commencer par la superficie de la ville qui represente plus deux fois la superficie de Paris. Des trottoirs aussi larges que des avenues. Des gares monumentales; un réseau férroviaire le plus complet et diversifié que je connaisse. Des espaces verts plus grands que ceux de Londres. Une ville où je me suis senti tout petit, écrasé par ce syncrétisme futur/présent/passé.
Berlin est aussi une ville marquée par son Histoire. Ancienne capitale glorieuse détruite par la guerre puis séparée en deux. Ce clivage est/ouest est, malgré la chute du Mur, encore palpable aujourd'hui. Les traces encore présentes de cette frontière honteuse qui a divisé l'Allemagne pendant près de trente ans, donne un sentiment de malaise indécis. Entre document historique d'un passé révolu et trace d'une mémoire collective. Les vagues souvenirs que je garde de cette chute : les embrassades entre la jeunesse compatriote trop lontemps tenue à l'écart l'une de l'autre; Rosptropovitch célébrant avec son violoncelle ce renouveau de la ville. Une chute qui n'a pas été sans poser les problèmes qui perdurent dans la ville. Il existe toujours un Berlin est encore sinistrée dans certains quartiers en total réhabilitation et le Berlin ouest qui me fait beaucoup penser à Londres dans son gigantisme.
J'avoue qu'au début, et surtout pendant une visite de la ville par voie fluviale, j'ai pensé que je n'accrocherais pas. Trop d'antagonismes, trop peu d'unité. Pas assez de structures urbaines où je pourrais me repérer. Mais c'est en déambulant dans ses rues que le charme nous prend au ventre. Parce que du charme, elle en a à revendre. Plein. Ce que je voyais de manque d'unité est en faite un ensemble varié qui finalement s'harmonise parfaitement. Les balades allaient de surprises en surprises. Du quartier ultra moderne de Posdamer Platz aux ruines aux allures de squat d'une ancienne usine (qui s'avère être en fait des lieux de sociabilité de la jeunesse berlinoise avec bars underground, ateliers d'artistes...); du monumental palais de Charlotteburg aux rues aux facades délabrées.
5 jours à déambuler dans Berlin et à commencer à apprécier la ville. Mais pas suffisement longtemps pour s'y sentir comme dans une ville "conquise". Pas grave, parce que de toute façon, on y retournera.