21.10.06

Reine de pique

Aout 1997, Diana meurt à Paris. La "Princesse du Peuple" devient aussitôt une sainte du peuple anglais, pleurée par des millions d'Anglais. Et pendant ce temps, que fait la famille royale? Elle ne réagit pas... Elle n'a pas à le faire : Diana ne faisant plus partie de la famille royale, il s'agit là d'une histoire privée. C'est convenu. Le protocole est ainsi. Pendant, quatre jours, la Reine Elisabeth est restée muette, perdu dans son domaine écossais, regardant ahurie les réactions "over-reacted" de ces sujets.
Stephen Frears décide de planter sa caméra dans les coulisses de ce drame qui a failli coûter la tête de la royauté, cherchant à apporter des explications à ce qui s'est passé pendant cette longue semaine.
Il s'insinue dans la vie privée des protagonistes en montrant à quel point ils sont ancrés dans un monde de plus en plus éloigné de la réalité de leurs sujets. La Reine est convaincue de bien agir ainsi, selon les règles du protocole immuable et de la bienséance sans sentiments qui régit le quotidien de chacun des membres de la famille royale. Elle est stricte, droite, limite psycho-rigide : elle est reine et se doit d'être digne et forte, froide et distante, elle se doit être un exemple et un modèle pour chacun de ses sujets. En même temps, Frears nous montre cette même reine avec des bigoudis, en charentaises, se baladant avec ses chiens, une femme parmi tant d'autres dans son quotidien. C'est ce tiraillement que le réalisateur a voulu mettre en avant : Elisabeth est tiraillée entre ses devoirs de reine et ses sentiments de femme, ce qui fait qu'à aucun moment du film on ne deteste cette reine vieillissante qui ne se situe plus dans ce monde moderne qui la dépasse.
Helen Mirren est prodigieuse dans son interprétation d'Elisabeth, seconde du nom. Toute en cheveux blancs et en malice, elle incarne sans caricature la reine.
Stephen Frears évite avec réussite l'écueil du jugement facile entre "bons et machants", voir de la caricature. Ce n'est pas un film qui fait l'apologie de la gentille Diana face aux "méchants" Windsor. Humour anglais en veux-tu en voila et des dialogues délicieusement décalés, surtout ceux de la femme de Blair ou ceux de la Reine Mère.
Un très très bon film.
The Queen - Stephen Frears

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