31.5.08

30.5.08

Le retour d'Anvers

Plus que quelques jours à patienter avant de pouvoir écouter le deuxième album de Joseph D'Anvers. Les Jours Sauvages sortira le 23 juin prochain. Deux ans après Les Choses en Face, il revient avec un album plus rock que le calme et mélancolique premier album. Deux morceaux du prochain sont déjà en écoute sur le Myspace de Joseph.
Plus que quelques mois à attendre avant de pouvoir le réentendre sur une scène parisienne. Ca sera le 7 octobre prochain, au Nouveau Casino. J'ai déjà mes places.

Wax Taylor à l'Olympia

Après Camille mardi et avant Daho vendredi prochain (entre autre date dans notre agenda over booked), hier soir je suis allé au concert de Wax Taylor à l'Olympia.
Sur la galette, Wax Taylor, c'est super bien. Ca hip hop à fond les manettes; ça trip hop grave; ça soul agréablement. Ça mixe bien. L'album Hope and Sorrow, écouté pour la première fois dans une Rover en route pour la Normandie, m'avait bien accroché. L'excellent Once upon a past qui ouvre l'album est un morceau entêtant qui reste en mémoire longtemps. Et puis il y a eu aussi, sans doute son morceau le plus connu, le très bon "Que sera", présent sur leur premier album Tales of the forgotten Melodies. Bref, ce que j'avais pu entendre m'avait suffit pour me décider à aller le voir sur scène, même s'il s'agissait de celle de l'Olympia. C'est une trop grande salle pour ce type de concert, mais bon...
Sur scène, c'est autre chose. Bon, il faut dire que je n'étais pas de la première fraîcheur hier soir. Réveil à 6h00; dix heures de boulot dans la tête; une alimentation sur le pouce; deux bières quasiment à jeun et des basses poussées à l'extrême supportable, ont fait que j'ai eu un grand coup de mou lors de la première partie. Voile blanc dans les yeux, jambes flageolantes et bonne suée froide ont eu raison de mon enthousiasme légendaire (hum). Le micro malaise passé, j'ai, malgré tout, ressenti une énorme fatigue, incontrôlable. Pas moyen de me concentrer sur ce qui se passait sur scène. Très rapidement, la musique trop forte avec ces basses toujours aussi percutantes, l'odeur des joints qui se fumaient sous le manteau, la foule compacte, ont eu raison de ma patience. A aucun moment, je n'ai été chaviré, emballé ou enthousiasmé. Autant, le dire tout de suite, je ne suis pas rentré dans le concert. Ça m'a même saoulé très vite. J'ai demandé au Sage E. de partir parce que je ne supportais plus. C'est la première fois que je quitte une salle de concert avant la fin. Même au médiocre dernier concert de Yann Tiersen, j'avais trouvé la force de rester jusqu'au bout.
C'est d'autant plus dommage, que ce matin, alors que je suis en train d'écrire ce billet, j'écoute du Wax Taylor et je trouve ça vraiment très bon.
Wax Taylor - Olympia - 29/05/2008

la Cigale et la Camille

Vous savez tout le bien que je pense de Music Hole, l'excellent dernier album de Camille. Envoûtant et enivrant, il me grise et m'électrise depuis quelques semaines. J'attendais avec une grande impatience de pouvoir la voir sur scène et comment elle pourrait rendre en live cet album si particulier. Je vous laisse imaginer mon état, mardi soir, alors que j'attendais dans la file d'attente qui s'étendait loin après la Cigale. Un mélange d'excitation et d'appréhension.
Vers 20h30, elle est entrée sur scène, traversant le plateau, affublée d'une capeline orange, en exécutant une danse étrange. Pendant ce temps, ses musiciens et choristes s'installaient. Il y avait bien un piano, sur l'avant scène, mais pas l'ombre d'un autre instrument. Et pour cause, les musiciens emmenaient leurs instruments avec eux : la voix, la bouche, la cage thoracique, les mains et les pieds. Ils étaient leurs propres instruments. Elle allait respecter le concept de l'album sur scène. Et la curiosité me titillait déjà les oreilles.
Elle a commencé par "Les canards sauvages" et deux heures après (voir un peu plus), elle a terminé par "Paris", a capela. Pendant deux heures (voir un peu plus), elle a irisé la salle avec toutes les nuances de sa voix incroyable et multiforme. Tantôt grave, tantôt aiguë, tantôt éraillée, notamment sur le magnifique "home is where it hurts". On ne peut pas dire qu'elle communique beaucoup avec le public mais elle sait créer une connivence tacite avec lui qui fonctionne à fond. Le public était chaud comme la braise. Je dois dire que je me suis laissé embarquer dans ce concert sans aucune retenue. J'étais emballé par ce que j'entendais, je voyais et je ressentais. Ce concert a été l'un des plus beau que j'ai pu faire.
Et puis, pendant tout le temps (beaucoup trop court) qu'a duré le concert, je ne pouvais m'empêcher de penser à ma bonne amie A.S. Je ne sais pas pourquoi. Son image m'est apparu dans un flash au début du concert et ne m'a pas quitté par la suite. Sans doute un petit air de ressemblance avec la chanteuse sur scène. Sans doute aussi parce qu'elle a été la première à me parler de Camille. Sans doute enfin, parce que je suis certain qu'elle aurait aimé le concert autant que moi et que j'aurais bien aimé partager ce moment là avec elle aussi.
Camille - La Cigale - Du 23 au 28 Mai 2008

27.5.08

Que fait la police?

Verneuil Sur Arvre - 25/05/2008

Terrasse

Place Stanislas - Nancy - 17/05/2008

Beau gosse # 17

De jolies boucles blondes entourent son visage adolescent, éclairé par un beau et grand regard bleu limpide. Son visage a la fraîcheur d'un enfant rêveur, d'un Pierrot de la Lune. Un long corps recouvert de vêtements un peu trop large lui donne l'allure nonchalante charmante, vaguement désabusé.
Alexander Fehling est un jeune acteur allemand de 27 ans, découvert en France dans le très beau Et puis les touristes, sorti il y a quelques semaines. Il est Sven, un jeune Berlinois paumé à Auschwitz, dépassé par le poids de la mémoire de l'ancien camp d'extermination.
Il m'a fait belle impression ce jeune homme. Il dégage une sensibilité à fleur de peau et une fragilité qu'on a envie de consoler avec plaisir et sans retenues.
J'espère le revoir très bientôt sur nos écrans parisiens.

Olympus E510

Mon nouveau copain numérique. Difficile à apprivoiser mais je suis certain qu'on s'entendra bien tous les deux...

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

On peut dire que cette suite là, m'aura fait saliver. Je ne suis pourtant pas un fan de la première heure (j'étais trop jeune pour cela). J'ai même redécouvert les trois premiers épisodes de la saga cet hiver. Mais l'annonce du projet d'un quatrième volet, vingt ans après, m'a emballé. Peut-être un peu trop.
Les craintes d'un Indiana Jones vieillissant, perclus d'arthrose et de vieilles douleurs ne sont pas fondées. Harrison Ford, qui affiche tout de même 66 ans au compteur, est tout bonnement impeccable. Pas une trace de rouille dans les articulations, peut-être quelques kilos en trop mais ça reste raisonnable. Il est et il reste Indiana Jones malgré le temps qui passe.
On retrouve avec un grand plaisir tous les éléments qui ont fait la marque de fabrique de la série : le chapeau de feutre, le fouet, la montagne du début, la peur des serpents... L'aventure et l'action sont toujours de la partie. La réalisation est toujours magistrale. Quelques clins d'oeil aux aventures précédentes sont semés dans le film. Le plaisir est garanti. Pourtant, ça n'a pas été l'engouement espéré. Sans doute la faute au scénario qui avait un petit air de déjà vu et qui cachait sa pauvreté sous des effets de surenchères. Vous allez me dire que les aventures d'Indy ne sont pas connues pour leurs finesses scénaristiques. Certes, ce n'est pas faux, mais au moins c'était exaltant d'un bout à l'autre. Dans le royaume du crâne perdu, ça rame un peu plus. C'est un peu alambiqué et il manque la fraîcheur des histoires précédentes. Mais bon ne boudons pas non plus, le film reste du très bon cinéma de divertissement et les vingt minutes d'ouverture du film sont à tomber par terre tellement c'est bien foutu et rondement bien mené.
La toujours excellente Cate Blanchett campe une méchante de service antipathique à souhait. Délicieusement mauvaise. Un régal dans le genre. A côté, le jeune Shia LaBeouf joue le fils caché et gominé d'Indy de façon très convainquante. On peut se dire que la relève est assurée. D'ailleurs un clin d'oeil final nous laisse presque y croire.
Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal - Steven Spielberg

L'Européen de Carlotti

Barbara Carlotti était de retour sur une scène parisienne, en solo, après sa participation à la comédie musicale "Imbécile", qu'elle a joué avec JP Nataf, Philippe Katerine et Héléna Noguera, il y a quelques mois.
Toujours égale à elle même, Barbara. Elle reste toujours nonchalante à l'extrême, avec cette sensation parfois envahissante qu'elle vit sur la lune ou bien qu'elle est sous l'emprise d'une substance pas très catholique. La voix grave quand elle parle, dégage toujours autant de sensualité. Ah la la quand elle nous dit bonsoir. Elle a pris de l'assurance tout de même. Finis, les concerts un peu brouillon de ses débuts. Elle a maîtrisé la scène, le micro, ses déplacements. Elle parvient tout de même à entretenir une part d'improvisation même si au final tout est programmé. Elle a su éviter le mauvais goût qui m'avait sidéré (voir plus) lors de son concert au Café de la Danse, en 2006 (elle avait encordé un homme nu sur la scène pendant une bonne partie du concert, en le laissant seul jusqu'au bout alors que les spectateurs quittaient la salle).
Elle a bien sûr axé son concert sur son second album, l'idéal, sorti en mars dernier. A l'écoute, l'album ne m'avait pas autant enthousiasmé que Les Lys brisés. Je trouvais les textes un peu plus fades et les mélodies moins raffinées. J'ai dû l'écouter en tout et pour tout deux ou trois fois, préférant me repasser le premier album. Pourtant, sur scène, le deuxième album passe beaucoup mieux. Et je me suis même rendu compte que je fredonnais les chansons alors que j'avais l'impression de n'avoir rien retenu. J'ai pu réécouter l'album d'une oreille neuve depuis. Et même si l'impression de moins bon ressort, il n'est pas si mal que ça finalement. Elle a aussi repris quelques morceaux du premier album (Tunis, Une rose pour Emily, Charlie the Mode, Cannes, peu importe...) mais sans chanter les Lys brisés que je trouve être sa plus belle chanson.
Il est toujours aussi agréable de pouvoir écouter un chanteur dans la petite salle de l'Européen. La taille humaine de la salle apporte une vraie proximité avec l'artiste qui m'emballe toujours autant.

26.5.08

Sous le ciel de Paris # 31

Paris - 25/05/2008

Les soldats de l'éternité sont une petite quinzaine réunis dans l'espace relativement réduit de la nouvelle Pinacothèque de Paris, sur la Madeleine. Ils représentent une délégation exceptionnelle de l'armée de terre cuite déterrée de Qin, le premier empereur de Chine. Jusqu'à mi septembre, ils seront sous les lumières tamisées parisiennes.
Ils sont impressionnants de réalisme. On dit que chacun des 7000 soldats qui ont été découverts dans les fosses à proximité du tombeau de Qin est unique. Pas un n'a le même visage, la même expression. Il est vrai qu'aucun des quinze soldats exposés ne se ressemble. Le visage est impassible, le regard droit, on les croit prêts à entamer un combat invisible. La peur ne se lit pas sur leur visage, juste de la droiture, un courage sans faille, une détermination butée. Ils sont beaux mais ils font peur; fantômes d'un empereur sanguinaire qu'on verrait bien se réveiller, prêts à semer la désolation sur Terre, un soir de grande lune, dans un film américain, avec Brandon Fraser dedans (pour faire encore plus peur).
L'exposition est didactique. La muséographie est claire. L'éclairage est sobre Dommage qu'ils aient exposé dans l'espace très très réduit du rez-de-chaussée autant de soldats. Le spectateur s'amasse dans cet espace vite saturé. La suite de l'exposition est plus facile à faire. On peut suivre grâce à de petits textes explicatifs au style maniéré (sans doute une traduction mal ficelée), la fonction des objets exposés (cloches rituelles, poterie, bijoux) et apportent un éclairage succinct sur l'histoire compliquée de la Chine à cette période. Il est sans doute préférable de lire un peu avant de faire l'exposition pour avoir une idée sur le contexte historique un peu plus claire. Le hors série de Connaissance des Arts, consacré à cette exposition, est très bien fait pour cela.
Ce qui est bien, c'est que la masse de spectateurs se focalise sur les statues de terre cuite, délaissant les objets quotidiens qui sont aussi exposés. Cela permet de déambuler sans être bousculé et ainsi observer tranquillement chaque objet magnifique.
Il faut sans aucun doute préférer une visite en nocturne (jusqu'à 21h00, certain jour de la semaine). Il doit y avoir beaucoup moins de monde qu'en journée.
Les Soldats de l'éternité - Pinacothèque de Paris (métro Madeleine) - Jusqu'au 14 septembre 2008.

23.5.08

Les fantômes se réveillent

Étrange. Depuis quelques temps, une ribambelle de personnes classées "c'est du passé, n'en parlons plus" depuis plus ou moins belle lurette, se rappelle à mon bon souvenir. Enfin quand je dis bon souvenir, c'est plus une formulation qu'autre chose. Il y a des réapparitions que j'aurais préférées ne jamais revoir ou réentendre parler.
L'invitation d'un ami de lycée perdu de vue depuis longtemps, à son mariage, c'est plutôt une bonne nouvelle, même si je ne pourrais pas l'honorer. On se dit, à se moment là que la vie est vraiment bizarre parfois. Qu'à un moment, on se voyait très souvent et puis soudain plus rien, chacun ayant sa propre vie avec tout ce qui s'ensuit. Ce petit carton d'invitation permet de se remémorer les bons moments, lointains. Et puis, on se dit est-ce qu'on aura encore des choses à se dire après cinq années de silence? Sur ce coup là, je suis assez prêt à tenter l'expérience.
L'invitation à son mariage d'une cousine qui la dernière fois que je l'ai vu, il y a quatre ans, m'a appelé monsieur et qui s'évertuait à me vouvoyer comme si j'étais un vulgaire inconnu, c'est plutôt une mauvaise nouvelle. De celle qui vous fait fulminer en se demandant à quel jeu elle joue. A ce carton là, je ne répondrais pas. Si je le faisais, je crois bien que je serais méchant. Je n'ai pas envie de l'être. C'est fatiguant d'être méchant quand on se force et je suis suffisamment fatigué comme cela pour en rajouter une couche. Et puis, surtout, ça serait inutile, j'en suis sûr.
L'invitation d'un ami à boire le thé, dans son nouvel appartement, alors que j'étais dans l'expectative quant à la suite de cette histoire, c'est une très bonne nouvelle, même si je ne l'attendais plus. Une certaine distance s'est installée, certes, mais l'amitié semble être encore solide.
L'appel d'un cousin qui a coupé les ponts pour d'obscures histoires de famille depuis bien longtemps, ce matin à 8h15, alors que je dormais à poings fermés, c'est une très mauvaise nouvelle. Il était enjoué, lui. Il me parlait comme si on s'était quitté la veille, comme si de rien n'était, la bouche en fleur. Ça a le don de m'énerver. Déjà me faire réveiller par le téléphone n'est pas forcément le meilleur moyen de me mettre de bonne humeur, mais le fait de se faire réveiller par un faux derch de première, ça ne passe pas du tout. Je lui ai demandé ce qu'il voulait. Il voulait prendre de mes nouvelles (bah tien !) et puis avoir l'adresse de ma soeur pour envoyer un cadeau, semble t-il, à son filleul qu'il n'a pas vu depuis le berceau (il va avoir 7 ans, maintenant). Il m'a dit que ça lui ferait plaisir qu'on se revoit prochainement. Je lui ai répondu que ce n'était pas une bonne idée. Ça l'a fait rire, comme si il ne prenait pas ma réponse sérieusement. D'ailleurs, vu le mail qu'il m'a envoyé juste après (il avait tout de même conservé mon adresse e-mail), je me suis bien rendu compte qu'il ne me prenait pas du tout au sérieux. Ce mail sera classé sans suite. Faut pas déconner.
La découverte, par hasard, du profil Facebook de ma petite cousine Marie, m'a plongé dans l'embarras. Passé le moment d'exaltation du genre "c'est pas vrai ! Bah alors ça !", je me suis demandé si c'était vraiment une bonne nouvelle. La dernière fois que j'ai vu Marie, elle avait quatre ans (sombre histoire de divorce en de très mauvais termes des parents). Elle a aujourd'hui 20 ans. A plusieurs reprises, j'ai failli la rajouter dans mes amis Facebook; lui envoyer un message. Mais qu'aurais-je bien pu lui dire? "Salut Marie ! C'est Alexandre, ton cousin ! Tu te rappelles?" Et puis quoi après? Sauf que je suis quasiment certain qu'elle ne se souvient pas de moi. Tout comme je suis certain qu'elle doit se soucier de son vieux cousin comme de sa première dent de lait. Je n'ai donc rien fait. J'ai continué à regarder son profil bêtement et légèrement frustré. C'est la vie.
En écrivant ce post, je me rends bien compte qu'il y a des traits que j'ai tiré sur mon passé et que je ne veux surtout pas voir ressurgir. Toute ma famille périphérique (en dehors de mes parents et de mes soeurs) n'existe plus pour moi. Ils m'ont fait payer ma différence chèrement. Très bien ! Je ne m'en porte pas plus mal. Mais alors qu'on me foute la paix ad vitam æternam. Il y a des fantômes qu'il ne faut pas réveiller. Si jamais ils avaient des velléités de résurgence, je me ferais un malin plaisir à les renvoyer dans leurs tombes anonymes.

22.5.08

Deux jours à tuer

Antoine a quarante ans. Il a tout pour être heureux : deux enfants, une épouse aimante, des amis, de l'argent, une belle maison, une belle voiture et un travail intéressant. Du jour au lendemain, sans prévenir, il rejette odieusement ce qui avait fait sa vie et tous ceux qui l'entouraient. Coup de blues? Coup de folie? Coup de tête? La crise de la quarantaine?
C'est un film déstabilisant. On ne peut pas dire autre chose. Un cinéma de déconstruction totale et de destruction radicale. Avec des paroles ignobles, une attitude détestable, le héros, tel un Attila, s'efforce à tout détruire, à tout annihiler. Le ton du film est alors d'une grande rudesse, presque insupportable par moment comme dans la (longue) scène du repas d'anniversaire. Tout le monde en prend pour son grade sans trop savoir ce qui leur arrive : les enfants, les amis et la pauvre épouse qui ne le reconnaît plus. Le huis clos est alors oppressant. Une certaine critique sociale cinglante. Les mots choquent et claquent comme des uppercuts. Les affrontements sont d'une violence inouïe. Pourtant tout cela n'est que fausses pistes. Le dénouement final apporte les explications qui dépassent les suppositions qu'on ne peut s'empêcher d'échafauder. Même si cela reste prévisible et finalement assez peu original, les émotions qui se dégagent nous submergent. On est constamment bouleverser soit par la violence du début du film soit par la force de la fin. Dommage que la réalisation, un peu trop pépère, voir pataude, n'entre pas à l'unisson de la puissance émotionnelle dégagée par cette histoire.
Il faut dire qu'Albert Dupontel est d'une force incroyable. Son interprétation magistrale le confirme comme étant un des meilleurs acteurs de sa génération. Antipathique en diable pendant une grande partie du film, il réussit pourtant à emporter la compassion quand on comprend ce qui lui arrive.
Un film simple, qui sera sans doute oublié aussi vite qu'il a été regardé, mais qui reste efficace surtout grâce à l'interprétation de Dupontel.
Deux jours à tuer - Jean Becker

21.5.08

Le retour !



Tin tinlintin ! Tintinlin ! Tin tinlintin ! Tintinlin tin tin !

Tin tinlintin ! Tintinlin ! Tinlin lin ! tinlin lin ! Tin lin !

(Quoi je chante aussi mal sous la douche que sur le blog ?!?)

20.5.08

La chute

Jardin de la Citadelle - Nancy - 18/05/2008

19.5.08

Et puis les touristes

Sven (j'adore ce prénom) est un jeune berlinois adorable comme un coeur mais un peu indécis sur le sens à donner à sa vie. Il se retrouve en Pologne, dans une petite ville peu riante, au milieu des fantômes qui continuent à hanter les stalags d'Auschwitz, pour purger son année de service civil qu'il doit à l'état, en bon citoyen qu'il est. Ce qu'il pensait être une sinécure se révèle bien plus déstabilisant et perturbant mais aussi bien plus riche qu'il ne s'y attendait. Il croise un vieux bonhomme irascible qui refuse de quitter les camps de la mort, dernier survivant des horreurs des exterminations nazi.
On suit les déambulations de ce jeune allemand. On partage ses incertitudes, ses pertes de repères, ses flottements, ses remises en question. Les sentiments du personnage sont à l'image de l'image. Le film, en effet, surtout au début, se perd dans de grands mouvements de caméra sur des paysages tristes et ternes. Une certaine impression de dépression se dégage; une sensation moite de mal être extrêmement bien rendu par le jeune acteur, Alexander Fehling. Mais ce n'est qu'une prise en main d'un nouvel espace. La chronique prend en effet plus d'épaisseur et gagne en densité dès que le héro prend ses repères et gagne en confiance. L'image devient plus lumineuse, la mise en scène moins lourde, le ton moins dépressif même si l'ensemble ne respire pas non plus la joie de vivre.
C'est que le film raconte une prise de conscience. Un travail de mémoire pour un jeune homme qui n'était pas préparé à tout cela. Auschwitz et ses fantômes. Ces ombres que les habitants ne voient plus tant ils font partis de leur paysage quotidien mais qui happent le nouveau venu sans crier gare. Le réalisateur évite l'écueil, lourd de sens, de la froide démonstration. Il privilégie la prise de conscience tâtonnante et confronte les points de vue, les différentes façons de lutter contre l'oubli.

Et après les touristes - Robert Thalheim

16.5.08

Nan? Si !

Bon d'accord ! Le titre est nul. Ok ! Mais j'ai des circonstances atténuantes : je suis crevé de ma semaine. Du coup, bah tiens, je vais partir en week-end là bas. Nan? Si ! Bah oui, tiens, pourquoi pas Nancy.

Constatation # 164

Je commence à devenir vieux et sénile. Même ma carte bancaire perd la mémoire : j'achète en double, comme si je bégayais du portefeuille. Deux fois le même guide Languedoc Roussillon. Deux fois l'album de Camille ou de Beth Gibbons. Deux fois le tome 7 des aventuriers de la mer de Robin Hobb. Deux fois le tombeau ouvert de Kathy Reichs. A ce rythme là, je ne vais pas tarder à être placé sous tutelle, moi !

Dépouillée

Abbaye des Chateliers - La Flotte en Ré - Ile de Ré - 10/05/2008

15.5.08

Le roi de la petite reine

Je venais d'avoir 18 ans et je rangeais rageusement mon vélo dans le garage de mes parents. Quelques semaines après, je le vendais, sans aucun remord. C'était après une énième chute. La plus coquasse. La plus humiliante aussi. Je n'avais même pas encore quitté la maison.
Depuis, je n'ai plus jamais mis les pieds sur une pédale, même d'intérieur. Question d'équilibre, répétais-je à chaque fois que l'ombre d'un soupçon d'une balade à vélo s'annonçait. Ça faisait rire : Alexandre ne sait pas faire de vélo. Ça me faisait rire aussi, seulement c'était de la même couleur que le maillot du Tour de France que je déteste regarder. Ce n'est pas que je ne sache pas faire du vélo, c'est que je ne suis pas en assurance quand je fais du vélo. Voilà, c'est ça ! Je ne suis pas en assurance. En me rappelant le nombre de chute que j'ai eu sur ces engins à deux roues, le nombre de beau soleil que j'ai fait, le nombre de fossés que j'ai visité, le nombre de bleus et de genoux écorchés, je ne pouvais que refuser catégoriquement de remonter sur cet mécanique de torture.
Et en bon Sarthois buté que je suis, j'ai réussi à tenir tête de la façon la plus droite et digne possible (et parfois avec de grosses couches de mauvaise foi), pendant plus de 15 ans. La tête dans le guidon. Pourtant, le Sage E essaie de me remettre en selle depuis 8 ans. Il est tenace presque autant que moi. Le siège de ma forteresse carapacée est devenu plus soutenu avec l'arrivée des Vélib à Paris. Il ne m'a plus lâché depuis.
Lorsque le week-end sur l'île de Ré s'est organisé, il était entendu que, là bas, chacun se déplacerait en vélo. Les moqueries gentilles (mais vexantes pour ma fierté) de Mamounette et de Sissou ont réveillé un esprit de défi. J'allais leur prouver que je n'étais pas un faible ou un lâche. Je ferais du vélo avec eux pour leur prouver que je n'étais pas bon dessus, pour qu'on ne m'embête plus avec cette histoire. La décision prise, je ne me voyais plus reculer et j'ai commencé à angoisser.
Le week-end dernier, je suis remonté sur un vélo. A ma grande surprise, je n'avais pas oublié les bases. Comme quoi, ça ne s'oublie pas, même pour les cancres comme moi. L'équilibre était correct, pas parfait mais suffisant. Il y a bien eu quelques coups de guidon désordonnés mais je n'ai pas vu la fraîcheur d'un talus ou les morsures du bitume. Il y a bien un pont en bois qui a roulé un peu trop près de moi et qui m'a fait une jolie blessure de guerre sur l'avant bras droit, mais rien de comparable avec ce que j'ai vécu dans ma jeunesse.
J'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ces balades en vélo. 120 kilomètres tout de même, pendant tout le week-end ! Sentir l'air me fouetter le visage. Voir mes avants bras rougir sous les rayons de soleil. Redécouvrir que j'avais plein de muscles dans les jambes et que ça fait super mal au début. Se balader avec la vue et les odeurs des paysages que je traverse. Pouvoir m'arrêter quand je veux et autant que je veux pour prendre des photos. L'impression des jambes de coton que j'ai quand je redescends du vélo après avoir pédalé pendant un bon moment. Le tressautement de ma voix quand je roule sur des pavés (un vrai gamin, je suis parfois).
Bon ! Faut pas pousser non plus, hein ! Ce n'est pas parce que j'ai véloté comme un perdu pendant tout un week-end que je suis devenu un adepte acharné de la petite reine. Autrement dit, vous n'êtes pas prêt de me voir sur un Vélib à Paris ou sur un Bicloo à Nantes ni sur un Vélov à Lyon. Il y a bien trop de voitures à mon goût pour faire du vélo sereinement. Mais pourquoi pas dans les campagnes du Vexin, ou dans le Perche natal (quoi que ça grimpe pas mal par là), ou bien encore sur les chemins de Loire Atlantique.

14.5.08

Constatation # 163

Buste de Jules César découvert dans le Rhône, à Arles. DR
Il est balèze le Jules. Il arrive à continuer à faire parler de lui, plus de 2000 ans après sa mort. Moi je dis chapeau César !

Constatation # 162

Il faut bien troquer le bermuda et les sandalettes par la chemise et la mallette. Le week-end est fini, retour aux douloureuses réalités professionnelles.

13.5.08

Le temps d'un week-end

A peine le temps de dire ouf, le train nous entraînait déjà vers La Rochelle. Pas une minute à perdre. Le soleil (pourvu qu'il y en ait) nous attend tout là bas. Toute la famille doit être déjà là bas à s'installer tranquillement. Je sais déjà que l'apéro nous attendra dès que nous aurons quitté la navette qui nous aura déposé à St-Martin de Ré. Bien installé dans le TGV, je peux enfin dire que le week-end commence. Ce long week-end prend même des allures de vacances. Je suis bien trop excité pour me concentrer sur les Chroniques de San Francisco. Dans ma tête, j'ai déjà planifié toute une liste de chose que j'ai envie de faire tout en sachant que je ne pourrais pas tout faire. Des images me trottent dans la tête et j'en souris d'avance de les voir en vrai.
A travers les vitres du bus trop climatisé, je regarde les derniers rayons du soleil qui parent le Vieux Port de La Rochelle d'une douce et belle lumière orange. Je l'aime bien cette ville. Ce soir, on ne fait que la traverser, un peu trop vite à mon goût. J'essaie de tendre mon cou pour essayer d'apercevoir la rue du Paty, la mairie ou bien encore les petites rues piétonnes mais déjà nous sommes sortis de la ville et la silhouette du pont commence à se dessiner sur le ciel bleu.
De l'autre côté du pont, la vie bouge à un autre rythme. Celui des coups de pédaliers des vacanciers sur leur vélo. Le rythme des marais qui vide et remplit les petits ports pittoresques. Le rythme des vagues qui s'écrasent sur les remparts de la citadelle de St Martin ou qui viennent lécher les plages de sable ou de galets. Le mouvement presque immobile des bateaux amarrés au port. La vie prend son temps, on dirait. C'est bon de suivre ce rythme. C'est d'un repos presque sans prix. Chaque moment devient profitable.
La joie aussi de se retrouver là, tous réunis, joyeux. La convivialité d'un apéritif qui s'éternise alors que le soleil disparaît tranquillement. Le rire des petites sur le toboggan ou sur leur vélo. La bonne humeur autour d'une partie de pétanque ou de badminton. S'endormir le soir en se disant fatigué. Fatigué d'avoir pris son temps. Fatigué de n'avoir rien fait.
Un week-end qui a comme une idée des vacances prochaines.

Sur le port

St Martin de Ré - Ile de Ré - 09/05/2008

Les albums prodiges

Le 23 avril 2007, je lançais un avis de recherche poignant et désespéré, qui est resté sans réponses sérieuses depuis. Mes deux albums de Jérémie Kisling avaient disparu sans laisser de traces. Quelques semaines après, je m'apercevais que l'album de Rose avait lui aussi disparu. Pas entièrement. Son boîtier attendait tristement le retour de sa moitié, la galette dorée.
Je me suis dit comme ça qu'un mauvais génie des appartements devait sévir dans notre salon. Ou bien encore que j'avais la mémoire tellement percée que je ne me souvenais plus que je prêtais mes albums et surtout à qui je les prêtais. C'était encore pire. J'en étais arrivé à faire des listes pour ne plus oublier. J'ai passé des jours et des jours à les chercher à l'appartement, remuant toute les poussières de nos étagères et celles de Mamers et de St Herblain. J'ai passé un interrogatoire complet à chacun de nos amis et même certains de mes collègues de travail, pour savoir s'ils avaient des alibis solides et tenter de confondre le félon. Mais rien.
Un an après, je m'étais fait à l'idée que je ne reverrais plus jamais ces albums. Pendant un an, je n'ai pas pu réécouter les albums de Mr Kisling que je n'avais pas mis en MP3 sur mon ordinateur. J'étais à deux doigts de les remplacer par des jumeaux.
Et puis, sans prévenir, alors que je ne les cherchais plus, ils ont réapparu comme ça, par enchantement, mais à un endroit où je ne les attendais pas. Alors que nous faisions un peu de ménage dans la voiture qui devait passer en révision, on a retrouvé un sac noir, genre vieux sac en plastique à la couleur délavée par le soleil. Et dedans, les deux albums de Kisling et la galette de Rose. Comment et quand ils se sont retrouvés dans ce sac, je ne le sais pas encore. Et comment ce sac a pu se retrouver sous ce siège, encore moins. Mais le principal, c'est que ces albums soient de nouveau en ma possession.
Depuis, le boitier de Rose a retrouvé sa moitié et les deux Kisling, leur place dans la discothèque.

Constatation # 161

Il faudrait que la SNCF pense à inventer des wagons spécialement conçus pour les familles avec des enfants en bas âge. Parce que 3h30 de train avec des bébés qui braillent, qui chouinent, qui pleurent, qui chialent, qui grognent, qui hurlent tout le temps, ça tue un week-end, tout parfait qu'il était jusque là.

Ca$h

J'ai oublié de vous dire que je suis allé voir Ca$h, quelques jours avant de partir en week-end. Ca n'est pas que ce soit une nouvelle super importante non plus, mais il fallait bien que j'en parle à un moment ou à un autre.
Donc que dire de Ca$h, si ce n'est que l'affiche ressemble étrangement à celle d'Ocean Eleven comme le faisait remarquer, ici, Kinoo; que décidement, Jean Dujardin a un sacré charme; que Valéria Golino est mon actrice italienne préférée; que Jean Reno devrait arrêter de faire du cinéma de toute urgence...
Dans les grandes lignes, le pitch de Ca$h pourrait ressembler à "je te tiens, tu me tiens par la barbichette" ou encore le dindon de la farce n'est pas forcément celui qui est farci. Dans le détail, c'est plus compliqué voir carrément embrouillé : je te manipule, tu me manipules, mais qui est la crapule? Le scénario regorge de fausses pistes qui, au final, ne sont pas si fausses que ça. Un vrai casse tête. Ce n'est pas que ce soit désagréable à regarder. C'est même parfois assez jubilatoire de voir les rebondissements s'accumuler et d'arriver à cette fin à laquelle on ne s'attend pas. L'ensemble malgré tout manque cruellement de naturel. Les ficelles sont grossières, les situations sont abracadabrantes. La réalisation tient bien la route même si le réalisateur privilégie les effets clinquants et tape à l'oeil qui n'apportent rien à l'histoire. Mais le sujet du film, basé sur l'esbrouffe, peut expliquer ces effets là.
On passe un bon moment avec cette bande de Pieds Niquelés modernes et on s'attache même à certain d'entre eux. Jean Dujardin apporte à son personnage son charme narquois mais peut aussi, par une expression du visage, un sourire en coin, un regard carnassier, lui donner un effet inquiétant voir même dangereux qui prend toute sa valeur à la fin du film. Non décidément, Jean Dujardin...
Ca$h - Eric Besnard

7.5.08

Week-end

Enfin, le week-end qui pointe le bout de son nez. Cinq jours pour profiter du charme de Ré, de son air iodé, de ses marais salants, de ses ânes. Cinq jours pour se reposer. Retour lundi prochain. Ah ça fait du bien d'écrire cela, ça me ferait presque oublier que j'ai encore toute la journée de mercredi à travailler.

6.5.08

Un monde merveilleux

Il y a des gens qui vivent dans un monde formidable. Complètement déconnectés des réalités (parfois certes) contraignantes du quotidien, ils font des yeux ronds quand un événement vient bouleverser leurs visions idylliques du monde. J'en ai pourtant connu des gens qui planaient dans des sphères merveilleuses. Des personnes qui découvraient avec horreur qu'on retenait des charges sur leurs salaires. Des personnes pour qui la générosité d'autrui était devenue une normalité et qui ne disaient plus merci. J'en ai connu des gens qui vivaient bien au chaud et à l'abri, dans leur bulle opaque mais toujours rose. J'en ai connu... Mais dimanche soir, je crois que j'ai rencontré le roi.
La soirée a été particulièrement difficile. Retour des vacanciers de la troisième zone et retour du grand week-end du 1er mai. Beaucoup de monde sur les routes de France. Beaucoup de voitures qui n'ont pas tenu le choc des premières chaleurs de l'année. Beaucoup d'appels pour demander une assistance. Dimanche soir, au travail, nous n'avons pas chômé. Il était 21h15. Il me restait 45 minutes avant de rentrer à la maison. J'étais complètement lessivé. Je prenais mon énième appel. Jusqu'à présent, même si les gens étaient stressés, les communications restaient courtoises et civilisées. J'ai même eu le droit à un "vous êtes un amour" de la part d'une dame soulagée que je prenne en main son problème de voiture. Mais cet appel là, était celui de trop. A ses premiers mots, j'ai senti sa condescendance. Cela ne me gène pas plus que cela si ça reste dans les limites du raisonnable. Mais lui, il en tenait une bonne couche. J'ai donc ouvert son dossier. Il était en panne dans une rue de Neuilly sur Seine. Je lui explique ce qui va se passer, que je lui envoie un dépanneur et que si sa voiture était immobilisée, un taxi le ramènerait à son domicile parisien, mais pour cela il fallait qu'il me rappelle quand le dépanneur aurait fait son diagnostique. C'est là que tout à vraiment chaviré.
Il ne comprenait pas pourquoi le dépanneur ne pouvait pas réparer sa voiture sur place. Je lui explique donc que le dépanneur ne peut faire que des réparations basiques mais qu'il ne peut pas tout avoir dans son camion. Il me demande alors qu'on lui envoie un dépanneur qui a tout ce qu'il faut dans son camion. Je lui dis que c'est impossible, surtout un dimanche soir. Il est abasourdi par ma réponse. Comment, me dit-il, peut on de nos jours ne pas trouver un dépanneur qui puisse réparer une voiture un dimanche. A quoi ça sert d'envoyer un dépanneur qui n'est pas capable de réparer une voiture. Toujours courtoisement, je lui explique que le week-end aucun garage n'est ouvert pour réparer les voitures et que ce que nous faisons, à l'assistance, c'est simplement du remorquage de véhicule. Il ne comprend pas. Il n'en revient pas. Il insiste lourdement pour que sa voiture soit réparer immédiatement. Je lui dis que ça ne sera pas possible. J'ai de moins en moins de patience. Ça fait 10 minutes que je suis en ligne avec lui, et la communication tourne en rond. Mais il ne lâche pas l'affaire. Il me dit avec la plus grande flegme morveuse, dans ce cas, débrouillez vous de me trouver un garage qui répare ma voiture ce soir. Je ris de son ton impérieux. Il le prend mal. Je lui demande si lui travaille ce dimanche. Bien sur que non, je suis banquier moi monsieur. Je lui dis qu'il peut s'estimer heureux que des personnes travaillent même un dimanche pour répondre à ses problèmes de voiture mais qu'il est impossible de demander la lune. Il me dit de but en blanc, qu'il faut que je trouve une solution à son problème de voiture, qu'après tout il me paye pour ça. Avec une voix de plus en plus énerve et caustique, je lui réponds que je vais donc faire ce pour quoi il paye son assureur et selon les clauses de son contrat, je lui envoie un dépanneur, qu'il va prendre son véhicule et le mettre dans son dépôt et que la voiture ne sera réparée que le lundi matin. Et que c'est cela qu'il paye et pas autre chose. Je ne le laisse plus parler. Je n'ai plus envie d'être courtois avec lui. Il s'est emporté, bien entendu, c'était à prévoir. Il me somme (ce sont ses termes) de lui trouver un garage Renault, à côté de chez lui, qui fasse les réparations dans la nuit, pour qu'il puissent récupérer sa voiture demain matin et qu'il puissent honorer ses rendez-vous importants, parce que lui, il avait des choses importantes à faire par rapport à ma misérable condition d'esclave moderne. Je lui demande de me trouver le garage qui peut répondre à sa demande et je lui envoie sa voiture avec le plus grand plaisir. J'avoue que je me fous carrément de sa gueule à ce moment là. Toujours avec sa condescendance, il me répond : "chacun sa place, jeune homme, vous dans le cambouis et moi dans mes affaires. N'oubliez pas qui est le client". Il veut du rapport service client. Il va être servi. Je lui annonce que j'envoie le dépanneur dans les conditions contractuelles et que c'est comme ça et pas autrement. Je sens un blanc à l'autre bout de la ligne. Je crois que je l'ai choqué. Il me dit alors avec cette énervante condescendance : Bien ! Faites ce que vous avez à faire, vous devez savoir ce que vous avez à faire, je suppose.
Avant de raccrocher, je sais que c'était purement gratuit et complètement vain, mais je lui ai demandé s'il y avait encore de la place dans son monde merveilleux où le mot impossible n'existe pas, parce que je serais diablement intéressé pour voir à quoi ça ressemble ce monde là. Pas pour y vivre, que je préfère largement le monde dans lequel j'évolue, avec ses aléas et ses petites tracasseries, mais juste pour voir, me faire une idée. Il n'a pas répondu et a raccroché.
Je lui ai envoyé le dépanneur qui serait sur place dans 45 minutes. J'ai pris un malin plaisir à le rappeler pour lui annoncer ce délai. Il a tiqué : comment? Mais comment est ce possible? Mais d'où vient-il? Je lui ai expliqué qu'il n'est pas le seul à être en panne ce soir et que le dépanneur avait du travail sur les bras, bien qu'il ne soit pas capable de réparer les voitures. Il m'a finalement remercié et du bout des lèvres, il s'est excusé d'avoir été un peu dur, mais que ce système le dépassait complètement. Du bout des lèvres, certes, mais il s'est excusé.
Il n'empêche que je suis rentré à la maison tout énervé.

5.5.08

Ciao Stefano

Stefano est le frère largué d'une famille larguée. Il est musicien un peu bohème qui cherche vainement à enregistrer un album. Pour payer le loyer, il est guitariste dans un groupe de punk à deux balles. Il vient de surprendre sa copine couchant avec le guitariste d'un groupe concurrent. La chance lui tourne le dos, la déprime le gagne. Pour essayer de se faire oublier par le mauvais sort, il court se réfugier dans sa famille qu'il n'a pas vue depuis trop longtemps. Mais quand le sort s'acharne encore et encore... L'équilibre et le repos qu'il espérait trouver, au sein de sa famille, se révèlent être un leurre. La famille est dans le même état que lui. Entre secrets enfouis, petits mensonges bien gardés et dépression à fleur de peau, l'harmonie qui semblait y régner, fissure de tous les côtés.
Ce film est à la fois une comédie et un drame de tous les jours. Drôle, loufoque et satirique, il n'en reste pas moins un film sensible et émouvant. Une comédie est à fois amère et légère. Une comédie à l'italienne sans plus de prétentions que de faire sourire voir même rire franchement le spectateur. Un film qui commence dans une triste réalité qui pourrait tous nous toucher mais qui s'insinue dans des situations insolites et loufoques. La réalité quotidienne est toujours très présente mais il y a des moment où le burlesque et la poésie font décoller le film vers de très beaux moments de cinéma.
Les personnages ne sont pas juste crayonnés sur un bout de scénario, comme c'est souvent le cas dans les comédies. Non, ici, ils ont une vraie profondeur, une histoire qui est certes rapidement brossée mais qui les situe immédiatement dans le film. Solidement campés par des acteurs convaincants, ils trouvent une belle épaisseur humaine avec leurs bons et leurs mauvais côtés.
La comédie du moment à ne pas rater.
Ciao Stefano - Gianni Zanasi

2.5.08

Les Chroniques de San Francisco

Les Éditions de l'Olivier viennent de faire paraître les six tomes des célèbres Chroniques de San Francisco, d'Armistead Maupin, en deux gros volumes de près de 900 pages chacun.
Ca doit être une des premières choses que m'a fait lire le Sage E. quand je suis arrivé à Paris, il y a huit ans (avec La nuit des Princes Charmants de Michel Tremblay). J'en garde encore un souvenir plein d'émotions, moi qui ne lisait, encore à l'époque, que des classiques poussiéreux ou des livres d'histoire (quoi que La Faute de l'abbé Mouret de Zola est toujours un grand plaisir de lecture...). Il n'empêche que la lecture de ces Chroniques a été une des clés de mon changement. Une ouverture d'esprit que je n'avais pas encore, venant de ma province sarthoise. Ça a été aussi, une pierre angulaire, une des nombreuses petites touches qui a construit notre histoire de couple. Un des nombreux points d'échange. Une des nombreuses découvertes dont j'étais avide à ce moment là.
De façon étrange, nous n'avions pas les chroniques à la maison. Juste la version anglaise; la version que le Sage a découverte. Je crois bien que j'ai dû lire les livres via le prêt des Dames du Manoir. Et depuis, plus rien. On a bien sûr regardé la série de téléfilms qui a été tiré des romans avec la délicieuse Laura Linney en Mary Ann Singleton. J'ai lu chacun des autres romans de Maupin (dont le fabuleux Une voix dans la nuit).
La semaine passée, je discutais avec Aurélie du plaisir que j'avais eu à lire les Chroniques. Elle me disait qu'elle les relisait très régulièrement et que ça lui donnait la pêche quand le moral n'était plus là. De plus, avec la sortie du septième et dernier volume de la série, Michael Tolliver est vivant, j'ai eu soudainement l'envie de les relire, tous, sauf que nous ne les avions pas à la maison. C'est une erreur réparée depuis hier. Nous avons acheté ces deux gros pavés que j'ai aussitôt commencé à lire. Ce n'est certes pas très pratique à lire dans le métro car chaque volume est assez lourd et volumineux à transporter; ni très discret, les couleurs de l'arc-en-ciel étant fièrement affichées sur la couverture. Mais quel plaisir de lire cela, bien au chaud sous la couette avant de s'endormir, le soir, ou au réveil, le matin.

1.5.08

Le grand alibi

Qui a tué le colonel Moutarde, dans le salon, avec le chandelier? Ce n'est pas, dans ce film, les mêmes personnages, pas les mêmes lieux ni encore les mêmes armes mais c'est bien le même principe. Le principe du cluedo pour une adaptation du Vallon roman d'Agatha Christie. Un groupe de personnes se retrouvent dans une grande maison pour passer un bon week-end jusqu'à ce que l'un d'entre eux meurt assassiné. Le meurtrier est l'un d'entre eux mais est-ce vraiment celui que tous les indices accusent?
Le film de Pascal Bonitzer ne s'attache pas tant à l'intrigue policière et criminelle qui est plus un arrière fond (pas très bien ficelé) pour mettre en lumière les relations et les sentiments d'un groupe de personnes. Le genre d'histoire où Paul aime Camille qui aime Pierre qui aime Cécile qui aime Pascal qui aime Paul, avec les secrets et les non dits qui vont avec. Le problème de ce genre de film couplé à une histoire de meurtre c'est qu'il faut tenir d'une main de fer tous les tenants et les aboutissants sans quoi le scénario peut partir dans toutes les directions et échapper à une logique crédible. Malheureusement, dans le film, c'est bien là que le bas blesse. Après une première partie aboutie, même si un peu longuette, où les personnages sont présentés de façon truculente, le scénario devient faiblard à partir du moment où la mort frappe et pire, il n'évite pas les facilités incompréhensibles, en multipliant les faux rebondissements et les elipses.
Pourtant, le film ne sombre pas dans le grand n'importe quoi et, malgré tout, on continue à regarder les déboires de ces gens là avec intérêt et même plaisir. C'est bien grâce à l'ensemble de la troupe d'acteurs qui apportent folie et fantaisie mais aussi une touche d'inquiétude parfois glaçante. Bonitzer s'appuie sur eux; les filme comme si il faisait une expérience. Il les pressure pour en faire ressortir le venin et la noirceur qui se tapissent sous leurs manières aimables et courtoises. Miou Miou est épatante dans son rôle de maîtresse de maison bien pensante. Mathieu Demy est pétillant en alcoolique dépassé. Lambert Wilson est arrogant en bellâtre (mais alors je veux bien avoir son corps quand j'aurais 50 ans!). Valéria Bruni Tedeschi est toujours aussi charmante. Anne Consigny est troublante. Céline Sallette est touchante. Seul Pierre Arditi est décevant, trop cabot pour être attachant.
Le grand alibi n'est pas un chef d'oeuvre, loin de là, et reste d'une facture trop classique et (peut-être) poussiéreuse mais il reste un gentil polar qui ne marquera pas les esprits mais dont le but est de divertir. Bien meilleur en tout cas que le calamiteux Mon petit doigt m'a dit de Pascal Thomas.
Le Grand Alibi - Pascal Bonitzer

Intrigués

Mamers - Sarthe - 26/04/2008