23.5.08

Les fantômes se réveillent

Étrange. Depuis quelques temps, une ribambelle de personnes classées "c'est du passé, n'en parlons plus" depuis plus ou moins belle lurette, se rappelle à mon bon souvenir. Enfin quand je dis bon souvenir, c'est plus une formulation qu'autre chose. Il y a des réapparitions que j'aurais préférées ne jamais revoir ou réentendre parler.
L'invitation d'un ami de lycée perdu de vue depuis longtemps, à son mariage, c'est plutôt une bonne nouvelle, même si je ne pourrais pas l'honorer. On se dit, à se moment là que la vie est vraiment bizarre parfois. Qu'à un moment, on se voyait très souvent et puis soudain plus rien, chacun ayant sa propre vie avec tout ce qui s'ensuit. Ce petit carton d'invitation permet de se remémorer les bons moments, lointains. Et puis, on se dit est-ce qu'on aura encore des choses à se dire après cinq années de silence? Sur ce coup là, je suis assez prêt à tenter l'expérience.
L'invitation à son mariage d'une cousine qui la dernière fois que je l'ai vu, il y a quatre ans, m'a appelé monsieur et qui s'évertuait à me vouvoyer comme si j'étais un vulgaire inconnu, c'est plutôt une mauvaise nouvelle. De celle qui vous fait fulminer en se demandant à quel jeu elle joue. A ce carton là, je ne répondrais pas. Si je le faisais, je crois bien que je serais méchant. Je n'ai pas envie de l'être. C'est fatiguant d'être méchant quand on se force et je suis suffisamment fatigué comme cela pour en rajouter une couche. Et puis, surtout, ça serait inutile, j'en suis sûr.
L'invitation d'un ami à boire le thé, dans son nouvel appartement, alors que j'étais dans l'expectative quant à la suite de cette histoire, c'est une très bonne nouvelle, même si je ne l'attendais plus. Une certaine distance s'est installée, certes, mais l'amitié semble être encore solide.
L'appel d'un cousin qui a coupé les ponts pour d'obscures histoires de famille depuis bien longtemps, ce matin à 8h15, alors que je dormais à poings fermés, c'est une très mauvaise nouvelle. Il était enjoué, lui. Il me parlait comme si on s'était quitté la veille, comme si de rien n'était, la bouche en fleur. Ça a le don de m'énerver. Déjà me faire réveiller par le téléphone n'est pas forcément le meilleur moyen de me mettre de bonne humeur, mais le fait de se faire réveiller par un faux derch de première, ça ne passe pas du tout. Je lui ai demandé ce qu'il voulait. Il voulait prendre de mes nouvelles (bah tien !) et puis avoir l'adresse de ma soeur pour envoyer un cadeau, semble t-il, à son filleul qu'il n'a pas vu depuis le berceau (il va avoir 7 ans, maintenant). Il m'a dit que ça lui ferait plaisir qu'on se revoit prochainement. Je lui ai répondu que ce n'était pas une bonne idée. Ça l'a fait rire, comme si il ne prenait pas ma réponse sérieusement. D'ailleurs, vu le mail qu'il m'a envoyé juste après (il avait tout de même conservé mon adresse e-mail), je me suis bien rendu compte qu'il ne me prenait pas du tout au sérieux. Ce mail sera classé sans suite. Faut pas déconner.
La découverte, par hasard, du profil Facebook de ma petite cousine Marie, m'a plongé dans l'embarras. Passé le moment d'exaltation du genre "c'est pas vrai ! Bah alors ça !", je me suis demandé si c'était vraiment une bonne nouvelle. La dernière fois que j'ai vu Marie, elle avait quatre ans (sombre histoire de divorce en de très mauvais termes des parents). Elle a aujourd'hui 20 ans. A plusieurs reprises, j'ai failli la rajouter dans mes amis Facebook; lui envoyer un message. Mais qu'aurais-je bien pu lui dire? "Salut Marie ! C'est Alexandre, ton cousin ! Tu te rappelles?" Et puis quoi après? Sauf que je suis quasiment certain qu'elle ne se souvient pas de moi. Tout comme je suis certain qu'elle doit se soucier de son vieux cousin comme de sa première dent de lait. Je n'ai donc rien fait. J'ai continué à regarder son profil bêtement et légèrement frustré. C'est la vie.
En écrivant ce post, je me rends bien compte qu'il y a des traits que j'ai tiré sur mon passé et que je ne veux surtout pas voir ressurgir. Toute ma famille périphérique (en dehors de mes parents et de mes soeurs) n'existe plus pour moi. Ils m'ont fait payer ma différence chèrement. Très bien ! Je ne m'en porte pas plus mal. Mais alors qu'on me foute la paix ad vitam æternam. Il y a des fantômes qu'il ne faut pas réveiller. Si jamais ils avaient des velléités de résurgence, je me ferais un malin plaisir à les renvoyer dans leurs tombes anonymes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est étrange n'est ce pas, comme les partitions musicales des uns et des autres se croisent et s'entremêlent? Après tout, qui a tort et qui a raison, celui qui cherche le pardon ou celui qui l'exige? Les fantômes du passé ne sont que les nôtres, véritablement, et nous sommes toujours le fantôme de quelqu'un d'autre. Tu as raison de prendre la liberté de les accueillir ou pas...