19.7.08

18.7.08

Le dernier matin

Ce matin, je me suis réveillé plus excité qu'une puce; aussi dopé qu'un cycliste du Tour de France. Ne voyait pas là, une référence à une quelconque réaction matutinale. C'est qu'aujourd'hui, c'est la dernière fois de la semaine où je me réveille aux sons nasillards du radio réveil. Ce matin est la dernière journée de travail. Ce soir, ce sont les vacances qui commencent.
Pour la dernière fois avant longtemps, j'ai écouté avec grande attention les nouvelles du flash info de 7 heures, le bulletin météo de Joel Collado, les prévisions rouges de Bison Futé. Ce sont les dernières nouvelles avant deux semaines.
Ce soir, je suis en vacance. Demain, il y aura le train, Nimes, un hameau dans les montagnes, une maison avec une pergola et une grande terrasse. Il y aura des châtaigners, des bruyères. Des bruits, des odeurs nouvelles.
Ce soir, on commencera bien les vacances. On se retrouvera tous ensemble comme pour un pot de départ, avec tous les amis. Pas vraiment un pot de départ, l'annonce d'une nouvelle déjà devinée. On rira, on parlera, on boira. Ça sera un bon début.
Les vacances sont presque à portée de main. Dans moins de 24 heures, on sera déjà ailleurs.

17.7.08

Séances de rattrapage

Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas passé autant de temps au cinéma. En juin, seul un film a eu l'honneur de mes yeux. Ce n'est pas que les autres films sortis ne m'intéressaient pas, c'est que le temps m'a manqué cruellement pour voir tout ce que je voulais (le boulot, les heures supplémentaires, la semaine en Corse...). Beaucoup de ces films ont déjà disparu des salles parisiennes. Sans doute des films trop "Camille" pour attirer un public nombreux (clin d'oeil à mon webzine cinéma préféré). Reste quelques rescapés qui pour l'échantillon que j'ai pu voir ne méritent pas forcément de rester... Ça reste une question de jugement personnel, bien entendu... Mais je le pense !

Commençons donc par le monde de Narnia, deuxième épisode, le Prince Caspian (ou Casse Pied pour certain). Le premier opus ne m'avait pas particulièrement emballé. Trop moralisateur, trop bien pensant, trop dans une veine de religiosité qui m'avait quelque peu gêné à l'époque. Ici, plus rien de tout ça. C'est lisse, c'est net, c'est efficace. Après une trop longue partie d'exposition, vraiment ennuyante (un autre mot me vient à l'esprit mais je m'abstiendrai avec décence), le film prend du relief et un souffle épique réjouissant à partir du moment où les deux parties adverses sont mises en présence. Les scènes de batailles sont saisissantes de violence mais filmées avec beaucoup de soin qui leur donne une beauté assez hypnotique. J'aurais sans doute plus apprécié le film si j'avais eu 14 ans. Mais ne boudons pas, le film reste sympathique dans l'ensemble et le Prince Caspian n'est pas aussi casse pied que le laissait voir la bande annonce.
Le monde de Narnia - Chapitre 2, le Prince Caspian - Andrew Adamson


Encore une série télévisée adaptée au grand écran. Cela fait rarement de bons films. Au mieux, ça donne un bon épisode longue durée. Au pire, ça donne Chapeau Melon et bottes de cuirs. Avec Sex and the City, c'est plutôt un bon épisode mais qui s'étire et s'essouffle tout de même sur la longueur du format cinématographique. On y retrouve avec plaisir les personnages qu'on a suivi pendant quelques années. On retrouve les thèmes qui ont fait le succès de la série. On apprécie toujours autant le ton gentiment décalé et ironique. Les dialogues sont toujours aussi grinçants. Oui mais voila, au cinéma, ça n'apporte rien de plus. Et, au contraire même, enlève le côté rafraîchissant de la série télé. Le scénario aurait pu donner un bon épisode mais étiré sur plus de deux heures, c'est bien fade et édulcoré. La vie de célibataire est toujours aussi difficile pour ces demoiselles de New York et il est toujours aussi difficile de trouver chaussure à son pied. Et quand la chaussure est trouvée, c'est toujours aussi difficile d'apprécier ses bons côtés. au final, on reste partagé entre le plaisir de retrouver ces héroïnes sympathiques et la déception de voir qu'elles n'ont rien appris de six années de thérapie télévisuelle.

Sex and the City - Michael Patrick King

Enfin un Super héros qui n'est pas lisse et gentil. Hancock est tout sauf tout cela. Il est alcoolique, sale, à la limite de la clochardisation. Il est antipathique et vulgaire. Il est d'ailleurs le seul super héros que je connaisse qui est autant haï par ses concitoyens qu'il aide, quand il a le temps. Il faut dire qu'il ne travaille pas dans la finesse, faisant autant de dégâts (si ce n'est plus) qu'il ne sauve des vies. Le film de Peter Berg vaut surtout par son anti-conformisme inhabituel pour ce sujet si cher au public américain. Ici, pas de patriotisme, ni de drapeaux américains flottants sur un ciel couleur du soleil couchant. Le héros est traité comme un boulet pour la société et les efforts de positivation que cherche à lui donner son compagnon d'infortune sont bien difficiles à faire entrer dans la tête des gens. Will Smith, malgré son cabotinage flagrant, réussit à habiter ce anti héros de façon convaincante. Charlize Theron; peu habituée à ce genre de gros film, s'en sort toujours très bien (qu'elle est belle cette femme) et le petit Jason Bateman (Arrested Development, Juno...) est toujours aussi bon acteur. La mise en scène est efficace et sans fioritures (en demande t-on pour ce genre de film?) malgré une baisse de régime en fin de parcours assez dommageable parce qu'il affadit un peu le côté subversif (un peu) de ce film. On rit beaucoup face à ce manque de politiquement correcte assumé et ça rabiboche avec le super héros traditionnel (revirement déjà amorcé par Iron Man).

Hancock - Peter Berg


Que de dire sur ce film? A part que c'est un grave plantage dans tous les sens du terme ! Pas de scénario ! Pas de dialogues qui dépassent le niveau zéro du graveleux et de l'humour (?) à la con. Le jeu des acteurs (re ?) est un manque de respect à la profession. Ça, ils s'amusent les Eric et Ramzy, on ne peut certainement pas leur enlever cela : le film est un terrain de jeux fait sur mesure pour des sales gosses à qui on ne refusent rien. Mais alors les autres acteurs embringués dans cette histoire semblent sans cesse en train de se demander ce qu'ils font là. Qu'est venue faire Kristin Scott Thomas dans ce navet là? Ce qu'il y a d'énervant en regardant ce film, c'est de voir le fric monstrueux qui a été englouti par cette pochade alors que beaucoup d'autres films (qui seront peut-être estampillés ou labelisés "Camille") ne peuvent pas se monter par manque d'argent. Ce genre de film qui se monte uniquement sur le nom et le succès de comiques à la mode (re re ?) est là uniquement pour faire des entrées et du fric sans se soucier le moins du monde à un minimum de qualité et donc de se foutre de la gueule du spectateur. J'ai eu cette impression qu'on se foutait de ma gueule. Et je n'aime pas cela qu'on se foute de ma gueule.

Seuls Two - Eric Judor, Ramzy Bedia

16.7.08

Le bruit des gens autour

A Avignon il y a son pont où on y danse et son festival où on y chante, on y danse, on y joue, on y pleure, on y rit...
Diastème, metteur en scène de théâtre, aidé de son mentor Christophe Honoré à l'écriture, décrit ce qu'il connaît bien : le monde des artistes. Du côté scène où tout semble parfait aussi bien que du côté coulisse où la réalité est beaucoup moins belle et rose.
On assiste à une valse des sentiments sur fond de festival d'Avignon et sa folie, d'une série d'artistes de tout bord qui tentent de trouver leur place dans ce festival où "in" et "off" se disputent le spectateur perdu parmi la pléthore de spectacles proposés et plus généralement, trouver leur place dans la vie.
En les voyant, on pourrait se dire que le théâtre c'est la vie et la vie est un théâtre. Fadaise éculée que Diastème réussit à éviter grâce à un scénario malin et des dialogues malicieux qui voguent quelque part entre le farfelu et le tragique. La mise en scène n'est certes pas des plus novatrice mais sa fluidité fait de ce film un agréable moment de cinéma, rare en ce moment.
La réussite tient aussi beaucoup à l'harmonie des acteurs. Car ce film chorale, qui comme tout film choral n'échappe pas au côté artificiel propre à ce genre cinématographique (la spectatrice relais entre tous les personnages; des raccourcis parfois limites...) est portant un vrai film de groupe, homogène, harmonieux où chacun trouve sa place naturellement. Les acteurs sont remarquables avec une Léa Drucker encore une fois parfaite et crédible en danseuse (cette scène m'a beaucoup ému); une Emma De Caunes pour une fois convaincante; une Jeanne Rosa criante de vérité (très bonne actrice à suivre, à mon avis). Bruno Todeschini est touchant et Olivier Py émouvant.
Le bruit des gens autour - Diasteme

La nuit des chimères

Cathedrale St Julien - Le Mans - 05/07/2008
Je n'y retourne plus très souvent au Mans, la ville où tout a commencé (ou à peu près). J'ai l'impression qu'il flotte sur cette ville un arrière goût bileux; des traces fantômes aujourd'hui mais pourtant indélébiles d'un certain mal être (malheur) de cette époque, de mon passé.
Je n'y retourne plus très souvent de peur de réveiller certains démons que je sais encore tapis dans un coin de ma mémoire, même neuf années après l'avoir quitté. Le Mans est devenue comme une Babylone à qui j'aurais échapper au moment opportun, un peu avant de sombrer corps et âme dans un abîme sans fond.
Je n'y retourne plus très souvent, mais lorsqu'on réussit à me convaincre d'y revenir, je prends un certain plaisir à arpenter les petites rues de la vieille ville; à regarder la massive et élégante cathédrale St Julien; à la visiter comme un touriste même si je connais presque par coeur ses rues.
Quand j'y suis retourné il y a quelques semaines, c'était en touriste. Étrangement, pas de nostalgie ni de ressentiments. J'appréhendais cette balade nocturne comme on découvre une nouvelle ville. Accompagné du Sage et de mes parents, toujours prêts à nous suivre dans nos balades, même les plus tardives, nous avons décidé d'aller voir les chimères qui prennent possession des murs de la cité des Cénomans, dès que les derniers feux du soleil d'été s'éteignent.
Les remparts romaines, la cathédrale, le jardin de l'hôtel de la Reine Bérangère, les murs du conservatoire, se parent de fantômes, de princes et de princesses, de dragons, de gargouilles ou d'anges musiciens.
Les anges musiciens sur les murs de St Julien. Ça a été un très beaux moments. Pendant une dizaine de minutes, ils ont émerveillé nos yeux et nos oreilles. C'est beau, très bien fichu et ça permet de découvrir autrement Le Mans. C'est jusqu'au 1er septembre.

12.7.08

Questions de temps

Lui : Ça fait longtemps que vous avez fait l'amour?
Elle : Deux ans.
Lui : C'est long, deux ans.
Elle : Oui mais j'y pense pas... sauf comme ce soir, quand je bois et que je suis pompette.
Lui : ...
Elle : Et vous, ça fait longtemps?
Lui : Neuf mois.
Elle : C'est beaucoup aussi. C'est moi qui gagne. Mais c'est beaucoup aussi.
Lui : ...
Elle : Et pourquoi aussi longtemps?
Lui : Vous voulez la vraie raison?
Elle : Bah oui ! On ne se connaît pas, on va pas se dire des mensonges tout de même.
Lui : Neuf mois parce que ma femme est tombée malade et qu'elle est morte ensuite...
Elle : Ah ouais ... C'est une bonne raison ça !
Un des dialogues de "Le bruit des gens autour", très beau film de Diastème, avec Christophe Honoré au scénario.

Sous le ciel de Paris # 33

Paris - Place des Fetes - 11/07/2008

11.7.08

Louise - Gustave Charpentier



L'histoire de Louise pourrait être une des multiples péripéties de Plus Belle la vie. D'ailleurs, Louise pourrait très bien évoluer dans cet univers. Un immeuble populaire de Montmartre, à la place d'un immeuble d'un quartier populaire de Marseille. Une foule de locataires qui se croisent, s'aiment, se détestent. Voila l'histoire de Louise et de Julien, deux voisins et qui s'aiment d'un amour fou; amour pourtant contrarié par le caractère vieux jeu des parents de Louise qui décident que leur fille mérite mieux que ce troubadour des faubourgs.
Les personnages de Louise pourraient être des personnages imaginés par Zola. Un regard net et précis sur un microcosme et les êtres qui l'habitent. Une description pointilleuse et détaillée de leurs faits et gestes. Un postulat de départ sur lequel se déroule le canevas dramatique. C'est de l'ordre du roman naturaliste si cher à Zola mais transposé à un livret d'opéra qui semble plus conçu comme un roman musical que comme un livret classique. D'ailleurs, Louise est annoncé comme tel : roman musical en quatre actes de Gustave Charpentier. Pour l'auteur, le mariage d'amour est mal venu dans une société ouvrière parisienne qui vacille, coincée dans des principes moraux arriérés et vieux jeu. Pourtant un vent nouveau souffle sur une jeunesse éprise de liberté. Louise est comme une charnière entre les deux courants : attirée par amour vers cette folie libertaire qui traverse Paris, elle reste néanmoins très soumise à la volonté de ses parents pour qui compte les vertus du bien pensant et du qu'en dira t-on.
Louise pourrait bien être une des premières icônes du peuple de Paris, du début de ce nouveau siècle, qui souffle sur la capitale ses grandes nouveautés, ses importantes modifications technologiques qui transformeront Paris. Louise est un opéra à la gloire du peuple de Paris. Un opéra populaire et sans aucun doute parisianiste. Un opéra loin des héros légendaires et abstraits aux aventures tourmentés et improbables. Ici, les aventures de Louise et de Julien sont de l'ordre de la banalité, d'un quotidien sans relief. Après tout cet amour tourmenté est semblable à des milliers d'autres. Pourtant c'est cette banalité qui a fait le succès de cet opéra pendant près de 50 ans. Car cette histoire là, magnifiée par la partition splendide de Charpentier, parle aux gens. On comprend les personnages et ce qui les anime parce que ces personnages là nous ressemblent. Louise, icône d'un peuple parisien; reine de Montmartre. Elle chante Paris, sa folie, sa joie de vivre, sa liberté, la fête qui anime ses rues. Un opéra du peuple de paris vu par quelqu'un qui le connaît et qui le respecte pour le bon et le moins bon.
Louise pourrait être une héroïne de cinéma. On pense beaucoup à West Side Story quand on écoute l'opéra. Gershwin s'est-il inspiré de Charpentier? D'ailleurs, la mise en scène fait beaucoup penser à un film. De grands décors en cinémascope; un soucis de la véracité dans la reconstitution (magnifique station de métro reconstituée); des costumes splendides.
Moi qui craignais m'ennuyer en allant à Bastille, mardi soir. Un opéra écrit au début du 20ème siècle et qui dure près de trois heures. Je rechignais. J'ai même failli lâcher le Sage E.; préférer aller au cinéma. Et puis non, je me suis forcé. Grand bien m'a pris. Les décors et la mise en scène sont assez époustouflants de réalisme. La musique m'a surpris. C'est une musique en mutation qui m'a semblait incroyablement cinématographique. Une musique belle et chaleureuse. Les personnages ensuite. Attachants et émouvants. Vrais. L'histoire, enfin. Elle est d'une simplicité digne d'un sitcom mais, enrobée de musique et dans une mise en scène comme celle ci, elle devient forte et passionnante. Les deux derniers actes sont d'une force dramatique incroyable. Ces trois heures sont passées très vite et je suis sorti de Bastille enchanté.


Louise - Gustave Charpentier - Opéra Bastille

10.7.08

Nationale 12

Samedi, pour aller dans la Sarthe, nous avons pris la Nationale 12. On voulait absolument éviter les bouchons du premier rush de la grande migration estivale des autoroutes. Pas question de perdre trop de temps au péage de St Arnoult.
C'est drôle mais à chaque fois que je prends cette nationale, j'ai l'impression de partir en vacances. Peut-être parce qu'elle file tout droit vers la Bretagne en passant par le Perche. Peut-être aussi parce qu'elle est belle cette longue ligne droite bordée de platanes centenaires. Peut-être enfin, parce qu'elle me rappelle les routes que mon père prenait quand on partait en vacances, quand j'étais gamin.
Il suffit de quitter les paysages urbains de la Région parisienne et on est ailleurs. Les champs sont verts. Les villages sont petits et semblent tous mignons et charmants. On traverse les paysages en prenant son temps. Tranquillement. A vitesse humaine. On longe de hauts murs d'un château qu'on devine entre deux arbres, fugacement. On aperçoit ici ou là des clochers bucoliques d'une province qui me semble en dehors du temps. Là bas, la tour carrée et monumentale de l'église Ste Madeleine de Verneuil Sur Avre, sur sa colline, salue le conducteur et l'invite à profiter de la route. Très vite, les paysages vallonnés du Perche appellent à se prélasser. Ah qu'elle est belle cette campagne !
Par moment, naturellement, la chanson de Montant me chatouille la mémoire. Quand on partait de bon matin. Quand on partait sur les chemins. A bicyclette. C'est qu'elle donne envie de la suivre en dilettante, cette route.
Les averses qui nous ont accompagné, tout au long du voyage, intensifiaient encore plus le vert vif des arbres et des forets, le jaune doré des champs de blé. Les taches jaunes des premiers tournesols semblaient encore plus jaunes sur le ciel couleur de plomb. Les éclats de soleil qui éclaboussaient de temps à autre ce ciel chargé, illuminaient les nuages noirs et gris de couleurs surnaturelles. Parfois même, un morceau d'arc-en-ciel embrasait la chevauchée intrépide des nuages chargés de pluie.
Qu'on était bien, samedi matin, dans la voiture qui nous brinqueballait sur cette belle route qui ressemblait à un chemin.

4.7.08

Calinou

Calvi - Citadelle - 20/06/2008

Claire Diterzi - Tableau de Chasse

L'atmosphère était lourde, hier soir. Électrique. D'irréels nuages, virant au noirs, menaçaient de s'ouvrir sur nos têtes et déverser des déluges de pluie. De lourdes rafales de vents balayaient les rues sèches et arrosaient copieusement les yeux des passants, de poussières crasses accumulées pendant une semaine de chaleur. Il faisait chaud mais des frissons parcouraient l'échine à chaque bourrasque.
Hier soir, la salle était sombre accentuant l'impression de place à l'abandon. Les vieilles pierres, la peinture défraîchie, les dorures depuis longtemps disparues. Le théâtre transpirait de mélancolie romantique. Les gradins inconfortables et exigus se remplissaient allègrement. Le spectateur recherchait la meilleure place. Celle qui lui offrirait le plus beau point de vue sur la scène encore plongée dans le noir. Des inconnus, beaucoup. Des visages connus, quelques uns. Tous réunis pour le concert évènement de Claire Diterzi.
Nous avions eu la chance de pouvoir admirer son Tableau de Chasse à Chaillot, il y a quelques mois. Ce spectacle mêlant chant, vidéo et oeuvres d'art correspondait tout à fait à l'univers de la chanteuse intrépide. La scène des Bouffes du Nord allait sans doute apportait sa patte à ce spectacle particulier.
Rien à changer par rapport à Chaillot. Pas de surprises. Sauf peut-être que Claire est de plus en plus présente sur scène. Déchaînée par instant. Elle s'éclate seule ou accompagnée de ses deux choristes, la bassiste au regard transperçant, la jolie violoniste évanescente et le seul homme à tout faire de la bande, le beau Etienne Bonhomme. Elle jubile et entre en transe au bout de deux chansons.
Les dispositifs vidéo sont peut être un peu à l'étroit mais que cela ne tienne, elle fera le spectacle aussi. Comme sur le génial Vieille chanteuse, où elle campe une de ces chanteuses réalistes des années trente, gouailleuse à souhait. Elle joue. De sa voix, de sa personne. De la musique, des mots. Elle est irrévérencieuse. Ses repas de famille sont noyés par une substance marronnasse peu ragoûtante à l'image de son sentiment de se faire chier pendant. Une nouvelle bimbo nommée Carla a rejoint sa clique de pétasses rutilantes. Elle parle de poils aux couilles et sortilèges avec ses soeurs chéries. Malgré une mise en scène bien huilée, Claire Diterzi s'offre une liberté scénique absolue. Rarement à l'endroit où elle devrait être, elle se retrouve souvent dans l'ombre des projecteurs à force de bougeotte aiguë. Mais elle s'en fout. Ce qu'elle veut s'est vous embarquer dans son monde à elle. Un monde où des voix bulgares chanteraient la longue mélopée d'une femme infidèle qui dirait à son mari je me casse. Un monde où la fantasmagorie est emprunte d'une réalité brutale. Un monde de chambre d'enfant où tout s'entasserait pêle-mêle et avec lequel on essaierait de raconter une histoire, avec ce qui tombe sous la main. Un monde d'enfant grandie trop vite qui a besoin de se blottir dans les reposants accords d'une berceuse.
Mais Claire Diterzi, c'est surtout une voix qu'elle module avec une facilité déconcertante. Elle trille, elle susurre, elle grince, elle roucoule. Une voix de femme parfois sensuelle, parfois cassante, parfois enfantine. Une voix de femme forte, une femme de tête ou une voix de femme qui aimerait qu'on la protège. Une femme d'un univers qui n'est que le sien et qu'elle accepte d'ouvrir aux autres mais certainement pas dans sa totalité. Il y a toujours une partie de secret dans ces chansons qui font voyager au delà des mots. L'imagination prend alors le relais de l'ouïe.
Tableau de Chasse - Claire Diterzi - Les Bouffes du Nord - 3 et 4 juillet 2008

Pour se faire une idée de son univers, la très jolie vidéo de son Tableau de Chasse


Constatation # 166

Quand se voit-on?
Il faut que je regarde sur mon agenda.
Et de constater qu'il n'y a pas un seul moment de libre jusqu'aux vacances.
Mais où file le temps pour en manquer autant?

Bamboo Blues



Qui dit fin de saison culturelle dit aussi nouvelle pièce de Pina Bausch. Tous les ans, c'est LE spectacle qu'on attend avec impatience.
Cette année, c'est une pièce d'inspiration indienne que nous livre la chorégraphe allemande. Elle y a passé une année avec sa troupe, histoire de s'imprégner de cette culture colorée qui me fait tant rêver et nous donner sa vision de ce pays.
Des voilages immaculés pendent au fond de la scène, flottant au souffle d'une brise rafraîchissante. Chacun des 16 danseurs y va de son solo inégal. On retiendra surtout celui de la belle Silvia, au tout début de la pièce, et celui de la marquante Clémentine en longue robe rouge. Parmi les garçons, outre le physique très avenant de deux nouvelles recrues, on retiendra deux très beaux soli d'un danseur filiforme, Pablo Aran Gimeno.
C'est beau. C'est magique. Comme d'habitude, j'ai envie de dire. Tout ce qui se passe sur scène a un goût de déjà vu. Les petites scenettes de la vie quotidienne manquent d'originalité et de piquant. On voit évoluer tout cela avec un plaisir non retenu pourtant, l'engouement ne vient pas et ne viendra pas. C'est beau mais c'est lisse. Ça charme mais ça glisse. A force, les redites et les répétitions d'un spectacle sur l'autre donnent l'impression d'un essoufflement créatif. Peut-être aussi, une conséquence du rajeunissement de la troupe qui manque encore de la personnalité qui a fait la marque de la compagnie du Tanztheater de Wuppertal. On devine par ci par là des émergences prometteuses (Clémentine Deluy, Thusnelda Mercy, Pablo Aran Gimeno...)mais c'est encore trop tenu. La marque des anciens est bien trop tenace pour le moment. Ça n'est pas que ce soit pour nous déplaire, on retrouve avec plaisir ces gestes, ces coutumes, ses manies qui habitent chacun de ses spectacles. Mais, ça n'exalte plus; ne surprend plus; n'emporte plus. Et peut-être ce qu'il y a de pire, ça ennuie un peu. Pour la première fois depuis que je vois ses créations, j'ai baillé en fin de spectacle. Le Sage E. a même piqué du nez, lui, le fan absolu.
Allez, ne désespérons pas. Le plaisir à regarder un spectacle de Pina Bausch reste entier.
Bamboo Blues - Pina Bausch - Théâtre de la Ville

Le serment

Les vacances sont à peine terminées que nous avons repris le chemin des salles de spectacles parisiennes pour la fin de la saison 2007/2008. Déjà, la fin de saison ! C'est encore passé trop vite cette saison là. Bref...
La semaine est donc chargée et ça commençait fort, avec un opéra à Bastille. Un peu plus de quatre heures de spectacle annoncé. Oui je sais ! Sur le coup, ça fout un bon choc. Je ne connais pas l'opéra; ne connais rien de l'histoire; sauf qu'il y a un air magnifique que m'avait fait découvrir devinez-qui il y a quelques années.
Don Carlo de Verdi. Je me suis dit que ça devait être bien. Verdi, c'est toujours bien, non? Mais quatre heures, tout de même, il poussait un peu le compositeur ! Et puis, finalement, c'est passé sans trop de baillements. Bel opéra avec des chanteuses pas forcément à la hauteur des voix masculines. Mais j'étais content de le voir enfin ce Don Carlo et surtout heureux d'entendre "en vrai" l'air du serment. C'est comme ça que je l'appelle ce beau duo d'hommes entre Don Carlo et Don Rodrigo. L'ensemble des deux voix qui montent en puissance et de l'accompagnement orchestral qui emporte est envoutant et me fait frissoner dès que le "dio, che nell'alma infondere" commence.
Regardez ! Vous m'en direz des nouvelles. En plus, c'est ici chanté par Rolando Villazon et Placindo Domingo, il y a peu à Vienne.

2.7.08

Constatatation # 165

C'est pas dieu possible, ça !
J'ai dû oublier de me coucher cette nuit tellement je suis fatigué ce matin !