30.4.08

29.4.08

Le temps perché

Enfin, le week-end est arrivé. En plus, il était prolongé. Trois jours pour se reposer, changer d'air et s'aérer. Il faut dire qu'il s'est fait attendre ce week-end là. Depuis fin février, nous n'avons pas pu quitter Paris, pris entre mes week-ends travaillés et nos obligations parisiennes. Deux mois qu'on en rêvait.
En plus, il a fait beau. Le premier vrai week-end ensoleillé. Bon sang que ça fait du bien le soleil. Ça réveille des horizons qu'on avait presque oublié, enfouis sous des tonnes de grisailles tristes. Dès 16h00, vendredi, nous avons pris la route pour retourner dans mon Perche natal. L'autoroute était déserte. Pas de bouchon en vue même à la barrière de péage de Saint Arnoult. Le vert et le jaune des paysages étaient chantants. Ajoutons le dernier Goldfrapp à plein volume et cela donne une bonne idée de la bonne humeur de ce départ, loin du béton et de l'asphalte. Il nous aura fallu à peine deux heures pour voir apparaître les premières collines du Perche. Le vert des prés y est plus brillant et plus vif et bien plus beau que nulle part ailleurs. Le jaune criard des champs de colza éclaboussait effrontément les paysages. Le ciel bleu était à peine inquiété par quelques timides nuages blancs. Tout cela sentait bon l'été et les vacances.
Ce qui me rendait particulièrement heureux, c'était que nous pourrions, pour une fois, profiter de ce temps là pour se balader tout notre soûl. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait tout au long du week-end, de jour comme de nuit, et même sous les prémices d'un orage qui annonçait déjà la fin de ce mini été. Je voulais profiter jusqu'à l'étourdissement; jusqu'à ce que je tombe de sommeil; jusqu'à ce que mes jambes demandent grâce. Nous avons de nouveau, traversé les rues de Mamers en long et en large. Nous avons goûté aux silence des ses soirées où seul un chant de coucou lointain ou le miaulement d'un chat rompt le vide silencieux de la ville. On pourrait presque se croire seul au monde par ici. La nuit qui tombait sur nous avec fraîcheur s'accompagnait d'une explosion d'odeurs, celle sucrée du chèvrefeuille, celle plus acre de la l'humidité de la terre, celle de l'herbe coupée et même celle un peu métallique du ruisseau paresseux. L'éveil des sens trop longtemps asphyxiés par Paris.
La découverte de nouveaux endroits aussi. Montmirail et son château "fermé jusqu'au 1er mai inclus", charmant village écrasé sous le soleil et entouré par les collines du Perche Goüet. Vaunoise, petit bourg niché au creux de pentes herbeuses où paissent sereinement des vaches blanches, et entouré de bois et taillis épais. Un endroit pour une prochaine déambulation randonneuse. Et puis, il y a l'incontournable étang de la Herse, lové dans son écrin de chênes. C'est mon lieu de pèlerinage presque obligé à chaque fois que je descends chez mes parents. C'est un endroit où je suis bien, sans trop savoir pourquoi, c'est comme ça. Et puis aussi, dès qu'on le peut, ce qui fut le cas ce week-end, sous un très beau coucher de soleil, il y a la visite du charmant village de La Perrière. Et puis, il y a cette impression, bonne et suave, de prendre son temps; de vivre sans se presser et par dessus tout ça, prendre plaisir à perdre son temps à faire des choses reposantes. Plus de soucis de rentabiliser son temps. Et pourtant, malgré tout cela, le temps passe toujours trop vite. De toute façon, le temps passe toujours trop vite quand on est bien.

Constatation # 160

A qui doit-on écrire pour demander le remboursement de tous les frais engagés pour passer un bel été (lunettes de soleil, crème solaire, tongs, bermuda hawaïen, chemisettes et tshirts...)?

C'est l'histoire...

Bah oui mais c'était obligé ça aussi. Depuis le temps que le Sage E. se ruinait les yeux sur Youtube à se passer en boucle toutes les chansons du Roi Lion, avec cette nette préférence pour le "be prepared" de Scar, l'oncle félon, il fallait bien qu'un moment ou un autre, je fasse quelque chose. On aurait pu regarder une énième fois la vidéo du film, mais je me suis dit qu'il fallait employer les grands remèdes.
Ni une ni deux, ni même trois d'ailleurs, je nous ai réservé deux places à Mogador pour voir à quoi pouvait ressembler Simba, Nala, Scar et les autres de la savane, version musical. Ben je peux vous dire qu'on en a pris plein les yeux. Des costumes magnifiques, des décors époustouflants, une scénographie ahurissante... Pendant près de trois heures, nous avons vibré aux sons des tam-tam de la brousse. Passée la surprise de voir que ce sont des hommes et des femmes qui chantaient sur scène et non pas des lions, des gazelles et des hyènes (pas de commentaires déplacés je vous prie), on se plonge dans l'histoire, qui reprend les grandes lignes du film avec toutes ces chansons, avec un plaisir enfantin. On papillote des yeux à l'ouverture toujours aussi magnifique et émouvante au son du Circle of life; on tremble pour Mufasa emporté par les gnous fous; on Hakuna matata en dandinant en rythme son fessier sur son siège. Je suis redevenu un gamin pendant cette soirée, avec des yeux émerveillés devant la beauté inouïe de ce que je voyais sur scène. Pensez donc, ce n'est pas tous les jours que je peux voir une savane plus vraie que nature (ou à peu près) à Paris avec dedans, tous les animaux qui y habitent.
C'est certes cher (il faut compter tout de même quasiment 100 euros pour deux personnes en 5ème et avant dernière catégorie) mais quand on voit toute la technicité mise en oeuvre pour ce spectacle, je me dis au diable l'avarice, si ça peut donner la banane et la pêche pour au moins une semaine...
Et c'est le cas.

23.4.08

Passe Passe ton tour

Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. Ben, moi je vous le dis, ce n'est pas flagrant dans ce film qui s'apparente à un médiocre téléfilm aussi clinquant qu'insipide et qui décrit les déboires judiciaires d'une "putain de la République". Pas franchement passionnant ni vraiment ennuyeux. Pas forcément drôle mais pas non plus affligeant. Le nouveau film de Tonie Marshall est une comédie sans aucune envergure qui se laisse regarder, histoire de passer le temps tranquillement. Loin de Vénus Beauté pour le meilleur, loin aussi de France Boutique pour le pire.
L'intérêt majeur du film est sans aucun doute possible, Natalie Baye, encore une fois sublime d'un bout à l'autre du film. Elle apporte son charme et son naturel à un film qui en manque cruellement. Elle adopte le ton du film, le saisit à bras le corps et réussit à le rendre parfaitement crédible. Elle est une femme bling bling, légère et insouciante, à la fois généreuse et égoïste, fantasque et calculatrice. C'est une femme amoureuse.
A côté d'elle, Edouard Baer ne tient pas la route une seule minute. Caricaturant ce qui fait sa personnalité, il ne réussit ici qu'à paraître niais d'un bout à l'autre que ce soit en prestidigitateur dépressif ou en amoureux transis. A aucun moment, on ne s'attache au personnage. Ses sourires grotesques et ses mimiques grimaçantes agacent. A ce jeu là, il ne fait que souligner la supériorité de sa partenaire.
Ne rien attendre d'extraordinaire de ce film, et surtout ne pas espérer plus que ce que présente la bande annonce. Pour passer un cinq à sept, en attendant de rejoindre des amis, à la limite. Un Passe passe bouche trou. Sans plus.
Passe Passe - Tonie Marshall

19.4.08

Constatation # 159

Mon I-pote est guéri. Tout seul comme un grand. Je crains que mon I-pote ne devienne capricieux.

18.4.08

Constatation # 158

Mon I-pote m'a laché. Il est cassé, il ne marche plus. Sans prévenir. Comme ça, en plein milieu de Home is where it hurts de Camille.

Les chroniques de Spiderwick

Obligés de quitter New York, après le divorce de leurs parents, Jared, Simon et Mallory se sont installés avec leur mère dans la maison du grand oncle, en bordure de forêt. La maison est belle mais sinistre. Jared, le révolté, refuse cette nouvelle vie. Pourtant, très rapidement, il découvre que la maison est habitée par une étrange créature, protecteur d'un livre des secrets qui décrit un monde merveilleux et fantastique. Après la découverte de ce grimoire, Jared réveille l'appétit de pouvoir d'un monstre hideux bien décidé à récupérer le livre et les secrets qu'il renferme pour régner sans partage sur les deux mondes.
Au cas où vous ne le sauriez pas (comme moi, avant d'aller le voir), les chroniques de Spiderwick est l'adaptation d'une série de romans pour les enfants. Ça saute aux yeux très rapidement : la moral est tout ce qui de plus basique, les messages véhiculés (l'union fait la force, la colère ce n'est pas bien...) ne révolutionneront pas les générations futures. Par contre, de façon surprenante, la réalisation joue dans la cour des grands. Les effets spéciaux sont époustouflants. Le monde imaginaire est merveilleux à souhait mais aussi très flippant. D'ailleurs, je me demande comment j'aurais réagi si j'avais vu le film à l'âge de 10 ans. Je suis sûr que j'aurais eu peur. La chose qui est dommage c'est que le son du film est beaucoup trop fort, saturé. C'est assommant tout ce bruit.
Le film lorgne du côté des Goonies de Richard Donner, le côté magique en moins (mais il faut replacer dans le contexte, je devais avoir 15 ans quand j'ai vu ce film, aujourd'hui, je ne prendrais sans doute pas le même plaisir). Le film est nerveux et va très vite, trop vite parfois. Ainsi, des incohérences dans le déroulement du film; des raccords aléatoires. Mais il s'agit là d'une vision d'adultes, les enfants n'auront pas vu cela. Même si je peux dire que j'ai beaucoup plus apprécié ces Chroniques que le Monde de Narnia et qu'il est beaucoup plus compréhensible que La Boussole d'Or, il reste qu'il faut avoir gardé son âme de gosse pour pouvoir apprécier pleinement ce film. Et hier, j'ai dû l'oublier à la maison...
Le film tient beaucoup sur les frêles épaules d'un jeune acteur génial : Freddie Highmore. Ce jeune comédien de 16 ans (génial dans les Deux Frères de Jean-Jacques Annaud) joue avec un naturel et un aplomb déconcertant. Un comédien à suivre, ça c'est certain. Ici, il réussit à interpréter les deux frères jumeaux : Jared, le révolté et Simon, le pacifiste, tout en restant convainquant dans les deux rôles.
Les Chroniques de Spiderwick - Mark Waters

17.4.08

Goldfrapp terne

Je peux vous dire que je l'attendais avec impatience ce concert là. J'ai passé tellement de bons moments dans le métro, à la maison, et dans ma tête avec Seventh Tree, leur dernier album. Il passe en boucle sur mon I-pote, à peine inquiété récemment par le dernier Camille. Venus en a pâti; The Do est passé aux oubliettes et même Ben Ricour a eu chaud, s'il n'avait pas eu son concert la semaine dernière.
Hier soir, donc, était le grand soir. A peine le travail terminé, j'ai foncé vers Liège (la station de métro, pas la ville) et suis arrivé au Casino de Paris rapidement. Il était à peine 18h00. Il restait 1h30 avant l'ouverture des portes de la salle. Je me suis dit que j'avais bien le temps de me poser un peu dans un troquet, histoire de me remettre de ma journée difficile qui clôturait une semaine difficile, elle aussi. Le Sage était lui aussi en route. Je me suis dirigé tranquillement vers le théâtre, l'i-pote fixé dans les oreilles, avec Little Bird qui me faisait doucement planer. De ma myopie lointaine, je voyais bien quelques silhouettes faire le pied de grue devant les portes de la salle. Au fond de moi, je me suis dit qu'il fallait être bien courageux ou très fan pour perdre son temps ainsi. Moi jamais, me suis-je dit. Et puis, en me rapprochant, j'ai bien vu qu'il n'y avait pas que quelques silhouettes mais déjà une bonne centaine de silhouettes. Merde ! A 18h00, il y a déjà autant de monde à attendre. Le Sage ne sera pas là avant 30 minutes. Si je vais boire un café de combien de silhouettes la file se sera allongée? Je veux absolument une place assise pour le concert (bah quoi, je deviens vieux. La fosse et sa promiscuité me gâchent de plus en plus le plaisir d'un concert). PDMFCSR ! Je vais devoir poireauter.
Et poireauter pendant plus d'une heure, c'est long. Je peux vous l'assurer. Je le sais, je l'ai fait. Les minutes qui s'allongent à n'en plus finir; les brides de conversations qui se juxtaposent pour former un dialogue surréaliste; les portables qui sonnent, qui chantent qui bêlent ou qui aboient; les coups de klaxon des bus, des voitures, des motos gênés par la foule indisciplinée; cette sonnette exaspérante à chaque ouverture ou fermeture d'une porte du théâtre. Devoir supporter cela seul met les nerfs à rude épreuve; en plus que je n'ai pas eu mon café, sacrifié sur le siège d'une noble cause...
Le Sage est arrivé et ça a été tout de suite mieux. Il faut dire que les portes se sont (enfin) ouvertes rapidement après son arrivée. Nous avons trouvé nos places idéales pour voir au mieux toute la scène. Il n'y avait plus qu'à attendre le début du concert qu'ouvrait par Syd Matters, en première partie. Chouette, que je m'étais dit quand j'avais eu vent de l'information. J'aime bien le chanteur. Je me souviens même d'un très bon concert il y a quelques années qui m'avait beaucoup plu. Son dernier album est le seul hic. Je n'ai pas accroché. Je me suis dit que ça n'allait pas être la folle éclate non plus, mais bon, ça peut être sympa de les revoir sur scène. Malheureusement, ça c'est confirmé. Les quatre ou cinq chansons, qu'ils nous ont servies, nous ont plongé dans une somnolence de mauvais augure. Bon, je dois dire que le kir cassis que j'ai bu juste avant (gentiment offert par le Sage, pour me remonter le moral), ne m'a pas forcément aidé à me réveiller. Et ce n'est pas la demie heure d'entracte qui a arrangé les choses. Pourtant, au fur et à mesure que le concert s'annonçait, une certaine effervescence est montée du bas de la salle. Des applaudissements, des sifflets, des cris de trépignement et d'impatience. Une bonne ambiance commençait à se créer. Ca a suffi pour me tirer de la torpeur. De plus, les palabres de nos voisines de derrière étaient tellement drôles que je ne voulais pas rater ne serait-ce qu'un mot.
A 21h00, les lumières de la salle se sont éteintes sous des tonnerres d'applaudissements et de cris. Le concert allait commencer. Je me suis calé dans mon fauteuil, prêt à me prendre une bonne claque musicale. Alison Goldfrapp, habillée d'une sorte de robe pull qui l'a faisait ressembler à un papillon, est entrée sur scène accompagnée de ses musiciens. Elle a lâché un petit "hello Paris. Thank you" couvert par les applaudissements. Et elle s'est lancée dans le premier morceau.
Pendant, une heure, top chrono et pas une minute de plus, elle a aligné tout le dernier album avec quelques reprises des albums précédents, fait un rappel, dit au revoir, "thank you. Bye bye Paris". Tout cela sans temps morts, sans communiquer avec son public, sans aucun éclat. Elle a fait son show hyper millimétré sans mettre beaucoup de tripes. Bien sûr que j'étais heureux d'entendre bouger les chansons qui m'accompagnent depuis bientôt deux mois. Bien sûr que cette Alison a une voix peu commune. Bien sûr qu'elle a une présence lunaire telle, qu'elle pourrait très bien être la petite amie de Pierrot. Mais elle aurait pu mettre un peu plus d'âme et de chaleur. Elle aurait pu habiter ses chansons au lieu de simplement les interpréter comme sur l'album. Pourtant dès qu'elle y mettait un peu plus de coeur, le show prenait des dimensions hallucinantes. Ainsi les interprétations de Little Bird et de Caravan girl, ont été des moments purement magiques. Par contre, A&R a été d'une pâleur décevante.
Heureux donc mais déçu et frustré. Le concert n'a pas été celui que j'espérais. Tant pis. Dommage. Heureusement, il me reste les albums qui pour une fois me semblent bien mieux que le live. Pourvu qu'il n'en soit pas de même pour le prochain concert de Camille.
Goldfrapp - Casino de Paris - 16/04/2008

15.4.08

Tribute

Paris - Quai du Marché neuf - 11/04/2008

14.4.08

3h10 pour Yuma

Dan Evans vit misérablement dans sa ferme aux terres brûlées par la sécheresse où ses vaches crèvent, faute de pouvoir manger et boire à leur convenance. Il est au bord de la ruine; à bout de nerfs; à bout de souffle. Le hasard met sur sa route Ben Wade, bandit de grand chemin, à la gâchette rapide, et de sa bande de voyous assassins. Ce dernier se fait arrêter (un peu comme un bleu quand même, il faut bien le dire) dans les bras de sa maîtresse. Il faut alors le transférer le plus rapidement possible à Yuma où il devra être jugé et pendu. Le besoin d'argent pousse le fermier à accompagner le prisonnier jusqu'au train qui l'emmènera vers la mort, sous la menace palpable et angoissante des acolytes, décidés à sauver leur chef de la potence.
Je ne suis pas un habitué du western classique, tel qu'Holliwood les produisait à la chaîne dans les années quarante et cinquante. Je me souviens avoir vu Alamo avec le grand John Wayne quand j'étais loupiot. Et je crois bien que c'est le seul souvenir de western qu'il me reste. Je ne me rappelle pas en avoir vu d'autres. Depuis, il y a eu les western "nouvelles générations" : Wyatt Earp, Mort ou vif, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, ou même Brokeback Mountain. Et puis, sans oublier, le crépusculaire western (hi hi hi) de Clint Eastwood, Impitoyable, que je n'ai jamais vu d'ailleurs. Dans le film de James Mangold, le western retrouve son classicismes d'antan. Normal, il s'agit d'un remake d'un film de 1957.
C'est un film d'hommes qui en ont et qui n'ont pas peur d'en découdre. Les visages sont carrés et burinés, les regards sont impitoyables. Les chevauchés sont fantastiques. La sauvagerie de ces gars là est glaçante. Mais à côté de ce film de genre, il y a aussi un rapport de force psychologique qui se met en place entre les deux héros. Un rapport fait à la fois d'attraction et de rejet. Un rapport de séduction dangereux pour les deux personnages s'instaure avec les tentations de se laisser succomber ou au contraire de se rebiffer de toute son âme contre ses mêmes tentations.
La réalisation est sobre et efficace, terriblement efficace dans la dernière partie du film. Les faces à faces entre Russel Crowe et Chritian Bale sont très forts et filmés sans ostentations. Il n'y en a pas besoin, du reste, le jeu des deux acteurs suffit à lui même. Russel Crowe confirme tout le bien que je pense de lui. Toujours aussi charismatique, avec cette force tranquille qui se dégage de lui. Christian Bale est lui aussi excellent, avec un jeu peut-être plus fin et plus ambigu mais tout aussi fort. A côté de ces deux grands acteurs, un jeune acteur qui promet, vu dans l'excellente série Six Feet Under, Ben Foster interprète un dur à cuire violent et sans pitié. Son interprétation est assez troublante. Son rapport avec Ben Wade est un mélange de fascination exacerbée, proche de la dévotion et du sentiment amoureux, et de brutalité brute et gratuite. Une sorte d'ange / démon exterminateur sans état d'âme.
Il va falloir que je me penche sérieusement sur le genre western. Avec l'envie de voir l'original de 1957 de Delmer Daves mais aussi tous les grands classiques du genre. En espérant que les Actions ou la Cinémathèque proposent une grande rétrospective bientôt.
3h10 pour Yuma - James Mangold

Babylone au Louvre

Jeudi soir, nous nous sentions l'âme cultureuse. Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas été visités une exposition parisienne. Qu'à cela ne tienne. Vendredi ne travaillant ni l'un ni l'autre, nous avons décidé d'aller voir l'expo Babylone au Louvre. On s'était dit alors, pour éviter la foule qui embouchonne (ça existe ce mot là?) ce genre de grande exposition, qu'on irait bien entre midi et deux heures. Au moment où les gens sont plus intéressés par leur estomac que par leur neurones. Jeudi soir, nous étions plein de bonnes intentions.
Ce fut une autre histoire vendredi, le Jour J du Sage E. Le matin fut consacré au déballage de cadeaux non emballés (pas eu le temps, pas eu le courage). Un architecte devait passer en fin de matinée pour regarder notre fameux plafond. Mais entre deux bouchées de croissants, on restait prêt pour aller au Louvre pendant la pause déjeuner. Les cadeaux ont été ouverts et essayés; l'architecte a constaté et photographié. Mais à midi, nous n'étions toujours pas prêts. Quand la glande prend le pas sur les bonnes intentions...
Ce n'est que vers 15h30 que nous avons enfin daigné bouger nos postérieurs pour les porter dans le métro. Nous savions d'ores et déjà, que la visite en toute intimité serait ratée (et elle le fut).Mais bon, au moins, on allait la faire cette exposition.
Je savais donc qu'il y aurait du monde, beaucoup de monde. Que nous serions à la queue le leu pour pouvoir faire le tour des différentes vitrines de l'exposition. Je savais que c'était cher, beaucoup trop cher. Presque 10 euros tout de même. Mais je savais aussi que ces grandes expositions valent le coup de se déplacer, malgré tous les inconvénients. Je savais surtout que cette fois ci, j'allais rêver debout et les yeux grands ouverts. Pensez donc ! Babylone... Tous mes souvenirs d'ancien étudiant d'histoire antique; la magnificence mythique de cette ville...
J'avoue, bien à contre coeur, que j'ai plutôt cauchemardé en visitant les salles du Hall Napoléon. Non seulement il y avait foule mais en plus la disposition des salles et leur aménagement n'arrangeaient rien. De longues et étroites salles couloirs avec des vitrines de chaque côté et une au centre; de longs textes explicatifs jalonnaient la progression de l'exposition mais ils étaient assez mal éclairés et surtout si on voulait les lire, on bloquait le passage pour les autres visiteurs. Les gens râlaient, les gens bousculaient. On a connu mieux comme condition pour se plonger dans une époque aussi lointaine. L'éclairage était calamiteux. Les vitrines étaient relativement bien éclairées mais l'éclairage plafonnesque blafard sur les vitres non traitées anti-reflet empêchait de voir correctement, à moins de se coller le nez dessus. Il n'y avait pas de pièces monumentales exposées, à part les panneaux aux lions, en terre cuite émaillée. La plupart des objets sont des petites pièces de petite taille (tablettes de terre cuite, petites statues, bijoux, seaux...). Des objets peut être un peu trop abstraits pour évoquer la civilisation babylonienne; l'exposition manquait peut être d'objets qui font rêver le tout venant.
Et puis, sans transition réellement annoncée, on quitte la Babylone antique pour passer à la vision fantasmée de ce royaume, dans la culture du Moyen Age. La vision merveilleuse de cette ville devient une vision du mal absolu, de la perversion de l'homme. Babylone est alors associée à Babel et sa fameuse tour, symbole de l'orgueil de l'homme à vouloir se placer à l'égal de Dieu. Cette partie de l'exposition aurait pu être intéressante si elle ne manquait cruellement d'explications. Une succession de tableaux (dont le fameux de Bruegel) évoque la Tour et sa destruction par la volonté divine; des textes enluminés parlent de l'impiété de ses habitants. Le but avoué de cette partie est de montrer l'héritage culturel de Babylone dans les civilisations postérieures et de redonner à la culture babylonienne sa juste place dans les racines de la culture occidentale, notre culture. Ce n'est pas franchement réussi. Et puis, il y a un grand regret de ma part. L'archéologie de la ville est très peu abordée alors qu'elle est un élément majeur de notre connaissance actuelle de cette ville.
Je suis ressorti frustré de l'exposition. Frustré parce que je n'ai pas pu profiter pleinement des objets exposés; frustré par le manque d'explications basiques; frustré parce qu'aucun plaisir ne s'est dégagé de la visite.
Pourtant, j'ai souri a deux ou trois reprises lors de cette visite. Pas pour l'exposition en elle même mais plutôt par les commentaires des visiteurs. Une dame sceptique faisait remarquer à son mari, à propos des tablettes d'argile calligraphiées exposées, qu'elle pourrait elle aussi prendre un morceau de terre séchée et dessiner dessus des signes cabalistiques et faire passer ça pour un objet d'art. Une autre dame coquette disait à une autre dame, à propos d'une parure de bijoux en or et plus particulièrement deux petites boucles d'oreille ayant la forme de divinités babyloniennes, qu'elles iraient très bien avec son chemisier Cacharel, vous savez celui qui est blanc cassé avec le col lobé . Un peu plus loin, deux femmes avec sur les oreilles un audio guide s'esclaffaient très fort (elles avaient oublié sans doute qu'elles avaient des écouteurs sur les oreilles) sur un détail d'un tableau exposé où l'on voyait un petit personnage montrant son derrière au public avec un sourire grotesque. Un peu vers la fin de l'exposition, un monsieur, regardant un carton pour un costume crée pour la création de l'opéra Semiramide de Rossini, dit à sa femme qu'il ne savait pas que Rossini était babylonien.
Finalement, c'est ça aussi une exposition : le public et ses commentaires décalés.
Babylone - Musée du Louvre - Hall Napoléon - Jusqu'au 02/06/2008

13.4.08

Sous le pont

Paris - Sous le Quai des Grands Augustins - 11/04/2008

11.4.08

To you


Pénélope

Pénélope est née sous une mauvaise étoile, pauvre victime d'une malédiction ancienne jetée sur sa famille. Affublée d'un groin et d'oreilles porcines, elle vit enfermée dans une tour dorée par sa mère ultra protectrice. Cette dernière n'a qu'un but en tête : faire épouser sa fille par un noble valeureux pour conjurer le mauvais sort qui frappe la famille.
Le conte est joli. La comédie est percutante et légère. La moral est gentille même si elle n'est pas forcément toujours très finaude. Accepte toi tel que tu es ou aime toi et le monde t'aimera seraient les deux grandes valeurs du film. Valeurs quelque peu galvaudées par une fin "qui finit bien".
L'ambiance très burtonienne du film rajoute beaucoup au charme du conte sans pour autant le noyer dans la guimauve larmoyante. C'est beau et bien ficelé. Le coté kitsch est assumé et sans doute volontairement accentué (le générique de début est un grand moment florissant). La réalisation tient la route mais n'évite pas (malheureusement) certains écueils. Ça manque parfois de rythme. Les effets sont parfois un peu artificiel et manque singulièrement de poésie alors qu'il y a de grands et beaux moments par ailleurs. Le film manque trop d'unité pour en faire un grand film (il s'agit d'une première réalisation, soyons donc indulgent).
La fraîcheur juvénile de Christina Ricci fait ici merveille. Le port du groin n'entache en rien sa beauté particulière. Le jeu de Catherine O'Hara est d'une exubérance surjouée mais qu'elle est drôle. Et puis, il y a James McAvoy... Le mec presque trop normal et trop banal pour être honnête. C'est vrai quoi, même avec des valises sous les yeux, une coupe de cheveux à porter plainte contre son coiffeur, et des fringues achetées à la friperie du coin, il reste beau ce gars là et avec du chien en plus... Tiens, c'est sans doute pour cela qu'il s'entend si bien avec la mi-cochonne Ricci...
Pénélope - Mark Palansky

L'aventure continue...

Quand Matt Damon félicite Jimmy Kimmel, son rival télévisuel, avec la petite amie de ce dernier, Sarah Silvermann...
La suite d'une longue saga entre les deux hommes où tous les coups bas sont permis...

10.4.08

Ben Ricour au Café de la Danse

Nous sommes arrivés dans les premiers. La salle n'était pas encore ouverte. On s'est demandé si on allait boire un verre avant le début du concert. Et puis on est resté, à poireauter en discutant de nos journées respectives. On a été arrosé de prospectus pour de futurs concerts un peu partout à Paris. Devant nous, une jeune fille semblait être la plaque tournante d'un petit groupe d'aficionados de Ben. On n'a pas très bien compris s'il s'agissait de fans de la première heure ou bien des amis ou des membres de la famille ou peut-être bien le tout à la fois. En tous cas, une bonne vingtaine de personnes est venue lui dire bonjour. En fait sans qu'on s'en rende compte, la file d'attente avait grossi. La salle serait pleine à se rythme là. Ça m'a fait plaisir que l'ami Ben fasse salle comble.
Vers 20h00, nous avons pu entrer et nous installer. La salle est petite; pas plus de 300 places, à vue de nez. On s'est choisi deux places bien au centre et complètement en haut. La vue sur la scène était parfaite. Génial, nous aurons la proximité et le confort. Très vite la salle s'est remplie. Beaucoup d'habitués mais aussi quelques novices qui ne savaient pas trop quoi attendre du concert. Çà me rappelle mon premier concert pour Ben Ricour, il y a déjà deux ans, à l'Européen. J'avais été emballé par le premier album, le concert avait suffi à faire de Ben un de mes chanteurs préférés. Il était seul sur scène, à l'époque. Juste lui et sa vieille guitare et son cajon. Cette fois, il serait accompagné par trois musiciens.
Il était presque 21h00. La salle était pleine à craquer. Les fumigènes fumaient. Les projecteurs spotaient. Les guitares attendaient patiemment qu'on les prenne en main. Les spectateurs trépignaient. La lumière s'est doucement éteinte et, en ombres chinoises, ils sont entrés sur scène, sous un tonnerre d'applaudissements. Le concert commençait.
C'était assez étrange de le voir entouré, habitués que j'étais à ses performances en solo. Au final, même si les trois musiciens lui ont permis de réorchestrer certaines de ses chansons, j'ai regretté de ne pas le voir seul sur scène. L'apport des musiciens n'est pas majeur et Ben sait très bien faire le show seul. L'accompagnement est superflu. Mais je ne vais pas faire la fine bouche. Le concert était génial. Le public particulièrement chaleureux. Et Ben Ricour en grande forme et visiblement touché par l'accueil du public. Il a bien sûr chanté l'ensemble de son second album et aussi quelques chansons devenues des standards du premier album. Ma voisine de concert, qui ne le connaissait pas, a été emballée et a demandé instamment à l'ami qui l'avait invité de lui offrir les albums le plus vite possible. Comment ne pas faire autrement?
Ben Ricour - Café de la Danse - 08 avril 2008

Ciel de traîne

Tour Eiffel - Paris - 11/09/2005

9.4.08

Bienvenue au Cinéma

Mes parents n'ont pas mis les pieds dans une salle de cinéma depuis 34 ans ! Vous le croyez ça ! Comme le dit chastement ma mère, c'était quand ton père et moi on se "fréquentait". Juste avant le mariage.
La dernière fois (et unique fois, pour ma mère) qu'ils sont allés au cinéma, c'était en 1972. Ils avaient vu un Sergio Leone, au cinéma théâtre de Mamers.
Après? Après, ils se sont mariés; ils ont eu la télévision et puis des enfants. Le cinéma était un luxe qu'ils ne pouvaient plus se permettre. La télévision leur suffisait. Le temps leur manquait avec les trois marmots qui sont arrivés à la queue le leu (ou presque). Et puis depuis que nous sommes devenus grands et que chacun a fait sa vie, le cinéma n'était plus une habitude.
Dimanche matin, alors qu'ils étaient de passage chez nous, à Paris, le Sage E. et moi avons décidé de les emmener au cinéma. Le choix du film a été facile et presque naturel. Car quoi d'autre que Bienvenue chez les Ch'tis pouvait convenir. Le film est suffisamment fédérateur pour avoir engranger 17.4 millions d'entrées. Même mes parents attendaient la sortie du film en DVD avec impatience pour le voir enfin. Le Sage E. ne l'avait pas encore vu; moi si déjà. Mais, pas grave, le principal était de leur faire plaisir.
Qu'à cela ne tienne, on y est allé dans une vraie salle de cinéma. On ne leur a pas dit où nous les emmenions. On aurait eu le droit aux fausses excuses habituelles qui ne masquent plus leur timidité et leur peur pour tout ce qui les sort de leur quotidien. Ils ne se bousculent pas tout seul. Soit, nous allons les bousculer nous même, pour leur bien. C'est peut-être prétentieux de ma part pour affirmer savoir ce qui est bien pour eux mais, je les connais bien mes parents. Ils ne font rien par eux même. Alors, pour qu'ils se fassent une opinion, il faut les ouvrir à d'autres horizons que leur satané canapé cuir-télévision.
C'était assez drôle d'ailleurs. Quand nous sommes arrivés devant le cinéma et que nous leur avons enfin dit ce que nous allions faire, j'ai vu les yeux de mon père s'illuminaient. Il était content. J'ai aussi vu les yeux de ma mère qui avait peur. J'ai eu le droit aux "faut pas faire ça pour nous" ou "vous êtes fous, on n'a pas besoin de ça" ou bien encore "tu te rends compte, ça coûte cher". C'est ma mère ! Mais au final, elle s'est laissée porter par le mouvement. Elle n'avait pas le choix de toute façon. Néanmoins, elle a prodigué ses instructions habituelles à mon père : "tu te tiens bien, hein, on n'est pas tout seul", "tu rigoles pas trop fort". C'est ma mère !
Ils se sont installés entre le Sage E et moi. Ils étaient droits comme des pics dans leur fauteuil, les mains posées sagement sur leurs genoux. Ils étaient intimidés. Ma mère a touché le fauteuil devant elle, en faisant remarquer qu'il était beau le velours rouge mais que ça ne devait pas être facile à entretenir. Mon père m'a dit que les sièges étaient confortables et qu'on devait bien s'endormir quand on était fatigué. C'est là, qu'ils m'ont raconté leurs souvenirs de 1972. Ils avaient oublié le titre du film mais ils se souvenaient qu'il y avait Charles Bronson. Quand la séance a commencé, par les traditionnelles bandes annonces, mon père m'a dit qu'on avait dû se tromper de film. Je lui ai expliqué comment ça se passait. La lumière de la salle s'est éteinte. Ma mère a encore une fois dit à mon père de ne pas rire trop fort. Je lui ai dit de se lâcher si il en avait envie. Le film a commencé. Je me suis souvent retourné vers eux pendant la projection. Je voyais leurs profils et leurs yeux juste éclairés par la lumière de l'écran. J'ai été ému. Mon père a ri, beaucoup mais pas trop fort (s'est-il tenu aux recommandations de sa femme?). Ma mère aussi mais plus réservée. Par contre, elle a chanté les Corons de Pierre Bachelet, en même temps que les acteurs, dans la scène du stade de foot. C'est plus fort qu'elle ça, dès qu'elle connaît une chanson, elle chante. On est un peu tous pareil d'ailleurs dans la famille. Ça m'a fait sourire.
En sortant de la salle, mon père semblait heureux comme un gamin. Ma mère ne disait rien. Je lui ai demandé si ça lui avait plu. Elle m'a répondu que oui mais qu'il ne fallait pas. Cause à effet? Aucun ! Mais c'est ma mère... Elle est comme ça. Il n'empêche, une fois tous installés au restaurant et en attendant que le beau Sylvain apporte nos plats, en les faisant parler, on a bien vu qu'ils avaient aimé le film. Avaient-ils aimé suffisamment l'expérience pour le retenter seuls? Je crains que non. Il faudra des piqûres de rappel régulières. On n'installe pas une habitude comme ça d'un claquement de doigts.
C'est bête, mais pour moi, aller au cinéma est devenu une telle banalité. J'ai oublié le plaisir premier parce que devenu trop habituel. Le fait de voir mes parents aller au cinéma avec tout ce que cela signifie pour eux m'a rempli de joie. Le plaisir de leur faire découvrir; le plaisir de voir leurs réactions. C'est un sentiment très fort de pouvoir le faire avec mes parents.
La prochaine fois, on tente le théâtre.

Brève de métro # 10

Il y a plein de monde dans le métro. Et pis, ils puent, les gens, et ils sont pas beaux. Et en plus, ils râlent tout le temps. Sauf un. Un garçon qui est joli comme tout et qui ne dit rien. Mais il est trop loin de moi à cause de tous les autres. Alors je ne peux pas le sentir. On ne s'entendra jamais. C'est pas de chance.

7.4.08

Avant la neige

Parc des Buttes Chaumont - Paris - 05/04/2008

4.4.08

Constatation # 157

Ce soir, papa et maman arrivent pour passer le week-end avec nous, à Paris.

Deux soeurs pour un roi

Trois enfants rieurs courent au ralenti dans un pré baigné par la lumière du soleil, sous le regard protecteur des parents habités par la fierté de sa progéniture. C'est la famille Boleyn. Une famille presque normale, sauf qu'ils sont habillés de très bon goût et qu'ils ont une certaine influence, par l'entremise d'un beau-frère peu scrupuleux, à la cour du grand Henry VIII. Ce dernier est bien malheureux. Son épouse vient encore une fois d'accoucher d'un mort né. Sa descendance n'est toujours pas assurée.
Nous voici plongé dans l'Angleterre du 16ème siècle. A cette époque là, les filles de bonnes familles sont des moyens d'ascension sociale. C'est ce qui attend les filles Boleyn. Mary épousera un noble influent et Anne sera mise dans les pattes du roi pour que ses coucheries servent toute la famille. Mais le fort caractère d'Anne et la beauté de Mary chamboulent les plans et c'est Mary qui devient la maîtresse et Anne n'a plus que ses manches de robe pour pleurer et ses ongles pour ruminer. C'est qu'elle a forte tête la Anne. Elle sait qu'elle se vengera du roi et de sa chipie de soeur qui lui a piqué sa position sociale : elle fera perdre la tête du roi... Avant de perdre la sienne.
La réalisation de ce film est d'un classicisme absolu. Pas de surprises à ce niveau là. La reconstitution est minutieuse et on rentre dans le film sans se forcer. Les costumes, les décors, les paysages, la lumière... Tout est beau. Surtout les acteurs. Ils sont magnifiques. A commencer par Eric Bana, belle tête, beau corps (humm) mais aussi expressif qu'une huître un soir de réveillon. Il faut dire qu'on demande à son personnage de penser avec autre chose (beaucoup plus bas) que sa tête. Obnubilé par l'idée d'avoir une descendance, il multiplie ses maîtresses. Le soucis, c'est qu'il est parfait dans un lit (belle scène avec Scarlett) ou assis royalement sur un trône, mais assez peu crédible en souverain ravagé par le désir et énamouré par les oeillades calculés de Natalie. Heureusement les filles rattrapent l'affaire. Natalie Portman et Scarlett Johansson sont à la fois belles (très) et bonnes actrices. Le charme piquant et vénéneux de Portman fait ici merveille. Elle est ambitieuse, sournoise et perfide mais elle a de l'esprit et un culot sans doute anachronique (mais bon, c'est Natalie tout de même). On adore la détester. On adore lorsqu'elle sourit de coin. On adore ses coups d'oeil noir qui dissimule à peine sa méchanceté. Sa soeur de film, Scarlett Johansson, est encore plus belle, mais plus lisse et froide. Elle est jolie comme un coeur qu'on dirait dessiné sur sa bouche. Elle est la gentillesse et l'amour incarnés. Ses yeux sont constamment humides de compassion, d'humilité, de crainte, de timidité, d'amour, de peur... C'est bien simple, on a presque envie de lui tendre un mouchoir papier à chaque fois qu'on la voit à l'écran. Rajoutons Kristin Scott Thomas en mère chapeautée et le charme poupin de Jim Sturgess, en frère dépenaillé.
Ma connaissance cinématographique sur l'Angleterre de cette époque s'étoffe donc encore un peu. Après les deux films de Shekhar Kapur consacrés à Elisabeth, ce film est centré sur celui de la mère de la Reine Vierge. Il ne manque plus qu'un film sur Marie Stuart et j'aurais une vision de l'époque. Il n'empêche que depuis que j'ai vu ces films, j'ai drôlement envie de me plonger dans les biographies de tous ces personnages. Et puis (message pour le Sage E.), la prochaine fois que nous retournons à Londres, nous filons voir les portraits de tous ces gens là à la National Portrait Gallery.
Deux soeurs pour un Roi - Justin Chadwick

3.4.08

Le gardien infernal

Comme on ne change pas de gardien tous les matins (quel dommage d'ailleurs), on se coltine depuis presque deux ans maintenant, cet incroyable énergumène qui, si il n'était pas aussi risible, me paraîtrait vraiment flippant.
L'autre soir, il hèle, comme il sait si bien le faire, Rafaele dans le hall de l'immeuble pour qu'il remette de façon très urgente au Sage E., le numéro de téléphone d'un architecte qui souhaite voir notre problème de dégâts des eaux au plafond de notre entrée. Bien sûr, comme il ne sait pas faire sobre, il a insisté sur la caractère presque primordial de cette mission. Pensez donc ! Ce n'est pas tous les jours qu'un architecte donne son numéro de téléphone, nous qui attendons depuis sept ans que cette fuite sur le toit soit réglée...
Rafaele a donc donné au Sage un bout de post-it même pas propre où il était écrit : "appeler harchitect 01 01 01 01 01 durgence". Ça nous a bien fait rigoler son mot.
Hier matin, alors que je partais pour aller travailler. Ce fut mon tour d'être arrêté par le gardien.
Lui :
- Hé Msieur !
Moi :
- Oui?
Lui :
- J'ai donné un mot à Mr Alexandre l'aut' soir. Pour Msieur Le Sage E.
Moi :
- Non ce n'est pas à moi que vous l'avez donné. Je suis Mr Alexandre.
Lui :
- Ah ! Ben c'est à l'aut' msieur que j'l'ai donné. C'est Msieur Rafaele alors.
Moi :
- Oui c'est ça.
Lui :
- D'toute façon, je retiens pas les noms...
Moi :
- ...
Lui :
- Je sais pas si il a fait la commission? Chuis pas sûr qu'il a compris l'importance du message.
Moi :
- Oh si ! Il l'a bien compris. Je crois que ça a été très clair.
Lui :
- Ben oui mais Msieur Sage, il a aplé l'architecte? Parce que c'est important, hein. Il veut voir vot' appartement. C'est quand même l'architecte qui a construit l'immeuble. Alors vous voyez c'est important...
Moi, intérieurement :
- Ah c'est donc lui le responsable !
Lui :
- Alors faut bien dire à Msieur Sage E. qu'il faut qu'il appelle de toute urgence l'architecte.
Moi :
- Je crois qu'il a bien compris oui. Il doit l'appeler aujourd'hui.
Lui :
- Ah d'accord ! C'est bien. Il veut voir vot' appartement, c'est pour ça !
Moi :
- Oui oui ! Il le verra, ne vous inquiétez pas.
Lui :
- Pis faudra bien dire à Msieur Sage E qu'il faut qu'il me redonne le papier où y a le numéro de téléphone dessus. Faut que je garde. C'est pas tous les jours qu'un architecte donne son numéro de téléphone.
Moi :
- Très bien ! je lui dirais. Bonne journée?
Lui :
- Ah ! Heu d'accord ! Bonne journée. Oubliez pas, hein?

Angles d'attaque

A Salamanque, le président des États Unis est abattu en plein jour, alors qu'il participait à un sommet international contre le terrorisme. Le même événement est raconté selon le point de vu de plusieurs témoins de la scène : la journaliste, le garde du corps, le touriste, un policier, les terroristes, le président des États Unis him self.
Angles d'attaque n'est pas un film qui joue sur la finesse. Loin de là. Le scénario ne s'embête pas avec les invraisemblances et des ficelles aussi énormes que prévisibles. Le procédé de la vision démultipliée du même événement est bien souvent artificiel et parfois risible (si, si, je vous assure que j'ai entendu des rires moqueurs dans la salle). Le film jongle sur la sauce 24h chrono mais sans en atteindre la maîtrise. Et puis, il y a cet arrière goût assez désagréable de l'héroïsme exacerbé de l'Amérique meurtrie mais toujours fière et la tête haute qui rend parfois l'action à la limite du ridicule.
Alors pourquoi ai-je foncé les yeux fermés dans cette série B? Sans doute parce que c'est diablement efficace. La réalisation est en effet nerveuse, très nerveuse, avec un montage épileptique, des scènes d'action époustouflantes et que c'est bourré de testostérone. Des courses poursuites au pas de course ou en voitures réellement jubilatoires et puis il y a la scène de l'attaque terroriste, filmée sous tous les angles et d'une effroyable efficacité.
On ne retiendra pas grand chose du casting pourtant solide. En même temps, ce n'est pas dans ce genre de film qu'on leur demandera de donner le meilleur de leur art. Ça, c'est une évidence. Dennis Quaid ne quitte pas sa mine fermée et carrée (c'est tout juste si il ne se casse pas les dents tellement il a la mâchoire serrée). William Hurt est loin de donner sa meilleure prestation dans ce film. L'air benoît de Forest Whitaker est assez pénible. Reste le sourire toujours aussi désarmant et craquant de Matthew Fox qui se lance dans un rôle bien loin du gentil et héroïque docteur Jack Shephard, perdu sur son île. De façon assez bizarre, ce sont les rôles féminins (peu nombreux) qui sont les mieux écrits. Sigourney Weaver, qu'on s'habitue à voir pas plus de 10 minutes dans ses films, campe une journaliste carnassière et sans scrupules; Ayelet Zurer interprète une terroriste manipulatrice et dangereuse mais d'un charme hypnotique (sans doute, la faute de ses yeux magnifiques).
Bon allez, ne boudons pas. C'est malgré tout un bon film pop corn. Ne cherchons pas plus loin.
Angles d'attaque - Pete Travis

2.4.08

Goldfrapp - Seventh Tree

Quatrième album de Goldfrapp. Après le génialissime Felt Mountain et les plus mitigés et plus fades Black Cherry et Supernature, je me demandais bien s'ils arriveraient à se renouveler. Je n'ai plus d'inquiétudes à avoir. Ce Seventh Tree est une pure merveille.
Ce nouvel opus abandonne le clinquant disco des deux derniers albums pour revenir à la musique classieuse du Black Cherry. Les mélodies sont pures, la musique est douce et aérienne. Le mélange de l'électro et des instruments folk (guitare acoustique, harpe, orgue) donne une ambiance très cinématographique. Ajoutons à cela la voix ahurissante d'Alisson Goldfrapp, tantôt froide et distante, tantôt envoûtante mais toujours enivrante et enchanteresse qui n'est pas sans rappeller parfois le chant magnifique aussi d'Elisabeth Fraser, la chanteuse des Cocteau Twins (sur Clowns et encore plus sur little bird)
La première écoute et surprenante : le changement de style est trop flagrant pour s'attendre à ça. Et puis, le charme opère. Je me suis laissé porter doucement par ces belles mélodies. Clowns m'a bercé doucement, Hapiness m'a électrisé, A&E m'a plongé dans un ravissement total. J'ai fermé les yeux et je me suis imaginé ailleurs. Loin, dans un pré surnaturel où les chants d'une bonne fée me cajolaient tendrement.
Depuis, que j'ai mis l'album sur mon I-pote, il n'y a pas une journée où je m'ensorcelle volontairement sur ces ritournelles qui semblent tout droit sorties d'une contrée de Fondcombe.
A déguster sans modération.

Seventh Tree - Goldfrapp - 1 CD Mute/Virgin

Leur Myspace

Leur site officiel

Le clip de A&E