29.4.08

Le temps perché

Enfin, le week-end est arrivé. En plus, il était prolongé. Trois jours pour se reposer, changer d'air et s'aérer. Il faut dire qu'il s'est fait attendre ce week-end là. Depuis fin février, nous n'avons pas pu quitter Paris, pris entre mes week-ends travaillés et nos obligations parisiennes. Deux mois qu'on en rêvait.
En plus, il a fait beau. Le premier vrai week-end ensoleillé. Bon sang que ça fait du bien le soleil. Ça réveille des horizons qu'on avait presque oublié, enfouis sous des tonnes de grisailles tristes. Dès 16h00, vendredi, nous avons pris la route pour retourner dans mon Perche natal. L'autoroute était déserte. Pas de bouchon en vue même à la barrière de péage de Saint Arnoult. Le vert et le jaune des paysages étaient chantants. Ajoutons le dernier Goldfrapp à plein volume et cela donne une bonne idée de la bonne humeur de ce départ, loin du béton et de l'asphalte. Il nous aura fallu à peine deux heures pour voir apparaître les premières collines du Perche. Le vert des prés y est plus brillant et plus vif et bien plus beau que nulle part ailleurs. Le jaune criard des champs de colza éclaboussait effrontément les paysages. Le ciel bleu était à peine inquiété par quelques timides nuages blancs. Tout cela sentait bon l'été et les vacances.
Ce qui me rendait particulièrement heureux, c'était que nous pourrions, pour une fois, profiter de ce temps là pour se balader tout notre soûl. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait tout au long du week-end, de jour comme de nuit, et même sous les prémices d'un orage qui annonçait déjà la fin de ce mini été. Je voulais profiter jusqu'à l'étourdissement; jusqu'à ce que je tombe de sommeil; jusqu'à ce que mes jambes demandent grâce. Nous avons de nouveau, traversé les rues de Mamers en long et en large. Nous avons goûté aux silence des ses soirées où seul un chant de coucou lointain ou le miaulement d'un chat rompt le vide silencieux de la ville. On pourrait presque se croire seul au monde par ici. La nuit qui tombait sur nous avec fraîcheur s'accompagnait d'une explosion d'odeurs, celle sucrée du chèvrefeuille, celle plus acre de la l'humidité de la terre, celle de l'herbe coupée et même celle un peu métallique du ruisseau paresseux. L'éveil des sens trop longtemps asphyxiés par Paris.
La découverte de nouveaux endroits aussi. Montmirail et son château "fermé jusqu'au 1er mai inclus", charmant village écrasé sous le soleil et entouré par les collines du Perche Goüet. Vaunoise, petit bourg niché au creux de pentes herbeuses où paissent sereinement des vaches blanches, et entouré de bois et taillis épais. Un endroit pour une prochaine déambulation randonneuse. Et puis, il y a l'incontournable étang de la Herse, lové dans son écrin de chênes. C'est mon lieu de pèlerinage presque obligé à chaque fois que je descends chez mes parents. C'est un endroit où je suis bien, sans trop savoir pourquoi, c'est comme ça. Et puis aussi, dès qu'on le peut, ce qui fut le cas ce week-end, sous un très beau coucher de soleil, il y a la visite du charmant village de La Perrière. Et puis, il y a cette impression, bonne et suave, de prendre son temps; de vivre sans se presser et par dessus tout ça, prendre plaisir à perdre son temps à faire des choses reposantes. Plus de soucis de rentabiliser son temps. Et pourtant, malgré tout cela, le temps passe toujours trop vite. De toute façon, le temps passe toujours trop vite quand on est bien.

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