31.1.08

Mes films du mois de janvier

The Dø - A monthful

On avait eu un aperçu du talent de ce duo franco-finlandais, l'année passée, à travers le très joli "on my shoulders" qui illustrait la publicité pour les cahiers Oxford.
Après ce premier morceau prometteur, ils viennent de sortir leur tout premier album qui s'appelle A monthful.
C'est un véritable petit bijou, oscillant entre le folk, la pop, le rock, le groove et la musique traditionnelle. C'est qu'on ne peut pas coller une étiquette définitive sur cet album tant les influences sont éclectiques. Pourtant, ce qui peut parfois apparaître comme un pêché de jeunesse, le vilain défaut de vouloir tout caser pour prouver ce qu'ils savent faire, forme ici un ensemble cohérent. La voix haut perchée d'Olivia, la chanteuse finlandaise adopte des tons gouailleurs pour nous embarquer dans un groove halluciné (Queen dot kong) mais peut aussi se révéler très sensuelle et nous bercer sur de jolies mélodies (on my shoulders, searching gold, song for lovers).
En écoutant ces quinze morceaux qui composent l'album, on pense à beaucoup de choses déjà existantes des Coco Rosie en passant par les Cardigans et avec même un magnifique détour vers une influence traditionnelle qui n'est pas sans rappeler Goran Bregovic (Unissasi Laulelet). Pourtant, ce n'est pas qu'un simple copier-coller, ils ont su apporter leur touche personnelle, avec beaucoup de sensibilité et de raffinement.
Bref, un très bon moment de musique à découvrir sans retenue. Même Télérama en est dingue !
Un regret, pourtant. Celui de ne pas avoir pu réserver mes places pour leur concert, à la Cigale, le 20 mars prochain. C'est déjà complet...
The Dø - A monthful - 1 CD Cinq7/Wagram
Envi d'en savoir plus?

30.1.08

Un mariage de rêve.

Me voila bien. On rêve de moi. Bon d'accord, je sais que ça doit arriver. Mais jusqu'à présent, je pouvais imaginer cela possible que par des personnes qui me sont proches. Pensez donc ! Je marque tant les esprits...
Mais de là, à ce que je devienne le sujet d'un rêve, agréable qui plus est, d'une personne que je connais à peine. Ça me dépasse un peu.
Imaginons. Une jeune femme, superbe ça je l'admets que j'ai dû croiser une ou deux fois au bureau, pas plus, et à qui je n'ai jamais adressé la parole, je crois bien. Cette jeune femme passe dire bonjour à une collègue, un prétexte, m'avouera t-elle rougissante, et en profite pour me faire une confession embarrassante.
Elle :
- Alexandre, il faut que je te dise quelque chose. On se connaît à peine, je sais, mais bon, ben tant pis, je te le dis quand même. Cette nuit, j'ai rêvé de toi.
Moi :
- Mais encore?!
Elle :
- Je te jure. C'était trop bizarre. J'ai rêvé qu'on se mariait.
Moi :
- Hein !!??
Elle :
- Je te jure. Un beau mariage. C'était trop beau. Ça se passait au Sénégal.
Moi :
- ...
Elle :
- C'était un rêve super agréable en plus.
Moi :
- Je n'en doute pas...
Elle :
- Enfin voila quoi. Je voulais te le dire parce que c'était trop bizarre comme rêve.
Moi :
- Je veux bien te croire...
Elle :
- Bon ben, salut ! A bientôt...
Moi :
- Oui ! Ok ! Heu... On se revoit pour notre premier anniversaire de mariage de rêve alors...
Elle, en éclatant de rire :
- Arrête ! Ça serait trop ça !
Elle est repartie, comme elle était venue, comme si de rien n'était. J'étais rouge comme une pivoine, bafouillant comme un gamin, ne trouvant pas la répartie très drôle qui aurait pu faire passer la pillule et le climat tendu, sur le mode comique.

28.1.08

Michael Kenna

Michael Kenna - Buddha offering

On fait des découvertes frappantes sur le net, par le plus grand des hasards. C'est le cas pour le photographe anglais Michael Kenna.
Je faisais une recherche Google sur Saul Leiter pour en savoir un peu plus sur cet homme là. Et puis, de site en site, je suis tombé sur une photographie magnifique, en noir et blanc, représentant un paysage de neige avec juste un arbre tarabiscoté. J'ai été époustouflé par la simplicité de la photographie mais aussi par la grande technicité mise en oeuvre (le travail sur la lumière était magnifique). Je me suis aussitôt lancé dans une recherche effrénée sur ce photographe. Et je suis tombé raide dingue de son travail. Toutes les photographies que je voyais de lui m'enthousiasmaient.
J'ai regardé une a une, chacune des photographies de son site personnel en poussant des soupirs de contentement à chaque fois, avec pourtant cette frustration que ce que je voyais n'était que des documents informatiques. J'avais envie de voir ses photographies en vrai, pouvoir les admirer autrement que sur un écran d'ordinateur, pouvoir les toucher . Samedi après midi, en passant par la librairie de Beaubourg, j'ai eu en main deux de ses ouvrages. J'ai cru que j'allais pleurer tellement elles étaient mieux que je n'osais l'espérer. J'ai du me faire violence pour ne pas faire la folie d'acheter ces ouvrages qui étaient à des prix prohibitifs. Quand on aime on ne compte pas, dit-on. Mais je ne pouvais décemment pas le faire.
Mais en ayant vu les livres, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il me les fallait. J'ai une nouvelle fois remué les moteurs de recherche d'internet et j'ai finalement pu les trouver à des prix plus abordables. Je les attends d'un jour à l'autre avec l'impatience d'un gamin qui attend son cadeau de Noël.

27.1.08

Sous le ciel de Paris # 28

Paris - 27/01/2008

Saul Leiter à la Fondation Henri Cartier Bresson

© Saul Leiter - Café, Paris - 1959

La Fondation Henri Cartier Bresson consacre ses murs aux photographies de Saul Leiter. Ce photographe américain de presque 75 ans, apôtre de la "street photography", s'est bâti un univers bien particulier et étrange, qui m'a laissé perplexe. Que ce soit en noir et blanc ou en couleur, il fige la vie urbaine à travers le reflet de miroirs, de vitres et de devantures. Il semblerait qu'il aime à photographier ses sujets à travers le prisme de l'anonymat que lui conférerait le secret d'un café. On a souvent l'impression de photographies volées, prises à la va vite, souvent floues et dont le sujet se distingue à peine de l'environnement fantasmagorique de l'ensemble. Photos volées, visions étranges de la ville et de ses rues. Univers mystérieux et brumeux où le centre d'intérêt n'est pas toujours celui qui est au centre de l'objectif mais bien souvent dans un coin embué ou flou.
Univers sans doute onirique et poétique (c'est les adjectifs qui reviennent le plus souvent pour parler de son travail) sur lequel j'ai glissé. Là où on me parle de merveille sur le rendu flou, de magie de la transparence, de beauté du trompe l'oeil, je n'ai vu que brouillon de la composition, cadrage approximatif et flou fatiguant. Il est vrai que pour tenter d'apprécier son travail, il ne sert à rien de se coller le nez contre les photos. L'intérêt et la lisibilité de la photographie sont plus flagrantes avec du recul.
Il reste qu'il y a de très jolis clichés comme cette photographie qui illustre ce post, qui se trouve être ma préférée de l'exposition.
Il faut aussi ajouter que la petite monographie consacrée à Saul Leiter, chez Actes Sud, dans la collection Photo Poche, apporte un éclairage intéressant notamment sur le travail du photographe pour la mode ou pour ses nus où l'éclairage est un élément capital et très maîtrisé. Dommage que cet aspect n'ait pas été présenté dans l'exposition de la fondation HCB.
Photographies de Saul Leiter - Fondation Henri Cartier Bresson - Jusqu'au 13/04/2008

25.1.08

Enemy in the figure - William Forsythe

Passons sous silence l'indigeste et sans intérêt première partie de cette soirée animée par les danseurs de l'Opéra de Lyon. Il aura tout de même fallu supporter presqu'une heure trente de n'importe quoi chorégraphique avant de pouvoir voir le clou de la soirée : Enemy in the figure de William Forsythe, interprété par ces même danseurs.
Je peux bien l'avouer, je n'étais pas particulièrement enthousiaste à l'idée de voir cette pièce de Forsythe. Ce que j'ai pu voir de lui ne m'avait pas emballé et j'ai même vraiment détesté certaines de ses pièces qui se résumaient à des cris et de la fureur. Le Sage E. s'est démené comme un beau diable pour me faire l'apologie de cette pièce, qui est en fait un extrait d'une pièce nommée Limb's theorem, créée en 1990. Mais jusqu'au bout, je restais bien circonspect.
Les seuls éléments de décor sont un panneau en bois qui occupe le centre du plateau et crée une sorte de frontière et une corde qui traverse la scène. Un projecteur mobile sert à mettre en valeur certains points de la scène. La pièce fonctionne par des oppositions : hommes et femmes, le sombre et la lumière, le noir et le blanc, les courbes et la droiture des lignes. Autour de ces contrastes, une danse franche et fulgurante d'une dizaine de danseurs. Avec de larges mouvements, les danseurs semblent vouloir griffer et déchirer l'espace vide, tantôt en pleine lumière, tantôt dans le secret d'une zone d'ombre. Une appropriation de l'espace trop vaste pour eux par des mouvements qui les dépassent. Tandis que des solos et duos s'enchaînent sur le devant de la scène, le reste de la troupe rythme le temps par des mouvements répétitifs et cadencés, avant que tous ne se retrouvent dans un même geste alors que le rideau se baisse.
Ça n'a duré que 30 minutes. Mais 30 minutes de plaisir. Un sentiment de frustration : on voudrait en voir plus. Le Sage E avait (encore) raison. La pièce est hypnotique et grisante. Loin, bien loin des cris de haine de Endless House, la première pièce que j'avais vu du chorégraphe.
Ballet de l'Opéra de Lyon - Superstars (Rachid Ouramdane) / Enemy in the Figure (William Forsythe) - Théâtre de la Ville

Brève de métro # 8

Les stations de métro parisiennes ont encore beaucoup à faire pour faciliter la vie de ses usagers. Pas forcément pour l'usager lambda comme moi. Plutôt pour l'usager particulier. Celui qui se déplace avec des béquilles ou bien les personnes à mobilité réduite ou bien encore la maman qui doit voyager avec son enfant en bas âge, dans une poussette ou un landau. Combien de fois voit-on ces personnes galérer dans les escaliers d'une station.
J'essaie souvent d'aider les mamans empêtrées avec leur poussette. Ce n'est pas grand chose, mais si je le peux, j'aide à porter l'engin à roulettes. L'autre jour, à la station Châtillon, terminus de la Ligne 13, une femme et son bébé profondément endormi dans son landau essayait tant bien que mal de descendre l'escalier menant vers la sortie.
Il faut dire qu'elle est mal foutue cette station. Le quai est à l'extérieur et la sortie se fait par des escaliers étroits et raides, à deux volets d'une vingtaine de marches. Comme les quais sont actuellement en travaux, il faut se coltiner la descente engorgée par des voyageurs descendant et montant. Pas facile pendant les heures de pointe.
Je propose donc mon aide à cette femme qui l'accepte bien volontiers et avec un grand sourire chaleureux. Je saisis le landau par l'avant, et ma prise est une sorte de longue bande de plastique rigide qui se trouve entre les deux roues avant. Le landau est lourd, ma position pas forcément très pratique, et la foule des autres voyageurs qui passe en bousculant ne nous facilite pas la vie. On y va très lentement, histoire de ne pas faire de faux pas et de déranger un minimum la progression des autres usagers toujours très pressés de retrouver leurs bureaux chauffés. Nous en étions au premier tiers de l'escalier. La maman m'a déjà demandé deux ou trois fois si ça allait pour moi. Je réponds oui oui, par principe, mais l'effort que cela me demande me donne très chaud.
Soudain, je sens la languette de plastique qui me sert de prise qui lâche prise. Sans plus aucun soutien, le landau vient s'écraser contre mon épaule et dans son élan (et par l'effet de surprise) me fait reculer d'une ou deux marches. La mère, elle aussi surprise, pousse un cri strident et commence à retenir de toutes ces forces le landau. Ce qui a pour effet de le déséquilibrer et de le faire pencher vers la gauche. J'essaie de le maintenir comme je le peux mais ma situation peu confortable m'empêche de trouver une prise plus conséquente. Une sueur froide me pique les yeux. Je sens mon épaule douloureuse et mon biceps tordu commence à donner des signes de fatigue. Un voyageur vient à notre rescousse et redresse le landau. Nous sommes à trois maintenant pour descendre cet engin, bloquant définitivement le passage pour les autres passagers que j'entends râler.
Tout cela n'a duré que quelques secondes; une minute tout au plus, le temps d'arriver en bas. Mais cela m'a paru une éternité. Lorsque le landau a été posé sur ces quatre roues, je me suis excusé, presque en faisant des courbettes, tellement j'étais désolé. La maman s'excusait aussi de m'avoir infligé cela. Et pendant ce temps, le bébé dormait comme seul un bébé sait le faire, comme un bienheureux. Ses petits poings serrés à hauteur de sa frimousse pouponne. Il ne s'était rendu compte de rien. De le voir ainsi nous a fait rire. Nous nous sommes dit au revoir et bonne journée et je suis parti vers le bureau en tremblant, imaginant ce qui aurait pu arriver de pire. Je voyais le bébé rouler dans les escaliers; la mère hystérique qui hurlait en me frappant pour mon incompétence et ma négligence, me demandant aussi de rembourser le landau que j'avais cassé; les voyageurs qui me jetaient l'opprobre en m'insultant; et moi qui devenait de plus en plus petit...
Heureusement, plus de peur que de mal mais il serait temps que les gens compétents de la RATP se rendent compte que les escalators, ça existe depuis bientôt plus d'un siècle et que ces escaliers mécaniques ne sont vraiment pas un luxe pour bon nombre de leurs stations.

Ange et l'eau

Eglise St Jean de Montmartre - Rue des Abbesses - Paris - 25/08/2007

24.1.08

Désaccord parfait

Un film coup de poing. Et il s'agit encore d'un film allemand. quand je vous dis qu'il est en pleine vitalité ce cinéma là.
Dans une prison de femmes, une vieille dame au caractère bien trempé, au passé trouble et aux idées à la limite du racisme, donne des leçons de piano. Elle rencontre une jeune fille révoltée, violente et autodestructrice qui s'avère un génie du clavier. Deux tempéraments forts vont alors s'opposer, se tester, s'apprivoiser et au final s'aimer. La musique adoucit les moeurs? Elle arrondit les angles à défaut de transformer en agneau. Le rapport de force qui s'établie entre ces deux femmes est fluctuant. La seule chose qui les rapproche et qui les lie c'est le piano.
Les personnages de ce film ne sont ni victimes ni bourreaux. Elles ont leurs zones d'ombre, des circonstances atténuantes, d'autres accablantes, des fixations bornées et destructrices. Ce ne sont pas des personnages cartésiens : elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. On se surprend à les aimer et l'instant d'après à les détester. Le jeu de ces deux actrices est magnifique. Elles sont deux lionnes blessées par la vie qui se battent pour survivre. Deux rôles magnifiques.
Le film est d'une force émotionnelle intense. Je suis ressorti de la projection complètement désorienté. Sous le charme mais aussi complètement groggy par l'émotion. Et les quatre minutes de la fin du film sont un tourbillon musical poignant. Pour cette seule fin magnifique, le film mérite qu'on courre le voir.
Quatre minutes - Chris Kraus

Gentil Animateur

Ça y est ! C'est officiel depuis hier, à 14h06. Ma promotion est officielle depuis cette heure là.
Je suis content. J'aurai presque envie de dire depuis le temps que je l'attendais. Mais une petite voix me dit que tout arrive à point à qui sait attendre. Alors je me contente de profiter et de savourer cette petite victoire. La prise de risque de l'année passée a porté ses fruits plus vite que je ne l'aurais imaginé.
On m'a félicité bien sûr. Ça fait plaisir et ça m'a fait rougir. Mais on m'a aussi mis en garde, ce que j'ai apprécié tout autant. On ma dit, comme un message énigmatique : le plus dur reste à venir. Mais il semble que je pourrai compter sur le soutien de mes nouveaux collègues de fonction. C'est rassurant.

Au cinéma


Ben Affleck, cet acteur un peu fade et sans relief, se lance dans la réalisation. Il s'empare du roman du même nom de Dennis Lehane et confie le rôle principal à son frère Casey, celui là même qui vient d'être nominé aux Oscar pour sa prestation dans " L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford ", volant la vedette à Brad Pitt himself. Ben s'en sort honorablement pour sa première réalisation même s'il nous sert un thriller somme toute très conventionnel. La réalisation basique révèle cependant un potentiel important qu'il devra travailler. Mais là où Ben Affleck signe une belle réussite, c'est dans la direction des acteurs. Casey Affleck (quelle belle gueule celui là, franchement) est tout à fait convaincant dans le rôle de ce détective pugnace, en lutte avec sa conscience pour mener à bien son enquète. Autre très belle performance, le rôle de la mère junkie interprétée par Amy Ryan, elle aussi, nominée aux Oscar pour ce rôle (catégorie meilleure actrice dans un second rôle). Et puis n'oublions pas le magistral Ed Harris, toujours aussi puissant. Ce n'est donc certes pas un grand film (mais pas non plus un téléfilm, comme le pense le Sage E.), mais un thriller efficace et de bonne facture où on ne s'ennuie pas.
Gone Baby gone - Ben Affleck

Josie (excellemment interprété par Pat Shortt) mène une vie solitaire dans la station essence où il travaille. Cet endroit est à la fois son lieu de travail et sa maison. Josie est comme un enfant qui aurait grandi trop vite. On le regarde et on l'écoute mais en se moquant de lui gentiment. On le considère comme un doux dingue. On profite aussi de sa naïveté. un beau jour, on lui confie un apprenti, un adolescent sans grande motivation. Sa rencontre avec ce jeune homme va métamorphoser sa vie. On se rend compte que Josie est en manque affectif que ce soit amical ou même amoureux. Il a besoin de se sentir aimé, de se faire aimer. Il déborde d'amour cet homme là mais sa solitude prolongé l'a un peu handicapé dans ses relations avec les autres. Il est gauche, il ne sait pas trop bien s'y prendre mais au delà des maladresses, une formidable humanité, sans mièvreries, se dessine. Très peu d'action dans ce film, il s'agit plus d'une tranche de vie, un épisode d'une vie. Pas de surenchère ni de pathos inutile, Lenny Abrahamson, le réalisateur, met en scène, avec une sincérité désarmante, ce conte cruel sur la différence de l'autre et son rejet.
Garage - Lenny Abrahamson


Ken Loach et le film social, la grande histoire. Cette fois encore, le réalisateur anglais nous plonge dans les affres du système anglais. Des cabinets de recrutement n'hésitent pas à faire venir hommes et femmes d'Europe de l'Est, leur promettant l'eldorado, pour les faire travailler à moindre coût en Angleterre. Exploitation de la misère et de l'espoir; méthodes proches de celles utilisées par la mafia; concurrence déloyale sur un marché de l'emploi anglais déjà fortement touché par le chômage; xénophobie latente, Ken Loach filme tout cela dans avec sa sobriété habituelle, sans esbroufes. Il constate, il met en lumière les limites et les excès de l'ultra libéralisme. Il dénonce. Mais cette fois, au lieu de montrer un héros positif qui se bat contre le système, il suit un personnage qui profite du système pour vivre, pour survivre mais jusqu'à quel point de non retour ! Ici, le personnage d'Angie (époustouflante Kierston Wareing) passe du statut d'exploitée à celui d'exploitant sans aucuns de remords. Pour elle, la fin justifie les moyens. Le film est donc un plaidoyer, un film politique dérangeant, d'une force surprenante. Dommage qu'il est fallu que le réalisateur et le scénariste surdramatisent inutilement la fin du film qui gâche la puissance générale de l'ensemble.
It's a free word - Ken Loach

22.1.08

Petites annonces

Cherche petites mains (deux), à mi-temps, pour tenir à jour ce blog, faute de temps...
Cherche méthode (à six mille, pas plus) pour rallonger la durée d'une journée...
Cherche partenaire (sans particularité) de piscine pour soulager mon dos...

19.1.08

A l'assaut de la fenêtre ouverte

Place des Victoires - Paris - 15/11/2005

18.1.08

La veuve joyeuse

J'avais envie d'un film léger et court; un film qui puisse m'occuper entre 15h00 et 17h00. Le genre de film qui fait passer un bon moment quitte à l'oublier aussitôt après. Le choix étant assez limité en ce moment, je me suis rabattu sur le nouveau film d'Isabelle Mergault.
J'y ai trouvé tout ce que je cherchais. le film est léger, sans prétention et avec la dose de bonne humeur que je voulais. il est loin d'être un grand film, la réalisation est mineure et le scénario est des plus basiques, voir même extrêmement convenu.
Anne-Marie est la potiche de son mari qui préfère Sisi, sa chienne. Mais elle s'en fout Moumousse parce qu'elle a un amoureux qui lui propose une vie rêvée. La mort accidentelle de son mari va lui proposer l'opportunité de pouvoir réaliser ce rêve, sauf que l'arrivée et l'incruste de la famille, pour les funérailles, vont lui poser quelques problèmes et contrecarrer ses plans...
Les situations sont attendues, les personnages sont caricaturaux et les acteurs ne sont pas forcément au meilleur de leur talent; Eva Darlan et Jacques Gamblin sont même pitoyables. Par contre, Michele Laroque et Wladimir Yordanoff (même si son rôle est court) sont excellents et c'est toujours un plaisir de revoir la toujours impeccable Claire Nadeau.
Ce n'est pas un grand film mais on rit facilement et sans se forcer. Ce n'est déjà pas si mal.
Enfin veuve - Isabelle Mergault

16.1.08

Zeitung - Anne Teresa De Keersmaeker

Un spectacle âpre que cette nouvelle pièce de Anne Teresa De Keermaeker, création mondiale au Théâtre de la Ville (du 11/01 au 19/01).
Une pièce d'une grande aridité à l'image de ce plateau sans décors, excepté quelques chaises et fauteuils, éclairé par des lumières froides et chaotiques. Une pièce d'une grande sécheresse. Peu d'émotions, voir pas du tout. On y voit neuf danseurs (4 hommes, 5 femmes), accompagnés d'un pianiste jouant du Bach ou d'une bande sonore aux accords dissonants de Webern, qui évoluent sur ce vaste espace où leur danse se déploie avec énergie mais on ne ressent rien, pièce abstraite sans âme.
Le plaisir vient d'ailleurs. Sans doute le plaisir de voir enfin un spectacle chorégraphique uniquement dansé, sans artifices de mises en scène à la mode, sans aucune volonté de choquer gratuitement. La danse à l'état pure. Des gestes cassés, des mouvements tronqués mais des ensembles d'une grande fluidité. Il y a aussi le plaisir de revoir les danseurs, toujours aussi parfaits dans leur performance. Le quatuor masculin exécute ainsi de magnifiques moments de danse. Mais les danseuses sont aussi très bien.
On nous parle, dans le petit programme, d'un vocabulaire de danse. On a plus l'impression de voir un balbutiement, un éveil au langage chorégraphique. Impression sans doute accentuée par la volonté délibérée de laisser une part belle à l'improvisation (très travaillée) des danseurs.
Le spectacle déconcerte et décontenance mais il intéresse par la belle danse qui nous est présentée. Le seul problème de ce genre de spectacle qui surprend, c'est que le manque d'habitude, la perte de repères pour le spectateur, peut vite déboucher sur l'ennui, l'impression de décrocher complètement, d'être largué, surtout si l'expérience se prolonge sur une longue durée. C'est le cas de Zeitung qui dure 1h45. Le temps semble long quand le spectacle s'allonge dans l'impersonnel et la sécheresse des émotions. La beauté du geste n'est alors qu'une maigre bouée de secours qu'on a bien du mal à saisir, au risque de sombrer.
Zeitung - Anne Teresa De Keersmaeker - Théâtre de la Ville

Kit Kat Klub

La couleur est annoncée dès le début du spectacle. On est les bienvenus au Kit Kat Klub, ce cabaret, lieu de liberté et de transgression du Berlin d'avant guerre.
Passé l'effet de surprise lié au genre du musical du style Brodway (c'était la première fois que j'en voyais un), on passe un très bon moment avec cette troupe pleine d'entrain. Les chansons s'enchaînent, les numéros de music hall deviennent de plus en plus osés, tandis que le maître de cérémonie devient tour à tour acteur, agitateur mais toujours jouisseur. Pendant que ce petit monde mène sa vie sans tabous entre le cabaret et la pension de Fraulein Schneider, un autre monde, une autre époque pointe ses dangereuses dents. Le nazisme est aux portes de ce monde de la nuit libertaire. La menace se fait plus présente et déjà de grands dangers se font sentir. Sally Bowles, la meneuse de revue, et le maître de cérémonie du club essayent alors grâce à leur divertissement extravagant de faire oublier aux spectateurs les difficultés de la vie et les menaces grandissantes du monde extérieur.
Cabaret - Sur une idée de Sam Mendès - Aux Folies Bergères jusqu'au 27/01/2008

15.1.08

On ne sait jamais sur quel pied danser...

Mercredi dernier, j'étais désespéré. Les rumeurs et autres bruits de couloir avaient coupé nette mon enthousiasme et mes espoirs de promotion. On m'avait fait miroiter monts et merveilles et encore une fois j'allais voir les scintillements promis dans les yeux des autres. Non, franchement les évènements prenaient un air de déjà vu bien amer à avaler.
Pendant quatre nuits, je n'ai pas dormi. Je ruminais. je fulminait intérieurement. Une colère sourde occupait mon esprit continuellement. J'ai passé deux jours de repos à ne penser qu'à ça. J'avais beau essayé de me changer les idées, le sentiment d'injustice s'installait et rampait insidieusement. Même me lancer dans une séance intense de repassage, qui a pourtant des vertus apaisantes d'habitude, ne m'a pas permis à trouver les ressources suffisantes pour faire passer la pilule. Je me montais déjà un scénario du tonnerre pour contre attaquer le lundi suivant. J'allais me battre, c'était décidé.
Samedi, quand je suis retourné travailler, je me suis réfugié dans le mutisme. Ce n'est pas que j'étais désagréable ou sec avec les autres, c'est plutôt que je me suis laissé glisser dans un silence buté. Ma mine renfrognée en a fait reculer plus d'un, mais je n'en avais que faire. Qu'on me laisse dans mon pitoyable état et puis basta. Je peux bien avouer maintenant, que cette journée a été particulièrement longue et solitaire. Comme personne n'osait venir me parler, je me suis persuadé que la cabale que je m'étais imaginée, dans ma tête paranoïde, était bien une vérité vraie. Ce que je peux aller loin, parfois, dans le sentiment de persécution quand je me colle des oeillères ! Samedi soir, en arrivant à la maison, j'étais au plus mal et très, très, remonté contre tout et n'importe quoi.
Et puis, dimanche, alors que je m'apprêtais à répéter la journée de la veille, mon téléphone a sonné. Il ne s'agissait pas d'un client en panne mais d'un appel personnel. Mon cadre m'appelait. Un dimanche ! Alors qu'il était chez lui ! Je tombais des nues. Je suis persuadé que je vais prendre une soufflante, c'est obligé. Mais pour qui, pourquoi? Ma boîte à spéculations fonctionnait à fond. Alors j'ai écouté ce qu'il avait à me dire, me préparant à répondre le cas échéant. Mais je fus pris de court. Il m'annonçait de façon officieuse, ma nomination et voulait s'assurer que j'étais toujours intéressé par ce poste; si je connaissais les tenants et les aboutissants de ma future nouvelle fonction; que ma nomination officielle se ferait dans le courant de cette semaine via une annonce de la direction. J'étais cloué sur place, à peine capable de répondre aux questions qu'il me posait. D'un coup d'un seul, toute ma colère et toute ma frustration qui me gangrenaient de l'intérieur, ont disparu. Je me suis permis tout de même de lui faire part de ma surprise qui l'a, à son tour, surpris. La proposition de mon nom a toujours fait l'unanimité à tous les niveaux, semble t-il, et que je n'avais vraiment pas à m'en faire. Le sentiment agréable que d'un coup, un poids énorme disparaissait de ma poitrine comme par magie. La sensation de pouvoir respirer enfin normalement sans avoir d'arrière goût bileux.
Hier, une réunion ouvrait ma journée de travail et, bien que le mail tant attendu de la direction ne soit toujours pas arrivé, le cadre a annoncé à tous ma nomination au poste d'agent de maîtrise animateur. Une annonce qui mettait un point final à tous les résidus possibles de doute qui pouvaient encore subsister.

Constatation # 154

C'est une bonne idée, ça, un mariage en Corse...

L'appel de la forêt

Christopher, 22 ans, a tout pour avoir un bel avenir, dans une société aisée. Le jour de la remise de son diplôme, ses parents lui offrent une nouvelle voiture, le sacro saint symbole de la société américaine. Pourtant, c'est le déclic pour le jeune homme : il ne sera pas ce qu'on attend de lui, il ne sera pas le notable avec la raie de cheveux bien nette sur le côté, comme son père. Du jour au lendemain, il plaque tout pour réaliser son plus doux rêve : vivre dans le grand nord en totale osmose avec la nature. Il ira jusqu'au point de non retour.
Sean Penn (le brillant réalisateur de Crossing guard) adapte une histoire vraie d'après le peu que l'on sait de l'aventureuse vie de Christopher McCandless. On pourrait s'attendre à une apologie d'un héros des temps modernes; à la sanctification d'un homme symbolisant le retour à la nature, à la vraie vie... C'est tout cela mais pas seulement ça. Car Christopher est certes présenté comme un illuminé, un jusque boutiste, un personnage qui ne voit le salue que dans la solitude et dans la communion avec la nature, un rebelle. Pourtant Penn ose aussi suggérer que cet homme là était aussi un égoïste, sacrifiant l'amour de ses proches à sa seule volonté de vivre sa vie. Il ne se soucie pas de causer le désarroi de sa famille qui ignore ce qu'il est devenu.
Cependant pas de volonté d'interpréter ou de juger sa vie, Sean Penn semble même s'identifier à Christopher, lui l'éternel rebelle du cinéma américain. La caméra de Penn admire le parcours de ce randonneur au long court.
Le film est magnifique avec de grandes envolées lyriques sur les vraies vertus d'un retour à la nature, le retour aux sources originelles, une certaine façon de se rapprocher de la vie idéale et idéalisée, la pureté des origines. Héroïsme? Pure folie? Ascétisme salvateur? Une ré interprétation du mythe du bon sauvage, de la philosophie de Montaigne ou de Rousseau? Le réalisateur ne prend pas forcément parti mais met en lumière la possibilité d'une alternative à la société actuelle bercée dans la sur-consommation. Le film fait réfléchir, pose des questions et fait rêver. On peut envier la force et le déterminisme de ce jeune ermite. On peut rêver et s'imaginer, en fermant les yeux, dans une telle vie loin de tout et se dire en soupirant que ça doit être bien de vivre comme ça. Mais au final, avec notre vision déformée et notre indécrottable besoin de confort moderne, on a surtout une formidable envie de découvrir ces magnifiques paysages sauvages que Sean Penn filment avec tant convoitise.
Into the wild - Sean Penn

12.1.08

Wake up cat


Animation de Simon Tofield

11.1.08

Sous le ciel de Paris # 27

Paris - 11/01/2008

Constatation # 153

J'adore les petits pots de crème vanille de La Laitière.

Sous le ciel de Paris # 26

Paris - 11/01/2008 (toujours aussi gris)

Au cinéma.

American Gangster de Ridley Scott est un sacré film. A la fois reconstitution historique (parfaite), polar énergique et rencontre au sommet entre deux monstres du cinéma américain. Russel Crowe et Denzel Washington nous offrent, en effet, des prestations impeccables et possiblement oscarisables. La réalisation est haletante et maitrisée d'un bout à l'autre (sauf peut-être la mise en place de l'histoire un peu trop explicative et lente). La mise en scène est nette et précise, nerveuse et captivante. La durée du film (plus de 2h30 ce qui pourrait en rebuter plus d'un) est sans temps morts et tout passe très vite. Un très bon film.
American Gangster - Ridley Scott
Le cinéma allemand va bien. L'an dernier, j'avais été ébloui par le saisissant "La vie des autres" et le froid et cruel "Ping Pong". Cette année cinématographique commence donc par un film allemand qui, si il n'arrive pas au degré de perfection des films cités, est néanmoins une jolie réussite. Dans l'Allemagne de l'est d'après guerre et d'avant la construction du mur de la honte, une jeunesse encore marquée par les horreurs de la fin de la deuxième guerre mondiale, tente de vivre comme tout le monde. La musique américaine rythme leurs soirées noyées au Perroquet Rouge, un club de danse de Dresdes, où l'alcool coule à flot. Sous l'étroite surveillance des autorités dont la paranoïa voit en cette jeunesse, encore libre, des signes d'immoralité et de subversion qu'ils leur faut endiguer le plus rapidement possible, une histoire d'amour va lier un jeune artiste naïf et une poétesse mariée dont les textes sont jugés subversifs. Ce film n'est en fait qu'une histoire d'amour, somme toute très banale, sur fond de bouleversement historique. Si la partie romance n'a que peut d'intérêt, c'est surtout la reconstitution des quelques semaines avant la construction du mur de Berlin qui est ici intéressante. La paranoïa des autorités, la délation et la surveillance qui gangrènent la société à tous les niveaux, les répressions expéditives, la lutte entre la liberté contre l'enfermement idéologique, ce sont ces éléments qui sont très bien rendus ici. L'Allemagne a des comptes à régler avec son histoire et le cinéma actuel fait office de thérapie nationale. Ne nous plaignons pas, tant que cela donne d'aussi beaux films...

Le Perroquet Rouge - Dominik Graf

Sous le ciel de Paris # 25

Paris - 10/01/2008

9.1.08

Journée de merde

Il y a des jours où tout ce qui se passe autour de moi me met les nerfs en boule. Prenons, par exemple, le trajet de métro de ce matin qui m'emmenait au travail.
Elle commençait mal, de toute façon, cette journée. Je me rends compte que j'oublie mon passe Navigo à la maison, alors que je suis quasiment à l'entrée du métro, m'obligeant à remonter à l'appartement, à prendre du retard (je n'avais pas besoin de ça) et à subir le "bonjour, bonne journée" par deux fois du gardien toqué. Déjà, je bougonne tout seul, en voulant à la Terre entière.
Arrivée sur le quai de la station, je m'éloigne au maximum de la foule qui se masse toujours en tête de train. J'évite avec le plus grand soin la poussette double qui prendra toute la place dans la rame. Mais, je n'ai pas de chance. Dans la voiture où je monte, il y a déjà une poussette avec une mère qui finit de donner le biberon à son bébé pas bien vieux. Quelle idée aussi de donner un biberon à un nourrisson dans un métro qui tangue ! Le bébé le digère mal en tout cas et le fait savoir de façon très personnelle... Un joli renvoi en gerbes blanches et laiteuses, arrosant généreusement les jambes d'une passagère que j'ai vu blêmir de dégoût. Je me suis même demandé, à un moment, si elle n'allait pas imiter le bébé. J'ai moi même quelques éclaboussures sur le bout de mes chaussures toutes neuves. Ça fait comme des étoiles sur le cuir foncé qui me fait penser à la Voie Lactée. Dingue ! Je trouve tout de même le moyen de faire de l'ironie même dans les pires moments. J'essuie comme je peux, mais je ne fais qu'étaler les dégâts. Le reste du paquet de mouchoirs servira à la pauvre passagère. La mère du pauvre bébé, qui s'est (forcément) mis à hurler à plein poumon, au lieu de tenter d'aider à nettoyer, a hurlé, rouge comme pivoine, sur le pauvre bambin, en le secouant comme un prunier; ce qui a (bien sûr) provoqué l'augmentation, dans les aigus, des pleurs du bébé. Je suis descendu à République avec la très désagréable sensation que l'odeur aigre me poursuivrait partout et toute la journée.
Ça commençait vraiment très mal cette journée. Et je n'étais pas au bout de mes malheurs. Confortablement installé dans la rame de la ligne 8, pour la seconde partie de mon voyage, je commençais à me remettre de mes émotions. Mais, à Strasbourg Saint-Denis, une chanteuse ambulante est entrée pour son show live, avec sa boite à rythme mal réglée et son micro à échos. Qu'elle chantait mal cette pauvre roumaine ! Dans le genre Star Ac' mais sans les arrangements studio pour masquer les défauts. Un monsieur, excédé par le bruit, lui a demandé de faire silence, de façon un peu abrupte, certes. Elle s'est, en effet, arrêtée de chanter... Pour mieux hurler sur le passager. Dans un charabia assez difficile à suivre, elle a argué qu'on vivait dans une démocratie et qu'elle avait tous les droits et que ce n'est pas "un sarkoziste de mes deux qui allait l'emmerder". Le monsieur, hors de lui, a voulu la pousser dehors... Ça en devenait pitoyables et pathétique. Elle, accrochée d'une main, à la barre centrale et tenant, dans l'autre, son matériel; lui, tirant comme un dément sur le bras de la femme. Il a voulu tirer sur l'alarme pour alerter la sécurité mais comme il arrivait à sa station, il s'est finalement ravisé, en sortant la tête haute. Il a eu le droit à un tonitruant "connard" de la part de la chanteuse. Elle a eu le droit à un grondant "vieille pute" de la part du passager. J'étais à deux doigts de me demander s'il ne s'agissait pas d'un canulars pour la télévision belge. Mais non, Pas de caméra ! La rame est repartie et elle a recommencé son tour de chant somme si de rien n'était. L'avantage, il n'y avait plus personne dans la voiture, les passagers ayant fuit la situation; l'inconvénient, j'ai eu le droit au massacre de "la Vie en Rose" jusqu'à Invalide.
En descendant, j'étais dans un état d'énervement très avancé. Et il me restait encore un changement à faire avant d'arriver au travail. Comme c'était parti là, je me suis dit que ça allait continuer jusqu'au bout. Bingo ! Après les régurgitations, après le pugilat, j'ai eu le droit aux fameux problèmes techniques de la ligne 13. La rame prenait son temps. Le chauffeur devait se croire en vacances ou bien je ne sais pas. Elle se traînait, s'arrêtait plus de trois minutes à chaque station (je le sais parce que j'avais le temps d'écouter une chanson de mon I-pote), puis repartait sans nerf. Bien sûr, pas un seul message annoncé dans la rame. Ce n'est qu'une fois arrivés à Chatillon, que nous avons appris que "suite à un problème de signalisation, le trafic est perturbé sur la ligne 13 en direction de Chatillon Montrouge".
Et voilà, je suis en retard de dix minutes. je n'aime pas ça être en retard. Je fais une tête pas possible en arrivant au bureau; une tête des mauvais jours, ce qui me vaut les moqueries d'usage. Ça ne me fait pas rire. Étonnant ! Je m'installe. L'activité semble fluide, je vais pouvoir me remettre de mes émotions. Mon téléphone sonne. Un collègue m'appelle pour m'informer des derniers bruits de couloir qui traînent. Je vais me retrouver le bec dans l'eau. Non ! Ne surtout pas prêter oreilles aux bruits de couloir ! Respire ! Oublie ! Pense à autre chose. Mais difficile de le faire surtout quand je vois les deux noms qu'on m'a annoncé, partir avec le cadre et revenir avec le sourire. Ça sent pas bon pour moi. Je suis vert. Je me sens bileux. Je me sens haineux. Je me sens découragé. Je me sens caliméro. Et toujours cette petite voix dans la tête qui me dit de ne pas m'en faire, qu'il n'y a rien d'officiel, que tant qu'il n'y a pas de nouvelles, il y a de l'espoir. Foutaises ! Phrases de quelqu'un qui essaie de se raccrocher désespérément à la moindre ficelle improbable. Je suis tellement crispé, en fin de journée, que je réussis à me faire un blocage sous l'omoplate droite. C'est malin ça ! Maintenant, j'ai mal.
Putain de journée de merde...
Vivement que je sois à la maison. Que je me change mes foutues idées. Le Sage E. est dépité pour moi. Chouette, on est deux, comme ça. Super soirée.
Bah oui, finalement, super soirée. La vision des premiers épisodes de la saison 4 de 24 Heures Chrono (oui, je sais ! On a du retard !) réussit à me faire oublier ma sale journée. Merci Jack Bauer...

Dans les grands fonds du hublot



Voilà pourquoi je passe autant de temps à regarder tourner le tambour de ma machine à laver. Quand l'imagination tourne au quart de tour...

8.1.08

les aléas de ma mémoire musicale # 29

Je ne remercierai jamais assez une certaine Dame du Manoir pour m'avoir mis cette chanson dans la tête et qui ne me quitte plus depuis. Merci...
J'ai la tête qui éclate
Je voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir
Stone
Le monde est stone
Je cherche le soleil
Au milieu de la nuit
J' sais pas si c'est la terre
Qui tourne à l'envers
Ou bien si c'est moi
Qui m' fais du cinéma
Qui m' fais mon cinéma
Je cherche le soleil
Au milieu de ma nuit
Stone
Le monde est stone
J'ai plus envie de me battre
J'ai plus envie de courir
Comme tous ces automates
Qui bâtissent des empires
Que le vent peut détruire
Comme des châteaux de cartes
Stone
Le monde est stone
Laissez-moi me débattre
Venez pas m' secourir
Venez plutôt m'abattre
Pour m'empêcher de souffrir
J'ai la tête qui éclate
Je voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir
Et me laisser mourir
Fabienne Thibault - le monde au stone - Starmania - Plamandon/Berger

Dès qu'j'te vois, je sais qu'c'est toi

Il y a des moments, à l'improviste, comme ça, où le coup de blues cogne à la porte de ma caboche, sans s'être annoncé. Pas de raison particulière ou un ensemble de raisons additionnées.
Ce midi, par exemple, attablé seul devant mon steak haché décongelé et une ratatouille sans forme, il m'est tombé dessus sans prévenir. Je me suis senti d'un coup seul dans un grand appartement silencieux, à peine animé par le ronronnement de l'ordinateur et les bruits de la rue que je regardais vivre du coin d'une fenêtre.
Je me suis dit que ça serait ça ma vie si je vivais seul. Un ordinateur que je regarderais d'un oeil vide, en attendant l'arrivée éventuelle d'une news letter sans intérêt et impersonnelle. Des repas déprimants, mangés en sourdine, pour ne pas déranger le silence religieux d'un appartement qui ne serait même pas grand. Une vie par procuration en observant les allers et venues dans la rue de passants anonymes. Une vie qui se limiterait à huit heures passées au travail avant de retrouver la solitude d'un lit froid. Une vie sans musique, sans télévision parce que c'est déprimant d'écouter et de regarder seul...
Le téléphone a sonné. Une voix apaisante m'a demandé si il était bien à la maison du bonheur. Une voix qui fait du bien à entendre et qui fait sourire. Le coup de blues s'est carapaté aussitôt, en poussant un hurlement strident, un peu comme dans les films où les êtres maléfiques sont obligés de rebrousser chemin parce qu'ils sont contrecarrés dans leurs mauvais desseins. Un énorme panneau " je ne suis pas seul" m'a illuminé l'esprit. Non, je ne suis pas seul. Ils peuvent bien tenter de me déprimer tous autant qu'ils sont, ça ne marchera pas, parce que je suis fort de cette présence là. Et je remercie toutes les formes supérieures, quelles qu'elles soient, petits bonshommes verts, formes divines ou angéliques, de ma voir mis ce Sage là sur la route sinueuse de ma vie, un soir de 31.

7.1.08

Voyages voyages


A la carte # 12 - L'Atlantide

Il y a quelque temps, après avoir vu "la graine et le mulet" au cinéma, j'ai eu l'envie subite et irrépressible de manger un couscous. Au début, je m'attendais à manger un couscous congelé de chez Picard, à la maison. Et puis non, finalement pas. En remontant l'avenue Laumière, l'Atlantide nous a ouvert sa table. Il faut dire que nous avons eu beaucoup de chance parce que sans réservation, c'est presque mission impossible de pouvoir manger dans ce restaurant là.
L'endroit offre un cadre chaleureux et typique avec une décoration faite de bois, de poteries et de tentures berbères. L'accueil est très professionnel, un peu froid peut-être au premier abord, mais au final très chaleureux et souriant.
A la carte, on retrouve les plats traditionnels : couscous et tajines et puis aussi la spécialité de la maison : l'Amegful, un couscous sans bouillon, cuisiné aux sept légumes et cuit à la vapeur. Et puis, il y a une carte de vin à tomber. Les assiettes sont copieuses pour un prix raisonnable. Il faut se laisser tenter par le thé à la menthe excellent.
Une bonne adresse, donc, qui ravira les yeux et les papilles. Un excellent moment culinaire.
L'Atlantide - 7, Avenue Laumière - 75019 Paris / Tel : 01 42 45 09 81

6.1.08

Beau gosse # 16

Ce jeune homme, bientôt trentenaire, est américain. Il s'appelle Marc Callahan et il chanteur lyrique, baryton même. Découvert à l'opéra de Lyon, lors de notre dernière virée dans cette ville, dans La Vie Parisienne d'Offenbach, mise en scène par Laurent Pelly, il chantait Bobinet. Bien fait de sa personne, on ne peut vraiment pas dire le contraire, il nous a interprété "mon habit a craqué dans le dos" d'une très belle manière. Il a une belle présence scénique et un côté espiègle, une fraîcheur décontracté, qui retient l'attention. Même placé de très loin, comme nous l'étions, il a réussi à capté mon attention. Et la vision de l'opéra sur France 3, samedi dernier (et bientôt sur Mezzo), m'a confirmé qu'il y avait de quoi s'intéresser à cet homme là.
J'espère bien avoir l'occasion de revoir son fabuleux sourire à Paris au mois d'octobre, puisqu'il fera ses débuts au Théâtre des Champs Elysées avec les Arts Florissants de William Christies dans le baroque Armide de Lully.
Please, Sage E. !!!

Pour en finir

2007, c'est fini ! Vive 2008.
La fin de l'année a été difficile. Beaucoup de fatigue accumulée à cause du travail, des grèves à répétition et puis le temps qui n'a rien arrangé. Bref une fin d'année qui n'aura pas été des meilleures. Bah, ce n'est pas bien grave parce que les dix jours de vacances ont réussi à faire passer la pilule. On va pouvoir partir sur de bonnes bases pour ce début d'année.
Quand j'y pense, elle n'aura pas été si mauvaise cette année. Mon changement de plateau en début d'année aura été la meilleure des décisions que j'ai prises. Les choses s'accélère à un rythme qui me convient parfaitement. Je ne peux pas dire que le travail soit toujours très facile (surtout en ce moment) mais au moins je bénéficie d'une vraie ambiance de travail avec une confiance réciproque, de vraies responsabilités. Il y a beaucoup de choses encore à améliorer mais je pense que je ne suis pas loin d'être parfait (mes chevilles vont bien merci). Les perspectives d'évolution sont bonnes et je pense que d'ici peu de temps, je devrais relever un nouveau défi. Croisons les doigts en tous cas.
Dans l'autre vie, la vraie vie, celle de tous les jours, tout est rose. Le Sage épanouissement du bonheur qui fait tant de bien quand tout va mal. L'équilibre parfait entre le partage et ses différences propres. Après huit années, nous en sommes là. C'est géant !
Il faudra, bien entendu, régler certaines choses qui ont tendance à gangrener ces derniers temps. Des ultimatums. Des colmatages. Pourquoi la vie ne peut elle pas être toujours aussi facile dans tous les domaines?
De bonnes résolutions? Pas vraiment... De toute façon, on ne les tient jamais alors... Autant ne pas trop se fatiguer à en faire. Disons, que cette année j'aurais une carte d'abonnement pour le cinéma.
Des souhaits? Oui, plein !
Des regrets? Oui, un !
Allez tout va bien ! Comme me le disait naïvement un de mes collègues (qui avait dû apprendre par coeur cette phrase) : que mes meilleurs moments de 2007 soient les plus mauvais instants de 2008. C'est beau de rêver mais que serait-on sans cet espoir là.

3.1.08

Au cinéma pendant les fêtes

Prenons une actrice pétillante et décalée. Laissons lui l'opportunité de se donner les moyens de faire un film (le second qui plus est), de l'écriture à la réalisation en passant par le jeu bien sûr. Et nous verrons Actrices de Valeria Bruni Tedeschi. Un ramassis de nombrilisme et de narcissisme, ni plus ni moins. Des idées à foison qu'elle balance sur pellicule. Un peu comme s'il elle avait enfermé dans un sac une longue liste d'idées souvent bonnes et intéressantes prises séparément, qu'elle aurait secoué avec entrain et qu'elle aurait mis en scène à l'aveuglette sans chercher une queue ou une tête à tout cela. Le seul personnage a être correctement écrit est celui joué par Valeria, les autres sont malheureusement inexploités. Dommage car la distribution méritait mieux que ce rôle de faire valoir. On regarde sans intérêt, tout ce monde là bouger comme des toupies border line. C'est très bavard, souvent sans âme (exception faite dans quelques scènes magnifiques), quelque fois drôle et touchant mais au final fatiguant et éprouvant. La critique encense, le spectateur s'ennuie. Encore une fois, un large fossé entre l'intelligentsia intellectuelle (?) et la masse payante.

Actrices - Valeria Bruni Tedeschi

Dans la famille blockbuster de fin d'année, voici Je suis une légende, adaptation du roman d'anticipation du même nom de Richard Matheson. L'action du roman est transposée de Los Angeles à New York. Je ne sais pas pourquoi les cinéastes prennent un si grand plaisir à détruire cette ville. Ici, une vision extraordinaire de la ville désertée, rendue à la sauvagerie naturelle : rues au bitume craquelé par la végétation, peuplées d'animaux sauvages (lions, gazelles numériques) et surtout hantées par des zombies (humains ou canins) assoiffés de sang. Vision apocalyptique pour un film sans envergure. Le minimum syndical du genre est assuré : effets spéciaux à gogo mais loin d'être réussis, un scénario au rabais à la morale cul cul la praline, un acteur qui a autant de charisme qu'un robinet; quelques scènes réussies et efficaces tout de même mais un peu trop noyées dans le sans relief ambiant. Bref, il parait qu'il vaut mieux lire le roman (selon le Sage E.), c'est ce que je vais faire rapidement.

Je suis une légende - Francis Lawrence

Marc Gibaja, en fan absolu de comédies romantiques américaines, parodie et veut rendre un hommage au genre, pour son premier film. Volonté casse gueule tout de même. Mais, il s'en tire bien, s'appropriant les codes du genre et plagiant ouvertement et sans vergogne des plans entiers de Quand Harry rencontre Sally ou Nuits blanches à Seatle, il réussit à réaliser une vraie comédie romantique à la française plutôt convaincante. Servi par un Gilles Lellouche barbu parfait dans ce rôle de looser qui rêve au grand amour, à contre emploie de ce qu'on l'a vu faire jusqu'à présent; et une Marie Gillain épatante et pétillante en bourgeoise qui se lâche. C'est rose bonbon. C'est parfumé à l'eau de violette, léger et décalé; un vrai plaisir sans prise de tête.

Ma vie n'est pas une comédie romantique - Marc Gibaja

Une fanfare égyptienne se perd dans les tréfonds du désert israélien. Parce qu'ils n'ont pas le choix, les membres vont devoir cohabiter avec les habitants d'une petite ville perdue, le temps d'une nuit. Peu d'action et de ressorts dramatiques dans ce film mais plutôt une tranche de vie, une parenthèse enchanteresse, un concours de circonstances imparable, avec des personnages délicieux d'humanité. Ce premier film d'Eran Kolirin est une vraie réussite avec des dialogues précieux, de longues scènes silencieuses et intenses qui valent bien plus que tous les mots devenus inutiles. Le film parle de l'incommunicabilité que ce soit à cause de la langue ou de la pudeur des personnages. L'angoisse de cette impossibilité de parler, la perte des repères mais malgré tout l'échange plus fort que tout. Un film d'ambiance qui prend comme partie pris le minimalisme simple et quotidien, parfois à la limite du burlesque, où chaque regard, chaque geste compte et fait partie du récit narratif. Les acteurs sont tous touchants mais Ronit Elkabetz, la belle et brune Dina, a une présence incroyable sur l'écran, entre douleur et sensualité. Sasson Gabai, le chef de la fanfare, réussit un beau numéro d'acteur entre la sévérité rigide qu'il affiche sur son visage et la tendresse latente qui déborde par ses yeux.

La Visite de la Fanfare - Eran Kolirin

2.1.08

Squelette architectural

Cour des Voraces - La Croix Rousse - Lyon - 31/12/2007

Pain surprise

Ce qu'il y a de bien avec mon nouveau joujou, c'est que je peux être au four et au moulin sans pour autant être dans le pétrin. Me voilà devenu boulanger sans mettre la main à la pâte.
L'odeur du pain chaud à travers tout l'appartement. Le plaisir de grignoter une tranche de pain chaud et croustillant. Ah quel bonheur !

1.1.08

Les mystères du crépuscule

Bord de la Sèvre Nantaise - Vertou - Loire Atlantique - 24/12/2007

Mon année au cinéma



Une année au cinéma. C'est près d'une centaine de films. Peu de très bons, beaucoup de passables, quelques uns de très mauvais. Dans l'ensemble, de bonnes choses : La vie des autres; Come back; Les chansons d'amour; Délice Paloma; Ratatouille; Caramel; Les méduses; le dernier volet des aventures de Jason Bourne; Darling; Once; De l'autre côté... Ca serait là mon top 10 de l'année.

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