15.1.08

L'appel de la forêt

Christopher, 22 ans, a tout pour avoir un bel avenir, dans une société aisée. Le jour de la remise de son diplôme, ses parents lui offrent une nouvelle voiture, le sacro saint symbole de la société américaine. Pourtant, c'est le déclic pour le jeune homme : il ne sera pas ce qu'on attend de lui, il ne sera pas le notable avec la raie de cheveux bien nette sur le côté, comme son père. Du jour au lendemain, il plaque tout pour réaliser son plus doux rêve : vivre dans le grand nord en totale osmose avec la nature. Il ira jusqu'au point de non retour.
Sean Penn (le brillant réalisateur de Crossing guard) adapte une histoire vraie d'après le peu que l'on sait de l'aventureuse vie de Christopher McCandless. On pourrait s'attendre à une apologie d'un héros des temps modernes; à la sanctification d'un homme symbolisant le retour à la nature, à la vraie vie... C'est tout cela mais pas seulement ça. Car Christopher est certes présenté comme un illuminé, un jusque boutiste, un personnage qui ne voit le salue que dans la solitude et dans la communion avec la nature, un rebelle. Pourtant Penn ose aussi suggérer que cet homme là était aussi un égoïste, sacrifiant l'amour de ses proches à sa seule volonté de vivre sa vie. Il ne se soucie pas de causer le désarroi de sa famille qui ignore ce qu'il est devenu.
Cependant pas de volonté d'interpréter ou de juger sa vie, Sean Penn semble même s'identifier à Christopher, lui l'éternel rebelle du cinéma américain. La caméra de Penn admire le parcours de ce randonneur au long court.
Le film est magnifique avec de grandes envolées lyriques sur les vraies vertus d'un retour à la nature, le retour aux sources originelles, une certaine façon de se rapprocher de la vie idéale et idéalisée, la pureté des origines. Héroïsme? Pure folie? Ascétisme salvateur? Une ré interprétation du mythe du bon sauvage, de la philosophie de Montaigne ou de Rousseau? Le réalisateur ne prend pas forcément parti mais met en lumière la possibilité d'une alternative à la société actuelle bercée dans la sur-consommation. Le film fait réfléchir, pose des questions et fait rêver. On peut envier la force et le déterminisme de ce jeune ermite. On peut rêver et s'imaginer, en fermant les yeux, dans une telle vie loin de tout et se dire en soupirant que ça doit être bien de vivre comme ça. Mais au final, avec notre vision déformée et notre indécrottable besoin de confort moderne, on a surtout une formidable envie de découvrir ces magnifiques paysages sauvages que Sean Penn filment avec tant convoitise.
Into the wild - Sean Penn

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