24.1.08

Au cinéma


Ben Affleck, cet acteur un peu fade et sans relief, se lance dans la réalisation. Il s'empare du roman du même nom de Dennis Lehane et confie le rôle principal à son frère Casey, celui là même qui vient d'être nominé aux Oscar pour sa prestation dans " L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford ", volant la vedette à Brad Pitt himself. Ben s'en sort honorablement pour sa première réalisation même s'il nous sert un thriller somme toute très conventionnel. La réalisation basique révèle cependant un potentiel important qu'il devra travailler. Mais là où Ben Affleck signe une belle réussite, c'est dans la direction des acteurs. Casey Affleck (quelle belle gueule celui là, franchement) est tout à fait convaincant dans le rôle de ce détective pugnace, en lutte avec sa conscience pour mener à bien son enquète. Autre très belle performance, le rôle de la mère junkie interprétée par Amy Ryan, elle aussi, nominée aux Oscar pour ce rôle (catégorie meilleure actrice dans un second rôle). Et puis n'oublions pas le magistral Ed Harris, toujours aussi puissant. Ce n'est donc certes pas un grand film (mais pas non plus un téléfilm, comme le pense le Sage E.), mais un thriller efficace et de bonne facture où on ne s'ennuie pas.
Gone Baby gone - Ben Affleck

Josie (excellemment interprété par Pat Shortt) mène une vie solitaire dans la station essence où il travaille. Cet endroit est à la fois son lieu de travail et sa maison. Josie est comme un enfant qui aurait grandi trop vite. On le regarde et on l'écoute mais en se moquant de lui gentiment. On le considère comme un doux dingue. On profite aussi de sa naïveté. un beau jour, on lui confie un apprenti, un adolescent sans grande motivation. Sa rencontre avec ce jeune homme va métamorphoser sa vie. On se rend compte que Josie est en manque affectif que ce soit amical ou même amoureux. Il a besoin de se sentir aimé, de se faire aimer. Il déborde d'amour cet homme là mais sa solitude prolongé l'a un peu handicapé dans ses relations avec les autres. Il est gauche, il ne sait pas trop bien s'y prendre mais au delà des maladresses, une formidable humanité, sans mièvreries, se dessine. Très peu d'action dans ce film, il s'agit plus d'une tranche de vie, un épisode d'une vie. Pas de surenchère ni de pathos inutile, Lenny Abrahamson, le réalisateur, met en scène, avec une sincérité désarmante, ce conte cruel sur la différence de l'autre et son rejet.
Garage - Lenny Abrahamson


Ken Loach et le film social, la grande histoire. Cette fois encore, le réalisateur anglais nous plonge dans les affres du système anglais. Des cabinets de recrutement n'hésitent pas à faire venir hommes et femmes d'Europe de l'Est, leur promettant l'eldorado, pour les faire travailler à moindre coût en Angleterre. Exploitation de la misère et de l'espoir; méthodes proches de celles utilisées par la mafia; concurrence déloyale sur un marché de l'emploi anglais déjà fortement touché par le chômage; xénophobie latente, Ken Loach filme tout cela dans avec sa sobriété habituelle, sans esbroufes. Il constate, il met en lumière les limites et les excès de l'ultra libéralisme. Il dénonce. Mais cette fois, au lieu de montrer un héros positif qui se bat contre le système, il suit un personnage qui profite du système pour vivre, pour survivre mais jusqu'à quel point de non retour ! Ici, le personnage d'Angie (époustouflante Kierston Wareing) passe du statut d'exploitée à celui d'exploitant sans aucuns de remords. Pour elle, la fin justifie les moyens. Le film est donc un plaidoyer, un film politique dérangeant, d'une force surprenante. Dommage qu'il est fallu que le réalisateur et le scénariste surdramatisent inutilement la fin du film qui gâche la puissance générale de l'ensemble.
It's a free word - Ken Loach

2 commentaires:

E. a dit…

ben, ce n'est peut-être pas un téléfilm, mais c'est l'oeuvre d'un réalisateur fade et sans relief...

Eric a dit…

Han ! Tu peux pas dire ça !! Ca manque d'experience et de maturité, c'est sûr ! Mais ce n'est pas fade et sans relief ! Sinon ca donnerait Electra ou Dardevil