3.1.08

Au cinéma pendant les fêtes

Prenons une actrice pétillante et décalée. Laissons lui l'opportunité de se donner les moyens de faire un film (le second qui plus est), de l'écriture à la réalisation en passant par le jeu bien sûr. Et nous verrons Actrices de Valeria Bruni Tedeschi. Un ramassis de nombrilisme et de narcissisme, ni plus ni moins. Des idées à foison qu'elle balance sur pellicule. Un peu comme s'il elle avait enfermé dans un sac une longue liste d'idées souvent bonnes et intéressantes prises séparément, qu'elle aurait secoué avec entrain et qu'elle aurait mis en scène à l'aveuglette sans chercher une queue ou une tête à tout cela. Le seul personnage a être correctement écrit est celui joué par Valeria, les autres sont malheureusement inexploités. Dommage car la distribution méritait mieux que ce rôle de faire valoir. On regarde sans intérêt, tout ce monde là bouger comme des toupies border line. C'est très bavard, souvent sans âme (exception faite dans quelques scènes magnifiques), quelque fois drôle et touchant mais au final fatiguant et éprouvant. La critique encense, le spectateur s'ennuie. Encore une fois, un large fossé entre l'intelligentsia intellectuelle (?) et la masse payante.

Actrices - Valeria Bruni Tedeschi

Dans la famille blockbuster de fin d'année, voici Je suis une légende, adaptation du roman d'anticipation du même nom de Richard Matheson. L'action du roman est transposée de Los Angeles à New York. Je ne sais pas pourquoi les cinéastes prennent un si grand plaisir à détruire cette ville. Ici, une vision extraordinaire de la ville désertée, rendue à la sauvagerie naturelle : rues au bitume craquelé par la végétation, peuplées d'animaux sauvages (lions, gazelles numériques) et surtout hantées par des zombies (humains ou canins) assoiffés de sang. Vision apocalyptique pour un film sans envergure. Le minimum syndical du genre est assuré : effets spéciaux à gogo mais loin d'être réussis, un scénario au rabais à la morale cul cul la praline, un acteur qui a autant de charisme qu'un robinet; quelques scènes réussies et efficaces tout de même mais un peu trop noyées dans le sans relief ambiant. Bref, il parait qu'il vaut mieux lire le roman (selon le Sage E.), c'est ce que je vais faire rapidement.

Je suis une légende - Francis Lawrence

Marc Gibaja, en fan absolu de comédies romantiques américaines, parodie et veut rendre un hommage au genre, pour son premier film. Volonté casse gueule tout de même. Mais, il s'en tire bien, s'appropriant les codes du genre et plagiant ouvertement et sans vergogne des plans entiers de Quand Harry rencontre Sally ou Nuits blanches à Seatle, il réussit à réaliser une vraie comédie romantique à la française plutôt convaincante. Servi par un Gilles Lellouche barbu parfait dans ce rôle de looser qui rêve au grand amour, à contre emploie de ce qu'on l'a vu faire jusqu'à présent; et une Marie Gillain épatante et pétillante en bourgeoise qui se lâche. C'est rose bonbon. C'est parfumé à l'eau de violette, léger et décalé; un vrai plaisir sans prise de tête.

Ma vie n'est pas une comédie romantique - Marc Gibaja

Une fanfare égyptienne se perd dans les tréfonds du désert israélien. Parce qu'ils n'ont pas le choix, les membres vont devoir cohabiter avec les habitants d'une petite ville perdue, le temps d'une nuit. Peu d'action et de ressorts dramatiques dans ce film mais plutôt une tranche de vie, une parenthèse enchanteresse, un concours de circonstances imparable, avec des personnages délicieux d'humanité. Ce premier film d'Eran Kolirin est une vraie réussite avec des dialogues précieux, de longues scènes silencieuses et intenses qui valent bien plus que tous les mots devenus inutiles. Le film parle de l'incommunicabilité que ce soit à cause de la langue ou de la pudeur des personnages. L'angoisse de cette impossibilité de parler, la perte des repères mais malgré tout l'échange plus fort que tout. Un film d'ambiance qui prend comme partie pris le minimalisme simple et quotidien, parfois à la limite du burlesque, où chaque regard, chaque geste compte et fait partie du récit narratif. Les acteurs sont tous touchants mais Ronit Elkabetz, la belle et brune Dina, a une présence incroyable sur l'écran, entre douleur et sensualité. Sasson Gabai, le chef de la fanfare, réussit un beau numéro d'acteur entre la sévérité rigide qu'il affiche sur son visage et la tendresse latente qui déborde par ses yeux.

La Visite de la Fanfare - Eran Kolirin

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