16.1.08

Zeitung - Anne Teresa De Keersmaeker

Un spectacle âpre que cette nouvelle pièce de Anne Teresa De Keermaeker, création mondiale au Théâtre de la Ville (du 11/01 au 19/01).
Une pièce d'une grande aridité à l'image de ce plateau sans décors, excepté quelques chaises et fauteuils, éclairé par des lumières froides et chaotiques. Une pièce d'une grande sécheresse. Peu d'émotions, voir pas du tout. On y voit neuf danseurs (4 hommes, 5 femmes), accompagnés d'un pianiste jouant du Bach ou d'une bande sonore aux accords dissonants de Webern, qui évoluent sur ce vaste espace où leur danse se déploie avec énergie mais on ne ressent rien, pièce abstraite sans âme.
Le plaisir vient d'ailleurs. Sans doute le plaisir de voir enfin un spectacle chorégraphique uniquement dansé, sans artifices de mises en scène à la mode, sans aucune volonté de choquer gratuitement. La danse à l'état pure. Des gestes cassés, des mouvements tronqués mais des ensembles d'une grande fluidité. Il y a aussi le plaisir de revoir les danseurs, toujours aussi parfaits dans leur performance. Le quatuor masculin exécute ainsi de magnifiques moments de danse. Mais les danseuses sont aussi très bien.
On nous parle, dans le petit programme, d'un vocabulaire de danse. On a plus l'impression de voir un balbutiement, un éveil au langage chorégraphique. Impression sans doute accentuée par la volonté délibérée de laisser une part belle à l'improvisation (très travaillée) des danseurs.
Le spectacle déconcerte et décontenance mais il intéresse par la belle danse qui nous est présentée. Le seul problème de ce genre de spectacle qui surprend, c'est que le manque d'habitude, la perte de repères pour le spectateur, peut vite déboucher sur l'ennui, l'impression de décrocher complètement, d'être largué, surtout si l'expérience se prolonge sur une longue durée. C'est le cas de Zeitung qui dure 1h45. Le temps semble long quand le spectacle s'allonge dans l'impersonnel et la sécheresse des émotions. La beauté du geste n'est alors qu'une maigre bouée de secours qu'on a bien du mal à saisir, au risque de sombrer.
Zeitung - Anne Teresa De Keersmaeker - Théâtre de la Ville

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