9.1.08

Journée de merde

Il y a des jours où tout ce qui se passe autour de moi me met les nerfs en boule. Prenons, par exemple, le trajet de métro de ce matin qui m'emmenait au travail.
Elle commençait mal, de toute façon, cette journée. Je me rends compte que j'oublie mon passe Navigo à la maison, alors que je suis quasiment à l'entrée du métro, m'obligeant à remonter à l'appartement, à prendre du retard (je n'avais pas besoin de ça) et à subir le "bonjour, bonne journée" par deux fois du gardien toqué. Déjà, je bougonne tout seul, en voulant à la Terre entière.
Arrivée sur le quai de la station, je m'éloigne au maximum de la foule qui se masse toujours en tête de train. J'évite avec le plus grand soin la poussette double qui prendra toute la place dans la rame. Mais, je n'ai pas de chance. Dans la voiture où je monte, il y a déjà une poussette avec une mère qui finit de donner le biberon à son bébé pas bien vieux. Quelle idée aussi de donner un biberon à un nourrisson dans un métro qui tangue ! Le bébé le digère mal en tout cas et le fait savoir de façon très personnelle... Un joli renvoi en gerbes blanches et laiteuses, arrosant généreusement les jambes d'une passagère que j'ai vu blêmir de dégoût. Je me suis même demandé, à un moment, si elle n'allait pas imiter le bébé. J'ai moi même quelques éclaboussures sur le bout de mes chaussures toutes neuves. Ça fait comme des étoiles sur le cuir foncé qui me fait penser à la Voie Lactée. Dingue ! Je trouve tout de même le moyen de faire de l'ironie même dans les pires moments. J'essuie comme je peux, mais je ne fais qu'étaler les dégâts. Le reste du paquet de mouchoirs servira à la pauvre passagère. La mère du pauvre bébé, qui s'est (forcément) mis à hurler à plein poumon, au lieu de tenter d'aider à nettoyer, a hurlé, rouge comme pivoine, sur le pauvre bambin, en le secouant comme un prunier; ce qui a (bien sûr) provoqué l'augmentation, dans les aigus, des pleurs du bébé. Je suis descendu à République avec la très désagréable sensation que l'odeur aigre me poursuivrait partout et toute la journée.
Ça commençait vraiment très mal cette journée. Et je n'étais pas au bout de mes malheurs. Confortablement installé dans la rame de la ligne 8, pour la seconde partie de mon voyage, je commençais à me remettre de mes émotions. Mais, à Strasbourg Saint-Denis, une chanteuse ambulante est entrée pour son show live, avec sa boite à rythme mal réglée et son micro à échos. Qu'elle chantait mal cette pauvre roumaine ! Dans le genre Star Ac' mais sans les arrangements studio pour masquer les défauts. Un monsieur, excédé par le bruit, lui a demandé de faire silence, de façon un peu abrupte, certes. Elle s'est, en effet, arrêtée de chanter... Pour mieux hurler sur le passager. Dans un charabia assez difficile à suivre, elle a argué qu'on vivait dans une démocratie et qu'elle avait tous les droits et que ce n'est pas "un sarkoziste de mes deux qui allait l'emmerder". Le monsieur, hors de lui, a voulu la pousser dehors... Ça en devenait pitoyables et pathétique. Elle, accrochée d'une main, à la barre centrale et tenant, dans l'autre, son matériel; lui, tirant comme un dément sur le bras de la femme. Il a voulu tirer sur l'alarme pour alerter la sécurité mais comme il arrivait à sa station, il s'est finalement ravisé, en sortant la tête haute. Il a eu le droit à un tonitruant "connard" de la part de la chanteuse. Elle a eu le droit à un grondant "vieille pute" de la part du passager. J'étais à deux doigts de me demander s'il ne s'agissait pas d'un canulars pour la télévision belge. Mais non, Pas de caméra ! La rame est repartie et elle a recommencé son tour de chant somme si de rien n'était. L'avantage, il n'y avait plus personne dans la voiture, les passagers ayant fuit la situation; l'inconvénient, j'ai eu le droit au massacre de "la Vie en Rose" jusqu'à Invalide.
En descendant, j'étais dans un état d'énervement très avancé. Et il me restait encore un changement à faire avant d'arriver au travail. Comme c'était parti là, je me suis dit que ça allait continuer jusqu'au bout. Bingo ! Après les régurgitations, après le pugilat, j'ai eu le droit aux fameux problèmes techniques de la ligne 13. La rame prenait son temps. Le chauffeur devait se croire en vacances ou bien je ne sais pas. Elle se traînait, s'arrêtait plus de trois minutes à chaque station (je le sais parce que j'avais le temps d'écouter une chanson de mon I-pote), puis repartait sans nerf. Bien sûr, pas un seul message annoncé dans la rame. Ce n'est qu'une fois arrivés à Chatillon, que nous avons appris que "suite à un problème de signalisation, le trafic est perturbé sur la ligne 13 en direction de Chatillon Montrouge".
Et voilà, je suis en retard de dix minutes. je n'aime pas ça être en retard. Je fais une tête pas possible en arrivant au bureau; une tête des mauvais jours, ce qui me vaut les moqueries d'usage. Ça ne me fait pas rire. Étonnant ! Je m'installe. L'activité semble fluide, je vais pouvoir me remettre de mes émotions. Mon téléphone sonne. Un collègue m'appelle pour m'informer des derniers bruits de couloir qui traînent. Je vais me retrouver le bec dans l'eau. Non ! Ne surtout pas prêter oreilles aux bruits de couloir ! Respire ! Oublie ! Pense à autre chose. Mais difficile de le faire surtout quand je vois les deux noms qu'on m'a annoncé, partir avec le cadre et revenir avec le sourire. Ça sent pas bon pour moi. Je suis vert. Je me sens bileux. Je me sens haineux. Je me sens découragé. Je me sens caliméro. Et toujours cette petite voix dans la tête qui me dit de ne pas m'en faire, qu'il n'y a rien d'officiel, que tant qu'il n'y a pas de nouvelles, il y a de l'espoir. Foutaises ! Phrases de quelqu'un qui essaie de se raccrocher désespérément à la moindre ficelle improbable. Je suis tellement crispé, en fin de journée, que je réussis à me faire un blocage sous l'omoplate droite. C'est malin ça ! Maintenant, j'ai mal.
Putain de journée de merde...
Vivement que je sois à la maison. Que je me change mes foutues idées. Le Sage E. est dépité pour moi. Chouette, on est deux, comme ça. Super soirée.
Bah oui, finalement, super soirée. La vision des premiers épisodes de la saison 4 de 24 Heures Chrono (oui, je sais ! On a du retard !) réussit à me faire oublier ma sale journée. Merci Jack Bauer...

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