15.1.08

On ne sait jamais sur quel pied danser...

Mercredi dernier, j'étais désespéré. Les rumeurs et autres bruits de couloir avaient coupé nette mon enthousiasme et mes espoirs de promotion. On m'avait fait miroiter monts et merveilles et encore une fois j'allais voir les scintillements promis dans les yeux des autres. Non, franchement les évènements prenaient un air de déjà vu bien amer à avaler.
Pendant quatre nuits, je n'ai pas dormi. Je ruminais. je fulminait intérieurement. Une colère sourde occupait mon esprit continuellement. J'ai passé deux jours de repos à ne penser qu'à ça. J'avais beau essayé de me changer les idées, le sentiment d'injustice s'installait et rampait insidieusement. Même me lancer dans une séance intense de repassage, qui a pourtant des vertus apaisantes d'habitude, ne m'a pas permis à trouver les ressources suffisantes pour faire passer la pilule. Je me montais déjà un scénario du tonnerre pour contre attaquer le lundi suivant. J'allais me battre, c'était décidé.
Samedi, quand je suis retourné travailler, je me suis réfugié dans le mutisme. Ce n'est pas que j'étais désagréable ou sec avec les autres, c'est plutôt que je me suis laissé glisser dans un silence buté. Ma mine renfrognée en a fait reculer plus d'un, mais je n'en avais que faire. Qu'on me laisse dans mon pitoyable état et puis basta. Je peux bien avouer maintenant, que cette journée a été particulièrement longue et solitaire. Comme personne n'osait venir me parler, je me suis persuadé que la cabale que je m'étais imaginée, dans ma tête paranoïde, était bien une vérité vraie. Ce que je peux aller loin, parfois, dans le sentiment de persécution quand je me colle des oeillères ! Samedi soir, en arrivant à la maison, j'étais au plus mal et très, très, remonté contre tout et n'importe quoi.
Et puis, dimanche, alors que je m'apprêtais à répéter la journée de la veille, mon téléphone a sonné. Il ne s'agissait pas d'un client en panne mais d'un appel personnel. Mon cadre m'appelait. Un dimanche ! Alors qu'il était chez lui ! Je tombais des nues. Je suis persuadé que je vais prendre une soufflante, c'est obligé. Mais pour qui, pourquoi? Ma boîte à spéculations fonctionnait à fond. Alors j'ai écouté ce qu'il avait à me dire, me préparant à répondre le cas échéant. Mais je fus pris de court. Il m'annonçait de façon officieuse, ma nomination et voulait s'assurer que j'étais toujours intéressé par ce poste; si je connaissais les tenants et les aboutissants de ma future nouvelle fonction; que ma nomination officielle se ferait dans le courant de cette semaine via une annonce de la direction. J'étais cloué sur place, à peine capable de répondre aux questions qu'il me posait. D'un coup d'un seul, toute ma colère et toute ma frustration qui me gangrenaient de l'intérieur, ont disparu. Je me suis permis tout de même de lui faire part de ma surprise qui l'a, à son tour, surpris. La proposition de mon nom a toujours fait l'unanimité à tous les niveaux, semble t-il, et que je n'avais vraiment pas à m'en faire. Le sentiment agréable que d'un coup, un poids énorme disparaissait de ma poitrine comme par magie. La sensation de pouvoir respirer enfin normalement sans avoir d'arrière goût bileux.
Hier, une réunion ouvrait ma journée de travail et, bien que le mail tant attendu de la direction ne soit toujours pas arrivé, le cadre a annoncé à tous ma nomination au poste d'agent de maîtrise animateur. Une annonce qui mettait un point final à tous les résidus possibles de doute qui pouvaient encore subsister.

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