14.4.08

Babylone au Louvre

Jeudi soir, nous nous sentions l'âme cultureuse. Il y avait bien longtemps que nous n'avions pas été visités une exposition parisienne. Qu'à cela ne tienne. Vendredi ne travaillant ni l'un ni l'autre, nous avons décidé d'aller voir l'expo Babylone au Louvre. On s'était dit alors, pour éviter la foule qui embouchonne (ça existe ce mot là?) ce genre de grande exposition, qu'on irait bien entre midi et deux heures. Au moment où les gens sont plus intéressés par leur estomac que par leur neurones. Jeudi soir, nous étions plein de bonnes intentions.
Ce fut une autre histoire vendredi, le Jour J du Sage E. Le matin fut consacré au déballage de cadeaux non emballés (pas eu le temps, pas eu le courage). Un architecte devait passer en fin de matinée pour regarder notre fameux plafond. Mais entre deux bouchées de croissants, on restait prêt pour aller au Louvre pendant la pause déjeuner. Les cadeaux ont été ouverts et essayés; l'architecte a constaté et photographié. Mais à midi, nous n'étions toujours pas prêts. Quand la glande prend le pas sur les bonnes intentions...
Ce n'est que vers 15h30 que nous avons enfin daigné bouger nos postérieurs pour les porter dans le métro. Nous savions d'ores et déjà, que la visite en toute intimité serait ratée (et elle le fut).Mais bon, au moins, on allait la faire cette exposition.
Je savais donc qu'il y aurait du monde, beaucoup de monde. Que nous serions à la queue le leu pour pouvoir faire le tour des différentes vitrines de l'exposition. Je savais que c'était cher, beaucoup trop cher. Presque 10 euros tout de même. Mais je savais aussi que ces grandes expositions valent le coup de se déplacer, malgré tous les inconvénients. Je savais surtout que cette fois ci, j'allais rêver debout et les yeux grands ouverts. Pensez donc ! Babylone... Tous mes souvenirs d'ancien étudiant d'histoire antique; la magnificence mythique de cette ville...
J'avoue, bien à contre coeur, que j'ai plutôt cauchemardé en visitant les salles du Hall Napoléon. Non seulement il y avait foule mais en plus la disposition des salles et leur aménagement n'arrangeaient rien. De longues et étroites salles couloirs avec des vitrines de chaque côté et une au centre; de longs textes explicatifs jalonnaient la progression de l'exposition mais ils étaient assez mal éclairés et surtout si on voulait les lire, on bloquait le passage pour les autres visiteurs. Les gens râlaient, les gens bousculaient. On a connu mieux comme condition pour se plonger dans une époque aussi lointaine. L'éclairage était calamiteux. Les vitrines étaient relativement bien éclairées mais l'éclairage plafonnesque blafard sur les vitres non traitées anti-reflet empêchait de voir correctement, à moins de se coller le nez dessus. Il n'y avait pas de pièces monumentales exposées, à part les panneaux aux lions, en terre cuite émaillée. La plupart des objets sont des petites pièces de petite taille (tablettes de terre cuite, petites statues, bijoux, seaux...). Des objets peut être un peu trop abstraits pour évoquer la civilisation babylonienne; l'exposition manquait peut être d'objets qui font rêver le tout venant.
Et puis, sans transition réellement annoncée, on quitte la Babylone antique pour passer à la vision fantasmée de ce royaume, dans la culture du Moyen Age. La vision merveilleuse de cette ville devient une vision du mal absolu, de la perversion de l'homme. Babylone est alors associée à Babel et sa fameuse tour, symbole de l'orgueil de l'homme à vouloir se placer à l'égal de Dieu. Cette partie de l'exposition aurait pu être intéressante si elle ne manquait cruellement d'explications. Une succession de tableaux (dont le fameux de Bruegel) évoque la Tour et sa destruction par la volonté divine; des textes enluminés parlent de l'impiété de ses habitants. Le but avoué de cette partie est de montrer l'héritage culturel de Babylone dans les civilisations postérieures et de redonner à la culture babylonienne sa juste place dans les racines de la culture occidentale, notre culture. Ce n'est pas franchement réussi. Et puis, il y a un grand regret de ma part. L'archéologie de la ville est très peu abordée alors qu'elle est un élément majeur de notre connaissance actuelle de cette ville.
Je suis ressorti frustré de l'exposition. Frustré parce que je n'ai pas pu profiter pleinement des objets exposés; frustré par le manque d'explications basiques; frustré parce qu'aucun plaisir ne s'est dégagé de la visite.
Pourtant, j'ai souri a deux ou trois reprises lors de cette visite. Pas pour l'exposition en elle même mais plutôt par les commentaires des visiteurs. Une dame sceptique faisait remarquer à son mari, à propos des tablettes d'argile calligraphiées exposées, qu'elle pourrait elle aussi prendre un morceau de terre séchée et dessiner dessus des signes cabalistiques et faire passer ça pour un objet d'art. Une autre dame coquette disait à une autre dame, à propos d'une parure de bijoux en or et plus particulièrement deux petites boucles d'oreille ayant la forme de divinités babyloniennes, qu'elles iraient très bien avec son chemisier Cacharel, vous savez celui qui est blanc cassé avec le col lobé . Un peu plus loin, deux femmes avec sur les oreilles un audio guide s'esclaffaient très fort (elles avaient oublié sans doute qu'elles avaient des écouteurs sur les oreilles) sur un détail d'un tableau exposé où l'on voyait un petit personnage montrant son derrière au public avec un sourire grotesque. Un peu vers la fin de l'exposition, un monsieur, regardant un carton pour un costume crée pour la création de l'opéra Semiramide de Rossini, dit à sa femme qu'il ne savait pas que Rossini était babylonien.
Finalement, c'est ça aussi une exposition : le public et ses commentaires décalés.
Babylone - Musée du Louvre - Hall Napoléon - Jusqu'au 02/06/2008

1 commentaire:

va33 a dit…

Très sympa ton blog ^^