4.4.08

Deux soeurs pour un roi

Trois enfants rieurs courent au ralenti dans un pré baigné par la lumière du soleil, sous le regard protecteur des parents habités par la fierté de sa progéniture. C'est la famille Boleyn. Une famille presque normale, sauf qu'ils sont habillés de très bon goût et qu'ils ont une certaine influence, par l'entremise d'un beau-frère peu scrupuleux, à la cour du grand Henry VIII. Ce dernier est bien malheureux. Son épouse vient encore une fois d'accoucher d'un mort né. Sa descendance n'est toujours pas assurée.
Nous voici plongé dans l'Angleterre du 16ème siècle. A cette époque là, les filles de bonnes familles sont des moyens d'ascension sociale. C'est ce qui attend les filles Boleyn. Mary épousera un noble influent et Anne sera mise dans les pattes du roi pour que ses coucheries servent toute la famille. Mais le fort caractère d'Anne et la beauté de Mary chamboulent les plans et c'est Mary qui devient la maîtresse et Anne n'a plus que ses manches de robe pour pleurer et ses ongles pour ruminer. C'est qu'elle a forte tête la Anne. Elle sait qu'elle se vengera du roi et de sa chipie de soeur qui lui a piqué sa position sociale : elle fera perdre la tête du roi... Avant de perdre la sienne.
La réalisation de ce film est d'un classicisme absolu. Pas de surprises à ce niveau là. La reconstitution est minutieuse et on rentre dans le film sans se forcer. Les costumes, les décors, les paysages, la lumière... Tout est beau. Surtout les acteurs. Ils sont magnifiques. A commencer par Eric Bana, belle tête, beau corps (humm) mais aussi expressif qu'une huître un soir de réveillon. Il faut dire qu'on demande à son personnage de penser avec autre chose (beaucoup plus bas) que sa tête. Obnubilé par l'idée d'avoir une descendance, il multiplie ses maîtresses. Le soucis, c'est qu'il est parfait dans un lit (belle scène avec Scarlett) ou assis royalement sur un trône, mais assez peu crédible en souverain ravagé par le désir et énamouré par les oeillades calculés de Natalie. Heureusement les filles rattrapent l'affaire. Natalie Portman et Scarlett Johansson sont à la fois belles (très) et bonnes actrices. Le charme piquant et vénéneux de Portman fait ici merveille. Elle est ambitieuse, sournoise et perfide mais elle a de l'esprit et un culot sans doute anachronique (mais bon, c'est Natalie tout de même). On adore la détester. On adore lorsqu'elle sourit de coin. On adore ses coups d'oeil noir qui dissimule à peine sa méchanceté. Sa soeur de film, Scarlett Johansson, est encore plus belle, mais plus lisse et froide. Elle est jolie comme un coeur qu'on dirait dessiné sur sa bouche. Elle est la gentillesse et l'amour incarnés. Ses yeux sont constamment humides de compassion, d'humilité, de crainte, de timidité, d'amour, de peur... C'est bien simple, on a presque envie de lui tendre un mouchoir papier à chaque fois qu'on la voit à l'écran. Rajoutons Kristin Scott Thomas en mère chapeautée et le charme poupin de Jim Sturgess, en frère dépenaillé.
Ma connaissance cinématographique sur l'Angleterre de cette époque s'étoffe donc encore un peu. Après les deux films de Shekhar Kapur consacrés à Elisabeth, ce film est centré sur celui de la mère de la Reine Vierge. Il ne manque plus qu'un film sur Marie Stuart et j'aurais une vision de l'époque. Il n'empêche que depuis que j'ai vu ces films, j'ai drôlement envie de me plonger dans les biographies de tous ces personnages. Et puis (message pour le Sage E.), la prochaine fois que nous retournons à Londres, nous filons voir les portraits de tous ces gens là à la National Portrait Gallery.
Deux soeurs pour un Roi - Justin Chadwick

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour info (mais peut-être es tu déjà au courant) un film sur Marie Stuart est prévu, avec Scarlett Johansson dans le rôle principal !...

Eric a dit…

Bah oui ! Je sais que le projet court depuis un peu plus de deux ans... Mais on ne voit toujours pas l'ombre d'un kilt sur l'écran blanc !
De toute façon, elle serait un peu fadoche Scarlett en Marie Stuart