1.5.08

Le grand alibi

Qui a tué le colonel Moutarde, dans le salon, avec le chandelier? Ce n'est pas, dans ce film, les mêmes personnages, pas les mêmes lieux ni encore les mêmes armes mais c'est bien le même principe. Le principe du cluedo pour une adaptation du Vallon roman d'Agatha Christie. Un groupe de personnes se retrouvent dans une grande maison pour passer un bon week-end jusqu'à ce que l'un d'entre eux meurt assassiné. Le meurtrier est l'un d'entre eux mais est-ce vraiment celui que tous les indices accusent?
Le film de Pascal Bonitzer ne s'attache pas tant à l'intrigue policière et criminelle qui est plus un arrière fond (pas très bien ficelé) pour mettre en lumière les relations et les sentiments d'un groupe de personnes. Le genre d'histoire où Paul aime Camille qui aime Pierre qui aime Cécile qui aime Pascal qui aime Paul, avec les secrets et les non dits qui vont avec. Le problème de ce genre de film couplé à une histoire de meurtre c'est qu'il faut tenir d'une main de fer tous les tenants et les aboutissants sans quoi le scénario peut partir dans toutes les directions et échapper à une logique crédible. Malheureusement, dans le film, c'est bien là que le bas blesse. Après une première partie aboutie, même si un peu longuette, où les personnages sont présentés de façon truculente, le scénario devient faiblard à partir du moment où la mort frappe et pire, il n'évite pas les facilités incompréhensibles, en multipliant les faux rebondissements et les elipses.
Pourtant, le film ne sombre pas dans le grand n'importe quoi et, malgré tout, on continue à regarder les déboires de ces gens là avec intérêt et même plaisir. C'est bien grâce à l'ensemble de la troupe d'acteurs qui apportent folie et fantaisie mais aussi une touche d'inquiétude parfois glaçante. Bonitzer s'appuie sur eux; les filme comme si il faisait une expérience. Il les pressure pour en faire ressortir le venin et la noirceur qui se tapissent sous leurs manières aimables et courtoises. Miou Miou est épatante dans son rôle de maîtresse de maison bien pensante. Mathieu Demy est pétillant en alcoolique dépassé. Lambert Wilson est arrogant en bellâtre (mais alors je veux bien avoir son corps quand j'aurais 50 ans!). Valéria Bruni Tedeschi est toujours aussi charmante. Anne Consigny est troublante. Céline Sallette est touchante. Seul Pierre Arditi est décevant, trop cabot pour être attachant.
Le grand alibi n'est pas un chef d'oeuvre, loin de là, et reste d'une facture trop classique et (peut-être) poussiéreuse mais il reste un gentil polar qui ne marquera pas les esprits mais dont le but est de divertir. Bien meilleur en tout cas que le calamiteux Mon petit doigt m'a dit de Pascal Thomas.
Le Grand Alibi - Pascal Bonitzer

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