Un homme, marié et père de famille, passe des vacances, en famille, dans une résidence de la Drôme. Une vie heureuse. Jusqu'à sa rencontre avec son voisin, homosexuel blasé de la vie. Une rencontre chamboule tout et qui remet en cause l'équilibre douillet de sa vie, dans laquelle il périclitait gentiment. Une discussion sur leurs visions de l'Amour jusqu'au petit matin jette le trouble chez les deux hommes.
Encore un film qui traite de l'homosexualité? Non pas vraiment. Je trouve plutôt qu'il s'agit là d'un film sur la place et la force de l'Amour dans notre société. Un film d'amour classique sauf qu'il s'agit de deux hommes. Loin des poncifs habituels pour ce type de film (même s'il en existe quelques uns : l'homo est forcement un mangeur d'hommes et coureur de boîte de nuit...), le film traite avec beaucoup de pudeur et de fragilité, des prémices d'un amour qui semble impossible et les remises en question qu'ils engendrent.
Un film sensible. Extrêmement sensible magistralement interprété par Bernard Campan, méconnaissable en père de famille paumé par les événements, ne sachant pas clairement exprimé les troubles qui le travaillent intérieurement et ses sentiments. Charles Berling endosse à la perfection le costume de l'homo quadragénaire blasé de la vie, revenu de l'amour mais qui se cache des blessures non cicatrisés. Et puis, il y a Léa Drucker. Ah la la, ses yeux; sa présence féline; son sourire mutin et espiègle; sa douleur de femme bafouée. Elle illumine ce film magnifiquement, seule au milieu d'un homme qu'elle aime mais qu'elle ne reconnaît plus et un homme dangereux pour son équilibre millimétré.
Zabou Breitman, grande actrice, signe ici un film poignant et émouvant et se montre aussi une très grande réalisatrice. Elle fournit un travail sur l'image magnifique, peut-être un chouillat trop appuyé pour démontrer l'intensité de certaine scène. Mais visuellement, le film est une petite merveille. Préférant souvent l'ellipse aux bavardages inutiles, elle suggère plus qu'elle ne fait dire à ses acteurs. Maniant la caméra avec sensibilité, elle glisse sur ses personnages avec habileté et une grande douceur; la caméra devenant comme une seconde peau des acteurs, intensifiant ainsi leurs états d'âme.
Je le répète, un film qui fait du bien.
L'homme de sa vie - Zabou Breitman
2 commentaires:
je l'ai vu aussi hier soir ... le trio Berling-Campan-Drucker est absolument magnifique. On ne sait plus qui est le plus désemparé dans cette histoire. Mais je trouve que Zabou ne va pas assez loin sur certains points : La scène où Frédérique perd son sang froid est un peu trop courte par exemple. En tout cas tout ce qui touche directement ce trio est vraiment excellent. Le reproche majeur que je formulerais porte sur des scènes pas forcemment très utiles même si elles sont poétiques: La jeune fille à la guitare, le tango qui dure qui dure ... En tout cas la réalisatrice a un réel talent de la mise en scène esthétique et il y a vraiment de très belles choses dans ce film. A voir ...
oups anonyme c'était moi
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