8.10.06

Le parfum de l'amor

Adapter au cinéma ce roman réputé inadaptable était un pari casse gueule. Beaucoup de grands réalisateurs ont essayé mais aucun n'a su relever ce défi. Comment rendre en images le fétichisme olfactif de Jean-Baptiste Grenouille? Tom Tykwer a tenté sa chance et s'en sort plutôt très bien.
Il réussit à peindre grâce à une photographie léchée et à une lumière éblouissante, une ambiance de la France d'avant la Révolution Française tout en odeurs. Sa vision du Paris de cette époque entre la puanteur des rues et les odeurs capiteuses de la Bourgeoisie est une véritable réussite tout comme l'est sa vision qui fleure bon le propre de la Provence, berceau de la parfumerie.
Au milieu de tout cela, un être doué d'un odorat hors du commun mais qui n'a pas d'odeur propre. Sa seule obsession est de capturer l'essence olfactive de toutes les choses qui l'entourent. L'odeur du bois, du fer, de l'eau, des hommes et des femmes qu'il croise. Sa perception de la vie n'est que senteurs, bonnes ou mauvaises. Passant pour un fou ou même pire, un monstre, aux yeux de ses compatriotes, il rêve de pouvoir créer le parfum génial, le parfum de l'Amour. Sa grande oeuvre, celle qui devra le faire reconnaître et aimer aux yeux de tous. Et cette obsession va virer au malsain et au morbide lorsqu'il cherche à créer ce parfum en récupérant les odeurs propres de jolies femmes quitte à les tuer.
Grenouille, présenté dans le roman comme un être difforme, est excellement interprété par Ben Whishaw, sorte de petite crevette inquiétante et mal fichue, au regard illuminé par sa folie. La jolie Laura est douce comme un bouton de rose à peine éclos. Deux mastodontes du cinéma : Dustin Hoffman perruqué et cabotin comme jamais et Alan Rickman qui pour une fois, joue tout en retenue le père inquiet de la jeune Laura. Le Sage E. est beaucoup plus dur que moi pour Rickman, mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce qu'il en dit.
Deux heures trente d'images pour rendre toute l'essence du roman. Le film suit le déroulé du livre sans trop en rajouter dans le misérabilisme. Une durée qui pourrait faire peur mais qui passe très bien. Pas une minute d'ennui. Des scènes parfois un peu longuettes par rapport à d'autres qui aurait pu être développées mais bon, ça passe bien.
Un seul bémol, cependant, la voix off qui traverse le film. Est ce qu'on est trop bête pour comprendre l'action du film pour que le réalisateur (les producteurs?) ait jugé bon de souligner les scènes clés du film?
Le Parfum, histoire d'un meurtrier - Tom Tykwer

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