7.10.06

Le pauvre destin...

... D'une carte postale anonyme.
Ceci est une histoire vraie ce qui rend ce récit encore plus terrible.
Il était une fois, une carte postale soigneusement sélectionnée pour représenter au mieux notre voyage à Berlin. Elle n'avait pas encore de destinataire désigné, mais elle était assurée de partir vers un autre ailleurs, punaisée sur un pèle-mèle en liège ou bien rangée au fond d'un tiroir débordant de mille et une autres de ces consoeurs. Elle aurait sa place dans une Tour de Babel visuelle. On la sent heureuse, cette carte. Elle va accomplir l'oeuvre de sa vie; ce pour lequel elle a été conçue.
Assis à la terrasse d'un glacier bruissant de cris d'enfants, et muni de ma plus belle bille bleue, je couche sur la carte offerte des mots souvenirs de notre passage dans la ville. Le soleil joue dans le reflet de mon verre d'eau. Des conversations dans la jolie et guturale langue de Goeth autour de moi. Des enfants qui hurlent dans le parc derrière moi. C'est presque la fin de notre séjour. Un peu de tristesse déjà avant le départ mais aussi beaucoup de joie d'avoir découvert la ville. Un peu de fatigue aussi, cinq jours de marche rapide laissent des traces. Cette carte sera tout cela à la fois. C'est la dernière de la série : elle sera parfaite. Il ne reste plus qu'à ajouter l'adresse du destinataire que je n'ai pas à portée de main.
Dans la précipitation d'un départ manu militari (ou presque), cette carte incomplète est placée avec celles de ses consoeurs qui sont, elles, prêtes pour le grand voyage. Et dans la même précipitation, elle est glissée dans la boite magique avec ses comparses. Mais à la différence de ces dernières, elle errera comme une âme en peine de destinataire. Elle devine déjà où se terminera son voyage sans retour à l'envoyeur : dans une poubelle, sans égard, dans l'indifférence totale et dans l'anonymat. Une moins que rien, un vulgaire morceau de carton glacé sans nom ni adresse. Personne ne se souciera qu'elle a été sans être devenue; que sa mission, la seule, est un fiasco complet.
La vie d'une carte postale n'est pas sans péripéties parfois fatales, comme on pourrait se l'imaginer. Une pensée pour cette dernière qui ne fut finalement rien. Une autre (plus grande) pour le destinataire qui ne recevra jamais cette carte.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Monsieur, Je vous conseille d'arrêter la fumette ! Il y a urgence !! Vous semblez bien trop réfléchir sur l'existence des choses et des êtres !! ZEN !

Eric a dit…

Cher Monsieur (ou cher ce que vous voudrez) !
Je fais ce que je veux avec ma fumette. Quant à réflechir sur l'existence des uns ou des autres, je vois que vous ne me connaissez pas ! Je ne reflechis pas, j'écris comme cela me vient en tête ! Donc raconter cette anecdote ainsi est mon choix et je sais mettre toute la distance entre ce que j'ecris et ce que je pense réellement d'une carte postale ! Ca s'appelle de l'ironie ou de l'humour...
Sur ces bonnes paroles bien trop réfléchies à mon goût, je reste ZEN et vous salue