17.10.06

Flagada. Ramolo. Et autres maux

J'traine un blues aussi long qu'une traine de ciel d'automne sur l'asphalte terni d'un trottoir sans lendemain . Je broie du gris qui tire dangereusement vers le noir, qui me donne l'air d'une gueule de bois. J'me traine comme un boulet sans âme, sans peine. J'me traine. Simple chose; vulgaire truc handicapé qui se demande encore à quoi il peut bien servir; anodin grain de poussière ballotté dans la masse crasse de la foule inhumaine. J'déprime à tous les étages : du sommet de mes cheveux qui tombent en une neige discontinue sur ma jeunesse passée, jusqu'au ras des paquerettes que je foule sans même y faire attention mais qui finiront par fleurir mon repos éternel.
J'me paume dans les eaux troubles d'un boulot où je ne suis pas plus qu'un vulgaire gardon qu'on appâte à coups de carottes, en cachant bien le fer solide de l'hameçon exterminateur. Il faut que je frétille ailleurs. Il en va de ma survie mentale. Il me faut prendre tout l'élan nécessaire pour le grand saut. Vers le ciel, ce vaste inconnu qui promet ses monts et merveilles. Des voix ailées m'appelent vers un jour certainement meilleur.
J'ai la rate qui s'dilatte, j'ai le foie qu'est pas droit. J'ai le ventre qui se rentre. J'ai l'pylore qui s'colore. J'ai l'gosier anémié. L'estomac bien trop bas. Et les côtes bien trop hautes. J'ai les hanches qui s'démanchent. Etc, etc. Il est grand temps pour moi, d'aller faire la visite de contrôle d'après trente ans avant de voir se terminer mon pauvre corps dans le même état que ma voiture qui a manqué de contrôles, techniques pour le coup.
J'me sens vieux. Tout fripé. Tout flétri. Les rides d'expressions de mes 20 ans sont devenues des rides de maturité à mes 30 ans et sont en passe de devenir des gouffres sans fond, renvoyant mes expressions charmantes du temps où sourire ne noyait pas mes yeux sous les plis de mes pattes d'oie vers une époque de légende, ma jeunesse primaire, mon siècle d'or. J'me sens vieux et fatigué. Le corps s'avachit. Vachement. Sans l'ombre d'une compassion pour sa jeunesse passée et ne se gène pas pour me jeter en pleine gueule les années où j'ai tout fait avec sauf de l'entretenir.
Flagada. Ramolo. Mou du flanc. Mou du genou. Mou de partout. Plus de peps. Plus de hargne. Plus d'entrain. Faut qu'je me r'prene. Faut qu'je dorme. Faut qu'je me r'pose. Faut qu'je me pose. Faut qu'je me bouge. Faut qu'je prenne des décisions.

2 commentaires:

Rafaele a dit…

Joie et bonheur !!! Never explain, never complain dit Elizabeth The second ! Si tu te sens vieux, nie que tu l'es, tu ne le seras pas !!

Anonyme a dit…

Bon alors ok, je sais bien que je n'ai pas toujours été des plus tendres avec ton age, mais bon du haut de ma vingtaine, c'est normal de prendre à parti ses ainés... Tout de même, je voudrais pas dire, mais je demande que ça moi de me retrouver aussi vieux que toi à 30 ans !!! Au delà de l'enveloppe, me semble aussi que la machine fonctionne plutot bien à lire ces merveilles, à connaitre un peu, un tout petit peu le monsieur et ses inspirations... Non, non, y'à pas idée de se mettre autant de vilaines choses dans le miroir... Je crois que j'ai une idée, va falloir que Kisling vienne vite se produire dans tes parages, parce que là t'as sérieusement besoin du petit suisse (je le suis aussi, suisse, mais je sais, je sais, j'chante pas aussi bien)
J'te fais plein de bisous, et puis oublie pas : t'es trop jeune pour être vieux...