22.9.06

L'iode et le savon.

Dimanche. Fondation Cartier. Exposition Agnès Varda. Dans l'escalier menant à la remarquable mise en image du passage du Gois de Noirmoutier.
Une femme, très digne, très 5ème arrondissement, et sa fille en petite fille modèle (robe bleue marine et chemisier blanc avec des chaussures noires et vernies sur petites soquettes blanches avec petit noeud rose) descendent l'escalier en parlant relativement fort. Je suis assis sur ce même escalier à regarder descendre et montée la marée, en attendant le Sage E. parti ce rafraîchir. Sur une chaise, une agent de salle baille aux corneilles.
La femme qui babillait dans un long monologue que sa fille, visiblement, n'entendait pas, arrête sa démonstration philosophico-artistiquo-bobo en plein milieu d'une phrase, comme frapée par un uppercut invisible.
Elle :
- Alors, ça ! C'est très fort. Tu sens? C'est génial. Elle a été jusqu'à parfumer son exposition. Ca sent bon. Ca sent la mer. Tu sens? On est loin là. Nous ne sommes plus à Paris. Franchement...
(Elle prend à partie l'agent de salle).
Elle :
- Mais comment a t-elle fait pour que cela sente la mer? C'est une odeur de synthèse, n'est ce pas?
La jeune agent de salle :
- Je ne crois pas que cela sente la mer...
Elle :
- Mais si ! C'est l'iode. C'est le sel. C'est la marée. C'est TOUT Noirmoutier.
La jeune agent de salle :
- Non, non ! Je vous assure. Ces odeurs ne font pas partie de l'exposition. Et il n'y a jamais eu d'odeurs de mer ici...
Elle :
- Mais qu'est-ce alors? Cette odeur...
La jeune agent de salle :
- La seule odeur que je sens ici, c'est le savon des toilettes qui se trouvent juste ici...
La femme, se redressant et se drappant dans un un long voile de dignité, se detourna de la jeune agent de salle, ignorant sa présence superbement, et reprit son long monologue avec sa fille qui aurait préféré être ailleurs que dans cette salle. Visiblement.

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