27.9.06

Ceux qui sont nés...

... Le lendemain de la chance.
On dit sans arrêt, je n'ai pas de chance. Pour un oui, pour un non. Tellement souvent et pour tout et n'inporte quoi, que la notion (si notion il y a) de chance en devient galvaudée. Entre ce qui n'ont pas la chance de gagner au loto pour arrêter de travailler et se la couler douce sur un hamac à Tahiti; ceux qui n'ont pas la chance de connaitre le grand amour et de se la couler douce dans un hamac à tahiti avec celui qui a eu la chance de gagner au loto; ceux qui n'ont pas la chance d'avoir des parents communistes et ceux qui n'ont pas la chance de me connaître; cela voudrait dire que 99,99 % des habitants de cette épingle bleue n'ont pas la chance. Vraiment?
Moi je vais vous dire. Ces petites vexations égocentriques de ne pas avoir une vie toujours plus belle, toujours meilleure et toujours plus facile, c'est du pipi de chat (noir) à côté de ceux qui ont la poisse. LA POISSE. La vraie. Les malchanceux existent. Je les ai rencontré. J'en connais deux. Des malchanceux. De ceux qu'on regarde avec pitié et inquiétude tellement on se dit que ce n'est pas possible tout ce qui leur tombe dessus. Ceux, de qui la malchance, ne font même plus rire parce qu'à ce niveau là, on ne peut plus rire pour se moquer.
R. a la chance de me connaître mais c'est peut être bien la seule qu'il ait. Je plaisante. Ce n'est vraiment pas une chance pour lui. R. n'est pas chanceux. Il lui arrive des choses, mais des choses invraissemblables mais (pour son plus grand malheur) bien réelles... Il casse ses clés dans les serrures, ou bien les oublie dans la l'appartement en claquant la porte. Il s'entaille la main avec un photophore qui a décidé d'exploser justement dans sa main, ou bien en faisant la vaisselle. R. est capable de se luxer l'épaule en dormant (si si), ou en faisant du ski ou en nageant. Et j'en passe et des pas très sympathiques pour lui. Il continue pourtant à croire fermement qu'une bonne étoile veille sur lui et qu'un jour ou l'autre la vie sera meilleure. Et que même, c'est pour bientôt, dans le dernier tiers de cette année. C'est l'horoscope qui le dit, alors il y croit dur comme chair en main.
M. a aussi la chance de me connaître. Mais comme pour R. est-ce vraiment une chance pour elle? Je ne crois pas que cela change quoi que ce soit à ses histoires. M. aime les vélos mais les vélos, eux, n'aiment pas M. On ne sait pas pourquoi. C'est comme ça. C'est cyclique. La roue qui tourne, mais souvent à plat. M. partait souvent de bon matin en vélo à travers les rues de Paris mais revenait régulièrement chez elle à pieds parce que son vélo avait crevé ou avait été volé. Un jour, M., énervée de toutes ces aventures rocambolesques, décida d'acheter le must du vélo. Un bien beau étincelant avec toutes les options et, surtout, avec la chaîne antivol béton qui va avec. Ah non ! Celui là on ne lui volera pas, se disait-elle. Il est vrai qu'on ne lui vola pas. Cependant, elle n'eut pas le loisir de s'en servir bien longtemps quand un jour elle cassa la clé dans l'antivol qui tellement béton refusa tout net de céder devant toutes les tortures qu'on lui imposa pour le faire sauter. Et tous les matins, M. passait à côté de son vélo qui attendait sagement, fermement attaché à son poteau. Elle en était dégoutait. M. persista à croire qu'un jour un vélo lui resterait plus de trois mois entre les mains. Elle est obstinée M.
M. a les boules. Elle a encore son vélo, mais on lui a volé son sac à main, dans son bureau, presque sous son nez. On lui a volé aussi sa voiture. Forcément, ses clés étaient dans le sac volé. Elle est donc rentrée à pieds et a dû appeler un serrurier puisque les clés de l'appartement s'étaient aussi volatilisés. Journée de merde quand tu nous tiens, c'est jusqu'au bout que tu t'acharnes. M. est dégoutée parce qu'elle est seule à affronter tout cela et que nous ne pouvons que lui adresser un soutien moral de loin mais bien réel.
La malchance et la poisse existent bien pour certain. Et, on est bien malin avec nos on n'a pas de chance, il pleut ce matin. Ce qui est le pire dans tout cela, c'est de se dire que la chance existe pourtant pour d'autres. Les nantis, ceux qui n'ont qu'à se baisser pour ramasser amour gloir et beauté, sous le premier sabot de cheval qui passe. Mais on s'en fout. On ne va pas pleurer sur leur sort non plus.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ceci te vaut donc mon premier commentaire.. et mes remerciements sincères!
C'est bon de se sentir soutenue.. et de savoir qu'on n'est pas la seule abonnée aux histoires pourries (désolée R.).

Anonyme a dit…

C'est la faute à Voltaire !