13.4.06

Une valse à trois temps

Trois générations d'artistes. Trois époques. Trois expositions universelles parisiennes. Trois supports d'expression artistiques en phase avec son époque. Trois histoires qui ne sont finalement qu'un éternel recommencement d'une même romance à travers les âges.
1867. Une danseuse étoile à qui le succès sourit, est sur le point de tout abandonner pour l'amour d'un beau marquis, capitaine de l'armée napoléonienne. Ils s'aiment envers et contre tout dans la fougue rageuse de leur jeunesse.Mais les histoires d'amour finissent mal en général. Celle ci n'echappe pas à cette vérité. La mésalliance du marquis déplait au conseil de famille qui menace ce doux bonheur promis. La pauvre danseuse ne pouvant accepter un tel sacrifice de la part de son amoureux, par amour, abandonne là son Roméo et fuit vers Londres où la gloire l'attend.
1900. Une jeune actrice est devenue la nouvelle égérie de la scène parisienne. Elle a l'insouciance de sa jeunesse facile, un amant mécène qu'elle traite en vulgaire toutou. Le soir de la première d'une pièce sans autre intérêt que la présence de la nouvelle coqueluche du Tout Paris, elle est présentée à un jeune nobliot pédant, coureur de jupons et noceur invétéré qui dilapide sa fortune en alcool, maîtresses et automobile (une nouveauté du dernier chic mondain capable de faire le trajet entre Paris et Fontainebleau en quatre heures à peine). Une période de jeux séducteurs ebtre rejets gentils d'un petit rire dédaigneux et acceptations de la profondeur d'un regard envieux. Temps d'apprivoisement vite dépassé par la naissance d'un attachement amoureux. La jeune actrice n'est autre que le fille de la danseuse rencontrée en 1867 et le jeune dandy , le fils du marquis. En répétition de l'histoire avortée des parents, ils tombent amoureux et se promettent les plus beaux moments de la vie. L'actrice éperdue d'amour décide derechef d'abandonner sa jeune carrière et de suivre son amoureux. Mais la belle est professionnelle et accèpte malgré tout de jouer une dernière fois tandis que son chéri doit venir l'enlever. Ce dernier trouve la loge vide et sans explication, s'en retoure déçu et déconfit, abandonnant tout espoir et jurant tous ses grands dieux qu'on ne le reprendra plus jamais.
1937. Une starlette capricieuse et emmerdeuse commence le tournage d'un film , comédie musicale, retraçant la vie de sa grand mere, la plus grande danseuse du siècle dernier. Le producteur, répondant aux exigences des investisseurs, transforme cette biographie en bouffonnerie multicolore à des années lumière de la réalité. Le jour du premier tour de manivelle, un jeune homme timide se présente à la production pour exiger la non-utilisation du patronyme de son grand père qui est tourné en ridicule. Le producteur, flairant le bon coup publicitaire, retourne la situation en lui confiant le rôle de son aïeul. L'actrice, condescendante, rabaisse le pauvre débutant. Mais de réglements de compte en vacheries bien senties, les deux jeunes gens se rapprochent et s'attirent. L'éternelle histoire liant ces deux familles peut de nouveau recommencer.
Danse. Théâtre. Cinéma. Trois expressions artistiques évoquées dans une opérette, qui serait un quatrième support lui même, à mi chemin entre le théâtre et l'opéra. En soit, le livret n'a que peu d'intérêt dramatique. L'intrigue pouvant tenir en deux lignes pour chacun des actes, le reste n'est que remplissage. Ce qui est plus intéressant, c'est l'évocation d'une sorte de destin qui lierait deux personnes à travers les âges. Idée totalement romantique mais à laquelle j'ai envie de croire. Ce serait si beau. (Oui je sais, je suis un romantique rêveur, mais bon...)
La mise en scène est enlevée et joyeuse. Très peu mais très bien chantée. Le plaisir aurait été total s'il n'y avait eu les débordements d'une classe de petits cons, lâchés dans la nature du théâtre par une professeur alcoolisée au champagne, incapable de tenir sur ses jambes à l'issue de la représentation.
Trois Valses - Oscar Straus - Opéra Comique

Aucun commentaire: