14.4.06

A l'unisson


"Les arbres sont couverts de fleurs, les étangs plein de lotus, la brise est parfumée et les nuits aussi délicieuses que les jours. ô être aimé, toute beauté est sublimée en cette saison ! Les jeunes filles au coeur en émoi transpersé par le chant plaintif du koel et le bourdonnement des abeilles errent sans but. Telle une incarnation de Cupidon, le printemps arrive dans toute sa splendeur, gagnant tous les coeurs."
Ritusambar, poème sankrit écrit par Kalidas au VIème siècle.
Première fois envoutante de danses traditionnelles indiennes : l'odissi et le bhârata natyam. Chacune des deux danseuses, virtuose dans leur styles, ont décidé d'associer ces deux danses en explorant les différences et les similitudes de la structure commune à toute expression dansée. La danse indienne extrèmement codifiée dans la gestuelle, la posture des corps et les expressions du visage me semblait, vu de loin, difficile d'accès. Mais dès les premières notes de musique de l'orchestre traditionnel, présent sur scène et les premiers pas des deux danseuses, la magie opère. Envoutante, exaltante, entêtante, ensorcelante, inquiétante parfois. D'une pureté méticuleuse dans les gestes délicats des mains et des pieds, des mouvements saccadés des têtes. Des visages tantot figés tantot débridés mais toujours extrèmement expressifs. Il y a beaucoup du théâtre grec antique dans cette danse. J'ai souvent pensé aux masques que portaient les acteurs sur scène tant les expressions était parfois outrées et figées. A les voir évoluées en duo ou en solo, on se trouve transporté avec les danseuses dans l'évocation de la naissance printanière ou dans un réglement de compte divin. Les corps, les mains, les visages se lancent dans des dialogues muets mais gestuels. Les costumes magnifiques, les bijoux dorés et nombreux, la musique qui vous oblige à taper le rythme avec votre pied, tout concourait à une évasion abstraite vers les senteurs et les images des bords du Gange sacré. Magnifique et magique.
Je craignais tellement que le Sage E., qui avait remplacé au pied levé un départ mal organisé, ne soit fermé à ce type d'ambiance (n'étant pas moi même sûr d'y être sensible). J'ai même failli annuler le spectacle, carrément. Et puis non. J'ai bien fait. Il était subjugué et complètement charmé par ce qu'il venait de voir. Plaisir doublé pour moi. Et maintenant, il insiste pour découvrir le pays de Shiva et Ganesha. Il viendra, dans pas longtemps, à la vision d'un Bollywood en entier, je le pressens.
Samanvaya - Alarmel Valli & Madhavi Mudgal - Théâtre des Abesses

2 commentaires:

Rafaele a dit…

un départ mal organisé ???

Eric a dit…

pourquoi mal organisé?