16.4.06

Gens bizarres et compagnie # 4

C'est incroyable. J'attire les paumés, les cinglés, les bourrés aussi surement que des abeilles sur un pot de mièle. Si il y en a un dans un rayon de cent mètres autour de moi, je peux être sûr qu'il est pour ma pomme.
Ce matin, bien calé dans mon fauteuil de cinéma, en plein milieu de la salle, j'attendais tranquilement le début de la projection de mon film. La salle est pleine. A ma droite, un couple bon chic bon genre (qui trouve consternante la bande annonce de Camping, qui moi me fait mourir de rire). A ma gauche, un siège vide sur lequel j'ai posé mon manteau et, à côté, un garçon pas comme les autres ©. Les lumières s'éteignent et le film commence. Le générique est magistral. Mes mirettes sont grandes ouvertes : c'est parti pour une heure trente de divertissement cinématographié.
Un coin de ma rétine choppe la lumière blanche de la porte d'entrée à la salle. Pff ! Encore un retardataire. Je le devine dans la pénombre cherchant un siège libre; il y en a plein devant ça devrait aller pour lui. Mais, je ne sais pas pourquoi, je sens que son regard m'a accroché. Oh non...
Le gars effectivement dérange toute la moitié de la rangée pour s'installer sur le fauteuil à côté de moi. Il demande confirmation à son voisin de gauche si c'est bien Jean Philippe qui est projeté. Et sans doute pour en être sûr, me pose la même question... A haute et intélligible voix. Je ne le sens pas le gars. Il a une voix de castrat mal castré et des relents d'oignons entre les dents (il me parle bien au niveau du nez et je vois très fétidement d'où viennent ces odeurs). Il s'installe et entreprend de regarder un à un ses voisins... De près. Je me confine sur l'accoudoir opposé, en m'evertuant à ne pas le regarder, à ne pas l'écouter et donc à ne pas lui répondre. Rester concentré sur le film. Mais avec toute ma meilleure volonté, je sens que je vais avoir du mal à me concentrer. Puisque le gars sort son portable pour appeler sa môman et lui dire qu'il était bien arrivé au cinéma et qu'il était dans la salle et que ses copains ont choisi un autre film etc, etc... Tout cela, bien sûr, à très haute voix. La salle commence à réagir avec des "on s'en fout de ta vie", "la ferme" et autres "silences". Il raccroche et se tourne vers moi en me disant sur le ton de la confidence : "ils sont pas contents dis donc". Je ne peux que lui répondre un "chut" énervé.
Le film étant consacré à une des plus grandes stars de la chanson française, il y avait donc beaucoup de standars de ce même chanteur. Et mon voisin chantait à tue-tête... Faussement. Et toujours avec sa voix très peu harmonieuse. J'avoue qu'au bout d'un moment, je l'ai regardé interloqué. Il était pas bien ce type. Il avait un problème... Ce n'est pas possible autrement. Le film étant une comédie, j'ai beaucoup ri. Et j'ai eu le droit, à chaque fois à "c'est drôle, hein? Hein, c'est drôle?" Mais moi, stoïque, je faisais abstraction. En plus, je suis blouqué. Pas moyen de changer de place sans déranger toute une moitié de rang. Tant pis, je vais faire comme si de rien n'était.
Mais je crois que le plus déroutant fut son obsession pour les toilettes. Dix minutes après avoir raccroché avec sa môman, le gars me dit "toilettes". Pensant qu'il me demandait où se trouvaient les toilettes, je lui indique la sortie de la salle. Il me répond "non après". Il a bien dû me faire le coup, quatre ou cinq fois pendant le film. Un peu gonflant. Le générique de fin du film défilait sur l'écran avec les deux acteurs chantant en duo. Le gars me dit que le film était bien. J'acquiesce mollement de la tête. Puis soudainement, il me dit à nouveau "toilettes" suivi de "pipi" et "caca". Avant qu'il ne fasse sur son fauteuil et devant moi, je lui indique les toilettes, à l'extérieur de la salle. Mais il me dit "non. Toi. Après, pipi, caca", d'un ton affirmatif. J'ai poussé des yeux ronds de surprise, en me disant mais qu'est ce qu'il me fait lui... Je lui réponds que non, tout va bien pour moi. Mais il insiste "après alors? Chez toi? Pipi, caca?" Alors là, j'ai pris peur et j'ai pris mes cliques et mes claques et mon manteau aussi et je suis sorti bien vite de la salle, talonné de loin par l'énergumène.
Non mais franchement. Comme une abeille sur un pot de mièle, je les attire.

2 commentaires:

E. a dit…

je te l'ai dit : ILS sont parmi nous !!!
(ceci dit : je confirme : la bande annonce de CAMPING est consternante....)

Eric a dit…

Hannnnn !!! Tu peux pas dire ça !
Encore un film que j'irais voir seul alors...