16.9.08

Annie Leibovitz à la MEP

Vendredi soir, à deux jours de la fermeture de l'exposition, nous sommes allé voir la rétrospective consacrée à la photographe américaine Annie Leibovitz, à la Maison Européenne de la Photographie. A force de remettre à plus tard ce qu'on veut voir, on a bien failli la rater cette expo là.
C'était la première fois que je mettais les pieds à la MEP. L'endroit est sympathique et accueillant. A la fois d'un autre temps et très moderne. Le lieu a de quoi séduire. Il n'y a pas foule. De toute façon, le Parisien, un vendredi soir, pense d'avantage à son week-end qu'à une exposition qui se termine.
Annie Leibovitz, je la connaissais assez peu, finalement. Pour moi, elle restait surtout la photographe de la reine Elisabeth en mai 2007. Dans ma petite tête à rangements bien ordonnés, je l'avais classé dans le tiroir, photographe in de stars très chics et glamour; une photographe star à la mode, sans autres ambitions que d'afficher des beautés glacées et glaçantes. Allez savoir pourquoi je pensais ça ! En me renseignant sur elle, il y a quelques mois, je fus surpris par son parcours. Par son âge aussi (je l'imaginais trentenaire). Et puis par son travail, raffiné parfois clinquant mais avec à chaque fois une belle lumière.
L'exposition à la MEP retrace son parcours de 1990 à 2005. Parcours professionnel et intime. Séries de portraits (Brad Pitt, Scarlett Johanson...), de paysages (le Grand Canyon, la Jordanie...), de reportages (à Sarajevo) mais aussi clichés de famille et photographies intimes (la photographe enceinte). On y voit étroitement mêlé des sujets lisses faits pour des magazines (Rolling Stone, Vanity Fair...) au graphisme parfait, formel et scénarisé; des sujets plus forts photographiés sans fioriture, bruts et percutants. On se rend ainsi vite compte que la vie et la mort occupent une place centrale dans son travail. Le vieillissement, la maladie, la disparition, le temps qui passe cruellement sont des thèmes qui sont abordés par la photographe, par touche, presque par hasard. Les photos de familles qui au fur et à mesure des années voit la vieillesse gagner chacun de ses membres. La vie aussi, avec cette fixation qu'elle a sur la femme enceinte, magnifiquement symbolisée par Demi Moore au ventre arrondie ou par son propre auto-portrait alors qu'elle attendait son premier enfant.
Une salle est consacrée au travail d'élaboration d'un livre sur le travail de Leibovitz; livre qui reprend finalement la trame de cette exposition et qui sert de catalogue aussi. Sa démarche, ses rapprochement qu'elle a pu faire dans son travail sur cette longue période. Sur de grands murs, un amas de photographies mises bout à bout sans ordre, sans logique. Un kaléidoscope où se retrouvent les deux aspects de la photographe : l'aspect public et l'aspect intime. "Je n'ai pas deux vies distinctes, dit l'artiste. J'ai une vie, et les photos personnelles en font partie au même titre que les œuvres de commande." Cette exposition reflète très bien son point de vue.

Daniel Day Lewis par Annie Leibovitz

Je mets cette photographie, présentée dans cette exposition et que je trouve sans doute la plus belle.


Annie Leibovitz, La vie d'une photographe 1990-2005 - Maison Européenne de la Photographie.

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