20.11.07

J de G + 1

Jeudi 15 novembre.
Le site de la RATP l'avait dit : à la demande des syndicats, le mouvement social a été reconduit pour le jeudi 16.
Bon, ben là, il n' y a pas à dire, pas à faire, cette fois ci, je suis concerné. LA poisse commence. La bonne nouvelle, c'est que je commence le travail à 14h00. La mauvaise nouvelle, je finis à 22h00. Pas ou peu de trafic sur la ligne 4 et la ligne 12 est fermée. Forcément...
Après une consultation au sommet avec le Sage pour choisir la meilleure option possible pour aller à Issy les Moulineaux, je me suis engouffré dans l'antre d'un autre monde. Il était à ce moment là, 11h45. Le trajet retenu est de prendre la ligne 11 jusqu'à Hôtel de Ville où je récupère la ligne 1 jusqu'à La Défense,son terminus et de là prendre le tramway d'un bout à l'autre.
Arrivé sur le quai de Place des Fêtes, un Sage conseil me revient en tête : "si dans la rame tu veux survivre, ni au début ni à la fin tu te mettras". Je me place donc au centre du quai et j'attends... J'attends... J'attends 20 minutes qu'une rame daigne enfin pointer le bout de ses phares. Pendant tout ce temps une voix blanche et nasillarde dans un micro nous intime l'ordre de ne pas aller sur la ligne 7bis qui est complètement fermée. Toutes les 30 secondes, le message nous saoule les oreilles. Une grave envie d'étrangler quelqu'un commence à poindre dans mon esprit.
Effectivement les premières voitures sont archi-bondées alors que celles du centre sont encore accessible. J'entre dedans sans problème et me cale dans un coin où je ne serais pas trop écrasé si cela arrivait. Mais jusqu'au changement j'ai pu respirer à mon aise. Par contre, vu le temps passé à chaque station, je n'ose même pas imaginer ce qui se passe dans les voitures avant. Des gens qui n'arrivent pas à sortir ou des gens qui n'arrivent pas à entrer et qui forcent pour arriver à leur fin au milieu des cris des autres... Non je n'ose pas l'imaginer. C'est bien pire, je vais le vivre.
La ligne 1. Direction la Défense. Il y a beaucoup plus de monde. La prochaine rame est annoncée dans 15 minutes. Pendant tout ce temps, le quai se remplit de plus en plus. Le conseil du Sage toujours en tête, je me mets en milieu de quai. Mais ce qui vaut pour la 11 n'est pas vrai pour la 1. La rame est bondée. Des joues sont plaquées sur les vitres des portes et me font penser à des méduses gélatineuse échouées sur une plage normande et écrasées par des gamins. Trois ou quatre personnes sortent comme elles le peuvent de la voiture, vingt autres veulent y entrer. J'y rentre sans trop de difficultés mais je suis poussé voir déséquilibré par les autres. J'ai la drôle d'impression d'être une cacahouète dans un son sachet sous vide. Une petite mamie chétive se tient à mon bras, pendant quelques secondes, pensant sans doute y trouver une accroche solide. La pauvre, elle disparaît assez rapidement de ma vue. Mais un solide gaillard lui servira de rempart bien plus efficace que moi. La rame quitte la station. Enfin. Je suis dedans, je vais pouvoir arriver là où je veux. Chaque station est un éternel recommencement. Bousculades, cris, le chacun pour soi, les pieds écrasés, le manque d'espace vital avec mon compagnon de fortune. Des personnes se sont mises debout sur les sièges de la rame. Le voyage me parait durer une éternité. Lorsque les portes s'ouvrent enfin sur les quais de La Grande Arche de la Défense, un souffle de soulagement envahi tout le monde. Pourtant, pour moi, le périple ne s'arrête pas là.
Heureusement, le tramway fonctionne normalement. je n'attends qu'une minute et me voici en route pour Issy. Trente minutes reposantes de transport dans la banlieue chic. De beaux immeubles, de belles villas, le parc de St Cloud et ce qui reste du château, le musée de Sèvres... Je me laisse bercer par les légères secousses du train. Je suis vidé; plus aucunes forces (heureusement que je suis en cure Juvamine en ce moment). Mon état de stress se calme d'un coup et me plonge dans un état de somnolence. Si je me laissais aller, je crois bien que je pourrais m'endormir. Mais le but final arrive vite. Je n'ai jamais été aussi heureux d'arriver au travail. Il est 14h00. Il m'aura fallu 2h15 alors qu'en temps normal il m'en faut 45 minutes. Une pensée m'abat le moral pourtant : et ce soir, comment je fais moi?
Toutes les heures, je regarde défiler les bulletins d'information de la RATP et ça ne va pas en s'améliorant. En milieu d'après midi, on me poropose un co-voiturage pour le lendemain pour un depart à 7h00. J'hésite. Je finis à 22h00. Quand vais-je pouvoir dormir? J'ai l'accord de la dircetion. Bingo ! Demain au moins, je ne prendrais pas le métro. A 20h00, le trafic est quasi bloqué sur toutes les lignes. Ma boite à imagination commence à me dessiner son scénario le plus noir et je me voyais devoir traverser Paris à pieds pour rentrer. J'en touche un mot à mon cadre qui finit par me lâcher un taxi pour le retour. Soulagement. Je respire. Un tracas de moins. Merci patron.
Il est 22h00. Le taxi est bien là comme prévu. Il roule comme un sagouin, m'obligeant souvent à serrer les fesses et à fermer les yeux. Mais cela est une autre histoire...

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