19.11.07

Jour de grève

Mercredi 14 novembre.
C'est la grève. Encore une fois. Suite à un mouvement social, le trafic est très perturbé sur le métro, les bus et les RER. Ne parlons même pas des trains de la SNCF. Lorsqu'on entend "très perturbé", il faut comprendre qu'il n'y a quasiment pas de transport. Il faut alors imaginer les scènes de folie pure sur les quais des stations de métro. Il faut aussi imaginer les kilomètres de bouchons en région parisienne.
Le Sage E. a trouvé une solution pour ce matin. Un collègue l'attend pour l'emmener au travail en voiture. Le co-voiturage va sauver pas mal de situations délicates. L'inconvénient c'est qu'il faut qu'il se lève à 6h00 pour pouvoir véliber jusqu'à pas loin de Bastille. Et il n'aime pas ça, se lever tôt.
Moi, j'ai une chance relative, je ne travaille pas aujourd'hui. Je ne serais pas directement impacté par tout cela. Bon, évidement, ça m'empêchera d'aller au cinéma (je ne pourrais donc pas aller voir ONCE) mais s'il le faut, je peux toujours aller à pied jusqu'au MK2, à côté de Jaurès.
En jetant régulièrement des coups d'oeil sur la place des fêtes, je vois que l'arrêt de bus se remplit de plus en plus. Tout ce monde qui attend dans le froid (tant qu'à faire, le froid fait des siennes aussi) ! Je me demande bien comment toutes ces personnes vont pouvoir rentrer dans un bus qui ne passe qu'une fois par heure. Les fous. Les pauvres.
Ce soir, nous avons un spectacle, dans le cadre d'un abonnement pour 10 personnes, au théâtre des Abbesses. C'est un spectacle de Shantala Shivalingappa, une danseuse indienne que nous aimons bien. Il va y avoir du désistement. Déjà, le 14ème ne viendra pas dans le 18ème. Je refuse de me laisser pourrir ma vie sociale par des égoïstes. Je ferais les presque 5 kilomètres à pied. Il fait vraiment froid à 18h00. Je regarde tout de même si les bus fonctionnent, histoire de me rapprocher un peu, mais je vois toujours une trentaine des personnes qui attendent l'arrivée d'un hypothétique bus. J'espère seulement que ce ne sont pas les même personnes qui attendent depuis le matin.
Il fait nuit. Il fait froid. Les passants marchent vite, la tête baissée, pressé de rejoindre la chaleur de leur maison. Les voitures n'avancent pas, pare choc contre pare choc, et le klaxon consciencieusement enfoncé. C'est la cacophonie. Je marche moi même vite, pour oublier le froid. J'ai pourtant le temps mais il faut bien que je me réchauffe. L'itinéraire bien en tête, j'avance sans regarder autour de moi, complètement abasourdi et désorienté par le bruit. Le boulevard de la Chapelle n'est que bruits et fureurs. Klaxons, sirènes et bruit de foules réussissent à me faire perdre mes repères et me plonger dans un étrange malaise.
Heureusement, j'arrive très vite rue d'Orsel. La rue des Abbesses n'est plus très loin. Les bruits de circulation du boulevard ne sont plus qu'une vague rumeur. Je m'installe à une table de la terrasse du Café St-Jean, sous une lampe chauffante. J'ai bien mérité mon demi de bière après cette heure quinze de marche. Le Sage E. et Dame A. sont bloqués dans les bouchons. Une autre Dame fait le chemin à pied; tandis qu'un autre est enlisé dans le magma humain d'une station de métro. Une autre encore pédale, pédale sur son nouveau vélo bleu. Le 14ème ne se risque même pas à venir. Christophe Alévêque se fait courser dans la rue par un serveur. Mais cela est une autre histoire...

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