26.3.08

Paques et de poubelles

Les réveils sont difficiles en ce moment. Depuis le début du mois, j'enchaîne les matinées. Le réveil est matinal, en général à six heures. Les nuits sont courtes puisque je n'arrive pas à m'astreindre à me coucher tôt le soir. Je ne suis plus habitué à me lever tôt; déjà que je n'aime pas trop cela en temps normal.
Vendredi, je débutais ma semaine, super heureux à l'idée de passer le week-end de Pâques au travail. Le fait de le faire en matinée était encore plus difficile à avaler. Comme d'habitude, le premier et le deuxième réveil se passent plutôt bien. Je ne dirais pas que je suis de la toute première fraîcheur mais ce n'est rien comparé au réveil des jours qui suivent. La fatigue a eu le temps de bien s'installer. Il faut dire qu'il n'a pas été facile ce week-end là.
Lundi matin, troisième réveil. Il est encore six heures. Je grogne quand j'entends le flash info à la radio. L'envie me prend de balancer le radio réveil par la fenêtre mais je n'ai même pas le courage de mettre le projet à exécution. Je n'ai vraiment pas envie de me lever. Je veux encore dormir. Je traîne au lit, essayant de grappiller tout ce que je peux à la douceur de la couette. Mais il faut que je me lève, je n'ai plus le choix. Je suis au radar. Je regarde hébété ma mine endormie dans le miroir de la salle de bain sans savoir par où commencer. C'est mauvais signe. La douche n'y change rien. J'ai toujours l'air terne; le dessous des yeux en berne. Je me sens maussade, un rien m'irrite. Une journée de merde s'annonce.
Il est presque sept heures, l'heure de partir travailler. L'idée de prendre le métro aussi tôt un jour férié me donne presque envie de pleurer. Il me faut un éléctro choc presque surhumain pour m'auto motiver. Avant de fermer la porte de l'appartement, j'attrape le sac de poubelle qui traîne à l'entrée de la cuisine. C'est plus un geste automatique qu'une volonté de les descendre. Il n'empêche que j'ai le sac dans la main quand je rentre dans l'ascenseur. Pendant toute la descente vers le zéro, je me scrute dans le miroir. J'ai les yeux encore gonflés de sommeil, j'ai l'impression que j'ai le teint jaune. Je ne ressemble à rien et ça m'énerve encore plus.
L'air froid de la rue me fouette le visage, faisant perler quelques larmes au coin de l'oeil. J'avance comme un zombie. Sur la place des fêtes, la grande brocante de Pâques se prépare. Je regarde en passant des caisses de vieux livres qui s'entassent sous les abris jaunes et blancs. Un siège en velours or attire mon regard, c'est un joli objet; tout comme cette armature de lit en fer forgé ou encore cette petite lampe art déco en forme de corolle de tulipe. Je passe entre les étalages qui se dressent. Dommage, cette année encore je n'en profiterais pas pour fouiner quelques jolis objets. Ça y est la bouche de métro se dresse devant moi. Cette grande gueule ouverte me happe et m'entraîne dans les entrailles de sa station. J'arrive en bas de L'escalator quand un bruit de plastique froissé attire mon attention.
Je regarde médusé le bout de ma main qui tient encore mon sac poubelle. Ma première réaction a été de regarder autour de moi, voir si personne n'était témoin de ma très grande honte. Heureusement, c'est un jour férié et de très bonne heure. Il n'y a personne. Incapable de réfléchir posément, j'ai commencé à vouloir rebrousser chemin pour aller déposer mon sac dans son grand bac vert habituel. Et puis, un flash m'a secoué. Il faudrait retraverser la place des Fêtes et toutes ces personnes qui installaient leurs bric-à-brac. Mon dieu ! J'ai traversé la place des Fêtes et toutes ces personnes qui installaient leurs bric-à-brac avec mon sac poubelle dans les mains. Je me sens rouge comme une pivoine et vraiment très, très con. Il est hors de question que j'y retourne ! Je fourre mon sac de déchets dans la première poubelle de la station venue et je file aussi vite que je le peux, en m'ayant bien assuré que personne ne m'avait vu faire.
Ce n'est qu'une fois installé dans la rame que j'ai pensé aux caméras de surveillance. Quelqu'un, je ne sais où dans une salle de contrôle, m'a sans doute vu faire. Une honte galopante m'envahit. J'ai envie de me cacher. Un oreiller vite que je me cache. Et puis, après avoir revécu la scène une énième fois dans ma tête, j'ai commencé à rire de la situation. Après tout, je n'avais que ça à faire. Je n'allais pas pleurer sur mon sort. Il était trop tard pour cela et cela était sans doute bien disproportionné.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est où le problème ? Si l'être le Français se regardait moins dans la glace, tout irait mieux ! Aux USA, personne ne juge les autres dans la rue (je parle des grandes villes bien sûr), il faut VIVRE ! et ne pas se renfermer sur soi au cas où l'on serait regardé ! et alors ???