26.3.08

Le nouveau protocole

Le fils d'un bûcheron mal rasé meurt dans un accident de voiture qui serait, peut-être bien en fait, le résultat d'une conspiration d'un gros groupe pharmaceutique qui fait des essais, pas bien du tout, de médicaments non homologués par la sécurité sociale (ou un truc comme ça) sur des ptits enfants en Afrique mais pas que en Afrique. Une jeune femme, très frapadingue, en est tellement persuadée qu'elle réussit à entraîner le père du jeune défunt dans sa paranoïa. Les courses poursuites s'enchaînent pour réussir à élucider ce grand mystère.
Le nouveau protocole jongle avec la théorie du complot, le complot du lobby pharmaceutique : on nous ment, on nous spolie, et on nous tue, sans rien nous dire. Peut-être même pire, nous, pauvre bétail, on serait les complices moutonnesques de ces complots, en acceptant de vouloir vivre toujours plus vieux. La demande crée le besoin qui crée le complot. En teintant le tout d'une bonne louchée d'altermondialisme, le film décolle en vrille pour mieux se casser la gueule au bout de 20 minutes. Comment peut-on croire une seule minutes aux ficelles tellement grosses de ce thriller digne de TF1? Vas-y que je rentre dans un bureau d'un laboratoire comme dans un moulin et voler un calepin, un ordinateur portable et un dossier médical qui ne serviront qu'à faire joujou dans le plan suivant. Vas-y que je te transforme les voitures en auto-tamponeuse et que j'en sorte avec quelques égratignures seulement. Va-y que je défonce la gueule à deux policiers sans pour autant être devenu l'ennemi numéro 1 de toutes les polices de France. Vas-y que je m'incruste aux réunions de Davos et que je dézingue sans qu'on essaie seulement de m'empêcher.
La minceur du scénario est heureusement masquée par de l'action sans finesse; bien bourine l'action. Heureusement que ça coure partout, que ça se poursuit à tour de bras. Heureusement que le montage est épileptique, sinon il y avait de quoi s'endormir. La réalisation est correcte et il y a même un joli travail sur la lumière et la photographie. Simplement, on ne peut réaliser un grand film (ou un film seulement) sans avoir plus que la maîtrise d'une caméra.
Le casting se démène sans trop y croire. Pourtant Clovis Cornillac habite de façon convaincante son personnage de père meurtri qui cherche une explication, un coupable à la mort de son fils. Marie Josée Croze, actrice que j'aime beaucoup pourtant, est ici insupportable. Elle surjoue la paranoïa dans le moindre détail avec force roulement de yeux ronds, tremblements incontrôlés des mains. On ne croit pas à son personnage hystérique. Par contre, Dominique Reymond (aperçue dans l'Heure d'été d'Assayas) est parfaite en porte parole cynique et louvoyante d'un groupe pharmaceutique.
Ce film inaugurait ma nouvelle carte illimitée de chez UGC. Une bien mauvaise première fois. Tout à fait oubliable.
Le nouveau protocole - Thomas Vincent

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