3.3.08

Un somme nuit

Il est 4h25 du matin. Je devrais seulement me lever à 6h00. Oui mais voila, je tourne en rond dans le lit depuis plus d'une heure sans réussir à fermer l'oeil plus de 2 minutes. Le Sage dort tranquillement à côté de moi. Ça m'énerve mais je vais devoir me lever; je tourne trop dans le lit. Je n'ai pas envie de le réveiller.
Dehors, pourtant, tout dort. La station de métro a encore son rideau de fer baissé. Les immeubles autour de moi sont plongés dans la pénombre. Pas une fenêtre éclairée pour me rassurer et me dire que je ne suis pas le seul éveillé du quartier. Pas une voiture dans les rues, à part quelques rares taxis égarés ramenant un oiseau de nuit fatigué. Au loin la sirène d'une voiture de police se fait entendre en sourdine. Sur la Place des Fêtes, pas âme qui vive. Une silhouette engoncée dans son blouson traverse rapidement la place ombreuse qui s'égoutte des dernières averses du début de la nuit. Dans le ciel, des nuages blancs moutonnent le ciel bleu nuit. Quelques étoiles en profitent pour scintiller de ci de là. Paris est endormie. Étrange vision que de la voir plongée dans le noir. Pourtant mes oreilles, peu habituées au silence quasi total, entendent le babillage d'oiseaux. Pourquoi sont-ils réveillés ceux là? Veulent-ils me tenir compagnie?
Qu'est ce qui a bien pu me réveiller? Je ne me souviens pas d'un rêve particulièrement éprouvant. Pourtant je me suis réveillé sans que je puisse parvenir à me rendormir. Quand le sommeil me fuit et se refuse à moi, c'est quasi automatique, j'ai l'esprit qui travaille. Des points, des problèmes que j'avais rangé consciencieusement dans un coin de ma tête, sans avoir l'envie particulière de m'en préoccuper tout de suite. Mais toutes se donnent rendez vous en même temps, au mauvais moment. Elles se bousculent dans ma tête et deviennent obsédantes. Le cercle vicieux s'est amorcé, celui qui me dit que je ne fermerai plus l'oeil de la nuit. Je n'aime pas ces moments là.
Tout devient sujet de panique : je n'ai pas fait de sport depuis bien trop longtemps; mon corps s'encroûte; il s'asphyxie; je vais bientôt mourir. Ou bien encore une réunion dont l'enjeu est certes important mais dont les rouages, les tenants et les aboutissants deviennent soudainement des enjeux capitaux dont ma "carrière" dépend. Ou encore de petites vexations qui ne m'ont même pas blessés plus que cela à ce moment là mais qui étrangement prennent une tournure paranoïaque cette nuit. Quand je ne parviens pas à dormir, tout devient sujet à inquiétude et à peur, sans que je réussisse à contrôler quoi que ce soit; de l'angoisse qui n'a pas de raison d'être.
Il est 5h00 maintenant. Une fenêtre s'est allumée dans l'immeuble en face, une autre dans celui d'à côté. La grille de la station de métro vient de se lever en grinçant. Une averse vient de laver une nouvelle fois le bitume de la place. La vie se réveille tranquillement. Dans peu de temps, la place va reprendre vie. Des grappes de personnes vont s'enfoncer dans l'antre du métro pour aller travailler. Dans une heure, ma journée, la vraie, commence. Je la commence bien mal cette journée. Je la commence bien mal cette semaine. Je maudis cette insomnie qui va me rendre grognon tout le reste de la journée. Je le sais, je le sens. Il y a mes yeux qui me disent en picotant que la prochaine nuit c'est dans longtemps mais ma tête ne veut rien savoir. Pour elle, la nuit est finie et mal finie.

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