25.10.07

Le baiser de Judas

Bon ! Autant le dire tout de suite. Ce film est bien trop long, à l'image de la longueur du titre du film; et bien trop lent aussi. 2h39 tout de même. Vous pourriez me dire que la longueur d'un film ne veut pas forcément dire que le film soit lent. Et vous auriez parfaitement raison. Sauf que là, c'est le cas : c'est trop long et bien trop lent. De longues minutes où la caméra balaye des étendus de la profonde Amérique, par tous les temps, toutes les saisons; de jour comme de nuit. De longues transitions en plan fixe sur le ciel où des nuages chargés de menace défilent comme des fusées (bonjour la métaphore toute en légèreté !) pendant qu'une voix off nous conte les états d'âme des héros, nous plongeant, par la même occasion, dans une léthargie de plus en plus profonde.
On ne peut pas dire que ce film ne soit pas beau. Bien au contraire. La lumière, le travail sur le cadrage, les effets de caméra (plus ou moins bienvenus comme ces images déformées par une sorte de lunette déformante ou de vitre dépolie laissant le heros dans une sorte de flou désagréable) apportent une jolie touche esthétique. Et puis, il y a Brad Pitt tout de même; grand élément esthétique par excellence. Mais bon, la beauté des images ne rend pas un film efficace. La dernière demi heure du film, la partie qui raconte la fin de la vie de Robert Ford, après qu'il ait tué Jesse James, est particulièrement pénible et inutile. Entièrement raconté en voix off, le réalisateur patauge dans le mélo bon marché. C'est étrange comme le fait que Brad Pitt quitte l'écran affadit totalement le film.
Pourtant, on se laisse emporter par cette langueur désabusée, comme si j'avais été hypnotisé. Je sentais que le temps s'étirait bien trop longuement (j'ai tout de même regardé par deux fois, l'heure sur mon portable) mais cela ne me dérangeait pas. Je me suis laissé subjuguer par la performance du Jesse "Pitt". Inquiétant, torturé et venimeux. Bien loin de l'image lisse qu'on lui connaît ordinairement, Brad Pitt interprète avec conviction le hors la loi dans toute son ambiguïté : héros de la jeune Amérique mais aussi brute sanguinaire et impitoyable vivant dans la paranoïa.
Les critiques cinéma se sont épanchées sur la performance du jeune Casey Affleck qui pour ne rien cacher fout vraiment le jetons ! En effet, sous ses airs de jeune adulte à peine sortie de la puberté (il a gardé une voix étrangement haut perché), il donne au personnage de Robert Ford un côté flippant : veut il être à l'image de son héros Jesse James ou bien veut il lui voler sa personnalité? Il distille une ambiguïté entre amour et haine, admiration et répulsion, amitié et peur pour Jesse James. D'ailleurs dans le film, Jesse James s'interroge constamment sur les réelles motivations du jeune homme. Cet acteur a un visage étrange : quand il sourit on a l'impression que c'est pour mieux nous mordre et nous déchiqueter. Flippant.
On sent que le réalisateur s'est torturé la tête pour réaliser un grand film, misant sur d'énormes moyens pour faire une aventure épique, un western nouvelle génération. Il a peut être vu trop grand, trop ambitieux, apportant un soin trop léché à la forme (un peu trop tape à l'oeil) qui noie le fond. Un peu comme une panna cota trop cuite noyée dans un coulis de fruits rouges qui essaierait de faire passer la pilule...
Ce n'est que ma vision, bien entendu...
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford - Andrew Dominik

Aucun commentaire: