11.4.05

Dans une boîte de fer blanc.



Dans une boîte de fer blanc, des petits bonshommes du passé dormaient sur les lauriers de leur gloire achevée.
De petites sculptures entassées comme autant de souvenirs de la ville imaginaire née dans la tête d'un enfant.
Léoville, capitale d'un empire inconnu, au fin fond d'un bout de jardin, là bas, en Sarthe. Qui se souvient de cette somptueuse capitale aux temples liliputiens; aux maisons de petits cailloux; aux habitants en plastiques; à l'Histoire glorieuse couchée sur des textes aujourd'hui tous disparus.
Il n'y a que moi.
De cette civilisation enfantine, il ne reste que ces traces de terre brute malaxée par mes mains d'enfants. Des vestiges qui ne tiennent plus que dans une petite boîte de fer blanc. Petit musée personnel d'un enfant devenu grand.
Un portrait de Giustinè, grand legislateur de Léoville, né à une époque qui n'a jamais existé. Un portrait d'Alglornè, Empereur bienveillant et vaillant, à l'origine de cette grande civilisation. Une sculpture de Paramè, le dieu chien, protecteur de la cité. Une stèle funéraire de Bacalè, ce grand général, victorieux d'une fourmilière qui voulait s'installer dans la grande cité...
Et moi, dans tout cela, grand ordonateur de tout ce monde imaginaire idéalisé. C'était ma vision de l'Antiquité, telle que je la rêvais. Je suis sûr que si je faisais de petites fouilles archéologiques dans la cité près des lilas, je retrouverais sans doute les pavements des demeures des habitants inventés et ce grand temple de Paramè et le quartier du Cimetière, près des rosiers...
C'est étrange mais je repense à tout cela avec une sorte de petit pincement nostalgique. Avec l'envie de reprendre là où j'en étais resté pour continuer à leur donner vie à ces petits bonshommes. Envie aussi de réécrire leur histoire, me faire historiographe de ma propre création.

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