28.4.05

Souvenirs

En écrivant l'un des posts du jour, un souvenir m'est revenu.
Lorsque je suis arrivé à Paris, j'étais un ignare, une friche culturelle. E. a eu le grand mérite de dégrossir mes horizons; de m'arracher la crotte et les sabots; de faire de moi, un terrain fertile à toutes la culture qui m'a transformé en esthète Bo-Bo parisien (Pardon? Mes chevilles? Ah oui, ça va! Merci pour elles!). Non, sérieusement, E. a fait, sur moi, un travail digne d'un défricheur du Haut Moyen Age.
Mais revenons à ce souvenir. E. m'a emmené pour la première fois, voir un spectacle de danse contemporaine le 19 février 2000. C'était un univers complètement inconnu à mes yeux. Le spéctacle s'appelait "Feutre" de Daniel Larrieu et se jouait au théâtre de l'Athénée. C'était un spectacle de danse contemporaine, très conceptuel; avec de la musique un peu jazz, un peu éléctronique. Les danseurs faisaient des gestes étranges; se contorsionner; faire des choses étranges avec leur mains et avec leurs corps... Bref autant vous dire que je suis passé complètement à côté de la pièce.
A la sortie du spectacle, E. me demande ce que j'ai pensé de la pièce, attentif à mes impressions. Moi, bien embêté, je ne savais quoi répondre sans paraître trop idiot. Et puis, en toute innocence et simplement mais complètement désolé par ma réponse, je lui dit :
- J'ai rien compris...
Et là, derrière moi, une dame du style grande dame; du style grande dame genre Fanny Ardant. Vous voyez le genre. Très snob, chignonée de manière à faire lifting du visage (j'en rajoute!). Elle passe à côté de moi et lance très fort (mon Dieu, je me revois dans cet escalier...) :
- La Danse ! Ca ne se comprend pas... Ca se ressent...
Le sang de la hante a immédiatement envahi mon visage et je pense que je devais être rouge comme une pivoine.
Cette envolée verbeuse a fait beaucoup rire E. (et me fait rire aujourd'hui) mais je vous assure que sur le coup, j'aurais aimé être caché sous une soue de ma province natale.

5 commentaires:

Rafaele a dit…

Le pire c'est qu'elle avait quand même raison ... :o)

Eric a dit…

Mais ce n'était pas une raison de me faire une honte pareil

Rafaele a dit…

Tu faisais tes début dans e monde Cosette ;o)

Eric a dit…

Chuis pas Cosette !

Anonyme a dit…

La dame n'avait que moyennement raison :
- il ne faut être sûr de rien ;
- la sensation est le support de l'entendement ; autrement dit, c'est grâce à nos sensations que nous créons de la pensée et de la compréhension. La sensation n'exclut donc pas la compréhension, bien au contraire (je suis clair ?) ;
- la danse contemporaine est souvent tentée de "dire" quelque chose, en réaction contre le ballet classique et la danse moderne qui ne nous "disent" plus rien du tout ; mais souvent ses chorégraphes en restent à l'intention, et l'on a le sentiment pénible de s'être fait avoir. Quand j'entends qu'un spectacle s'intitule "Feutre", j'attends au moins que la pièce ait un rapport intelligible avec son titre. Sinon c'est un mauvais spectacle.
JD,
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