1.6.05

Mysterious Skin



C'est un film dérangeant et déroutant que ce Mysterious Skin.
Dérangeant parce qu'il est difficile de traiter de la pédophilie au cinéma sans tomber dans le clicher ou dans le pathos le plus larmoyant. Là, ce n'est pas le cas. Le réalisateur dissèque les conséquences de ces abus sur deux gosses, dix années après les faits. Il le fait de façon froide, sans artifices scénaristiques, sans artifices visuels qui pourraient adoucir : il expose factuellement et cliniquement les épreuves qu'ont subi ces deux enfants et les effets désastreux qu'elles ont entraîné.
Dérangeant, aussi ce film, parce qu'il ne montre pas le bourreau et la (les) victimes; le méchant et le (les) gentils. Là, il montre un des petits héros (8 ans), fou amoureux de son coach de baseball et lorsque l'adulte devient son coach de baise (tout court), le petit gars est comblé. Le réalisateur montre même l'enfant complice du pédophile pour attirer d'autres gosses entre ses mains. Il ne porte pas de jugement de valeur sur le personnage du pédophile. Il est montré comme une personne normale, lumineux; rien de pervers dans son attitude.
Dérangeant, parce qu'il ose montrer un enfant pervers et cruel. On a souvent la vision d'enfants martyrisés et abusés dans ces situations. là ce n'est pas le cas... Même si, Arakki montre un des deux enfants/adultes traumatisé par ce qu'il a subi. Le héro principal (admirablement interprété par Joseph Gordon-Levitt, en adulte) a un regard inquiétant et un rien pervers (voir l'affiche).
Dérangeant, enfin, dans la violence de certaine scène. Pas de la violence hémoglobinique ni physique. Il s'agit plus de violence psychologique. Il est difficile de supporter le regard vide d'un des deux petits héros violés. Insoutenable sa recherche des 5 heures de vide, 5 heures de sa vie qui se sont effacées de sa vie; les cauchemars qu'il fait et qui le laisse penser qu'il a peut être été enlevé par des extra-terrestre. Insupportable la dernière scène du film où l'un des garçons apprend enfin la vérité que son inconscient avait refusé d'imprimer dans son jeune cerveau. Voir ce jeune adulte regresser au fur et à mesure du récit des événements et qui se retrouve recroqueviller comme un jeune enfant sur les genoux de son camarade m'a donné la chaire de poule.

Mysterious Skin de Greg Arakki

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