Une chose frappe en arrivant à Lille : la superficie importante occupée par les graffiti. Une véritable pollution urbaine mais en même temps un véritable témoignage d'une époque d'insécurité, de remise en question et de doute, de mal être de toute une partie de la population. Une pollution indéniable lorsqu'elle salit sauvagement et hideusement les façades des maisons et des monuments. C'est le cas de la porte blanche d'un certain immeuble : une sorte de mot illisible (peut-être Elvis) en encre bombée violette et signé en noir d'un Alcde. Ce type de tag n'a qu'un seul but : malveillance. Aucune valeur artistique. Aucun message. Rien. Par contre, il y en a d'autre qui attire l'oeil parce qu'ils sont rigolos; parce qu'ils sont jolis; parce qu'ils forment une sorte de chemin initiatique à travers la ville. Que ce soit un personnage stylisant brandissant, bras levé, un retentissant Carpe Diem.
Que se soit une prairie de fleurs citadines, aux pétales immenses et aux visages expressifs, qui poussent sur les murs d'une rue (il y en a d'autres un peu partout à Lille, me textote régulièrement Rafaele). Ce sont des graffiti amusants qu'on va prendre plaisir à traquer en se baladant dans la ville. C'est une sorte de jeu de piste enfantin, une chasse aux trésors aux énigmes disséminés dans les recoins des rues. C'est amusant de noter les différences entre tel et tel tag; remarquer les similitudes et les différences; trouver une certaine évolution dans les attitudes et les expressions qui pourraient aiguiller vers la solution, le pourquoi du comment. Ce type de graffiti devient une sorte de bande dessinée géante, de la taille d'une ville, à ciel ouverte.
Et il y a aussi le tag revendicatif. Le tag textuel. Celui qui va dire "maman je t'aime" ou " Nadège, tu me manques " ou plus sérieusement celui qui va dénoncer. Dénoncer une idée, dénoncer une personne, dénoncer une injustice. Ce type de tag (qui n'est pas nouveau, comme le montre certain graffiti de Pompéi) a valeur d'exutoir : afficher son opinion quand les moyens "normaux" ne le permettent pas ou plus. Les murs des villes deviennent alors des espaces de sociabilité, des espaces d'opinion. En des sentences bien senties, une dénonciation tout aussi bien sentie. Celle-ci, trouvée sur un mur est un très bon exemple : " partis de rien les salariés sont enfin parvenu à la misère ". C'est simple. Sentencieux, certes mais qui dénotent le mal être de la population ouvrière d'une ville comme Lille
Que se soit une prairie de fleurs citadines, aux pétales immenses et aux visages expressifs, qui poussent sur les murs d'une rue (il y en a d'autres un peu partout à Lille, me textote régulièrement Rafaele). Ce sont des graffiti amusants qu'on va prendre plaisir à traquer en se baladant dans la ville. C'est une sorte de jeu de piste enfantin, une chasse aux trésors aux énigmes disséminés dans les recoins des rues. C'est amusant de noter les différences entre tel et tel tag; remarquer les similitudes et les différences; trouver une certaine évolution dans les attitudes et les expressions qui pourraient aiguiller vers la solution, le pourquoi du comment. Ce type de graffiti devient une sorte de bande dessinée géante, de la taille d'une ville, à ciel ouverte.
Et il y a aussi le tag revendicatif. Le tag textuel. Celui qui va dire "maman je t'aime" ou " Nadège, tu me manques " ou plus sérieusement celui qui va dénoncer. Dénoncer une idée, dénoncer une personne, dénoncer une injustice. Ce type de tag (qui n'est pas nouveau, comme le montre certain graffiti de Pompéi) a valeur d'exutoir : afficher son opinion quand les moyens "normaux" ne le permettent pas ou plus. Les murs des villes deviennent alors des espaces de sociabilité, des espaces d'opinion. En des sentences bien senties, une dénonciation tout aussi bien sentie. Celle-ci, trouvée sur un mur est un très bon exemple : " partis de rien les salariés sont enfin parvenu à la misère ". C'est simple. Sentencieux, certes mais qui dénotent le mal être de la population ouvrière d'une ville comme Lille
Je ne veux pas défendre l'idée qu'un tag est meilleur que l'autre. Pas du tout même. Cela reste de la pollution urbaine. Mais quand les organes de la démocratie ne font pas leurs travail; quand le tag a une volonté (petite ou pas) artistique, je trouve que ces petits zigouigouis bariolant les murs de nos villes sont autant de sources à explorer pour comprendre une population urbaine devenue si compliquée à saisir. Des témoignages de nos contemporains
Toutes ces photographies sont placées sous le © Photographie T.B. Lesyeuxderafaele©
5 commentaires:
très beau et bon post - je me sens entièrement en accord avec ton point de vue.
qu'ils soient laids ou beaux - revendicatifs ou non, les tags ont tous un "sens" social...
Enfin... il faut faire le tri dans les messages : quand on lit "Arabes Go home" ou "à mort les PD", c'est assez revendicatif aussi... mais je ne suis pas sûr de la finesse du sens social...
et moi j'aime bien les couleurs criantes de certains tags abstraits comme ceux qui ont fleuri sur l'immeuble d'en face dès le lendemain du jour où ont disparu les échafaudages qui le recouvraient depuis plus d'un an pour son ravalement...
il ne s'agit pas d'apprécier le sens premier des termes employés par les taggeurs qui peuvent bien évidemment être insultants et scandaleux et par là même condamnables...
Il s'agit d'en analyser le sens d'un point de vu sociologique. le tag est un mode d'expression, à la marge, dans un société qui par ailleurs à développé tout un tas de moyens de comunication. Il est, en soi, symptomatique d'une certaine façon qu'ont les taggeurs de vivre la société.
Tu as vraiment une facon d ecrire qui est tres belle!!!
les tags ne sont laid que pour les gens qui ne prennent pas le temps de les apprécier en effet notre amis a sans doute pu lire elvis sur sa facade S'il savait de quoi on parle soit d'un art qui se décline sous diverses forme plus procantes et démonstratrices les une que les autres , il aurait sans doute loué ce grand graffeur respect a toi elvis chanmé ton passage a Valence
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