4.11.05

" L'aventure est à portée d'océan "

Garder le pied marin sur une île. Oublier Paris, l'espace d'un week-end. Profiter de ce petit village (plus grand que je l'avais imaginé). Laisser le vent s'engouffrer dans ma tête et laver tous mes neurones de la grisaille quotidienne; laisser faire les courants d'air.
Un petit détour rapide vers le Poisson d'Avril où on ne se découvre pas d'un fil de k.way tellement c'est humide mais ce n'est pas grave, la chambre est jolie et en plus il y a une jolie moustiquaire et puis cette odeur de ragout qui envahit la maison et qui m'ouvre l'appétit.
Le Ty Korn et sa nage de coquilages et son petit vin blanc qui rend si léger et hilarant (de la baltique, ha ha ha). Une jolie table de huit, heureux de se retrouver là et la petite qui veut " des frites avec un peu de poisson et un peu de poulet ". La petite avec son trident et ses petites cornes de diablotin...
Sur cette île, les gens sont rudes et un peu bourrus (voir bourrés ce vendredi soir là) à l'image de la nature d'ici mais ils sont acceuillants. Jamais un sourire de trop mais le bonjour facile.
La salle des fêtes où nous ferons la fête. On réveille au passage une foule de lapins de garenne avec les rayons de nos torches électriques. On installe la boule à facettes et les spots de couleurs. Les cartons de vin sont là; les huitres ont un peu froid dans leur réfrigérateur. La fête s'annonce bien. Mais avant tout cela, il nous faut récupérer de cette longue journée de voyage. " Eh dis, on va dormir au poisson d'avril ? "
Samedi matin, le ciel est bleu et tout moutonné. Il paraît qu'un grain se prépare, avec du vent. J'ai rêvé de voir Ouessant avec une tempète. Aurais-je cette chance? J'ai eu cette chance. A peine sortis dans la rue que la pluie commence à tomber sur nos capuches cirées. " Et si on se baladait en attendant l'arrivée de tous les autres ". Une balade pour se dégourdir les jambes et puis se prendre un bon bol d'air iodé. Laurence nous lance un mayday : il y a sa cousine qui se balade seule. Elle est facile à reconnaitre : elle porte un haut rouge... Comme la moitié des gens présents au village... Mais c'était sans compter sur la sagacité de E. qui l'a retrouvée sans problème.
Malgré la pluie battante et le vent qui commençait à se lever, nous avons décidé de nous lancer dans une grande balade jusquà une pointe de l'île pour aller admirer le phare de la Jument, tels des aventuriers de Kohlantha, bravant les éléments pour aller se faire du bien aux yeux.
Quelle beauté sauvage et rude. Pas un seul arbre, uniquement des étendues de bruyères brunes et de genets parfois encore fleuris ou de lichen aux fleurs tarabiscotées. Des étendues battues par les vents et habitées par de rares moutons broutant paisiblement. La surface que j'avais cru plane est en faite torturée; déchirée par des incursions de mer en de profondes criques telles des cicatrices aqueuses; soulevée par des monticules de terre et de roches comme poussés par les coups de boutoirs des tempètes qui soufflent ici. C'est impressionnant de force cet endroit.
Sur une petite plage de galets, entre les interstices des cailloux érodés, de petites coquilles multicolores jaunes, orangées, grises bleutées se trouvent pas centaines. M'installer sur un gros rocher à regarder un petit bateau brinquebalé par les vagues et le vent, puis ramasser ces petits coquillages vides en souvenir et voir les silhouettes à la queue le leu de la petite bande des trois autres randonneurs au sommet d'une petite colline se découper sur le ciel gris métalisé, et puis photographier encore et toujours.
Et parce que marcher, ça creuse l'estomac, ce petit pique-nique improvisé au bord de l'eau, après avoir dû faire les casses-cou sur les rochers couverts d'algues vertes et marrons immenses gluantes et glissantes. Assis là avec nos sandwichs, le phare du Creac'h en face de nous, au loin et sous l'oeil scrutateur d'une tête de mouette entre deux rochers attendant patiemment de se repaître des reliefs éventuels de notre repas. C'était assez drôle de la voir cette tête tantot de face; tantôt de profil mais toujours vigilante.
Au moment de repartir, le soleil a commencé à lancer son offensive pour regagner sa suprématie sur le ciel ouessantin. Par trouées lumineuses, il a transpercé cette chappe de nuages et c'est ainsi que nous avons vu se dresser le phare de la Jument, attaqué à son pied par les vagues ravageuses et écumeuses, poussées par le vent de plus en plus forts. Puis, au fur et à mesure que les bourasques devenaient violentes le gris du ciel se déchirait laissant apparaitre des flaques de ciel bleu et des rayons de soleil.
E., toute capuche gonflée par le vent telle une voile de bateau, littéralement crucifié par des pointes de vent sur le bord d'une falaise surplombant la mer. Saisissante image.
Sur le chemin du retour le soleil a définitivement gagné la partie et très vite ses rayons ont commencé à rougir nos figures automnales.
Et c'est là que j'ai trouvé ma maison. Une petite baraque en pierres de granit avec de petites fenêtres aux volets bleus; une maison isolée sur le sommet d'une petite colline couverte de bruyères et qui domine une petite plage de sable. Une maison de carte postale : je suis quasiment certain qu'à la saison, il doit y avoir des hortensias bleus à côté de la porte d'entrée. Il doit faire bon y vivre dans cette petite maison robuste et ramassée sur elle même. C'est beau de rêver.
Assis tous les quatre sur le parapet, entre la route et la mer, un dernier arrêt photo avant de rejoindre le reste de la petite bande et entamer la véritable raison de note visite sur cette belle île sauvage perdue en mer d'Iroise.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

on s'y croirait !
c'est bien écrit - agréable à lire
merci pour ce petit moment de poésie ;-)

Anonyme a dit…

Très belle évocation d'un très beau souvenir....
Il ne manque qu'une ou deux de tes 800 photos !
;-))