24.3.06

Finisterre

Entre rêves et cauchemars.
Cette fin des terres est peuplée d'hommes et de femmes qui passent leur temps à se courir après, sans jamais vraiment se trouver. Dans ce pays là, il y a des cafards à tête humaine et des poupées gigantesques (et monstrueuses) qui dansent comme des gens en chair et en os. Dans ces régions là, l'endroit, l'envers, le haut, le bas, la droite, la gauche, sont des notions aussi abstraites que des panneaux indicateurs dans le désert. Tout est ici et là bas, en même temps.
Tout est affaire de fluides, de vents. Se laisser transporter, brinquebaler, par le bon vouloir de nuages en plastique ou d'un souffle de ventilateur. Le vent. Important le vent. Le transporteur de nouvelles bonnes ou mauvaises (?). Celui qui charrie le courrier qui pourrait aider à ce que cette femme et cet homme puissent se retrouver. Mais il est facétieux, le vent. Il se joue des hommes. Par son bon vouloir aéré, il fera virevolté la lettre bien au delà de la personne qui l'attend.
Tout est affaire de moments. Les personnages sont interchangeables sans même voir la métamorphose. Une robe rouge devenue blanche. Une petite femme devenue par le tour de passe-passe d'une trappe une femme plus grande. Un chapeau et une valise passent de main en main. Toujours la même histoire quelque soit les personnages. On court après ce qu'on n'a pas, qu'on n'arrive pas à saisir.
Une bonne surprise que ce spectacle de Philippe Genty. De la danse, du mime, des marionnettes, du théâtre, de la magie. Un spectacle aux milliers de ficelles de mise en scène qui font que les yeux s'écarquillent et s'émerveillent continuellement. On pousse des "ho" et des "ha" intérieurs en voyant ces énormes baudruches apparaitre et disparaitre de la scène. On sourit devant cette chorégraphie de panneaux indicateurs qui malmènent et perdent encore plus ce pauvre homme égaré dans ces terres sans fin.
La Fin des Terres - Philippe Genty - Théâtre National de Chaillot.

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