Il y a des conversations qui réveillent subrepticement les fantômes du passé que l'on croyait profondément enterrés. Des souvenirs devenus tout juste dégrossis, des silhouettes, qui pourtant s'accrochent voracement à la moindre parcelle de la mémoire. Les pires moments de sa vie qu'on essaie d'enfouir au tréfond de son être et qui d'un seul coup vous sautent à la gueule sans crier garde. Ces êtres maléfiques qui même après sept années continuent, au bon vouloir de ces coups de griffes de la mémoire, à vous empêcher de vous endormir correctement.
Il y a des mots qui, comme des scalpels malabiles, s'evertuent à gratter la fine croute cicatrisante de blessures anciennes que l'on croyait enfin totalement guerries. Des " tu ne peux pas comprendre ", les " tu ne sais pas ce que c'est " et des " on ne peut pas dire ça si ". Tous ces mots qui sont autant de décharges de souvenirs réactives, urticantes. Parce que, oui, ah que ma vie est belle, aujourd'hui. Mais elle ne l'a pas toujours été dans le passé. La tristesse, la solitude, l'abandon ont été des poids qui m'ont entravé pendant trop longtemps. Oui, je sais ce que c'est que de faire des choses que l'on sait pourtant incroyable. La paranoïa, les vexations, les humiliations que l'on accepte volontairement et silencieusement, remisant son amour propre bien au fond de sa poche trouée, tout cela parce qu'il y a la croyance, cette foi stupide, que la reconquête peut être possible. Je suis passé par tous les stades. Tous les niveaux de la déchéance qui m'ont mené dans des voies que je ne comprends toujours pas avoir emprunté... Avec le recul. Les déambulations dans les rues de la ville à la recherche de sa trace. Les nuits passées en surveillances illusoires. le ventre qui se vrille à chaque fois que je le voyais avec un autre. Les joies incensées quand il daignait abuser de ma fragilité et de me jeter une fois les mouchoirs papier souillés. Et malgré tout cela, accourir au moindre claquement de doigts. Spirale destructrice. La solitude de ces moments quand on se rend compte que quelque chose cloche mais que seul, on ne s'en sortira pas.
J'ai connu tout cela. Il a fallu du temps pour guérir et oublier. Soigner les traces que j'ai cru indélébiles. La gangrène a été stoppée. L'amour remplace l'amour. Mais était-ce vraiment de l'amour cette première fois quand il n'y avait rien en retour? Bref. Il s'agit d'histoire ancienne. Malheureusement, tout ancienne qu'elle soit, elle constitue une part de moi qui n'hésitera pas à se rappeler à moi à la moindre occasion.
Il y a eu tout ça avant de devenir ce que je suis aujourd'hui. La présence attentive, l'affection quotidienne, l'amour partagé, le soutien, le respect. Il y a tout cela réuni aujourd'hui. Certes, ces mauvais souvenirs intempestifs peuvent encore me garder éveiller certaines nuits, de temps en temps. Mais aujourd'hui, je me respecte, c'est le principal. Depuis assez peu de temps, j'accèpte de me regarder dans un miroir sans éprouver de dégout. C'est ça le principal aujourd'hui.
Il y aura? Qui saura ...
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